mercredi 15 août 2018 - par C’est Nabum

La langue bien pendue

Propos en l'air.

Faut-il qu’elle soit bien pendue pour n’avoir de cesse de médire à tout venant, se faire langue de vipère pour piquer les uns et salir les autres ? Notre organe porte-parole n’aime rien tant que de savonner la planche de nos semblables, les proches de préférence comme les plus lointains. La langue vitupère au gré de ses humeurs, elle propage de fausses nouvelles, elle se complaît à laisser filer la rumeur. Elle a bien trop à faire pour vérifier ses sources, seule importe l’envie de faire et surtout de dire le mal.

La langue ne reste jamais dans la poche pas plus qu’elle ne se donne au chat, refusant d’admettre sa défaite, ne déposant jamais les armes ni ne renonçant au combat ! Tout au contraire, elle n’a de cesse de tenir des propos incertains, malsains, infondés et parfois orduriers. Elle se répand en diffamation, elle prend plaisir à se faire porte-voix de la vox-populi pour rependre à son compte des bruits qui courent. Il est vrai qu’elle a l’ouïe fine dès qu’il s’agit de dresser l’oreille avant de reprendre à son compte des bruits de couloir.

La langue se fend alors de remarques insidieuses, de propos acerbes, de diatribes et autres attaques en règle contre un quidam qui, de préférence, n’est pas à portée de voix. Toute fourbe qu’elle est, la langue est plus pleutre qu’autre chose. Dire en face ses quatre vérités l’indispose tandis que semer le doute et l'insinuation est bien plus dans ses cordes vocales.

La langue vibre de toutes les médisances qui sont dans l’air. Elle porte et colporte, elle transmet, elle se porte écho et chambre d’écho. Elle se délecte quand elle agit sournoisement, se régale de médire, de mettre son grain de sel quand elle joue les moulins à paroles honteuses. Elle ne parlemente pas, elle ne joue pas la franchise ni même carte sur table. Bien au contraire, elle est de celles qui se délectent à donner un coup de poignard dans le dos.

La langue est vivante pour semer l’effroi et la crainte. C’est là jubilation et délectation. Elle se pourlèche les babines quand elle diffuse des insanités. Elle est la digne héritière des caquets des lavandières qui, à coup de battoirs, habillaient pour l’hiver de pauvres gens qui avaient l’heur de leur déplaire. Puis, quand ses propos sont arrivés aux oreilles de ses cibles, la langue fait la morte. Réfute ce qui lui est attribué, jure sur ses grands dieux, n’avoir rien dit ou bien que ses propos ont mal été interprétés.

Puis l’alerte passée, elle se refait l’avocat du diable. Elle n’est pas de celles à qui l’on donnerait le bon dieu sans confession. Inutile de vouloir la croire sur parole, en dépit des apparences, elle en manque cruellement. C’est là son paradoxe. Elle se charge elle-même de tous les péchés de la création, affiliée qu’elle est avec la vipère.

Certains spécialistes en usent de manière tout autant originale que déplorable. Jamais ils ne prennent le chemin le plus court pour exprimer leur pensée. Ils abusent de la circonlocution, se perdent en métaphores douteuses, jouent volontiers d’un lexique abscons, étirent à plaisir leurs phrases pour perdre le petit Poucet. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ils n’élaguent jamais leur discours quand ils pratiquent la langue de bois. Ils mentent d’ailleurs bien plus qu’ils ne respirent la franchise.

Quand sonne sa dernière heure, la langue aimerait s’octroyer le dernier mot. Un propos glaçant qui fait parcourir un frisson dans le dos des témoins. Puis, sa dernière réplique assénée, elle se voue au silence éternel. La langue ne reviendra plus sur ses propos. Elle se mure dans un silence tombal. D’elle, alors, on ne sait plus rien. Saura-t-elle plaider sa cause devant Saint Pierre ? À l’heure du jugement dernier, ses propos pèseront lourd dans la balance.

