samedi 9 mars 2013 - par C’est Nabum

Ça, c’est Palace !

En différé de ma Segpa

Une matinée dans le collège neuf …

Pour la première fois de l'année, je me retrouve avec quelques élèves dans ce collège neuf qui nous est interdit le reste du temps. C'est un monde nouveau pour moi, les élèves y viennent deux demi-journées par semaine pour y retrouver des professeurs de collège qui ne sont sans doute pas désireux de se déplacer dans notre taudis ….

Je dois venir de bonne heure. Je ne dispose pas du boîtier électronique qui permet d'accéder au garage sous-terrain. Fort heureusement, j'arrive alors que le portail est encore ouvert et je me glisse comme un voleur avec mon deux roues (plus tard, j'apprendrai qu'il est en panne ). Le collège est vide, seule la principale est à la loge, elle remplace au pied levée un agent blessé.

C'est elle qui me remet son passe afin que j'ouvre la salle qui nous est dévolue. C'est la plus éloignée et la plus petite sans doute. Ce n'est pas un problème puisque pour cet examen blanc, je n'ai que 9 candidats : les meilleurs de nos élèves auxquels on propose de tenter le brevet professionnel.

Sur le chemin, je salue un surveillant fort étonné de me voir ici. Il s'exclame : « Vous n'êtes pas à la Segpa aujourd'hui ? » Je devine que ma présence est une totale incongruité en ce lieu. J'en ai la conviction en croisant une professeur qui ne me salue pas et un autre qui me regarde avec étonnement, se demandant ce que fait cet étranger ici.

Je suis agréablement surpris d'entendre la sonnerie battre le rappel. C'est un doux carillon d'aéroport, bien loin des 87 décibels de notre alarme qui nous arrachent les oreilles quand nous sommes juste en dessous. Par la suite, je découvrirai qu'il existe aussi un système de message sonore avec une tonalité tout aussi suave. Nous ne sommes manifestement pas dans le même monde.

Dans la salle de classe, c'est un choc ! Des murs parfaitement lisses, pas de cloques ni d'écailles. Des fenêtres qui ne laissent passer aucun courant d'air. Des volets roulants qui fonctionnent, des radiateurs discrets qui ne gênent pas les élèves. Un sol parfaitement plan et des tables qui ne branlent pas. Ainsi donc, dans ce collège, il est possible d'avoir des conditions normales d'accueil et de travail !

Dans cette classe ordinaire, il y a un rétro-projecteur, un téléviseur équipé d'un lecteur DVD, un ordinateur relié à internet. Pour beaucoup d'enseignants, ce sont des équipements de base, pour moi, c'est désormais loin de mon quotidien depuis que j'ai intégré mon espace de relégation. Je sais que notre bon Conseil Général a promis de câbler nos classes et de passer une couche de peinture, ça ne donnera certainement pas ce doux sentiment de confort ouaté que l'on trouve ici.

Je suis à côté du Cendre d'Information et de Documentation. Je dois de vous faire un aveu. J'enseigne le français mais je n'y ai jamais mis les pieds avec mes élèves (ni même à titre individuel) cette année. Un kilomètre trois cents, c'est une bien grande distance quand on veut venir consulter une référence ou bien emprunter un livre. Il faudrait alors organiser un déplacement spécifique et je me demande si nous y serions vraiment les bienvenus.

Je ne pourrai juger de la salle des professeurs dont la plupart me sont inconnus. Nous allons vivre en décalage avec le collège. À l'heure de la récréation, mes chers élèves seront encore en train de plancher. Je n'aurai pas à justifier de ma présence alors que c'est mon collège d'attachement administratif. Le lien est si distendu que d'attachement il n'y a pas. Je suis totalement étranger en ce lieu et j'ai le sentiment que mes élèves ne s'y sentent pas à leur place non plus.

