mercredi 8 juin 2016 - par Robin Guilloux

Moses Mendelssohn, Qu’est-ce qu’éclairer ?

Les éditions Mille et une nuit ont eu la bonne idée de publier l'opuscule de Kant : "Réponse à la question : "Qu'est-ce que les Lumières" en même temps que la réponse à la même question de Moses Mendelssohn, le grand-père du compositeur Félix Mendelssohn et le plus célèbre représentant d'un judaïsme des Lumières, la Haskalah, texte auquel Kant fait allusion à la fin de son opuscule :

"Dans les nouvelles hedomadaires du Buensching du 13 septembre je lis aujourd'hui 30 du même mois l'annonce de la revue Mensuelle berlinoise, où se trouve la réponse de M. Mendelssohn à la même question. Je ne l'ai pas encore eue entre les mains ; sans cela elle aurait arrêté ma présente réponse, qui ne peut être considérée maintenant que comme un essai pour voir jusqu'où le hasard peut réaliser l'accord des pensées."

 

(Kant, La philosophie de l'Histoire (les origines de la pensée de Hegel), chez Denoël/Gonthier, p. 46 et suiv., édition établie et traduite par Stéphane Piobetta)

 

Nous verrons les points communs entre ces deux textes, mais aussi ce qui les distingue.

 

Note sur la HASKALAH :

Dérivé de l'hébreu sekhel (« raison » ou « intellect »), le terme Haskalah désigne un mouvement social et culturel dans le judaïsme d'Europe centrale et orientale, à la fin du XVIIIème et au XIXème siècle. Bien qu'inspiré de la philosophie des Lumières, ses racines, son caractère propre et son développement sont éminemment juifs.

Lorsque le mouvement commença, les juifs vivaient dans les conditions socio-géographiques du ghetto et restaient soumis au régime de la ségrégation et à une législation discriminatoire. Dans certaines villes, à Berlin notamment, puis en Europe orientale, quelques « juifs itinérants » (surtout des marchands) et des « juifs de cour » (au service de souverains et de princes), dont le contact avec la civilisation européenne avait aiguisé le désir de s'intégrer à la société globale, se décidèrent à entreprendre de changer cette situation.

Au début, les partisans de l'Haskala croyaient pouvoir faire participer les juifs au grand courant culturel européen par une réforme de l'éducation juive traditionnelle et par l'abolition de la vie de ghetto. Cela impliquait l'addition de disciplines profanes aux programmes scolaires, l'adoption de la langue vernaculaire à la place du yiddish, l'abandon du costume du ghetto, la réforme des services de la synagogue et l'engagement dans des professions jusque-là écartées par les juifs, telles que l'artisanat et l'agriculture. Moïse Mendelssohn (1729-1786) exprima symboliquement ce programme en donnant une traduction allemande de la Torah, traduction qui fut cependant imprimée en caractères hébraïques.

Le renouveau de l'écriture hébraïque elle-même fut stimulé par la publication en 1784 du premier périodique juif moderne, entreprise qui représentait une tentative très significative en vue de retrouver le sens de la civilisation juive « classique ». Tout en étant fondamentalement rationaliste, l'Haskala véhiculait des tendances romantiques, telles que le souci d'un retour à la nature et l'estime du travail manuel.

 

(source : encyclopédie universalis)

 

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Moses (Moïse) Mendelssohn (1729-1786) fut un penseur aussi créatif qu'éclectique, dont les écrits sur la métaphysique et l'esthétique, la politique et la théologie, conjugués avec l'héritage spécifique du judaïsme le placèrent au centre du mouvement allemand des Lumières (Aufklarüng). pendant près de trois décennies.

Ayant fait siennes des conceptions métaphysiques dérivées des écrits de Leibniz, de Wolff et de Baumgarten, il fut aussi l'un des critiques littéraires les plus talentueux de son temps. Ses célèbres travaux su Homère, Esope, Burke, Maupertuis et Rousseau - pour ne citer qu'une faible partie de ses nombreux essais critiques, furent l'objet de plusieurs publications qu'il co-édita avec C.G. Lessing et Friedrich Nicolai.