Si les paroles s’envolent vers les cieux, les écrits restent. Pour éviter qu’ils ne soient trop terre à terre je donne aux miens un peu de hauteur. Si vous ne comprenez rien à tout cela c’est plutôt bon signe. Je vous donne ma parole que rien ici ne soit très sérieux.

Linguistiquement vôtre.

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38 réactions


  • Francis Lon 15 août 2018 18:07

    Merci pour votre contribution a la Définition.



  • juluch juluch 15 août 2018 18:28

    Un article bien léché Nabum !!! 


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 15 août 2018 19:01

    Si elle est pendue, c’est aussi qu’elle est bien morte.


  • nono le simplet 15 août 2018 19:02
    on dit que les méditerranéens parlent beaucoup, avec la langue, mais aussi avec les mains ...
    c’est peut être pour ça qu’à Naples l’écriteau placé à l’avant des bus ne stipule pas « interdit de parler au chauffeur » mais « interdit de répondre au chauffeur » ...

    • Xenozoid 15 août 2018 19:05
      @nono le simplet

      tient une idee contre les multipseudos ?

    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 15 août 2018 19:21

      @nono le simplet

      A Gènes z’avaient dit : ne pas parler sur le viaduc, il est sensible...il suffit d’une commère et vlan !


    • Bernie 2 Bernie 2 15 août 2018 19:54

      @Aita Pea Pea


      Mamie valstar et sa filiation et amitiés des Nyelssen auraient été trop lourdes pour ce pont. Pourquoi pas, elle est déjà tellement lourdingue pour la maigre structure d’agoravox,que ça se casse la gueule.

      A réfléchir.

    • Bernie 2 Bernie 2 15 août 2018 19:56

      @nono le simplet


      Bon, je ne réagis même pas sur brouette 89, tu m’en veux pas, merci d’être venu.

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 15 août 2018 20:01

      @Bernie 2


      désolé. C’est pas encore mon heure. franchement, je fais tout pour. La mort me fuit. PITIE. 

    • C'est Nabum C’est Nabum 15 août 2018 20:31
      @nono le simplet

      C’est pour bien se conduire

    • Bernie 2 Bernie 2 15 août 2018 20:36
      @Machine qui vent du pire

      Et donc ? on doit supporter votre nécrose en direct. Mais on s’en fout puissance 10.

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 15 août 2018 20:41

      @Bernie 2


      Même si vous en rêvez pas tout le monde.....

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 15 août 2018 20:49

      @Bernie 2

      Mais non mon cher. Je démontre simplement que ceux qui craignent la mort ont le plus souvent tendance à mourir plus vite que ceux qui s’en sont fait une alliée. 

    • Bernie 2 Bernie 2 15 août 2018 20:51

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.



      J’en rêve pas, loin de là. Vous ne vivez que sur la page internet agoravox, et vous disparaissez quand je clique sur la croix.

      Vous n’êtes rien sauf de la pollution. Une de ces bouses qu’il faut éviter quand on marche dans un champ. Voyaez, je ne vous prends pas pour une vache, j’essaie de vous éduquer.

    • Bernie 2 Bernie 2 15 août 2018 20:54

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.


      Évitez le mon cher, on a pas gardé les cochons nyelssen ensembles.

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 août 2018 11:10

      @Bernie 2


      Le « mon cher » est une mise à très longue distance. Sans dédain, mais protection contre la toxicité ;

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 15 août 2018 19:55

     Les trickster ont un grand rôle à jouer. Ne leur ôtons pas cette diablerie. Mais au final ce seront toujours les autres qui profiteront de ses tours de passe passe. 


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 15 août 2018 20:12

    Depuis 2010 que ce monde ne m’intéresse plus. Et un salaud là-haut semble vouloir se jouer de mon destin. Et en plus tout va de mieux en mieux. C’est la catastrophe,...


    • Bernie 2 Bernie 2 15 août 2018 20:43

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.