Voilà le résultat d'une politique de ségrégation voulue et menée par le Conseil Général du Loiret pour ce seul établissement. D'autres Segpa sont intégrées dans des collègues neufs, pas la mienne. Je n'ose comprendre les motivations qui ont prévalu à cette discrimination honteuse. Je devine que le prochain rafraîchissement de notre taudis (promis pour janvier et tout juste commencé) mettra un terme à l'espoir fou d'être intégrés. Nous serons définitivement à l'écart, parqués comme des malades contagieux. Ce sera sans moi, monsieur le Président Sénateur, je ne peux admettre plus longtemps cette injustice qui est de votre seule responsabilité.

Contagieusement votre

Pour vous remettre dans le bain



13 réactions


  • subliminette subliminette 9 mars 2013 11:46

    Une question, enfin 2 ou 3, : est-ce que vos collègues de la SEGPA râlent aussi ? si oui avez-vous fait une démarche collective ? Votre supérieur hiérarchique direct est-il conscient du problème ?
    Vos conditions de travail semblent inadmissibles. Ce n’est surement pas ce qui peut aider vos élèves à se sentir « comme les autres ». Ils sont déjà à part et tout est fait pour les ostraciser.

    Mais finalement c’est comme dans la vie : les pauvres, les cassés, les estropiés, les loqueteux, il faut les mettre dans une poubelle avec un couvercle bien lourd par-dessus à cause des odeurs... On ne va quand même pas leur donner des goûts de luxe, des fois qu’ils en redemanderaient....


    • C'est Nabum C’est Nabum 9 mars 2013 12:24

      subliminette


      Il n’y a rien à faire

      L’établissement est ainsi divisé en deux depuis si longtemps. Lors de la reonctruction du collège, l’espoir n’a duré que quelques mois. L’évidence est plus forte, pas de place pour nos élèves dans un collège de Centre ville.

      Je crois que ça arrange quelques personnes. Vivre à l’écart, c’est aussi vivre heureux.
      Pas pour les élèves qui ressentent cette injustice

  • foufouille foufouille 9 mars 2013 11:47

    eh ben !
    c’est pas drole chez toi


    • C'est Nabum C’est Nabum 9 mars 2013 12:25

      foufouille


      Je crois qu’il n’y a bien que notre bon président du Conseil Général pour se moquer d’une telle situation ! Il est sénateur du Loiret si vous voulez chercher son nom.

  • brindfolie 9 mars 2013 19:03

     ah,ha,ha

    Je croyais que vous aviez l’enseignement chevillé au corp.Qu’importe le lieu pourvu qu’on est l’ivresse !


  • brindfolie 9 mars 2013 19:53

    Reprenez-vous ,voyons.Etre déçu,pourquoi ?
    J’ai beaucoup voyagé de par le vaste monde,toujours le sac aux épaules,j’en ai vu des écoles.
    La votre telle que vous la décrivez n’est peut-être pas la panacée en terme de confort,mais elle a le mérite d’exister et de permettre la transmision des savoirs.
    Vous avez un toit,du chauffage,des pupitres,vous êtes rétribué,ce qu’il vous manque le plus ce sont des collégiens courageux.
    Le conseil général par cette ségrégation de locaux envoie un message subliminal à vos collégiens.
    Allez voir comment l’éduc nationnale traite nos concitoyens dans les DOM TOM et on en reparlera.
    Cordialement.


    • C'est Nabum C’est Nabum 9 mars 2013 20:38

      brindfolie


      Je sais qu’il y a bien pire ailleurs Que dans des pays, l’idée d’aller à l’école est un rêve impossible qu’ailleurs les conditions sont mille fois plus insupportables.

      Mais j’ai d’autres raisons de vouloir changer d’établissement car je constate que je suis bien seul à me battre, qu’on se moque de moi quand je veux changer les choses, offrir aux élèves mon indignation et mon énergie.

      Travailler avec des gens désabusés qui n’espèrent que la paie et la tranquilité, ce n’est pas ma conception du métier. Alors j’irai voir ailleurs si l’herbe est plus verte en ayant perdu une bataille que je fus seul à mener.

