jeudi 19 janvier 2006 - par Christophe Agnus

Pariez sur des courses d’albatros !

Home_flying_albatrossParfois, je mets un article, une info, de côté, pour « plus tard ». Et c’est assez amusant de se replonger dans le dossier. Je tombe par exemple sur cette histoire de pari sur des courses d’albatros ! C’est une histoire australienne qui date de mai dernier. Une société de paris britannique, la Conservation Foundation et le gouvernement de Tasmanie ont organisé cela. Dix-sept oiseaux ont été équipés de marqueurs électroniques, et ils étaient supposés rejoindre, pour leur migration traditionnelle, l’Afrique du Sud, à partir des îles au sud de l’Australie, au large de la Tasmanie. Soit environ 10 000 kilomètres ! Les revenus dégagés par les paris devaient servir à financer, c’est heureux, des campagnes de protection des albatros. Des personnalités avaient « acheté » les oiseaux (de façon très symbolique, bien sûr), avec toujours l’idée d’apporter de l’argent à la protection des albatros. Parmi les « propriétaires », Sir David Attenborough, Ellen MacArthur, Heather Mills McCartney ou Olivia Newton-John.
Résultat : Sur les 17 albatros, deux n’ont jamais quitté leurs îles australiennes et les 15 autres sont morts en mer ! C’est l’oiseau « Avocet » qui a quand même été déclaré vainqueur, pour avoir parcouru le trajet le plus long. Mais cela en dit long, aussi, sur la difficulté de la vie de ces oiseaux géants.



3 réactions


  • Thucydide Thucydide 19 janvier 2006 14:57

    Malheureusement, la question n’est pas du tout à considérer comme une information rigolote (je ne dis pas ça pour vous, mais le ton léger de votre article pourrait le faire penser). Les albatros sont des oiseaux en grave danger d’extinction. Ce sont, avec les condors, ceux dont le taux de reproduction est le plus lent chez les oiseaux. L’incubation dure plus de 80 jours, l’élevage du jeune plusieurs mois, et les couples des plus grandes espèces (l’albatros hurleur et deux espèces proches) ne se reproduisent qu’une fois tous les deux ans.

    En compensation, leur longévité maximale est très élevée, comme chez les grands perroquets, les condors et quelques autres grands oiseaux. Tous ces oiseaux, ont une longévité et un taux de renouvellement des générations voisins de ceux de l’homme, l’adaptabilité aux conditions dégradées en moins. L’albatros hurleur est également le plus grand oiseau volant actuel par l’envergure (3,50 m) et l’un des plus lourds avec le cygne trompette, l’outarde kori, le pélican frisé et le condor des Andes. Les albatros sont par ailleurs de proches parents des manchots, ces oiseaux si magnifiquement adaptés à la vie dans l’eau et ayant perdu la faculté de voler.

    En conséquence, ces oiseaux vraiment emblématiques méritent d’être activement protégés. Cela dit, dans le cas des oiseaux vedettes de cette course, j’ai quand même un doute sur leur disparition : la balise qui servait à les repérer était attachée aux plumes et non à un membre, donc, elle était susceptible de se détacher dès la première mue de l’oiseau. Ce qui ne tarde pas à se produire avec de jeunes oiseaux. Mais ce facteur a peut-être été correctement pris en compte. D’un autre côté, s’il s’agit de jeunes oiseaux, la mortalité est naturellement élevée chez tous les oiseaux pendant les deux premières années, au cours desquelles l’expérience est acquise. Ceux qui passent ce cap peuvent avoir une vie très longue même en milieu naturel.


    • Christophe Agnus (---.---.242.185) 19 janvier 2006 15:07

      Vos informations sont très intéressantes. Mais loin de moi l’idée de « sourire » des albatros, mais plutôt celle de m’étonner de cette idée de « paris » sur la vitesse de migration des albatros. Je soulignais d’ailleurs que la seule partie que je trouvais intéressante dans ces paris, c’était de souligner le taux de mortalité important de ces oiseaux, pour autant, comme vous le dîtes, que ces animaux soient morts. L’albatros pourrait faire un très beau sujet dans Nautilus magazine, dès que je pourrais faire un reportage sur ces oiseaux magnifiques.


  • Thucydide Thucydide 19 janvier 2006 15:39

    Rassurez-vous, je me doutais bien que votre intention n’était pas railleuse, mais j’ai préféré faire ces précisions, vu que dans l’esprit de beaucoup de gens, depuis le Walt-Disney « Bernard et Bianca », l’albatros est un volatile gauche et un peu risible (et même chez Baudelaire), alors que c’est un oiseau sublime (chez Baudelaire aussi, bien sûr). Mais cet oiseau qui a tant de mal à décoller, vu son poids et la forme très allongée de ses ailes, adaptées au grand vent, est une rareté qu’il faut savoir apprécier.

    Pour se donner une idée de la maîtrise en vol de ces oiseaux, il faut observer les fulmars (on en trouve en Bretagne). C’est un oiseau de plus petite taille (celle d’une mouette) et d’une famille voisine des albatros (celle des pétrels), mais leur habileté à surfer littéralement sur les vagues de vent qui se brisent contre les falaises, presque sans battre des ailes, est époustouflante.

    Bonne continuation pour votre reportage.


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