samedi 1er février - par C’est Nabum

Sortir la poubelle

Mais où avais-je la tête ?

Voilà bien un acte de la vie quotidienne qui n'a guère sa place dans les chroniques littéraires ou les traités de philosophie. Pourtant, à y regarder de plus près, il n'est pas sans conséquence sur la vie d'une cellule familiale, puisqu'il détermine la gestion harmonieuse des détritus, déchets et reliefs de la vie domestique tout autant que leur évacuation dans des délais raisonnables. Outre cet aspect pratique, il peut parfois entrer dans les faits divers, avec la disparition mystérieuse de celui ou celle qui avait cette lourde responsabilité. Moins usité que l'achat de cigarettes, la fugue lors de cet exercice ouvre bien des perspectives à l'auteur policier.

Mais revenons au sordide d'un quotidien qui n'a pas besoin de péripéties extravagantes pour voir surgir l'impromptu, le prosaïque ou parfois le pathétique. Ce nécessaire acte domestique n'est pas sans incidence sur la vie pratique d'une maisonnée. Son oubli peut entraîner des conséquences désastreuses pour peu qu'un jour férié vienne s'accoler à l'opportunité suivante de ramassage.

Autre point délicat que la modernité a introduite dans le difficile exercice du rejet des matières fongibles ou non, recyclables ou incinérables, dégradables ou imputrescibles, c'est désormais la notion de tri sélectif qu'il importe d'appliquer dans le louable soucis de participer peu ou prou à la sauvegarde de la planète. Exercice d'autant plus délicat qu'il exige un recyclage permanent, non pas des matières réemployables, mais plus précisément de l'usager domestique tant les progrès en la matière induisent des modifications fréquentes.

Se tenir au courant, rester à la pointe du geste qui sauve la planète demande un suivi permanent et une parfaite connaissance des infirmations consommateurs disponibles sur les différents emballages. Cette pratique fondamentale de l'économie circulaire réclame cependant une absolu maîtrise de la lecture en écriture minuscule et une connaissance aiguisée des codes de l'industrie agro-alimentaire.

Le tri suppose encore de disposer d'assez de place pour combiner les différents récipients de stockage qui renvoient eux-mêmes à des collectes distingues en des lieux éparpillés, destinés à cet effet. Ainsi le verre aime à casser les oreilles de voisins désolés d'avoir un conteneur de ramassage à proximité de leur domicile, tandis que les déchets verts proposent plusieurs formules qui vont de la poule pondeuse au composteur dans votre jardin à des variantes qui supposent un déplacement.

Les métaux demeurent fermement attachés à l'usage de la déchetterie tout comme le bois et les gravats tandis que les emballages ont enfin trouvé une place de choix dans le ramassage. Ils bénéficient désormais d'une poubelle de couleur jaune qui accueille en son sein la plus grande part désormais de notre société du gaspillage éhonté.

L'autre poubelle, dite des déchets ménagers qui aspirent à finir leur existence incinérés, sonne le plus souvent le creux face à son homologue du sur-emballage. Seul l'odeur lui confère encore son statut de collecte prioritaire quand le soleil se met de la partie pour la transformer en remugle nauséeux. Dans pareil cas, oublier de la sortir relève de la faute de goût.

La difficulté majeure réside donc dans la chronologie des différents ramassage tout comme dans l'établissement de déplacements pour effectuer la part du tri nomade que nous impose un système qui met largement à contribution l'usager, du reste fortement taxé sur une matière première que d'autres s’évertuent à rentabiliser. J'espère que vous parvenez à suivre mon cheminement.

Comme il convient qu'il n'y ait rien à jeter dans ce billet, il s'auto-détruira après sa lecture afin de ne laisser aucune trace. Vous êtes instamment priés de ne pas l'imprimer ni même de l'enregistrer sur un quelconque support magnétique. Il doit rester exempt de trace carbone à l'exception non négligeable de son transit par les serveurs et les centres de stockage de l'information inutile. On ne peut être totalement neutre en la matière ...



8 réactions


  • juluch juluch 1er février 12:03

    je fais aussi le tri...mais j’ai une confiance très relative .

    Je suis guère convaincu.


  • titi titi 1er février 20:41

    @L’auteur

    Lorsqu’un industriel fabrique un produit et le met en vente, il paye le financement du traitement du déchet de l’emballage.

    C’est Citéo qui collecte l’argent (https://www.citeo.com/)

    Mais bien évidemment c’est le consommateur qui a paye au final.

    Les poubelles de tri de votre commune sont collectées, vérifiées, pesées, et en fonction de la qualité du tri et du volume, Citéo reverse l’argent collecté à votre commune.

    Le tri des déchets en France c’est ça : du recyclage d’argent. Votre argent.

    Et que deviennent les déchets recyclés ?

    A part le verre, pas grand chose n’est valorisé, tout simplement parce qu’il n’y a plus d’industrie capable de retransformer cette matière première.

    Jusqu’il y’a quelques années ces « déchets » étaient réexportés vers la Chine. Bonjour le bilan carbone !

    Mais elle n’en veut plus.

    Alors il reste l’incinérateur.


    • C'est Nabum C’est Nabum 1er février 22:11

      @titi

      Le tri est une illusion nous en sommes tous conscients
      Cette société se fonde sur le mensonge permanent

      Il n’y a rien à recycler dans le personnel politique


  • Enki Enki 2 février 13:07

    Bonjour Nabum,

    Je pensais que vous faisiez cet article pour nous parler des poubelles à puces qui vont être généralisées cette année. Ceci pour contrôler la fréquence et le poids des poubelles domestiques, avec majoration à l’abonnement en cas d’excès.

    https://www.cnews.fr/france/2025-01-28/poubelles-puce-ce-quil-faut-savoir-sur-ces-modeles-qui-deviennent-obligatoires-en

    C’est commencé en Ariège, mais les Gaulois réfractaires ne sont pas contents et jettent leurs ordures n’importe où hors de leurs bacs pucés.

    cela entraîne un surcoût de ramassages. Les municipalités prévoient donc investissement pour acheter des caméras de surveillance.

    https://www.leparisien.fr/ariege-09/en-ariege-les-depots-sauvages-de-dechets-explosent-apres-la-mise-en-place-dun-badge-pour-les-collectes-30-01-2025-FKNY3ZKG6BAMVCHKVRQAGQZBVE.php

    La France d’aujourd’hui, quoi, un pays entre Groland et Idiocracy.


    • C'est Nabum C’est Nabum 2 février 18:44

      @Enki

      Il y aurait tant à écrire sur cette société de la surveillance, de la méfiance et de la défiance.

      Nulle confiance en ceux qui dirigent cette folie


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