      Ça n’a aucune importance, on m’oubliera bien vite car nous ne sommes rien.

  • brindfolie 10 mars 2013 01:52

    C’est Nabum , bonjour.

    Feriez-vous pas une ptite dépres.Partir,si c’est un choix réfléchi et assumé,pourquoi pas.Vous avez votre libre arbitre.Mais partir en pensant que vous n’êtes rien ts ts ts,ce n’est pas dans la conception que je me fais de votre personnalité.Et puis si votre décision est irrévocable,alors,mettez les pieds dans le plat.Dites leurs à tous ces ’désabusés’ que leurs salaires ils l’escroque au peuple dont ils sont les obligés.Dans toute entreprise il y a des obligation de résultats,l’éducation nationale devrai en être l’exemple premier.
    Moi même ici avec mes demandeurs d’asile,je me bat comme Don Quichotte face à l’administration,j’essuie des revers nombreux,mais sans cesse je retourne au ’charbon’.
    Les petits moments de lassitude trépassent vite face à plus démuni que soi.
    Je reconnais que mon post de 19:03 était gauche mais enfin,il me semblait que vous étiez capable de discerner l’humour dans l’ironie.
    Il va faire beau aujourdhui profitez en pour aller vous resourcer près de dame Liger,il ni a rien de plus apaisant qu’une onde libre.
    Cordialités Cervantesque.


    • C'est Nabum C’est Nabum 10 mars 2013 07:51

      Brindfolie


      Ce n’est pas de la dépression c’est la conviction forte que je ne peux rien changer en ce lieu, que la direction ne pense qu’à maintenir l’apparence de la tranquilité sans rien faire pour que ce soit le cas, qu’il est illusoire de croire que ces gens vont changer car fondamentalement ils ne partagent pas les mêmes valeurs que moi.

      Quand on me dit que j’use trop d’énergie à vouloir faire changer les choses (faire venir les parents- rattraper les élèves qui ne veulent pas travailler- modifier leur rapport à la lecture ou à l’école) il est clair qu’ils me disent : « Nous ont a renoncé et on vient simplement gagner notre croute » 

      Je sais retrouver au moins une personne qui a les mêmes envies que moi ...

  • subliminette subliminette 10 mars 2013 09:24

    Je comprends votre ralbol. On l’aurait à moins. Mais si des gens comme vous abandonnent, c’est un mauvais signe de plus...

    Votre sénateur UMP, faudrait le faire chanter. Il doit bien avoir quelques cadavres dans ses placards, comme tous les hommes politiques, non ? Une maîtresse blonde ? Une rousse ? Un amant mineur ? Un fils drogué ? Une fille prostituée ? Une femme qui bosse pour Bettencourt ? Une maladie honteuse ? Une moumoute en plumes d’ortolans ? un abonnement à des soirées SM ? Un compte en Suisse ? Un ami dictateur ? Une voiture volée ? Une allergie aux salopettes ? Une passion irrésistible pour les pervers manipulateurs ?

    Sans rire : vos n’avez pas un seul collègue qui pense comme vous ?


    • C'est Nabum C’est Nabum 10 mars 2013 09:29

      subliminette


      Oh si, ma collègue directe, celle avec qui je travaille en doublette. Elle connait ma décision et la déplore tout en constatant que je suis en souffrance de voir l’inertie qui nous entoure, le refus réel de s’engager pleinement dans le travail.

      Alors, elle est triste et résignée. Je suis désolé pour elle mais je sais que nous ne pouvons rien faire face à une direction qui ne fait que donner l’illusion de l’action.

      Quant à ce baron, il est si puissant dans un département qui est son royaume qu’aucun contre-pouvoir n’existe face à lui. Il traîne des casseroles en voilà la preuve ...

  • C'est Nabum C’est Nabum 10 mars 2013 09:31

    subliminette


    Les mystères de la cuisine centrale.

