vendredi 6 novembre 2020 - par Robin Guilloux

John Locke, Lettre sur la tolérance

John Locke, Lettre sur la tolérance (Extrait + Questions)

John Locke, Lettre sur la tolérance (Extrait + Questions)

L'auteur :

John Locke, né le 29 août 1632 à Wrington (Somerset) et mort le 28 octobre 1704 à High Laver (Essex), est un philosophe anglais. Il vit à une époque de transition qui voit la fin des guerres de religion, les débuts du rationalisme et une forte opposition à l'absolutisme en Angleterre. Locke participe activement à ces débats et à l'élaboration des théories alors naissantes du contrat social, de la loi et du droit naturel. Il jette les bases de ce que l'on appellera plus tard le libéralisme. Il est aussi l'un des fondateurs des notions d'état de droit, de laïcité et de liberté de conscience.

L'œuvre et le contexte historique :

Locke a écrit quatre ouvrages majeurs sur la tolérance : les Tracts de 1660, l'Essai sur la Tolérance rédigé en 1667, un texte intitulé Sur la différence entre pouvoir ecclésiastique et pouvoir civil (1674et la Lettre sur la Tolérance (1686).

Rédigée en 1686 et publié pour la première fois en 1691, La Lettre sur la tolérance fut publiée, sans nom d'auteur, en latin, à Gouda (Pays Bas), et traduit immédiatement dans plusieurs langues.

Cette « lettre » est adressée à un ami proche de John Locke, Philipp van Limborch, qui la publia sans son autorisation.

"Dans une Angleterre (et plus largement une Europe) secouée par des querelles religieuses et cléricales, dans un temps où religion rimait avec pouvoir et domination (ce temps est-il révolu ?), parler de tolérance était un acte de courage. Bien qu'il ne conçoive pas encore la possibilité de l'athéisme, Locke défend la liberté religieuse en s'appuyant sur les valeurs fondatrices du christianisme et sur les principes de l'autorité politique." (source : babelio)

L'intérêt que Locke porte à cette question s'explique par le contexte et les défis de son époque. Il vit à une période où les guerres de religion ne sont pas totalement terminées. Louis XIV révoque l'Edit de Nantes en 1685, tandis qu'en Angleterre l'aspect religieux est très présent dans les deux Révolutions qui secouent le pays au XVIIème siècle.

Note : La première Révolution anglaise (1642-1651) appelée "Grande Rébellion", renversa le roi Charles Ier et vit l'accession au pouvoir d'Oliver Cromwell. La seconde révolution anglaise (1688-1689) appelée "Glorieuse Révolution", renversa le roi Jacques II et entraîna l'accession au trône de Mary II et Guillaume III.

Le passage :

« Je crois qu’il est d’une nécessité absolue de distinguer ici, avec toute l’exactitude possible, ce qui regarde le gouvernement civil, de ce qui appartient à la religion, et de marquer les justes bornes qui séparent les droits de l’un et ceux de l’autre (…)

Il est du devoir du magistrat civil d’assurer, par l’impartiale exécution de lois équitables, à tout le peuple en général, et à chacun de ses sujets en particulier, la possession légitime de toutes les choses qui regardent cette vie.

Si quelqu’un se hasarde de violer les lois de la justice publique, établies pour la conservation de tous ces biens, sa témérité doit être réprimée par la crainte du châtiment, qui consiste à la dépouiller, en tout ou en partie, de ces biens ou intérêts civils, dont il aurait pu et même dû jouir sans cela (…)

Or, pour convaincre que la juridiction du magistrat se termine à ces biens temporels, et que tout pouvoir civil est borné à l’unique soin de les maintenir et de travailler à leur augmentation, sans qu’il puisse ni qu’il doive en aucune manière s’étendre jusques au salut des âmes, il suffit de considérer les raisons suivantes, qui me paraissent démonstratives.

