lundi 3 septembre 2012 - par C’est Nabum

La fraude fiscale, une vieille histoire française ...

Marinier, la fine fleur du sel.

Vidéo ici :

Un régime draconien !

Il était un temps où le sel était denrée si précieuse que notre bon roi, toujours attentif au bien-être de ses sujets, décida de le taxer au prix fort d'un impôt aussi injuste que scélérat. Tous les pouvoirs excellent dans l'art de ponctionner les pauvres gens là où cela fait le plus mal, nous en avons encore des exemples aujourd'hui. En ce temps-là, c'est la Gabelle qui épiçait les colères des contribuables contraints…

En cet époque, le sel était bien plus qu'une denrée nécessaire à la santé des individus. C'était aussi l'un des moyens de conserver les viandes et les poissons et certains légumes qui aimaient se baigner en saumure. Il était indispensable pour passer la mauvaise saison, faire des salaisons et démontrer que tout est bon dans le cochon !

Taxer le sel, c'était s'attaquer à la subsistance même des pauvres gens, c'était leur retirer le pain de la bouche quand déjà, la pitance était bien maigre. La Gabelle n'était qu'un impôt inique et la gloire de la marine de Loire fut de participer activement au trafic du précieux condiment, pour le soustraire, autant que possible aux appétits royaux et fiscaux !

Les mariniers étaient naturellement aux premières loges pour se lancer dans l'approvisionnement clandestin des régions ligériennes. Autour de Saint Nazaire, de Guérande et d'ailleurs, les sauniers fournissaient sous le manteau cet or blanc qu'il fallait dissimuler aux méchants gabelous ! Car, le roi, dans sa folie fiscale avait eu la délicatesse de créer une escouade redoutable, « pourchasseuse » des fraudeurs et de toutes les contrebandes.

C'est le combat impitoyable du marinier coquin et des vilains gabelous du roi qui fit le sel des longues soirées à quai. Chacun dans la marine avait histoire à conter pour narrer la déconfiture de ces terribles douaniers redoutables. Il fallait bien vite oublier le vilain sort réservé aux pauvres gars qui s'étaient fait prendre la main dans le sac à sel …

On préférait naturellement décrire les mille manières marinières pour tromper les gabelous, passer sous leur nez ce sel si précieux. Chacun avait en mémoire le regard déconfit des soldats qui après avoir, sur le fleuve, arraisonné un bateau, avaient fouillé vainement pont et proue, poupe et chargement. Ce plaisir rare de la rouerie s'ajoutait aux bénéfices de la fraude et donnait à ce trafic des allures d'épopée.

Chacun avait trouvé moyen de passer en douce cette fleur si fragile qui craignait tant l'eau. Il fallait user de bien des ingéniosités pour trouver sur un bateau à fond plat des cachettes pour échapper à la sagacité des chiens du roi. C'est qu'ils avaient du flair ces maudits gabelous, mais nos mariniers avaient eux aussi plus d'un tour à malice …

On vit l'industrie de la charpente marine se lancer hardiment dans la construction de pièces à double fond : des futs et des coffres ou bien s'essayer à creuser le cœur d'un mât pour en faire cachette introuvable. Chaque opération relevait de la prouesse technique et n'était pas sans inconvénients.

Le Gabelou, pour mauvais qu'il puisse être avait, tout comme le marinier, une préférence affirmée pour les fûts de bon vin. Il ne manquait jamais de vérifier le contenu et si par malheur, le breuvage était un peu salé, la note le serait tout autant. Il avait aussi l'art de prendre des mesures pour contrôler la profondeur de chaque contenant. Cacher le sel mettait un peu de poivre dans la vie …

C'est les mâts creux qui connurent les plus grands succès et les plus terribles naufrages. Fragiliser ainsi cette pièce essentielle dans la manœuvre marinière n'était naturellement pas sans risque. Bien souvent, quand le vent se faisait trop fort ou quand il fallait, au passage du pont, baisser en toute hâte cet élan de bois vers le ciel, il arrivait que la cachette cède et provoque pluie de cristaux sur le chargement.

Chacun avait dans sa besace à malices bien d'autres astuces pour tromper son monde. Même quand il faisait abus de chopine, il gardait précieusement ce secret. On murmure que bien des brêlages des cordes de chambre constituaient des cachettes à petits sacs de sel, que les chapeaux étaient bien grands pour garder petite cachette aussi. Les Girouets étaient tout aussi creux que les caboches de nos braillards. C'était du gagne petit, de la fraude à la petite semaine, mais nos gars mariniers étaient eux-aussi des gagne-misère. On triche à sa mesure, c'est ce qui fait le sel de la vie !

Salinement leur.



8 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 3 septembre 2012 10:51

    Dans un ouvrage intitulé « les 600 milliards qui manquent à la France », Antoine Peillon décrit comment en France les riches pratiquent l’évasion fiscale. Ces sommes, représentent en gros selon l’auteur quelques 600 milliards d’euros, soit environ 40 milliards d’euros par an. Plutôt que de participer au financement de l’état ou servir l’investissement industriel, ces sommes disparaissent dans les paradis fiscaux ............

    http://2ccr.unblog.fr/2012/05/15/finance-hollande-va-mettre-carte-sur-table/


    • Antoine 3 septembre 2012 11:30

       Sauf que vous n’avez rien compris puisque la fraude fiscale est un moyen illégal contrairement à l’évasion fiscale...


    • C'est Nabum C’est Nabum 3 septembre 2012 12:51

      OBERT GIL


      Je sais celà et j’évoque ici une fraude organisée par et pour les petites gens !

      Depuis, ce sont les riches qui ont repris le flambeau de manière industrielle si je peux ajouter.

      Je ne cautionne pas ce vol déplorable, je décris avec sympathie ce qui se passait alors. Vous devinez la contraction. Mais que faire ?

    • C'est Nabum C’est Nabum 3 septembre 2012 12:52

      Antoine


      J’évoque un modeste artisan de la fraude pour vous permettre de vous évadez le temps d’une lecture. Suis-je répréhensible ?

    • Antoine 3 septembre 2012 22:06

       Nabum, je m’adressais à Gil qui a un cerveau sommaire, normal pour un gauchot !


    • C'est Nabum C’est Nabum 3 septembre 2012 22:09

      Antoine


      Je suis désolé d’avoir fait confusion !

      Bonne soirée

  • voxagora voxagora 3 septembre 2012 13:46

    «  » Sous Philippe le Bel, le fisc, ce monstre, ce géant, naît altéré, affamé, endenté. Il crie en naissant, comme Gargantua : A manger, à boire ! L’enfant terrible, dont on ne peut soûler la fin atroce, mangera au besoin de la chair et boira du sang. C’est le cyclope, l’ogre, la gargouille dévorante de la Seine. La tête du monstre s’appelle Grand Conseil, ses longues griffes sont au Parlement, l’organe digestif est la Chambre des comptes Le seul aliment qui puisse l’apaiser, c’est celui que le peuple ne peut lui trouver. Fisc et peuple n’ont qu’un cri, c’est l’or.«  »
    Jules Michelet, Histoire de France 1305-1364.

Réagir