    L’appétit vient en magouillant !



    Une cuisine centrale par définition se doit d’être centrale ou elle perd son intérêt premier, la proximité. Mais la logique et la transparence ne sont pas au menu des décisions intestines de notre bon département du Loiret. Il faut beaucoup d’imagination pour comprendre ce qui peut prévaloir aux revirements, luttes d’influences et autres curiosités qui agrémentent les choix politiques de notre conseil général.


    D’abord, nous pouvons nous étonner que l’idée de cuisine centrale, belle invention logistique qui est à la gastronomie scolaire ce que la trottinette est au TGV, vient faire en une région fière à juste titre de sa tradition culinaire ; dans un pays qui a inscrit sa bouffe au patrimoine de l’humanité. Mais cette belle fierté gourmande n’a guère sa place dans nos collèges soumis aux impératifs économiques d’une gouvernance entièrement orientée vers les économies à réaliser.


    C’est du moins ce que nous étions en droit de penser quand à l’origine, le projet avait jeté son dévolu sur Poilly les Gien, ville placée justement à proximité des collèges censés être nourris à défaut d’être restaurés par ce bel équipement. Mais quand on se lance dans la liaison froide, la distance ne change rien à la médiocrité de la mal bouffe.


    Alors, profitant de l’absence pour cause de maladie de leur collègue du giennois, Jean-Pierre Hurtiger, pourtant lui aussi membre de la majorité, nos chers élus ont décrété le dépaysement de la super cantine tout près du bon Dieu. Meung sur Loire a le double avantage d’être à deux pas de la circonscription de notre bon Président Doligé et de bénéficier d’une zone de près de dix hectares destinée à la construction d’un prochain collège et d’une salle polyvalente (quand 2 à 4 hectares suffisent partout ailleurs). Certains, de mauvaises langues sans doute, iront prétendre que plus on est près du bon dieu mieux on est servi et plus on est à l’aise …


    Il faudrait alors s’interroger sur l’histoire de ces terrains libérés après une longue et fastidieuse mesure d’expropriation durant laquelle, après un combat acharné en justice, un groupe de propriétaires obstinés réussit à faire passer le prix d’achat de leurs terres agricoles de 1 à 10 euros le mètre carré. Mais vous savez, le souci d’économie est toujours premier dans ces mesures qui ne lèsent que les braves gens.


    Nous n’évoquerons pas non plus l’étrange déclassement en zone verte du terrain de ceux qui menèrent la bataille. Des esprits chagrins voyant là une mesure de rétorsion quand il n’y va que du seul intérêt général, celui qui justifie toutes les décisions des élus de la République. Ainsi, l’éloignement de près de quatre-vingt- dix kilomètres de la cuisine centrale des collèges du giennois et du montargois qui restent sur leur faim, s’inscrit dans cette logique d’efficacité (et de pragmatisme comme ils aiment à le proclamer), qui honore tous les votes de nos représentants.


    Ajoutons encore que la commune limitrophe de Meung sur Loire, Saint Ay, se verra elle aussi octroyer un collège flambant neuf et vous apprécierez alors comme il est opportun de vivre à l’ombre tutélaire d’un président si soucieux des demandes de ses proches voisins. Ceux qui ont l’inconvenance de vivre trop loin de lui n’auront que leurs yeux pour pleurer de rage.


    La démocratie peut sortir encore la tête haute de ce petit malentendu. La décision finale sera prise le 9 novembre. Mes propos, forcément mal informés, mes suppositions ironiques et sans aucun doute bien éloignées du secret des délibérations que ne manquent pas de poursuivre ces braves gens, peuvent néanmoins apporter un éclairage nouveau sur les tenants et les aboutissants de cette modeste controverse.


    Je ne doute pas que la sagesse l’emportera sur l’humain, mais pas toujours raisonnable, souci de faire plaisir à son entourage immédiat. Je compte sur votre sagesse, monsieur le Président.


    Centralement vôtre. 


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