Premièrement, parce que Dieu n’a pas commis le soin des âmes au magistrat civil, plutôt qu’à toute autre personne, et qu’il ne paraît pas qu’il ait jamais autorisé aucun homme à forcer les autres de recevoir sa religion. Le consentement du peuple même ne saurait donner ce pouvoir au magistrat ; puisqu’il est comme impossible qu’un homme abandonne le soin de son salut jusques à devenir aveugle lui-même et à laisser au choix d’un autre, soit prince soit sujet, de lui prescrire la foi ou le culte qu’il doit embrasser (…)

En second lieu, le soin des âmes ne saurait appartenir au magistrat civil, parce que son pouvoir est borné à la force extérieure.

Mais la vraie religion consiste, comme nous venons de le marquer, dans la persuasion intérieure de l’esprit, sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu. Ajoutez à cela que notre entendement est d’une telle nature, qu’on ne saurait le porter à croire quoi que ce soit par la contrainte. La confiscation des biens, les cachots, les tourments et les supplices, rien de tout cela ne peut altérer ou anéantir le jugement intérieur que nous faisons des choses. » 

(John Locke, Lettre sur la tolérance)

Le texte porte sur la séparation du politique et du religieux, sur la liberté de conscience et sur la tolérance en matière de religion, ces trois thèmes étant étroitement liés.

La thèse de John Locke est exprimée dans le troisième paragraphe du texte : "La juridiction du magistrat se termine aux biens temporels, et tout pouvoir civil est borné à l'unique soin de les maintenir et de travailler à leur augmentation, sans qu'il puisse ni ne doive en aucune manière s'étendre jusques au salut des âmes."

Les arguments de Locke sont les suivants :

a) Dieu n'a pas commis le soin des âmes au magistrat civil (à l'Etat, au gouvernement, au pouvoir politique).

b) Aucun homme ne peut en forcer un autre à adopter sa religion.

c) Le pouvoir du magistrat civil est limité à la force extérieure et non au soin des âmes.

d) La vraie religion consiste dans la persuasion intérieure de l'esprit ; on ne saurait donc porter l'entendement à croire quoi que ce soit par la contrainte.

Locke donne comme exemple de "contrainte" la confiscation des biens, les cachots, les tourments et les supplices.

Locke distingue entre "gouvernement civil" et "religion". Le gouvernement civil concerne les choses d'ici-bas : l'organisation de la Cité, les lois civiles, les droits et les devoirs des sujets dans une monarchie ou des citoyens dans une République. Le mot "religion" vient du latin "religere" qui signifie relier. La religion relie les fidèles entre eux au sein d'une communauté de croyants qui partagent la même foi. Elle relie d'autre part les croyants collectivement et individuellement à un principe transcendant appelé "Dieu".

Locke affirme qu'il est "d'une nécessité absolue de distinguer, avec toute l'exactitude possible, ce qui regarde le gouvernement civil de ce qui appartient à la religion, et de marquer les justes bornes qui séparent les droits de l'un et ceux de l'autre."

Cette affirmation doit être remise dans le contexte historique où vit l'auteur : les guerres de religion, la révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV, monarque absolu de droit divin et l'importance du fait religieux au XVIIème siècle en Angleterre et en Europe.

