jeudi 8 avril 2021 - par C’est Nabum

Maître et Vannier

Un brin de causette.

JPEG Plus de soixante-dix ans durant, Monsieur Maître a tenu boutique tandis que longtemps, il allait également dans son atelier tresser les brins d'osier pour réaliser des merveilles. Son magasin était une référence, un passage obligé pour ceux qui, ayant quitté le village pour des raisons professionnelles, ne manquaient jamais de passer par ce lieu emblématique, symbole du Sully d'Avant.

À chaque naissance d'un enfant ou d'un petit enfant, pour moi, l'achat de ces petits fauteuils en rotin devenait au fil du temps ce symbole d'une transmission et d'un attachement au pays natal. Pour créer le personnage du Bonimenteur, il fallut également un objet venu de la vannerie, comme un talisman pour que l'aventure ait les pieds dans le passé. Ce fut la bourriche qui ne me quitte jamais… même si elle a depuis, pris des couleurs avec une jeune vannière de grand talent en activité Isabel McGarva, une sorte de passage de témoin que j'avais expliqué à monsieur Maître.

Car l'homme a tenu son magasin jusqu'à sa grande traversée pour l'autre rive, à l'âge vénérable de 97 ans. Une longévité incroyable pour celui qui ne voulait pas être artisan mais professeur. Au fil de nos conversations, je découvris un homme curieux, lettré, un être charmant et ouvert avec lequel j'aimais converser. Il fut l'un des rares sullylois à m'acheter régulièrement mes ouvrages tandis qu'ils étaient mystérieusement boudés par ses voisins.

Je me promettais toujours d'en faire son portrait, de l'interroger plus avant pour narrer son histoire sans oser véritablement le lui proposer. Puis, il y eut la maladie de son épouse qui troubla énormément celui qui se rendait deux fois par jour à son chevet. Je le sentais moins disponible, l'esprit troublé par cette maudite maladie de la mémoire dont elle souffrait. Il était alors mal venu de solliciter la sienne.

Son deuil le diminua, l'âge se fit sentir. Robert garda encore la boutique malgré tout, fidèle au poste et n'envisageant pas de prendre une retraite qui n'avait aucun sens. C'est à l'ouvrage, l'artiste toujours sur sa scène que la camarde vint quérir celui qui se refusa à elle si longtemps. Il n'était plus possible de le questionner, seule son évocation s'imposait comme une évidence, un geste que je me devais de lui offrir par-delà les limbes.

Je craignais encore que ce magasin qui recèle tant de trésors allait rester clos pour toujours. C'était sans compter sur l’atavisme familial. Sa fille a repris le flambeau, consacrant un peu de temps à l'ouverture de cette caverne d'Ali Baba de la vannerie. Je lui rendis visite, profitant de sa présence pour faire un achat et entamer la conversation. J'eus le sentiment de prolonger les discussions passées avec son père ; les chats ne font pas de chiens.

Elle prendra la suite deux années durant pour que vous ayez tous le plaisir de franchir cette porte si vos pas vous conduisent dans mon Pays d'en-France, Sully-sur-Loire. Vous n'aurez pas à le regretter surtout si vous n'oubliez pas que la maison ne prend pas la carte bleue. Je suis certain que vous trouverez l'objet qui vous séduira. À défaut, vous ferez une plongée dans le passé en admirant la vitrine et surtout en glissant un œil dans l'atelier.

Je sais qu'une vedette du cinéma installée non loin de là, Nicolas de son prénom et porteur d'un nom éponyme, se faisait lui aussi un devoir de rendre visite au vieux vannier. Il est possible que dans son film « L'école buissonnière » quelques objets viennent de l'endroit. À votre tour, laissez-vous porter par la curiosité même si quelques doctes individus ont jugé bon de prétendre que ce commerce comme tant d'autres, n'était pas essentiel. Il est en tout cas indispensable à mon équilibre ; je ne peux passer ici sans y prendre le temps d'un regard ou d'une visite.

Homagement sien.



