samedi 27 juin 2020 - par C’est Nabum

Passer à l’improviste

Nous avons vu de la lumière …

J'aime à surprendre au débotté mes amis pour venir quérir sans prévenir le verre de l'amitié qui ne fait pas de chichi. Le risque est grand de se casser le nez, de trouver porte close ou maison pleine d'hôtes officiels. Il faut parfois accepter sans se formaliser la soupe à la grimace quand votre arrivée vient troubler un moment tendre ou une crise passagère et savoir ne point insister quand l'occasion ne fait pas le larron. Mais qu'importe ces menus inconvénients, le bonheur est si grand quand le sourire vous accueille, que la surprise provoque la plus belle des réceptions, celle née de l'improvisation !

Oh, bien sûr, il y a des dommages collatéraux à l'impréparation de ce qui se fera, ô merveille des expressions, « À la bonne franquette ! ». Le plus terrible et j'ai grand mal à l'écrire et encore plus à le vivre, c'est la température où l'on trouve la bonne bouteille que l'on ne manquera pas de vider. Il y a plusieurs écoles qui s'opposent pour affronter ce redoutable écueil.

Les plus prévoyants ont cave fraîche et petit rouge de Loire, toujours disposé à se sacrifier pour les plaisirs inopinés. On le qualifie avec gourmandise beaucoup plus que par ironie déplacée, que c'est un petit vin de soif. Il coule à toute heure ou presque sans se prendre la tête ni la vôtre du reste. Il offre de délicats parfums de fruits rouges et fait honneur à la viticulture ligérienne.

Les jamais pris au dépourvus ont toujours un vin blanc de chez nous ou un crémant au réfrigérateur. On sait alors que la suite sera du même tonneau et que le maître de maison n'est pas homme à se laisser prendre en défaut. La cochonnaille ne manque jamais dans sa maison et le petit apéro pas prévu peut se transformer en moins de temps qu'il n'en faut pour vider la première bouteille en un repas fait de peu de brics et de beaucoup de brocs.

Les rois de la technologie ou les œnologues avertis disposent d'un appareil électrique qui ôtent tout risque de température inappropriée. Le blanc sera frais, le champagne frappé, le rouge à température ambiante. Ces épicuriens tiennent le vin en telle estime que venir les déranger à n'importe qu'elle heure est toujours un bon prétexte pour faire sauter le bouchon. Jamais vous ne les dérangerez à moins de s'être définitivement pris le nez !

Les approximatifs, les rois de la combine vous prient de finir de rentrer et disparaissent à la hâte. Ils filent sans que vous ne les remarquiez mettre une bouteille au congélateur et font durer la conversation avant que de vous proposer enfin ce que vous espériez du fond du cœur. Vous feignez alors la surprise et évitez de remarquer sur le flacon, la condensation excessive qui trahit la manipulation.

Les désarmants, les imprévoyants notoires n'ont ni cave ni réserve. Ils sont incapables de vous proposer la moindre fillette, la plus petite chopine. Ceux-là, pour agréable que soit leur compagnie ne doivent pas être visités sans prendre la précaution de suppléer à leur indécrottable légèreté. Toute honte bue, vous arriverez chez eux avec le précieux nectar en prétextant bonne nouvelle à arroser ou date à commémorer.

Les rebutants n'aiment pas cette petite entorse à la diététique, cet écart que l'on s'autorise pour délier les langues, rosir les joues et aimer le temps qui passe. Ils ne pensent jamais à offrir à boire, vous laissent vous égosiller sans le plus petit liquide réparateur et vous maintiennent debout sur le pas de leur porte. Il est conseillé de ne pas réitérer la visite, ce qui est d'ailleurs, le but recherché par ces tristes personnages. Ils faut se faire une raison et trouver maison plus accueillante la fois prochaine.

À moins que vous n'apparteniez à la dernière catégorie, n'hésitez pas une seconde à me fournir votre adresse pour que je vous rende une petite visite à l'improviste. Et si vous connaissez la mienne, rassurez-vous, ma cave est pleine et ma porte vous sera grande ouverte. Mais surtout, ne prévenez pas de votre passage, offrez-moi ce bonheur supplémentaire !

Épicuriennement vôtre



12 réactions


  • Jjanloup Jjanloup 27 juin 2020 20:07

    Bonsoir Nabum !

    Nous avons le même ressenti ...

    À cela près que chez moi ce sera le rosé de Provence bien frais, accompagnant cébettes, saucisson et brousse.

    Le plaisir de partager sera identique...

    Si passage dans le Var, prévenir pour savoir où s’arrêter smiley


  • confiture 28 juin 2020 11:40

    Clin d’oeil : vos photos sont hard.... toutes ces merveilleuses choses font partie de l’art, merci à vous.


  • juluch juluch 29 juin 2020 10:56

    Tss ! Tss !

    doucement sur l’amphore Nabum !!

    essayez le Bandol rosé ou le Faugeres  smiley


  • Basilic1175 6 avril 2021 12:54

    Hé ! Super article ! J’aime le vin rose avec une délicieuse pizza https://torino-pizza.com/


  • Pauline pas Bismutée 6 avril 2021 13:14

    https://www.youtube.com/watch?v=DHYDYUqjKqA

    Bonsoir mes amis, Il est temps que je m’en aille,
    Ce qui me reste à vous dire Ne dure qu’une cigarette,
    Et le temps d’un dernier verre,
    Pour ce jour, cette nuit sous votre toit, merci
    Pour la place à votre table et le vin dans mon verre,
    Pour le couvert de plus que vous mettez pour moi
    Comme si rien au monde n’était plus normal,
    Bonsoir mes amis, Il est temps que je m’en aille,
    Ce qui me reste à vous dire Ne dure qu’une cigarette,
    Et le temps d’un dernier verre,
    Pour ces heures passées à bavarder, merci
    Pour votre patience quand nos avis étaient contraires,
    Pour n’avoir pas cherché à savoir d’où je venais
    Ni pour où je pars, ni quand, ni pourquoi,
    Bonsoir mes amis, Il est temps que je m’en aille,
    Ce qui me reste à vous dire Ne dure qu’une cigarette,
    Et le temps d’un dernier verre,

  • Pauline pas Bismutée 6 avril 2021 13:17

    Merci pour la bonté qui s’abrite chez vous

    derrière cette porte que je dois franchir,

    Peut être est ce par elle qu’à travers vos carreaux

    la lumière semble plus chaude qu’ailleurs *

    Bonsoir mes amis, Il est temps que je m’en aille,

    Ce qui me reste à vous dire Ne dure qu’une cigarette,

    Et le temps d’un dernier verre,

      smiley

    Frederik Mey « Bonsoir mes amis »


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