samedi 11 octobre 2014 - par Layly Victor

Attali : tragédie républicaine en trois actes

Scenario de Jean Racine

Acte 1 scène 1

Normal 1er est assis à son bureau de l’Elysée. Il compulse un magazine de lingerie féminine car c’est bientôt la St Valentin et il veut faire un cadeau à la Trierweiller.

 Attali

Oui, je viens de ce pas foutre un peu le bordel

Je viens, puissant penseur entouré de fidèles

Rabâcher avec vous les poncifs surannés

Propices à endormir ce peuple d’aliénés

 

 Normal 1er

J’étais en train de lire le rapport du GIEC

Je ne supporte plus l’arrogance de ces mecs

Qui veulent sur la foi de lois hypothétiques

Nous infliger à tous leur mix énergétique

 

 Attali

Sans compter la Duflot qui nous casse les burnes

Nous enjoint derechef de fermer Fessenheim

Ceci va tôt ou tard se payer dans les urnes

 L’atome est un concept sujet à l’anathème

Mais on doit rassurer nos maîtres de Wall Street

Montrer à Barroso à quel point on est stricts

Museler Mélenchon, contrôler la Merkel

Avec son Allemagne et son bilan nickel

 

  Normal 1er

Je n’en peux plus, je sens que bientôt je m’écroule

J’envie Sarko calme et heureux avec sa poule

Il y a des pays où les gens font des rêves

Ici, on se farcit la CGT, les grèves

Les bavures des flics, Valls et les expulsions

Les euro-écolos qui jouent leur partition

Les impôts, la Sécu, les retraités, Marseille

Les députés qui veulent chaque jour plus d’oseille

Ils ne sont là que pour les promesses de campagne

Séduire, amadouer vos fils et vos compagnes

Et aussi sec, sitôt que vous avez voté

Ils filent en Suisse ouvrir un compte numéroté

 

  Attali

Ne sois pas, cher ami, si las et défaitiste

Pour redresser le cap nous avons quelques pistes

De mon génial cerveau sort encore un bouquin

Qui nous met à l’abri des opposants mesquins

Je peux tout diriger, vois, le philarmonique

De Shangai et ses cordes et ses cors magnifiques

Sous mon autorité tout devient clair et net

Et ma pensée s’étend sur les mailles du Net

De la technologie : je pourfends les fascistes

Qui voudraient que la France usât des gaz de schiste,

A l’histoire, a l’amour, aux lettres et aux finances

Sur tout point je produis du jus en permanence

 

 Normal 1er

Vous me fatiguez trop, toi et toute ta bande

Vos cabinets, vos staffs, vos conseils, vos prébendes

Ton pote Harlem avec son cas Léonarda

Pour ce faux pas le monde entier nous canarda

Je suis, vous le savez, un homme de terrain

Qui ne dédaigne pas les ruts adultérins

Mon seul plaisir, sitôt le Conseil égayé

Est d’aller en scooter honorer la Gayet

Votre plaisir à vous, c’est de couler la France

Vous amuser du peuple hagard, de ses souffrances

Infuser par le biais de votre presse inique

Le poison meurtrier de la pensée unique

Broyer l’éducation, massacrer l’industrie

Patauger dans le sang de ce pays meurtri

Et voir notre génie lentement se tarir

Vous seuls en être cause, et mourir de plaisir

Avec vos potes francs maçons, faire les beaux

Amis, entendez-vous le vol noir du corbeau !

 

 Attali

Aux armes ! Citoyens ! Formez vos bataillons !

Peut-on encore tenir ces propos de couillons ?

Nous entrons de plein pied dans le monde moderne

Lequel prise fort peu, je crois, ces balivernes

Ces mots d’un autre temps sont d’esprits attardés

Dans le rétroviseur, ne jamais regarder !

Nous avons désormais un dogme sans nuance :

Il n’est qu’un seul pouvoir, celui de la finance

Vois notre ami Fabius, son combat quotidien

Pour soutenir le front judéo-saoudien

Il ne craint pas d’utiliser la presse écrite

Ces plumitifs habiles en désinformation

Qui poussent à bombarder chrétiens et alaouites

Leur pouvoir a déjà submergé la nation

Il parle sans arrêt de paix sur la planète

Mais on voit dans ses yeux miroiter les pépettes

Celles de ses copains maçons et science-poïstes

Qui, se donnant le nom pompeux d’anti racistes

Se jouent d’une jeunesse à la pensée poussive :

Ils ont un arsenal de distraction massive.

Normal 1er

C’est vrai, et de partout, de l’Orient à l’Ukraine

Vous foutez le merdier, vous propagez la haine

Camouflés sous les traits d’un paradis social

Dont Bruxelles serait le garant impérial

Pour vous, dans les journaux, les plus grosses des putes

De l’esprit, à tout vent, sévissent, et je suppute

Que leur pote Fabius maîtrise leur soutien

 

(Fabius entre en catimini. Normal 1er lève les yeux)

 

Quand on parle du loup nul bois ne le retient !

 

 Acte 1 scène 2

 

    Fabius

J’apporte de Syrie des nouvelles excitantes

Nous sommes sur le point de les niquer, ces tantes

Le djihad et l’EI l’emportent sur Bachar

Par nos bons soins, ils ont du pognon et des chars

Nous avons finement, sous couvert d’humanisme

Et en feignant d’agir contre le terrorisme

Dégagé le terrain, comme un coup de pétanque

C’est bien beau de parler, mais la loi reste aux tanks

 

 Attali

Nous avons achevé nos objectifs, ou presque

Faire exploser et morceler l’état syrien

Pour porter le combat sur le sol iranien

J’applaudis des deux mains la méthode obamesque

Bon, nous avons assez bossé pour aujourd’hui

Je sais dans le quartier un havre confortable

Où l’on peut rencontrer des stars et des notables

Ils ont de très bons vins et d’excellents produits

 Normal 1er

Cet appel à un bon repas est fort tentant

Mais, vous savez tous deux, prés d’ici, on m’attend !

 

  • « Moi seule en être cause, et mourir de plaisir », vous l’avez reconnu, est un vers prononcé par Camille dans la tragédie Horace, de Pierre Corneille (qui n’est bien sûr plus enseigné)
  • L’expression « armes de distraction massive », en parlant d’internet en particulier et d’autres sources « d’information » est due à Jean-Michel Besnier dans La Recherche de Mars 2014. Il annonce au passage l’ultime étape de la destruction de la civilisation : certains états US envisagent la suppression de l’enseignement de l’écriture cursive. Nul doute qu’ils seront suivis avec enthousiasme par Hollande, Peillon et toute la bande. Ce sera moins évident avec les Chinois, les Japonais et les Coréens, pour qui l’écriture n’est pas seulement un outil de business mais un art, sans parler de l’écriture arabe.


5 réactions


  • Hortus 11 octobre 2014 16:31

    avec un ton badin tout cela est bien dit

    la rhétorique est belle, le propos érudit 
    J’en oublierais presque la triste vérité 
    Ces vers témoignent de la sombre réalité


  • doctorix, complotiste doctorix 11 octobre 2014 16:58

    Le propos est concis, et pourtant percutant.

    Et là où ça fait mal il appuie fermement.
    L’analyse est pointue, tout est bien emballé.
    Messieurs les gouvernants, je vous pisse à la raie.

  • Plus robert que Redford 11 octobre 2014 20:34

    Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites

    Vous oublieriez je crois, et Poutine le Russe

    Et la Lybie aussi, Bien qu’Attali le susse

    Encore,  mais je suppose que le diable l’habite


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