Surnommé "le Luther juif", Mendelssohn s'impliqua profondément dans la vie de la communauté et de la culture juives en Allemagne, faisant campagne pour les Droits civils des Juifs et traduisant le Pentateuque et les Psaumes en allemand. 

Profondément convaincu, en tant que Juif, des bienfaits de l'analyse et du discours rationels, Mendelssohn rejoignit les rangs des porte-paroles institutionnels ou auto-proclamés, aussi bien du judaïsme que du christianisme. C'est dans ce contexte que Johan Lavater le mit impudemment au défi de réfuter les arguments d'un théologien piétiste, Charles Bonnet, ou de se convertir au christianisme, défi que Mendelssohn déclina en plaidant pour la tolérance et en alléguant une série de raisons pour s'abstenir de ce genre de controverses religieuses.

Paralèlement, un certain nombre de penseurs juifs critiquèrent l'ouvrage de Mendelssohn Jérusalem, sa conception de la religion et du judaïsme et ses arguments en faveur d'un judaïsme fondé uniquement sur la raison.

Au-delà de "l'affaire Lavater" et de son travail d'éditeur et de critique, Mendelssohn fut probablement mieux connu de ses contemporains pour ses pénétrantes considérations sur l'expérience du sublime, pour ses arguments sur l'immortalité de l'âme et sur l'existence de Dieu, pour son étroite collaboration avec C.G. Lessing, pour sa dispute prolongée sur le panthéisme (Pantheismusstreit) avec Jacobi durant les années 1780 et pour sa controverse avec Jacobi sur le "spinozisme" de Lessing.

 

(souce : Stanford Encyclopedia of Philosophy, traduction personnelle)

 

Rapide parallèle entre l'article de Kant et celui de Mendelssohn : 

Les deux articles ne portent pas le même titre : celui de Kant s'intitule "réponse à la question qu'est-ce que les Lumières ?", celui de Mendelssohn : "Que signifie éclairer ?" Kant emploie le mot "Aufklärung", plus général et plus abstrait, Mendelssohn préfère employer le mot "éclairer" (aufklaren), plus localisé et plus concret.

Pour Mendelssohn, le concept "d'Humanité" ne correspond à aucune réalité concrète. Il ne peut donc y avoir de progrès de l'Humanité dans son ensemble, puisqu'il n'y a que des individus. Mendelssohn ne pense pas non plus qu'il y ait des époques plus "vertueuses" que d'autres.

Pour Mendelssohn, les deux composantes d'une société donnée sont la culture et la civilisation. Les Lumières représentent la dimension théorique (objective) de la société : la science et la réflexion rationnelle, la culture représente les moeurs et les arts. 

Ces deux composantes (culture et civilisation) font de l'homme davantage qu'un animal borné et instinctif, mais elles doivent être contrôlées, car elles ont tendance à outrepasser leurs limites et à s'opposer entre elles. C'est pourquoi les Lumières, selon Mendelssohn, disciple de Leibniz, de Wolff et de Baumgarten, doivent s'inscire dans une structure métaphysique. On voit bien, là encore, la différence avec Kant.

Bien qu'il se présente comme un défenseur des Lumières, Mendelssohn est moins optimiste que Kant et met en garde contre ses dérives possibles : "L'abus des Lumières (et non les Lumières en elles-mêmes) affaiblit le sens moral, conduit à la dureté, à l'égoïsme, l'irreligion et l'anarchie. L'abus de la culture engendre l'hypocrisie, l'amolissement, la superstition et l'esclavage."



6 réactions


  • Taverne Taverne 8 juin 2016 10:24

    Avertissement aux lecteurs : Jo.Di est un islamiste à tendance pro-nazie. Il s’est dévoilé hier sur ce site.


    • Jo.Di Jo.Di 8 juin 2016 14:05

      Tout à fait.
       
      Et nous conquérons en riant le Boobaland des soumis avec nos pines.
       
