vendredi 22 mars 2019 - par C’est Nabum

Adieu aux larmes

 Bon vent à lui.

Ne voulant pas être en reste alors que toute la blogosphère locale ne cesse de faire des gorges chaudes sur le sujet, je me dois à mon tour de vous narrer par le menu un évènement considérable, sans doute aussi capital que les premiers pas de l’homme sur la Lune. Nul ne doit rester ignorant de ce qu’ici relève à la fois du Tsunami et de la nécessaire redistribution des passe-droits et privilèges.

Ainsi donc la vie orléanaise vient de perdre sa pierre angulaire, son falot, son point de repère. Comment fera-t-on désormais pour passer des soirées autour d’un verre en quittant notre quai ? Celui sans qui rien n’est possible dans la bonne cité Johannique va mettre les voiles. Nous serons éternellement inconsolables, ne pouvant remplacer l’incontournable amuseur des puissants.

Une page donc se tourne et plus rien ne sera comme avant. Adieu la cloche qui sonne quand un gars de la marine fluviale arrive, au revoir le petit salon pour les privilégiés, un grand salut pour le poisson de Loire dont il avait quasiment l’exclusivité. Lui qui avait tout sacrifié à sa chère rivière tout autant qu’à sa ville chérie, s’en va sous d’autres cieux. Les anodontes n’auront plus la patate tandis que la raclette se noie dans la rivière.

J’en sais qui sous son charme magnétique ne se remettront pas de ce départ tandis que l’homme laisse planer l’incertitude sur son nouveau point de chute. Il alimente ainsi les ragots et la rumeur, si prompts à se réveiller ici, il fournit prétexte à des papiers pour une presse locale qui n’a eu de cesse de lui ouvrir ses colonnes pour commenter chacune de ses facéties.

Pire encore, que deviendront les fêtes johanniques sans cette référence morale, grand adorateur de la belle héroïne ? Je n’ose penser au chagrin de la petite bergère. Ses larmes risquent d‘éteindre le feu qui dévore son cœur. Nous ne verrons plus non plus le fier pavillon de son bateau aux couleurs de la Lorraine, bravant la tempête ou bien la canicule pour entraîner dans l’histoire orléanaise les touristes, les curieux, les visiteurs d’un jour et tout ce qui se fait de notabilités.

C’est un pavé dans la mare, une meule jetée dans le quartier, l’homme nous boude à jamais, nous tourne définitivement le dos pour aller conquérir une nouvelle berge. Heureux ceux qui pourront profiter à leur tour de sa jovialité qui n’a d’égale que sa fidélité en amitié. Ils auront le bonheur de découvrir un vrai puits de culture et un boute en train inégalable.

Petit inconvénient, nos amis de France 3 devront faire un peu de route quand ils voudront tourner un reportage sur la Loire. Il est le seul capable dans la région d’évoquer avec autant d’amour et de simplicité tous les sujets relatifs à l’histoire ligérienne. Quant à la classe politique, tous les camps déploreront le départ de celui qui savait si bien les caresser dans le sens du poil. Ils aimaient tant être ainsi adulés qu’ils devront se trouver sans plus tarder un nouveau flagorneur patenté.

JPEG Le vide désormais se creuse. Bientôt il deviendra béance immense. Fort heureusement, l’homme a pensé à nous, il a choisi son successeur sur les flots, tendant la perche à un jeune marin entreprenant. Il n’a pas voulu laisser son petit commerce fluvial à l’abandon en adoubant un audacieux aventurier.

Quand à son Estaminet, lui aussi sera repris. La gastronomie ligérienne y perdra sans doute beaucoup. Comme chacun sait, on ne peut faire d’omelettes sans casser des œufs ni mêler le jaune au blanc ! Là encore, le secret est de rigueur pour entretenir le suspens, alimenter les conversations, aiguiser les appétits futurs tout en autorisant ainsi quelques articles hagiographiques afin de favoriser ainsi la promotion du repreneur. Nous ne pouvons que lui tirer notre chapeau devant une telle maîtrise de l’art de la communication à des fins mercantiles.

Bon vent donc à ce Prince sans rire de la vie locale, héritier de la Grande Histoire de la cité. Que son nouveau point de chute lui permette de relever un nouveau défi. L’homme a grand besoin de déplacer les montagnes, de s'inventer des rêves et des défis. Il écrira j’en suis certain un magnifique chapitre à sa légende. Quant à moi, je pers dans cette dérobade mon inspirateur, mon personnage de conte, mon mentor ! Quelle désolation...

Reconnaissancement sien.



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