Note : L’édit de Nantes est un édit de tolérance promulgué en avril 1598 par le roi de France Henri IV. Cet édit accordait notamment des droits de culte, des droits civils et des droits politiques aux protestants dans certaines parties du royaume et leur concédait, dans des annexes appelées « brevets », un certain nombre de lieux de refuge (dont environ 60 places de sûretés) et une indemnité annuelle à verser par les finances royales. La promulgation de cet édit mettait fin aux guerres de Religion qui avaient ravagé le royaume de France depuis 1562. Dès le début de son règne, Louis XIV, cherchant à unifier son royaume sur les plans religieux, administratif et politique, souhaite faire disparaître le protestantisme français. S'appuyant sur une interprétation étroite de l'édit, il fait accumuler les enquêtes, les dénonciations, les interdictions, voire les destructions d'écoles et de temples et les enlèvements d'enfants. Après des années de persécutions et de conversions forcées, sur la foi des rapports des intendants qui s'attribuent le mérite d'avoir extirpé le protestantisme de leur juridiction, considérant que le protestantisme français a pratiquement disparu, le pouvoir royal décide que l'édit de Nantes est devenu caduc et peut donc être révoqué. La révocation a pour conséquence une accélération de l'exil de quelque 200 000 protestants, soit environ un pour cent de la population du royaume, appartenant à l'élite intellectuelle, dont Denis Papin, au profit des concurrents économiques de la France : l'Angleterre, les Provinces-Unies , la Suisse et la Prusse, et parfois de leurs colonies comme l'Amérique ou la Colonie du Cap . (source : wikipedia)

Les troubles liés aux guerres de religion qui mêlent inextricablement passions religieuses et motifs politiques, les violences et les exactions engendrées par l'instrumentalisation politique de la religion justifient, selon Locke, la nécessité absolue de distinguer le domaine du politique et le domaine du religieux. On sait que cette distinction apparaît au XVIIIème siècle, en Angleterre avec Locke, en France avec Voltaire et les philosophes des Lumières et en Allemagne avec Kant ("Qu'est-ce que les Lumières ?")

Locke est donc un précurseur de ce que nous appelons aujourd'hui la "laïcité".

Note : En droit, la laïcité est le « principe de séparation dans l'État de la société civile et de la société religieuse » et « d'impartialité ou de neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses ». Le mot désigne par extension le caractère des « institutions, publiques ou privées, qui sont indépendantes du clergé et des Églises ». La laïcité s'oppose à la reconnaissance d'une religion d'État. Toutefois, le principe de séparation entre l'État et les religions peut trouver des applications différentes selon les pays, de la laïcité proprement dite à la simple sécularisation (sécularisme). (source : wikipedia)

Locke entend distinguer "ce qui regarde le gouvernement civil, de ce qui appartient à la religion, et marquer les justes bornes qui séparent les droits de l'un et ceux de l'autre". Il considère que le gouvernement et l'Église remplissent des fonctions différentes et ne doivent donc pas être mélangés.

À l'inverse de Hobbes qui considérait qu'il était nécessaire d'avoir une religion unique (une religion d'Etat) et ne distinguait pas entre pouvoir politique et pouvoir religieux (césaro-papisme), Locke considère que la multiplicité des religions est un moyen de prévenir les troubles dans la société. Il considère ainsi que ces troubles naissent de la volonté étatique d'empêcher l'exercice de plusieurs religions, là où il serait préférable de les tolérer.

Les droits du gouvernement civil ne sont pas les mêmes que ceux de la religion. Le gouvernement civil (le gouvernement, l'Etat) a le droit et même le devoir de faire respecter les lois et de sanctionner ceux qui les violent, mais il n'a pas celui d'obliger les sujets ou les citoyens à adopter telle ou telle religion. Le clergé a le droit de célébrer le culte, d'administrer les sacrements, de diffuser et d'interpréter les Ecritures saintes, mais il n'a pas le droit d'exercer le pouvoir politique. 

"Il est du devoir du magistrat civil d'assurer, par l'impartial exécutions de lois équitables, à tout le peuple en général, et à chacun de ses sujets en particulier, la possession légitime de toutes les choses qui regardent cette vie" : autrement dit, le magistrat civil a pour rôle de protéger la vie et les biens des sujets ou des citoyens, c'est-à-dire tout ce qui concerne leur existence ici-bas, sur cette terre et la conservation de leur personne et de leurs biens (la propriété privée). Le magistrat civil a donc un pouvoir (non pas illimité, mais limité par des lois justes) sur les corps, mais non sur les âmes.