      On s’en fout grave de ta misérable vie, mais d’une force non mesurable. Crève dans ton coin et arrête de nous polluer avec ta non vie. Je reviens de 2 semaines au vert pour retrouver la rombière, baveux et la cagole du sud en boucle sans arrêt.

      Je me demande même si je suis parti...
      Les ouin ouin sur eux mêmes sont toujours là, inamovibles.

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 15 août 2018 20:45

      @Bernie 2


      Arrêtez, vous devriez pourtant savoir que la haine fait le plus souvent honneur à celui qui en est la cible ;

    • Bernie 2 Bernie 2 15 août 2018 21:00

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.


      Miroir, miroir, c’est toi qui perds. On est plus au CE2, c’est tout ce que vous avez en stock ? Quand on floode sur tous les fils pour raconter sa non vie, on ne doit pas s’attendre que des hourras, voire pire.

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 15 août 2018 20:33

    C’est le jeu des contrastes. Ce que je raconte est vrai et personne (ou peu) me croient, pensant que je fabule et Nabum, c’est l’inverse. La plupart de ses histoires sont totalement fausses et tout le monde semble y croire. Bon, il doit bien y avoir quelques faits réels autrement la farce ne prendrait pas. 


  • Spartacus Lequidam Spartacus 15 août 2018 23:52
    Parfois il faudrait moins d’articles mais avec plus de sens.

    La quantité d’articles n’en fait pas la qualité....
    Il n’y a aucune obligation d’en produire un par jour, en produire moins mais plus d’actualité ou pertinent serait plus judicieux sur un forum d’opinions.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 août 2018 11:14

    Si l’ours blanc est un bon présage. C’est tout l’inverse avec le noir. Force chtonienne et maléfique. Le bizness a coupé la poire en deux et les oursons sont le plus souvent : bruns. L’enfant est encore trop jeune pour distinguer le « bien » du « mal ». IL faut pour cela, une longue expérience de vie.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 août 2018 14:44

    Dans le livre, les Fous de Bassan, la vipère n’est pas celle que l’on imagine. Quand le mauvais sort s’acharne sur le monde, le peuple, la politique, un village (thème fréquent dans le polar), selon la Génèse, celle qui a porté le monde (symbolisé par l’enfant), est la première désignée comme responsable (la mère). ainsi que le juif. Celui qui est sensé porter la BONNE parole. Mais à la fin du roman, le coupable est bien le Pasteur qui avec ses Sermons comme le fit Hitler désignaient les breneux qui polluaient les belles rivières. Détournant l’attention de ses propres crimes. La langue de vipère des catholiques fut bien muette quand ils auraient dû agir. Ils n’insinuaient pas, ils orientaient dans le sens de la carpe, navigant dans le marais, la tourbe ou la fange, se déguisant en croix rouge pour se blanchir. Le silence n’est pas pendu, il lui manque les cordes vocales.


  • marmor 16 août 2018 17:52
    La langue bien pendue
    La tiou es pla penjat tabès ! Douma beléou nos parlaras de la tiou couetto pla penjat y molasso !! Adichats

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 août 2018 19:53
    16 out : naissance d’ALBERT COHEN : « Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent ets’impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis. » Albert Cohen.

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 août 2018 20:07

    Toile de Jean. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_(tissu)#/media/File:Passione_di_Cristo_(tela_jeans).jpg. Jour de la VIERGE.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 août 2018 20:32

    Où il y a de la Gênes, Madame, le Christ portera sa CROIX SANG avoir donné sa langue et implosera sous son poids. C’est la couleur bleue de l’âme, le Jeans de l’apopocalypse. La langue est un pont, une arche et parfois elle explose,...sous le poids des maux. Jour du coton ne fut pas coton pour le tissu de JEAN ou de Jeanne à Gênes.Jour de la Vierge : https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%AAnes#/media/File:Passione_di_Cristo_(tela_jeans).jpg


