jeudi 26 avril 2007 - par Mikaël Cabon

Virés pour blogging et autres motifs incongrus de licenciement

Etre licencié ce n’est pas tout à fait drôle. On ne m’empêchera pas de penser néanmoins que le plus grave n’est pas de perdre son emploi mais de ne jamais en retrouver.

Les motifs de licenciement sont précisés et codifiés par la loi. Toutefois, le monopole de la bêtise n’appartient à personne et les motifs de licenciements dépassent parfois l’entendement. Attention au mardi puisque c’est, selon une étude, le jour préféré des entreprises américaines pour annoncer leurs licenciements. Voici un florilège des motifs de licenciement, réalisé lors d’un cours de management avec Anthony L’Hour et Kévin Thomas, étudiants.

Sur le fond : touché, coulé

- L’histoire est en passe de devenir aussi célèbre que Tom Sawyer, j’exagère, c’est mon côté sudiste. Une Petite anglaise s’est fait licencier pour avoir blogué... Comme l’explique si joliment maître Eolas. Elle a depuis su rebondir puisque l’éditeur Penguin vient de lui faire signer un contrat d’édition avec un à-valoir que l’on dit être de plusieurs millions d’euros. Je viens d’appeler mon patron pour lui dire que je bloguais toute la journée, en espérant sa fureur : « Normal c’est ton boulot, garçon ». Ouais.

- Laurent Dupin reprend dans un très bon article cette question du licenciement pour cause de blogging. Et notamment le cas de Garfieldd, un proviseur révoqué par l’Education nationale pour cause de « propos à caractère pornographique ». Laurent évoque également l’histoire de cette hôtesse de l’air, The Washingtonienne, aux poses suggestives dans sa tenue d’hôtesse de l’air prises au septième ciel dans son avion de ligne. Il n’y pas de contrepèterie dans la phrase précédente.

- Ce ne sont pas les seules raisons évidemment qui justifient les licenciements. Ainsi attention si :

o Vous avez un « regard noir »

o Un engagement syndical

o Etes enceinte

o Vous appelez Dhorassoo et jouez au football

o Donnez un cheeseburger à une mendiante dans un McDo

o Envoyez un message sur l’intranet de la CiA

o Pissez à côté de la cuvette

o Travaillez pour Sylvester Stallone

o Refusez d’opérer un patient à la petite cuillère

o Ecrivez un livre sur EDF et prônez la résistance par la paresse à l’aliénation par le travail

o Portez un bermuda au travail

o Ou encore si vous podcastez à partir d’une église

- La question se pose également dans l’armée française comme l’évoquait Le Monde récemment. De plus en plus, les militaires français en opération à l’étranger communiquent des informations, très parcellaires, qui, sans le vouloir, peuvent renseigner l’ennemi.

Sur la forme : “T Viré”

Il y a le fond et il y a la forme. La seconde prenant de plus en plus souvent le pas sur la première. Les nouvelles technologies introduisent également de nouvelles possibilités de licenciements. Le fax, le mail, le courriel, la télécopie ou encore le licenciement via un intermédiaire connaissent un grand succès. On se souvient ainsi de ces 2 400 licenciements de l’entreprise Amulet en Grande-Bretagne ou encore ceux de la Korean Exchange Bank. A Bucarest, on n’a pas encore l’internet haut débit mais on a tout compris : par télécopie on risque moins de se faire chahuter par un salarié mécontent de son licenciement, idem chez Marks and Spencer. Le courriel a de beaux jours devant lui comme ce fut le cas dans cette radio britannique. Ils auraient même pu le faire à l’antenne. Enfin, le must, la sous-traitance de licenciement. Bernd Dressler a diversifié son activité de rupture sentimentale par intermédiaire vers la clientèle B to B. C’est pas cher et cela donne de l’humanité au licenciement. Cela peut également se faire par téléphone. Peut-on encore parler de progrès ?

Pour l’heure la loi française empêche ce genre d’évolution et oblige à un entretien préalable au licenciement et la motivation de celui-ci.




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