Le justice publique garantit la possession légitime de toutes les choses qui regardent cette vie : a) en édictant des lois justes, b) en sanctionnant par des châtiments la violation des ces lois. La seule existence d'une loi juste ne suffit pas car, comme l'a fait remarquer Pascal, la justice sans la force est impuissante.

La désignation précise et la séparation des trois pouvoirs (pouvoir législatif, pouvoir exécutif, pouvoir judiciaire) sera théorisée par Montesquieu dans L'esprit des Lois (1748), une cinquantaine d'années après la mort de Locke.

Selon Locke, la juridiction du pouvoir civil ne s'étend pas au "salut des âmes" pour trois raisons, deux raisons théologiques et une raison psychologique et morale :

a) Parce que Dieu n'a pas commis (attribué) le salut des âmes au magistrat civil (raison théologique)

b) Parce qu'il n'a jamais autorisé quiconque à forcer les autres de recevoir sa religion (raison théologique)

c) Parce qu'aucun homme ne peut abandonner à un autre le soin de son salut en lui laissant le droit de lui prescrire la foi ou le culte qu'il doit embrasser. Locke défend donc la "liberté de conscience". (raison psychologique et morale)

Le soin des âmes ne saurait appartenir au magistrat civil, parce que son pouvoir est borné à la force extérieure, autrement dit le magistrat peut exercer le pouvoir sur les corps en cas de violation de la loi, mais non sur les esprits (les âmes).

Pour Locke, la "vraie religion" consiste dans la persuasion intérieure de l'esprit et non dans la coercition extérieure. "Notre entendement est de telle nature qu'on ne saurait le porter à croire quoi que ce soit pas contrainte". Notre entendement est libre par nature (par essence) et on ne peut le contraindre à croire.

Locke donne des exemples de persuasion extérieure : la confiscation des biens, le cachot, les tourments et les supplices qui avaient encore cours à son époque et qui sévissent toujours aujourd'hui dans certaines régions du monde soumise à la "théocratie" (c'est la religion et ses représentants qui détient et exerce le pouvoir, il n'y a pas de séparation entre le religieux et le politique).

Selon Locke, une conversion obtenue par la contrainte n'a aucune valeur, ni aux yeux de Dieu, ni aux yeux des hommes. 

La liberté de conscience est si importante pour Locke que même la volonté du peuple ne saurait s'y opposer : "Le consentement du peuple même ne saurait donner à un homme le pouvoir de forcer les autres de recevoir sa religion".

Le soin de faire salut est une affaire individuelle, il regarde la conscience de chacun et personne n'a le droit, qu'il soit prince ou sujet, de prescrire à un autre la foi ou le culte qu'il doit embrasser.

L'exemple des systèmes politiques totalitaires en "isme" : le fascisme, le nazisme, le stalinisme, le maoïsme et plus récemment, l'islamisme, montre qu'il n'est malheureusement pas "impossible" comme le dit Locke qu'un homme renonce à sa liberté de conscience pour obéir aveuglément à une idéologie, à un chef et à un Parti. 

L'humanisme optimiste et le courage tranquille du précurseur des Lumières, l'un des penseurs les plus courageux et les plus bienveillants de l'histoire de la pensée politique, n'avait pas envisagé la possibilité de l'impossible : la propagande et le consentement aveugle de centaines de millions d'hommes à la servitude.

L'impératif de tolérance rencontre cependant deux limites, la première celle des athées, sur qui les engagements qui sont la base de toute société n'auraient, selon lui, aucun effet : "ceux qui nient l'existence d'un Dieu, ne doivent pas être tolérés, parce que les promesses, les contrats, les serments et la bonne foi, qui sont les principaux liens de la société civile, ne sauraient engager un athée à tenir sa parole". Locke n'envisage pas encore de séparer la foi de la morale (on peut être athée et "vertueux") comme le feront les philosophes français du siècle des Lumières. La seconde limite est celle des catholiques anglais, qui se mettraient sous les ordres d'un autre prince en obéissant au Pape.

