samedi 20 août 2016 - par C’est Nabum

La cité balnéaire à contre-pied

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Bien loin du syndrome du lézard.

Pour qui n’aime pas se vautrer stupidement sur une serviette de bain, posée sur une parcelle de sable fin, à deux pas des rouleaux d'écume qui viennent s’y écraser , transformant la baignade en une épreuve d’équilibre instable, de combat sournois contre la force des flots, il n’est pas simple de trouver son bonheur dans une cité balnéaire entièrement vouée à la terrible épreuve du bronzage.

C’est ainsi que je suis à l’affût de la moindre activité alternative pour occuper ce temps que mes semblables passent à se constituer un hâle de saison. Je dois avouer que la chose n’est pas simple pour qui veut échapper à la folie gourmande. J’ai le sentiment que ceux qui ne sont pas sur la plage passent leur temps entre confiseries, bars et glaciers. Le vacancier est en maillot de bain ou bien a quelque chose dans la bouche. Les sociologues du futur trouveront sans doute une explication à cette curieuse manière d’être en vacances.

La marche, loin de la foule est certes un moyen d’évasion, mais il faut bien admettre que la chaleur accablante rend délicate cette pratique. Je dois trouver réponse à l’ombre, temps distrayant dans un espace clos et bienveillant. Ce fut ainsi que le musée de la tour-porche m’ouvrit ses bras et son incroyable tympan. Comment être passé depuis tant d’années à côté de cette merveille, de ce magnifique héritage d’un passé lointain et chrétien ?

C’est d’une beauté saisissante. Les explications sont à la hauteur, préparant parfaitement à la visite. Nous ne sommes que quelques-uns à nous presser devant ce monument classé à l’Unesco. La guide avoue, dépitée, qu’elle ne peut rivaliser avec la plage, qu’il faut se faire à l’idée que les vacances sont rarement culturelles sur la côte landaise. Les lézards ne prennent pas la peine de parfaire leurs connaissances.

J’ai encore trouvé un espace dérivatif à deux pas de l’office de tourisme. Un dame y exposait ses toiles. Catherine s’est mise à la peinture il y a douze ans, ;elle a copié les grands maîtres avant de faire son propre chemin. S’il est encore hésitant, en quête d’une touche vraiment personnelle, l'artiste a une incroyable force de conviction pour donner à comprendre sa démarche, inciter le passant désœuvré à passer quelques instants avec elle.

Je me suis laissé prendre au jeu de son désir de partage. J’ai rempli son livre d’or comme j’ai pris l’habitude de le faire partout où je traîne mes guêtres, laissant un message énigmatique, poétique ou drolatique, attestant du passage d’un béotien au pseudonyme étrange. Catherine fut touchée de ce premier texte ; elle me demanda de le lui lire à haute voix, ce qui flatta mon incroyable orgueil d’écriveur …

Je lui promis une seconde visite. Elle me demanda de décrire une de ses toiles, d’en faire un portrait subjectif. Je me laissai faire bien volontiers. J’aime ce genre de défi. Le résultat fut lu, là encore, à quelques visiteurs amusés de cette animation imprévue. Un conte leur fut offert en guise de remerciements. Il y a toujours moyen de mettre en scène ce personnage interlope qui se nomme C’est Nabum.

Je poussai le vice jusqu’à revenir avec mon ordinateur pour sonoriser la visite avec une de mes chansons parfaitement adaptée pour illustrer une toile de la dame. J’avais trouvé un espace d’expression en un lieu où je sais n’avoir aucune chance de pouvoir un jour proposer une veillée contée. L’été n’est pas particulièrement adapté à cette activité obsolète et la côte est une zone vouée entièrement à la futilité.

Il y eut encore la démonstration de gemmage qui me donna l’occasion de proposer à une petite-nièce une activité différente. Ce fut un moment agréable, une animation qui, elle, trouva un large public, puisque nous étions une bonne centaine à suivre les explications quelque peu didactiques de nos deux résiniers de service. Il ne fallait donc pas désespérer des touristes : il y a en qui ne veulent pas bronzer idiots. Quelques bergers landais, juchés sur des échasses, vinrent compléter cette matinée éducative par l’incontournable touche pittoresque.

J’achevai ce séjour bref et sec dans l’église Notre-Dame-des-Dunes. Un concert de chants a capella nous était proposé. La petite église n’était pas pleine ; il y avait là une assistance étrange, faite de ces gens qu’on ne voit pas habituellement sut la plage. Il y a donc des gens ordinaires, normaux qui doivent se cacher en plein soleil et qui surgissent en de telles occasions.

Ils eurent bien raison : ce fut un moment délicieux, fort, drôle et sacré dans le même temps. Les trois chanteurs nous ont transportés, enthousiasmés. Leur maîtrise vocale était parfaite, leur art de la scène consommé. Ils savent alterner le chant polyphonique, souvent sacré, parfois savant et de joyeux intermèdes qui donnent de la légèreté à leur prestation. Le groupe Axis mérite votre visite : d’une extraordinaire précision, il propose une soirée qui donne de la joie.

J’avais rempli tant bien que mal mon programme. Ne pas aimer la plage rend la vie compliquée dans une station balnéaire. Il y a pourtant toujours matière à se sortir de ce piège : il faut fouiner, oser aller à la découverte des lieux et des gens. Je m’y attache avec plus ou moins de bonheur, une parfaite mauvaise foi aussi mais, au fil du temps pourtant, les possibles finissent par s’épuiser.

Estivalement vôtre.



4 réactions


  • juluch juluch 20 août 2016 10:56

    De bonnes vacances en tout cas Nabum  smiley


  • joletaxi 20 août 2016 15:26

    se vautrer stupidement sur une serviette de bain, posée sur une parcelle de sable fin

    dit le batelier prétentieux, qui trouve son accomplissement en ramant comme un c... sur le « fleuve sauvage »

    bon je retourne à la chasse aux pokemons, que voilà une activité réjouissante et ludique,


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