Le retour des Bipattes
Inventée dans les années 30, La 2cv ne fut commercialisée qu’après-guerre ; bien que possédant au moins autant de défauts que de qualités, elle est devenue au fil du temps une sorte de mythe auto-mobile et de nombreux clubs de fans se mobilisent et s’organisent en sorties endiablées à vitesse réduite.
Ce Dimanche 2 Août, les Clubs 2CV du Luberon-Ventoux et du Garlaban ont organisé un rassemblement-exposition de voitures anciennes au village de Montfuron (04110). Du modèle 1957 à portes suicides au plus récentes 2Cv, Dyane, Méhari, et aussi des véhicules utilitaires Citroën plus anciens, plus de cinquante bicylindres ont irrupté ici.
En ces temps de Covidélire médiatique, et pas que, est-ce bien raisonnable de parler de vieilles voitures ? Eh bien je me dis que d’autres le font très bien ici et puis aussi qu’il n’y pas que (LA) les maladies dans la vie…
2CV : Cet ovni bicylindre à quatre roues a commencé sa carrière au temps où le métal gaspillé en balles, bombes et autres cuirassés & porte-avions coulés pour la bonne cause en 39/45 se faisait rare en Europe ; et donc il fallait économiser la ferraille, le caoutchouc et l’aluminium, sans compter l’essence.
à gauche, 2CV 1957 à portes suicides, à droite 2CV décapotable (kit carrosserie fin des années 80)
authentiques têtes de chevaux citroën en aluminium qui équipaient certains modèles, ils furent interdits par la suite pour raison de sécurité en cas de collision avec un piéton
Tandis qu’aux États-Unis des monstres clinquants surgissaient des usines ; Lincoln, Cadillac, Buick rutilantes équipées de monstrueux V8, de parechocs chromés baroques gigantesques définissant le goût kitchissime en vogue aux States. Pays no-limit où il fallait absolument consommer le plus possible le pétrole surabondant qui gorgeait en nappes le sous-sol d’alors.
Songez qu’en 1950 le gallon d’essence (4,5 litres) coûtait 0,27 dollars, soit environ 6 centimes le litre… Evidemment le dollar de l’époque valait plus qu’aujourd’hui, mais n’importe qui pouvait rouler sans se ruiner dès l’âge de 16 ans dans des voitures énormes aux banquettes démesurées.
Manon Beauvois, coordinatrice de cette ''journée bipattes'', devant un superbe camion-dépanneuse modèle 1939
Dans l’Europe dévastée d’à lors, les préoccupations étaient différentes. Les ingénieurs planchaient sur les véhicules spartiates à même de transporter de façon autonome les hordes de baby-boomers sur les routes approximatives pleines de trous d’obus et de nids de poules..
2CV modèle Cocorico, pour les couleurs bleu blanc rouge
2CV convertible et 2CV modèle Charleston à droite
2CV fourgonette
Vue arrière de 2CV récentes reconnaissables à leurs feux arrières carrés
En Italie la Fiat 500 ou pot de yaourt pointait le bout de son nez arrondi, en Allemagne la Voiture du Peuple ou Volks Wagen dite Coccinelle envahissait les routes et enfin la 2cv ondulait sous le vent de France.
Dotée au départ d’un moteur bi-patte de 375 cm3, soit environ 20 fois moins que les V8 américains de l’époque, autant dire que si la consommation d’essence était faible, la puissance revendiquée par la 2cv (12CV) lui permettait d’atteindre tout juste 60 km/h (en descente).
PC 2021
Extrait du Site 2CV la Légende ;
“faire une voiture pouvant transporter quatre personnes et 50 kg de pommes de terre ou un tonnelet, à la vitesse maximale de 60 km/h, pour une consommation de 3 litres au cent, un faible coût d’entretien et un prix de vente du tiers de la traction”.
Condamnée par fait de guerre
En 1939 le quarante neuvième prototype paraissant enfin viable, Pierre Boulanger ordonne la mise en fabrication d’une présérie de 250 TPV mais quelques semaines plus tard, c’est la seconde guerre mondiale (1939-1945).
Les études sont clandestinement reprises, la guerre laissant prévoir une longue période d’austérité et de restrictions en tous genres, l’économie d’utilisation reste prioritaire ainsi que l’économie de fabrication. On revient à la plate-forme caisson et à la caisse en tôle emboutie, le moteur refroidi par air s’impose ainsi que la boite à 4éme vitesse surmultipliée.
La suspension associe interaction latérale et batteurs pour chaque roues, le frein principal concerne aussi le train arrière, tandis que l’équipement ce civilise. On donne un deuxième phare à la TPV, un démarreur électrique et des sièges conventionnels.
Première sortie au public, le Salon de l’Auto de Paris 1948
Bien que tous les choix techniques n’aient pas été encore validés, en 1948 la décision est prise de la présenter au 35ème salon de l’automobile et du cycle en octobre. Le secret restera total jusqu’à l’heure de l’inauguration. Sa présentation fut un évènement au sens propre du terme, dans une France se remettant à peine du second conflit mondial. Dès l’ouverture du salon, la foule se presse pour découvrir cette petite auto. Trois véhicules sont présents sur le stand qui fait face à celui de la Régie Renault. Le stand Citroën ne fut pas le premier que le président Auriol visita lors de l’inauguration du Salon de Paris et il était surtout intéressé par les Traction Avant de la firme de Javel, et cette petite voiture grisonnante ne l’inspirait pas outre mesure. Sur le stand, les 3 autos sont encore recouvertes de bâches lorsque le président arrive. Une armée d’hommes en complet-veston empêche les curieux d’approcher. Il n’est que 9h du matin, mais la foule est déjà considérable. Lorsque PJB, après les formules de politesses usuelles et le discours de bienvenue expédiés, demande à deux hommes de procéder au débâchage de la voiture, la foule est interloquée.
Bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c'est bizarre...
Lien site : https://2cv-legende.com/
Camion dépanneuse 1939 entièrement restauré (créé en 1935)