La tolérance est un élément central de la philosophie politique de Locke. Par conséquent, seule une Église qui prêche la tolérance peut être autorisée dans la société qu'il préconise.

 



8 réactions


  • binary 6 novembre 2020 13:24

    b) Aucun homme ne peut en forcer un autre à adopter sa religion.

    Warf ! Que font les religieux depuis la nuit des temps ?

    La religion est une manipulation mentale faite pour utiliser l autre, ce naïf qui ne comprend rien. C est son seul but. C est son quotidien.


  • pallas 6 novembre 2020 13:30
    Robin Guilloux .

    .

    Bonjour,

    En france il n’existe pas de tolérance, tout n’est que tromperie et mensonge, le triomphe et l’adulation de la tricherie permanent.

    Voir les sports médiatisés a la télévision (tour de france, football etc).

    Sa ne trompe personne, ni moi et les autres, je sais ce qui en est de ce pays depuis fort longtemps.

    Au dela des mots, seul les actes comptes, sinon ceux ci n’ont aucuns sens.

    Orwell c’est trompé, sa vision des choses limité, ayant écrit son livre « 1984 »(me faisant penser à un ado de 15 ans dans sa chambre), la réalité ne peut etre modifié, l’illusion sera fatalement fracassé par celle ci.

    Salut


  • Arogavox Arogavox 6 novembre 2020 13:46

    « selon Locke, la nécessité absolue de distinguer le domaine du politique et le domaine du religieux. »

    Selon M_annuel :

    « La laïcité c’est un couple d’amoureux de confessions et de croyances différentes, en même temps, pendant toute la durée du coït. »


  • Octave Lebel Octave Lebel 6 novembre 2020 19:29

    Paradoxalement, prendre du recul nous rend plus présents à nos vies.

    Merci pour cet apport d’informations et de réflexions.


    • Robin Guilloux Robin Guilloux 6 novembre 2020 21:49

      @Octave Lebel

      C’est effectivement important de prendre du recul et de relire un texte comme celui de Locke. Les notions de démocratie, de tolérance, de laïcité, de liberté de conscience et de religion font partie de l’héritage commun de l’Europe, depuis le XVIIème siècle en Angleterre et le XVIIIème en France. Le texte de Locke mérite d’être lu, étudié et médité, notamment en classe pour comprendre d’où nous venons, à quoi nous sommes attachés et au nom de quoi nous luttons.


  • mmbbb 7 novembre 2020 11:20

    A l auteur " Locke distingue entre « gouvernement civil » et « religion ». Le gouvernement civil concerne les choses d’ici-bas : l’organisation de la Cité, les lois civiles, les droits et les devoirs des sujets dans une monarchie ou des citoyens dans une République. " Au lycée mes profs , encore des hussards de la république dont un des objectifs de l enseignement general etait de faire prevaloir la raison , m enseignaient ceci : la laicité est la distinction entre le regulier et le seculier . C est par essence , la loi de 1 905 . d Emiles Combes . In fine c est le même point de vue Dans ce média un de vos copains , un prof ecrivant un long article sur cette laicite , dont j ai oublie le pseudo ( un prof contemporain , bien de sa personne de gauche ) affirmait que la laicte etait une religion , Il entendait que l etat imposait cette laicite comme le Roi jadis la religion , Sauf que la laicite s inscrit dans un cadre juridique et en France , c est la constitution , loi organique qui garantit a chacun sa liberte de conscience , Il m avait préconise le retour a mes cours d histoire . Le niveau de l enseignement baisse vraiment dans ce pays ! 

