Attali : tragédie républicaine en trois actes
Scenario de Jean Racine
Acte 1 scène 1
Normal 1er est assis à son bureau de l’Elysée. Il compulse un magazine de lingerie féminine car c’est bientôt la St Valentin et il veut faire un cadeau à la Trierweiller.
Attali
Oui, je viens de ce pas foutre un peu le bordel
Je viens, puissant penseur entouré de fidèles
Rabâcher avec vous les poncifs surannés
Propices à endormir ce peuple d’aliénés
Normal 1er
J’étais en train de lire le rapport du GIEC
Je ne supporte plus l’arrogance de ces mecs
Qui veulent sur la foi de lois hypothétiques
Nous infliger à tous leur mix énergétique
Attali
Sans compter la Duflot qui nous casse les burnes
Nous enjoint derechef de fermer Fessenheim
Ceci va tôt ou tard se payer dans les urnes
L’atome est un concept sujet à l’anathème
Mais on doit rassurer nos maîtres de Wall Street
Montrer à Barroso à quel point on est stricts
Museler Mélenchon, contrôler la Merkel
Avec son Allemagne et son bilan nickel
Normal 1er
Je n’en peux plus, je sens que bientôt je m’écroule
J’envie Sarko calme et heureux avec sa poule
Il y a des pays où les gens font des rêves
Ici, on se farcit la CGT, les grèves
Les bavures des flics, Valls et les expulsions
Les euro-écolos qui jouent leur partition
Les impôts, la Sécu, les retraités, Marseille
Les députés qui veulent chaque jour plus d’oseille
Ils ne sont là que pour les promesses de campagne
Séduire, amadouer vos fils et vos compagnes
Et aussi sec, sitôt que vous avez voté
Ils filent en Suisse ouvrir un compte numéroté
Attali
Ne sois pas, cher ami, si las et défaitiste
Pour redresser le cap nous avons quelques pistes
De mon génial cerveau sort encore un bouquin
Qui nous met à l’abri des opposants mesquins
Je peux tout diriger, vois, le philarmonique
De Shangai et ses cordes et ses cors magnifiques
Sous mon autorité tout devient clair et net
Et ma pensée s’étend sur les mailles du Net
De la technologie : je pourfends les fascistes
Qui voudraient que la France usât des gaz de schiste,
A l’histoire, a l’amour, aux lettres et aux finances
Sur tout point je produis du jus en permanence
Normal 1er
Vous me fatiguez trop, toi et toute ta bande
Vos cabinets, vos staffs, vos conseils, vos prébendes
Ton pote Harlem avec son cas Léonarda
Pour ce faux pas le monde entier nous canarda
Je suis, vous le savez, un homme de terrain
Qui ne dédaigne pas les ruts adultérins
Mon seul plaisir, sitôt le Conseil égayé
Est d’aller en scooter honorer la Gayet
Votre plaisir à vous, c’est de couler la France
Vous amuser du peuple hagard, de ses souffrances
Infuser par le biais de votre presse inique
Le poison meurtrier de la pensée unique
Broyer l’éducation, massacrer l’industrie
Patauger dans le sang de ce pays meurtri
Et voir notre génie lentement se tarir
Vous seuls en être cause, et mourir de plaisir
Avec vos potes francs maçons, faire les beaux
Amis, entendez-vous le vol noir du corbeau !
Attali
Aux armes ! Citoyens ! Formez vos bataillons !
Peut-on encore tenir ces propos de couillons ?
Nous entrons de plein pied dans le monde moderne
Lequel prise fort peu, je crois, ces balivernes
Ces mots d’un autre temps sont d’esprits attardés
Dans le rétroviseur, ne jamais regarder !
Nous avons désormais un dogme sans nuance :
Il n’est qu’un seul pouvoir, celui de la finance
Vois notre ami Fabius, son combat quotidien
Pour soutenir le front judéo-saoudien
Il ne craint pas d’utiliser la presse écrite
Ces plumitifs habiles en désinformation
Qui poussent à bombarder chrétiens et alaouites
Leur pouvoir a déjà submergé la nation
Il parle sans arrêt de paix sur la planète
Mais on voit dans ses yeux miroiter les pépettes
Celles de ses copains maçons et science-poïstes
Qui, se donnant le nom pompeux d’anti racistes
Se jouent d’une jeunesse à la pensée poussive :
Ils ont un arsenal de distraction massive.
Normal 1er
C’est vrai, et de partout, de l’Orient à l’Ukraine
Vous foutez le merdier, vous propagez la haine
Camouflés sous les traits d’un paradis social
Dont Bruxelles serait le garant impérial
Pour vous, dans les journaux, les plus grosses des putes
De l’esprit, à tout vent, sévissent, et je suppute
Que leur pote Fabius maîtrise leur soutien
(Fabius entre en catimini. Normal 1er lève les yeux)
Quand on parle du loup nul bois ne le retient !
Acte 1 scène 2
Fabius
J’apporte de Syrie des nouvelles excitantes
Nous sommes sur le point de les niquer, ces tantes
Le djihad et l’EI l’emportent sur Bachar
Par nos bons soins, ils ont du pognon et des chars
Nous avons finement, sous couvert d’humanisme
Et en feignant d’agir contre le terrorisme
Dégagé le terrain, comme un coup de pétanque
C’est bien beau de parler, mais la loi reste aux tanks
Attali
Nous avons achevé nos objectifs, ou presque
Faire exploser et morceler l’état syrien
Pour porter le combat sur le sol iranien
J’applaudis des deux mains la méthode obamesque
Bon, nous avons assez bossé pour aujourd’hui
Je sais dans le quartier un havre confortable
Où l’on peut rencontrer des stars et des notables
Ils ont de très bons vins et d’excellents produits
Normal 1er
Cet appel à un bon repas est fort tentant
Mais, vous savez tous deux, prés d’ici, on m’attend !
- « Moi seule en être cause, et mourir de plaisir », vous l’avez reconnu, est un vers prononcé par Camille dans la tragédie Horace, de Pierre Corneille (qui n’est bien sûr plus enseigné)
- L’expression « armes de distraction massive », en parlant d’internet en particulier et d’autres sources « d’information » est due à Jean-Michel Besnier dans La Recherche de Mars 2014. Il annonce au passage l’ultime étape de la destruction de la civilisation : certains états US envisagent la suppression de l’enseignement de l’écriture cursive. Nul doute qu’ils seront suivis avec enthousiasme par Hollande, Peillon et toute la bande. Ce sera moins évident avec les Chinois, les Japonais et les Coréens, pour qui l’écriture n’est pas seulement un outil de business mais un art, sans parler de l’écriture arabe.