12 réactions


  • mosel 8 avril 2021 18:36

    les personnes humbles n’interressent pas les medias seul le paraitre les satisfont

    vous avez eu de la chance de le cotoyer se sont des personnes riche de savoir


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 9 avril 2021 08:32

    En 82, existait un excellent livre sur tous les artisans de Belgique. C’était mon Tour de Belgique. Un trajer d’amour. Rien que pour les encourager et leur dire que peut-être un jour ils seront les derniers Mohicans de ce monde. Une manière de leur rendre hommage. Et j’achetais un petit objet qui conviendrait parfaitement pour un cadeau. Le meilleur, il revendiquait sons statut d’artisan alors que ses pièces était de réel chef-d’oeuvre. A ANTONIO LAMPECCO. . 13 août 2019 — Antonio Lampecco venait d’avoir 87 ans. Le secret de ses émaux rayonnera longtemps à travers le monde. En 2010 il m’a raconté son histoire. Un homme rare. Je me souviens avoir il y a quelques années fait un rêve très long. Je voyais l’avenir : un cauchemar. La richesse et la bêtise dominait. L’envie de le quitter, mais auparavant j’emportais trois objets : le premier : un des fameux céramiques de Lampecco. Je n’avais pas beaucoup d’argent, ce qui m’a permis de perdre un kilo. Mais il le valit dans sont petit village de MAREDREST. Ses deux fils le secondent. ainsi devrait être le monde. C’est raté. Mais nous sommes malgré tout heureux d’en avoir goûter la saveur, la quintessence : http://metamorphozes-artcontemporain.com/?page_id=966


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 9 avril 2021 08:36

    Monsieur Macron, à côté de lui vous êtes un Nain...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 9 avril 2021 08:42

    Corrigé, il le vaut : En 82, existait un excellent livre sur tous les artisans de Belgique. C’était mon Tour de Belgique. Un trajet d’amour. Rien que pour les encourager et leur dire que peut-être un jour ils seront les derniers Mohicans de ce monde. Une manière de leur rendre hommage. Et j’achetais un petit objet qui conviendrait parfaitement pour un cadeau. Le meilleur, il revendiquait son statut d’artisan alors que ses pièces étaient de réel chef-d’oeuvre. A ANTONIO LAMPECCO. . 13 août 2019 — Antonio Lampecco venait d’avoir 87 ans. Le secret de ses émaux rayonnera longtemps à travers le monde. En 2010 il m’a raconté son histoire. Un homme rare. Je me souviens avoir il y a quelques années fait un rêve très long. Je voyais l’avenir : un cauchemar. La richesse et la bêtise dominait. L’envie de le quitter, mais auparavant j’emportais trois objets : le premier : une des fameuses céramiques de Lampecco. Je n’avais pas beaucoup d’argent, ce qui m’a permis de perdre un kilo. Mais il le valait dans sont petit village de MAREDRET. Ses deux fils le secondent. ainsi devrait être le monde. C’est raté. Mais nous sommes malgré tout heureux d’en avoir goûter la saveur, la quintessence : http://metamorphozes-artcontemporain.com/?page_id=966. il y a un an, voulant un peu alléger mon appartement, une personne d’une maison d’enchère est passé. J’ai quelques merveilles. Mais d’emblée il s’est dirigé vers la céramique : je prends. Ma réponse : vous prenez tout, excepté lui. Je l’avais personnalisé...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 9 avril 2021 08:44

    Les lus grands artistes revendiquent toujours leur statut d’artisan. Même dans ke monde médical.... Ils ont presque tous disparu. C’est cela l’effondrement...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 9 avril 2021 08:58

    Vous êtes nombreux à penser que la révolution française fut la plus belle époque de la France. Certes non. Elle marqua la fin de l’artisanat, remplacé par l’industrie. Suite à la révolution française, beaucoup de monastères ont disparu. Il est donc impératif d’en créer de nouveaux afin d’éviter la fin de la vie monastique. C’est dans ce cadre que la construction de l’Abbaye de Maredsous débute, en 1872, grâce à l’appui financier de la riche famille Desclée. Ces artisans ne sont ni de gauche, ni de droite. Leur combat est sur leur tour ou dans leur atelier...BERNARD CLAVEL


  • juluch juluch 10 avril 2021 11:45

    J en eu connu de ces commerçants à vie, qui arrêtent uniquement quand ils meurent, souvent le commerce est vendu rarement repris...

    merci pour ce bout d’histoire nabum !


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