    Je lui avais en retour de son compliment ,suggérer de lire l essai de Michel Winoch concernant cette thématique, En effet , les laicards durent mener un long combat ,

    Mais depuis , comme l affirme avec raison E BADINTER et d autres , la laicite a la francaise n est plus normative ; elle a fait place au dogme de « l altérité » L acceptation de la différence , une porte béante a ete ouverte pour le prosélytisme religieux notamment l islam ,

    L islam avec ses divers courants n est pas une religion structuree comme le catholicisme et il evident que des Tarik Ramandan dont la famille a des liens avec les salafistes ne pouvait pas promulguer une religion raisonnee comme un Saint Augustin. Helas ce n est pas le seul .

    Certains cathos affirment sans ambages ( un fond de catholicisme traditionnel revigoré par cet islam ) et qui sont les allies de fait des imans tel ce R De Gall , archeveque de Toulouse et affirmait il y a une semaine , en filigrane dans son propos , le retour au delit de blasphème ,

    Cette doctrine a ete porte sur les fonds baptismaux par les personnes de gauche reniant notre histoire et pas exces de relativisme ont fait accepter cette mouvance dont les conséquences sont , femme voilee , derogation zone de non droit francais ,

    Un radicalisme rempant denonce par le proviseur de Marseille , libre de sa parole , Bernard Ravet ,

    La récente décapitaion de ce prof , fut un electrochoc , La France ne pouvait plus cachée qu elle etait tombee dans la barbarie , De nombreux commentaires exécrables notamment dans ce média, dont les auteurs chargeaient avant que l enquête judiciaire soit mene a son terme ce prof .

    Cette sentence est appliquée en Arabie Saoudite , ces personnes l oublient et a l aune de leurs analyses , on perçoit l affaiblissement de l enseignement de l educ !


    Je me suis écarté de cette gauche qui ne ressemble plus a la gauche de jadis , Une gauche décadente ,

    Et je ris a pleine gorge , voir ces profs enlises dans leurs contradictions , Un titre cette semaine " réapprendre la laicité " , Je ne peux qu etre satisfait


    Suis je cynique , non , tout ceci etait prévisible , il y a eu des signes prémonitoires , mais personne n a voulu sauver le " soldat laique " ,


    Votre article est bien ecrit mais vous omettez par paresse intellectuelle ou par couardise , d évoquer notre situation actuelle , Regardez le passé ne sert a rien si on occulte le présent , Le catholicisme etant moribond et décadent ( le Pape Francois , acquis a la cause des musulmans et n ose pas défendre les chrétiens d orient ) , les athées ne vont pas zigouiller ni les cathos ni les juifs ni même les musulmans , le probleme est ailleurs desormais mais vous le nommez pas !! 


    • Robin Guilloux Robin Guilloux 9 novembre 2020 15:55

      @mmbbb

      Beaucoup de choses intéressantes dans votre commentaire. Vous dites que j’ai manqué de courage en ne nommant pas les choses par leur nom. En fait, j’ai complété l’article sur mon blog et ajouté a posteriori un paragraphe sur le totalitarisme et l’islamisme.

      Ce n’est pas exactement une question de courage ou de lâcheté, mais de prudence (cette vertu cardinale que les Grecs appelaient la Phronésis).

      J’ai pris ma retraite de l’E.N. il y a une dizaine d’années ; j’avais des élèves de la 6ème à la 3ème en collège, notamment en zone sensible (élèves issus de l’immigration du Maghreb, la plupart musulmans).

      Je n’ai jamais eu de problème avec eux au sujet des questions religieuses ou du contenu de mes cours. Mais en tant que professeur de Français, je n’étais pas chargé de faire de l’instruction civique ; par ailleurs la France n’avait pas encore fait la triste expérience du terrorisme islamiste avec les attentats de Charly, du Bataclan de Nice, etc.

      Il y avait eu l’affaire du foulard de Creil et j’ai apporté ma pierre à la cause de la laïcité avec mes collègues (tous bords confondus pour l’occasion) en introduisant l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires (à l’initiative si je me souviens bien de François Bayrou, alors ministre de l’Education nationale) dans le règlement intérieur de l’établissement.

