vendredi 7 février - par C’est Nabum

Mange ta soupe

 

Ras le bol …

 

D'aussi loin qu'il m'en souvienne, je ne pense jamais avoir fait la lippe devant une assiette ou un bol de soupe. Voilà bien un privilège incomparable d'aimer ainsi potage, consommé, brouet, bouillon ou bien goulée sous toutes ses formes et toutes ses compositions. Même la soupe au potiron qui fit tant de mécontents parmi les gamins d'alors m’enthousiasmait avec son goût sucré.

Il n'est pas meilleur moyen de manger des légumes, de varier les saveurs et les texture, d'y mêler viande ou poisson, gruyère ou bien pain, herbes ou bien épices que ce savant mélange qui aime à prendre son temps à petit feu dans une marmite destinée à cet effet. Par contre, l'idée de consacrer la préparation à un robot chauffant me hérisse le poil. La soupe doit prendre son temps et occuper une partie du vôtre pour mériter votre table.

La soupe c'est l'alliance de tous les possibles pour peu qu'on dispose d'un peu d'imagination et d'un économe, outil indispensable avec un bon couteau pour se lancer dans l'aventure. Je tiens à préciser que ceux qui se contentent de légumes congelés ou pire encore, de légumes tout épluchés, ne peuvent rendre comprendre de cette merveilleuse alchimie.

Ne pensez pas du reste qu'il suffit d'éplucher et de jeter dans l'eau vos légumes pour savoir faire une soupe. Parfois, il convient de faire suer quelques ingrédients dans du beurre ou bien du vin, de l'huile ou bien un roux. À d'autres moment, la taille des ingrédients a son importance pour faire une minestrone et s'épargner le plongeur ou le presse-légume, largement préférable du reste.

La soupe est un art de vivre, une gloire de la gastronomie du terroir dans laquelle légumes, légumineuses et autres herbacées se plaisent à se mêler dans de merveilleuses orgies de saveur, pimenté d'un morceau de cochon ou de bœuf, d'un os ou d'un peu de gras. Tout est possible pourvu que régulièrement le marmiton change sans façon de faire.

Rien n'est plus désolant que de proposer toujours la même composition, avec la même densité, les mêmes épices. La soupe aime la fantaisie et ne repousse jamais la petite lichée de vin finale pourvu qu'elle soit grasse et onctueuse. Elle ne fera pas la tête non plus au vermicelle ou à ces petites lettres qui firent jadis la joie de notre enfance. Elle est la tolérance même quand d'autres lui tournent honteusement le dos en disant : « Je n'aime pas la soupe ! »

Comme si cela était possible tant il y a des possibilités infinis, des saveurs multiples, des épaisseurs variées de la soupe claire à celle qui laisse la cuillère se tenir à la verticale. Elle supporte le pain dur, le tapioca, la semoule, le riz, les pois cassés et que sais-je encore pour un plat roboratif qui peut se suffit à lui même et ragaillardi un moribond.

La soupe revigore l'hiver, ne rechigne pas à sa faire froide l'été lors des grandes chaleurs, elle colle à la saisonnalité de la production pour proposer des nutriments qui conviennent à la santé au moment opportun. Elle assure souvent à elle seule, l'injonction aux cinq légumes par jour pour votre plus grand bien.

Ne faites donc pas la grimace à la soupe, ne repoussez pas votre assiette à son venue et surtout, ouvrez lui votre table et vos bras. Elle fait tout pour vous complaire et vous mettre en forme pour peu que vous alliez acheter vos ingrédients sur le marché local, auprès de producteurs bio ou raisonnables. Eux seront vous conseiller et vous indiquer aussi ces légumes anciens qui trouvent dans ce plat la plus belle des expressions.

Cessez de prétendre qu'elle fait grandir, elle se contente de vous nourrir de la meilleure des manières pour votre santé. Si je viens ici lui servir la soupe, rassurez-vous, je ne suis pas marchand de soupe. Quel les gros plein de soupe passent leur chemin. ET s'ils veulent s'en prendre à ma prose, qu'ils se rassurent : « Je ne suis pas soupe au lait ! »



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