jeudi 31 janvier 2019 - par C’est Nabum

« Bande de clochards ! »

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L’insulte suprême pour ces gens-là !

Ce doit être un leader d’opinion, un homme important puisque son avis importe tellement qu’une forêt de microphones se tourne vers lui lorsqu’il condescend à donner son ressentiment. À moins que ce soit un intellectuel de haut-vol, un individu capable de penser le monde et ses enjeux tant ses heures d’antenne sont innombrables et que son nom est connu de tous ceux qui réfléchissent à la condition de l’humanité.

Habitué des tribunes, capable de déplacer les foules en grand nombre, il est capable de fulgurances, de coups d’éclat tout autant que de coups de tête. Il aime à prendre à contre-pieds les idées reçues, se joue des règles ou bien de ses opposants. Il évolue avec une facilité déconcertante dans ce monde des médias qui le chérit tant.

C’est une étoile montante dans cette nation qui s’ankylose dans ses tourments de l’heure. Ses propos font ainsi le tour des ondes, il est écouté, vénéré, adulé même pour certains qui n'hésitent pas à collectionner ses portraits. Il s’est installé au firmament de la Planète, il brille des mille feux que lui octroient tous les projecteurs braqués sur lui lors de chacune de ses sorties.

Dernièrement pourtant il a dérapé. Un mot plus haut que l’autre, une maladresse sans doute à ne pas prendre au pied de la lettre et pourtant les gendarmes de communication l’ont rudement sanctionné. Il a été exclu un temps de la scène, renvoyé dans les coulisses pour ce geste déplacé tout autant que dangereux d’après les garants du jeu médiatique.

Il est sorti de ses gongs, il a critiqué vertement ce carton rouge immérité selon lui. Il en a fait appel à son honneur bafoué condamnant à l’injustice dont il venait d’être la victime. Il a vilipendé sans nuance celui qui l’a mis au ban de la société, le renvoyant ce soir-là sur la touche. Il en fut meurtri, blessé, outragé et soudain, la colère lui ôtant toute retenue, il a exprimé toute sa rage !

Pas immédiatement cependant. Il devait penser à son image, à sa mise qu’il veille à soigner méticuleusement. Un petit coup de main dans ses cheveux gominés, un geste délicat pour relever son col, un sourire de jeune premier, comblé par la vie, l’argent, la notoriété et le succès avant que de lâcher son courroux, de libérer son ire en une attaquante cinglante, définitive, sans appel : « Bande de clochards ! ».

Nous en sommes restés abasourdis. Lui, riche à millions de simplement taper dans un ballon, lui qui ne doit sa bonne fortune qu’à la sottise des gens qui dépensent toutes leurs économies pour se rendre au stade admirer ses simagrées, lui qui se prend pour une des merveilles du monde sous prétexte qu’il est champion du monde de football, ce jeu qui engendre des richesses sans commune mesure avec le talent réel de ces vedettes de pacotille, lui en somme, qui se croit assis sur le toit de l’univers, pense que « Clochard » est la pire insulte qui soit !

La pauvreté, la misère, l’invisibilité sociale seraient donc les repoussoirs absolus pour ce petit freluquet écervelé, ce pauvre type en somme en dépit de son compte en banque. Je le plains sincèrement de tant de misère intellectuelle, de tant de mépris social. Il rejoint le légendaire ancien président qui avait envoyé au visage d’un citoyen : « Pauvre Con ».

Ainsi, pour tous ceux qui bénéficient de ce privilège curieux qu’on nomme la richesse, la pauvreté est une tare, un fardeau certes mais plus encore une faute portée par ce peuple innombrable qui se déplace en bande, qui jalouse la prospérité et qui ne rêve que de s’approprier ce qu’ils ont amassé à la sueur de l’affront.

Non monsieur Thauvin, Clochard n’est pas une insulte suprême et je vous souhaite, un jour de tomber dans la misère, la pauvreté et l’indigence. Vos capacités de réflexion vous pousseront peut-être à ne pas savoir gérer cet argent qui vous brûle la langue, les doigts et surtout la cervelle. Allez donc saluer vos supporters en les traitant de clochards, il n’y a pas que les arbitres que vous méprisez ainsi.

Votre insignifiance sidérante ne vous aurait pas valu l’honneur d’un billet. Si je me décide pourtant, en me pinçant le nez à évoquer cette saillie détestable, c'est qu’elle constitue le paradigme de la pensée de ceux de votre caste. (Je vous demande pardon d’employer des mots de vous inconnus). La crise des Gilets Jaunes est l’expression même de cette cassure irréparable entre le peuple réel et ces individus qui s’accaparent des richesses immenses. Lui et tous ces profiteurs honteux méritent aussi d’être traînés dans la fange : « Bande d’accapareurs, de profiteurs, de sinistres égoïstes » … Pauvres RICHES !

Insultement sien.

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