      Aujourd’hui, les problèmes ont pris une toute autre ampleur du fait de la réalité géopolitique en Irak, en Afghanistan, en Syrie, en Egypte et en Turquie.

      J’ai admiré le courage de Samuel Paty et j’ai éprouvé beaucoup de tristesse et de colère à l’annonce de son assassinat par ce fanatique d’origine Tchétchène, mais en ce qui me concerne je n’aurais jamais montré ces caricatures, surtout l’une d’entre elles où l’on voit un musulman nu dans une position humiliante à une de mes classes de 4ème, surtout dans le contexte délétère de ce collège de Conflans-Sainte-Honorine.

      Je les aurais peut-être montré à des élèves de lycée, en Terminale notamment en cours de philosophie, mais pas en 4ème.

      En pédagogie, il faut toujours tenir compte du public auquel on s’adresse. Le problème, c’est que l’on demande aux professeurs l’impossible : parler de laïcité, de liberté d’expression « et en même temps » ne pas froisser les croyances des élèves, ne pas faire de vagues, etc. Le professeur (c’était vrai aussi « de mon temps ») est pris entre l’administration, les parents, les élèves et parfois aussi ses propres collègues. Certains choisissent la solution de facilité.

      Mon approche et ma conception personnelle est un peu différente. Il y a une phrase de Blaise Pascal qui dit qu’apprendre à bien penser est le commencement de la morale. Faire de la grammaire, apprendre du vocabulaire, maîtriser l’orthographe, s’exprimer aussi clairement et distinctement que possible, apprendre à lire et à comprendre ce qu’on lit, etc. c’est déjà de l’éducation à la citoyenneté.


    • Robin Guilloux Robin Guilloux 9 novembre 2020 20:40

      @Robin Guilloux

      Je m’aperçois en relisant votre commentaire que je n’y ai pas tout à fait répondu. Il me semble qu’il y a deux conception de la laïcité : une laïcité de combat incarnée par Emile Combes et une laïcité plus ouverte incarnée par Aristide Briand.

      La laïcité de combat énonce la séparation absolue entre le religieux et le politique et réduit l’expression de la religion à la sphère privée, la laïcité ouverte autorise l’expression des convictions religieuses dans l’espace public. C’est la cas aux Etats-Unis où, depuis Eisenhauer, conseillé par le prédicateur Billy Graham, la devise « In God we trust » figure sur les billets de banque et où le nouveau président des Etats-Unis nouvellement élu jure sur la Bible et non sur la Constitution et participe ensuite à des déjeuners de prière à la Maison blanche. Il est impensable d’être élu aux Etats-Unis si vous n’appartenez pas à une religion. 

      Tout ceci est impensable en France, sous le régime de la Loi de 1905. La conception américaine de la laïcité explique les articles très critiques à notre égard de certains médias américains autour de l’affaire des caricatures.

      Le problème est de savoir s’il faut appliquer la conception étroite ou la version large de la laïcité. Il n’est pas exacte qu’il n’y a pas de problème. Beaucoup de partisans de la laïcité pensent à tort que la Loi de 1905 interdit l’expression de la foi dans la sphère publique, ce qui est inexacte et vous avez raison de signaler qu’il s’agit là d’une « porte ouverte » au communautarisme.

      Le problème porte sur des points extrêmement concrets : les repas hallal à la cantine, les produits hallal dans les supermarchés, le port du voile (notamment des accompagnantes en sortie scolaire), les horaires séparés pour les femmes dans les piscines, le droit de refuser d’être soigné par une femme pour un homme et par un homme pour une femme, le port de la burka (voile intégral) et du burkini (vêtement pour nager dissimulant totalement le corps). 

      Il y a trois possibilités : le refus pur et simple de toutes ces demandes, l’acceptation de certaines demandes et l’acceptation de toutes. Le rapport à l’islam en France va désormais se jouer sur ces points encore une fois très concerts d’appartenance culturelle et religieuse.


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