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 août 2018 21:33

    Cultiver le maïs et les mots. http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/53872. La castration de Gênes ou de Jean. Reconstruire le pont : Dans ce nouveau texte sous-titré « l’écriture considérée comme la castration du maïs », Marc-Emile Thinez revient à son père, ce père dont il ne peut pas se séparer bien qu’il soit mort alors qu’il n’avait que neuf ans, ce père qui lui a tout appris. Ce père qui est plus que son géniteur dont il perpétuerait l’œuvre par mimétisme, par fidélité filiale, ce père dont il serait la véritable réincarnation. « Dans mes mots ses mots poussent et dans ses mots ses préférences, ses phobies, ses craintes et ses espoirs. Jean vit en moi, un moi double, un moi mobile, profondément troublé ».

    Le fils respecte toutes les valeurs que son père lui a enseignées, il écrit comme son père cultivait le maïs, il met le même soin à son œuvre littéraire que son père en mettait à sa culture. « Ses mots se frottent aux miens. D’un coup les libèrent. C’est un jeu d’enfant, hop ! une tape et on libère un prisonnier, parfois plusieurs, et puis on court, ils courent, ils s’enfuient, les mots filent ». Il cultive son texte comme son père travaillait à la fécondation de son maïs dont je n’ai pas encore très bien compris ce qu’il devait faire entre les fleurs mâles et les fleurs femelles pour que la plante donne une belle récolte. Tout ce que je sais c’est ce que dit l’auteur : « Cela ne doit pas se reproduire. Cela doit se reproduire. Cela doit se reproduire sans se reproduire. Quand l’écriture se fait castration ». L’écriture c’est comme la culture du maïs, il faut soigneusement veiller à


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 août 2018 21:36

     reproduction.
    à la reproduction
    Même si les valeurs se transmettent de père en fils, les temps ont changé, le maïs ne se cultive plus comme au temps du père, le grain n’est plus le fruit sacré qui nourrissait les hommes et les rapprochait des dieux. « Maïs désormais marchandise, rien de commun avec celui des origines hormis le nom. Homme de maïs jadis êtres parfaits adorant les dieux, aujourd’hui marchandises autant, bavardes et suffisantes, traîtres à leur créateur ». L’agriculture n’est plus un travail méticuleux, un art, c’est de la production de masse comme la littérature qu’on entasse sur les rayons des supermarchés. De quoi nourrir le désespoir du fils qui voudrait écrire des livres comme son père cultivait le maïs mais hélas les temps ont changé et le et le pire est possible : « On se noie dans le gave, on se noie dans l’histoire… Pourquoi pas dans l’écriture. La noyade est un mode de suicide courant »


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 août 2018 21:39

    Avec ce texte Marc-Emile Thinez voudrait faire revivre son père, le monde qu’il a contribué à façonner en cultivant avec soin, attention et respect le fruit sacré emprunté aux Amérindiens. Il voudrait aussi attirer l’attention des lecteurs sur les dangers de la production industrielle de denrées alimentaires frelatées. Le monde que nous organisons est notre plus grand danger. Cette lutte entre la tradition saine et raisonnée et la production industrielle spéculative, se retrouve dans ce texte jusque dans la façon dont l’auteur l’a structuré, en planches comme le maïs : quatre rangs font une planche et le livre comporte cinq planches. Il comporte aussi quinze citations de grands auteurs qui englobent chacune en leur sein un petit texte qui évoque le travail du père. Quinze textes qui sont répétés plusieurs fois avec seulement de légères modifications comme un champ de maïs change peu entre deux visites du cultivateur. C’est un bel hommage que Marc-Emile rend à son père et en même temps à tous ceux qui perpétuent les traditions y compris dans la littérature.

    « Dans l’air dilaté la ferme vacille, le maïs tremblote. Tout bouge sans bouger. Les mots fantômes s’acoquinent aux mots, trament un imperceptible rideau de fumée ».


  • Le421... Refuznik !! Le421 17 août 2018 13:29
    Il n’en reste pas moins que le cunnilingus est la preuve vivante que le latin n’est pas une langue morte !!

     smiley


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