Pourquoi les plus belles ne sont pas pour moi ?
Ou quand le processus évolutionnaire culturel se heurte à celui d'adaptation à l'environnement et le vainc.
En promenant mes guêtres en vacances dans une petite ex-république soviétique, j'ai été hébergé dans une pension locale dans un village encore plus local dans des conditions on ne peut plus locales.
C'était d'ailleurs le but recherché.
La tenancière de ce lieu était une magnifique matrone de 35 ans environ.
Elle nous a servi un dîner succulent pendant que mon regard concupiscent s'enroulait autour de ses appâts opulents. De la porte de sa cuisine qui s'entrouvrait à chacun de ses passages on pouvait apercevoir son mari attablé qui se faisait aussi servir par elle.
Une foule d'idées se sont enchaînées dont il vaut mieux que je ne vous livre que la fin.
Comment ce mari dont la grâce de pachyderme n'avait d'égale que l'appétit dudit animal, avait-il diantre pu mettre la main (si j'ose dire) sur une telle beauté ?
Un défaut ? Non, rien de visible.
Un défaut caché alors ? Etait-elle idiote ou bègue ? Non. Les mots s 'écoulaient de façon harmonieuse et intelligente de sa bouche.
Plutôt que de lancer cette réflexion de façon négative ne fallait-il pas penser de façon positive ou mieux encore de façon différente ?
Une pensée en entraînant une autre me vint à l'esprit une théorie inspirée grandement par ce MOOC sur « Les Origines de l'Homme » et ce d'autant plus vite qu'une foule d'exemples me venait naturellement à l'esprit.
Plus une groupe d'individu (les chercheurs parlent de population maintenant) est isolé plus il favorise sa survie via un ensemble de caractéristiques lui permettant de mieux vivre dans son environnement.
Un individu de ce groupe aura tout intérêt à se reproduire avec un autre membre de ce groupe afin de de s'assurer que que ces caractéristiques bénéfiques soient propagées.
Prenons l'exemple de l'altitude.
Certaines populations humaines au Tibet et dans les Andes se sont bien adaptées au manque d’oxygène (hypoxie) en haute altitude. Cette adaptation biologique à une évolution culturelle de l'environnement (le fait d'habiter en altitude) est génétique et pourtant ce sont des gènes différents qui ont été sélectionnés concernant ces deux types de populations.
La transmission génétique de cette adaptation ne se fera que si les deux partenaires sont issus du même groupe génétique. Un andain qui se reproduirait avec un non-andain ou un tibétain avec un non-tibétain prendrait un grand risque évolutif s'il souhaite fonder une famille en haute montagne ! l'hypoxie étant extrêmement problématique pour le commun des mortels comme l'expose très bien Christine DIEU-CAMBREZY dans sa thèse de doctorat datant de 1990.
Le revers de la médaille bien connu -pour continuer à filer la métaphore montagnarde- est la consanguinité, phénomène bien étudié et popularisé dans l'expression « crétin des Alpes ».
Entre ces deux extrêmes il faut choisir. Et spontanément -et j'insiste dessus- les intéressés puisent leur partenaire dans ce groupe génétique tout en éloignant soigneusement toute parentèle proche.
Autrement dit chercher ni trop loin mais ni trop près. On retrouve ici la notion de compromis dans le processus évolutionnaire.
Un autre exemple nous vient de la tolérance au lactose.
Revenons à ma platureuse matrone.
Dans ce type de société, de population le critère de beauté est bien un avantage évolutif mais pèse relativement peu eu égard à celui précédemment décrit. L'impétrant à sûrement dû batailler ferme afin de conquérir sa belle.
Mais beaucoup moins s'il avait dû affronter le reste du monde...
Dans nos sociétés qui grâce aux médias mettent en concurrence un pays entier, quand ce n'est pas la planète entière, il ne peux plus lutter. Et ceci pour deux raisons.
La première parce qu'il ne se bat plus dans la même catégorie.
Là où il jouait en Régional3, il devra évoluer en National1 ou même en Ligue des Champions. Si à l'échelle d'un village un talent de joyeux boute-en-train permet de se créer une certaine notoriété lors des repas de famille élargie, il en faut beaucoup plus pour tenir une heure à l'Olympia et faire la nique à Gaspard Proust.
De même que savoir gratouiller quelques notes sur une guitare et de massacrer Hallelujah de Leonard Cohen lors d'un Noël en famille avec Papy, Mamy et toute la famille élargie, vous propulse d'emblée comme l'EL MARIACHI de la famille mais ne vous ouvrira sûrement pas les portes de la Nouvelle Star.
La deuxième étant qu'il ne pratiquera plus la même discipline.
Là où il excellait dans le rugby (l'adaptation à l'altitude par ex.) en régional3, il devra jouer au foot (l'adaptation culturelle à la mondialisation) en National1. Son avantage qui était l'appartenance à un groupe génétique précis n'en est plus un puisque la belle pourra s'établir partout dans le monde dans un univers standardisé, l'argent tenant actuellement à lui seul le haut du pavé des différentes stratégies évolutionnistes (sélection « naturelle », ou par le camouflage, le parasitisme, la symbiose, le partenariat, la compétition...).
Et la sublime camarade de classe qui vous a tenu en haleine pendant toute votre scolarité et à laquelle vous n'osiez pas transmettre le poème d'amour enflammé écrit avec votre sang ne sera pas pour vous. Elle sait parfaitement que son physique lui assurera bien mieux et attendra que le fils de famille (ou du moins le rêve-t-elle) vienne la cueillir.
Marcel Pagnol le fit si bien dire par la bouche de son héros Topaze que je ne résiste pas au plaisir de vous livrer cet extrait final de l'Acte 4, Scène 4
TOPAZE
Tu as vu des femmes qui aiment les pauvres ?
TAMISE
Tu ne vas me dire qu'elles font toutes le même calcul ?
TOPAZE
Non. Je dis qu'en général elles préfèrent les hommes qui ont de l'argent, ou qui sont capables d'en gagner...Et c'est naturel. Aux temps préhistoriques, pendant que les hommes dépeçaient la bête abattue et s'en disputaient les lambeaux, les femmes regardaient de loin... Et quand les mâles se dispersaient, en emportant chacun sa part, sais-tu ce que faisaient les femmes ? Elles suivaient amoureusement celui qui avait le plus gros bifteck.
Non. Décidément les plus belles ne sont pas pour moi !