jeudi 5 juin 2014 - par Armelle Barguillet Hauteloire

Humeur de juin

Chaque saison a cela de précieux qu'elle apporte avec elle ses singularités, si bien que nos préoccupations changent à l'égal de nos paysages et de nos humeurs.

Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.

Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.

Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d'apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été.

Théodore de Banville (1823 - 1891)

Comment décrire ce mois des roses et des coquelicots qui nous introduit dans le flamboyant été ? Du printemps, il n'a déjà plus les teintes juvéniles et les floraisons évanescentes ; de l'été, pas encore les chaleurs accablantes et les parfums capiteux, mais les jours s'y alanguissent, les attentes s'y font impatientes, les crépuscules fatals. On l'aime d'être le passeur entre deux rives, de nous conduire au solstice à pas de géant, de clore le calendrier des lycéens et des étudiants. Avec lui se boucle chaque année une époque, un temps. Aussi est-ce un mois qui compte, ne serait-ce que parce qu'inévitablement il nous oblige à des bilans. Bilan physique, intellectuel, moral, tout y passe : suis-je en bonne condition pour affronter l'été ? Où mes pas me mèneront-ils à la rentrée ? Demain, pour les vacances du bel azur, quel projet de voyage, quelles vélléités d'évasion ?

Oui, on apprécie le mois de juin pour les interrogations qu'il suscite, les lumières qu'il dispense, les doutes - parfois même les craintes - qu'il provoque, les promesses qu'il suggère. On l'aime d'être à l'extrême, avec son jour le plus long et ses ténèbres les plus courtes. Ainsi le considère-t-on volontiers comme joyeux et insensé, dispendieux et provocateur. Et, il est vrai qu'en juin, il nous plaît de tout promettre et de tout espérer. Dormir, se reposer paraissent indécents. Juin, c'est l'obligation de vivre impérieusement, de ne point se contraindre ; c'est déjà l'avant-goût des jubilations de juillet et des prodigalités d'août, avant que le sage septembre ne nous prépare aux retenues de l'automne et aux gravités de l'hiver.

Mon coeur, rappelle-toi

la beauté, la vigueur de nos jeunes saisons,

quand l'alouette chantait au-dessus des moissons,

que la source jaillissait dans un éclat de jaspe.

La maison se laurait de vignes et de lierre

et les roses trémières rosissaient son fronton.

Extraits du "Chant de Malabata"*

Fête de la musique, feux de la Saint-Jean, Juin traverse le temps en apothéose. Il est le point d'orgue d'une année qui nous façonne selon le rythme compulsif de ses saisons et qui, soudain, semble lâcher prise. Juin des rendez-vous donnés ou manqués, des attentes fébriles, des fiévreux crépuscules, des roses aurores et des lueurs veillées à l'avant-poste estival.

* Armelle Barguillet Hauteloire - "Profil de la Nuit"

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE



4 réactions


  • L'enfoiré L’enfoiré 5 juin 2014 18:15

    Désolé Armelle, mais votre article me semble un peu faible en dehors des auteurs dont vous puisez les textes.

    Littéraire comme vous êtes, j’aurais espéré mieux pour faire aimer le mois de juin.
    Mais bon, ce sera pour une autre fois. 

  • Pie 3,14 5 juin 2014 18:29

    Mon Dieu que c’est mièvre !!

    Il manque tout de même les petits oiseaux...si mignons.


  • Pie 3,14 5 juin 2014 18:31

    Comme aurait pu le dire Desproges : tumeur de Juin, Noël au cimetière.


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