      « L’essence de l’État est constitué par la vitalité éthique, celle du Boobaland est son sybaritisme libidineux et prosterné » La Raison dans l’Histoire, Hegel
       
      « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour faire irruption dans l’hémisphère nord. Et certainement pas en amis. Car ils y feront irruption pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant de leurs fils. C’est le ventre de nos femmes qui nous offrira la victoire »
       
      Boumedienne, 1974, annonce le Grand Remplacement à l’assemblée de l’ONU
       
      « Le Boobaland deviendra dans moins de 20 ans la colonie de ses anciennes colonies » Poutine
       


    • Taverne Taverne 8 juin 2016 21:22

      @Jo.Di

      « Et nous conquérons en riant le Boobaland des soumis avec nos pines. » "C’est le ventre de nos femmes qui nous offrira la victoire »

      Tout cela vous excite, n’est-ce pas ?


    • Jo.Di Jo.Di 9 juin 2016 00:10

      @Taverne
       
      Oui, un jour les pantalons baissés pisseront sur leurs pantalons.
       
      En voyant plein de petits fantômes bleus
       
      « Depuis trois ans, le voile s’est répandu dans des proportions inquiétantes. Il tend à devenir la norme : dans notre ville, on le met même aux petites filles. Les Maghrébines qui ne le portent pas entendent des insultes du genre : « Tu fais honte à Dieu ! » [...] Une enfant de 5 ans qui refuse d’entrer chez ses voisins parce qu’ils mangent du porc et boivent de l’alcool, les traitant déjà de « mécréants » [...] Des fillettes sont voilées dès l’âge de 2 ans ! »
       
      Nadia Ould-Kaci, fille de colon, décrit l’oeuvre de purinement de Pdg
       
      « Avant, il n’y avait aucune élève voilée dans mon collège, aujourd’hui, elles sont environ trente ou quarante, je pense. Cela s’est multiplié au moins par dix. Le nombre de personnes voilées a augmenté comme un raz-de-marée, ce qui leur donne le droit de codifier les comportements » 
       
      Aubervilliers, Nadia Benmissi, fille de colons


  • Jo.Di Jo.Di 8 juin 2016 14:29

     
    Hegel La raison dans l’Histoire :

     
    « Chaque peuple fait des progrès en lui-même ; il progresse et il décline. La catégorie qui
    s’impose aussitôt est celle de la culture , de l’excès de culture et de la perversion de la culture [VerBildung où Plug Anal Géant Vert] : ce dernier moment est pour le peuple à la fois le produit et la source de sa ruine [...] La culture est forme du penser. Ainsi l’homme sait se retenir ; il n’agit pas selon ses inclinations et ses désirs, mais se recueille [...] De même que l’homme meurt dans l’habitude de la vie, de même l’Esprit d’un peuple meurt dans la jouissance de lui-même [la branlette ...] Il reste certes remuant [la Nuit Avachie], mais cette agitation n’est plus que celle des intérêts privés : elle ne concerne plus l’intérêt même du peuple. L’intérêt majeur, suprême, s’est retiré de la vie [... la projection dans l’avenir commun] La mort naturelle de l’Esprit d’un peuple peut se manifester par la nullité politique [le Flan de la caste crasse] Dans une telle mort, un
    peuple peut se sentir fort à son aise, bien qu’il soit sorti de la vie de l’Idée. Il sert alors de matériau à
    un principe supérieur ; il devient province d’un autre peuple où prévaut un principe supérieur [le colon barbu]. » 
     


    • Jo.Di Jo.Di 8 juin 2016 14:39

      « Nous pouvons observer comment l’Esprit d’un peuple prépare lui-même sa propre décadence. Le déclin apparaît sous diverses formes : la corruption jaillit du dedans, les appétits se déchaînent ; la particularité ne cherche que sa satisfaction [Caddie ...] La vie de chaque peuple fait donc mûrir un fruit, car son activité vise à réaliser complètement son principe [le savoir vivre français]. Mais ce fruit ne retombe pas dans le giron du peuple qui l’a produit. Il ne lui est pas permis d’en jouir. Au contraire, ce fruit devient pour lui une boisson amère ; il ne peut la rejeter car il en a une soif infinie, mais goûter à ce breuvage est sa ruine et en même temps l’avènement d’un nouveau principe [GlobalState américain des rappeurs, dealers gangs MacDonaldisés halal ubérisé]. » 


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