mardi 18 décembre 2012 - par bakerstreet

Depardieu : Mon royaume pour un scooter

La scène : Un champ de betteraves, où un homme, ployant sous le poids d’un magot tout autant que des ans, se hâte de passer la frontière.

Au loin, les vagues d’Ostende, un peloton cycliste passe, à belle vitesse, tout comme les nuages, poussés par le vent

Le vent court dans les cheveux de l’acteur, et dessine des ombres terribles sur son visage.

Ambiance : « Cuirassé Potemkine » ou « Ivan le terrible »

L’homme s’arrête enfin près d’une baraque à frites.

« Le plat pays », de Jacques Brel, passe à la radio

 

Acte 1, scène 1

 

DEPARDIEU :

Ah, me voici enfin arrivé

Waterloo n’est pas aussi triste que je pensais

Ici on m’attend à bras ouverts

Ah ! Je sens que je vais ici me plaire

Et payer bien moins cher que de l’autre coté

 

 Au vendeur de moules-frites

« Tenez, mon brave, donnez moi de quoi manger

J’ai bien besoin de me retaper, après toute cette marche

Qui m’a fait ressembler, de loin, à ce pauvre roi Lear

A qui Shakespeare faisait payer trop de taxes ! »

 

 LE VENDEUR DE FRITES :

« Ah, sire, mais je vous reconnais

J’ai votre nom sur le bout de la langue

Et ne me souviens que de cette particule : De, quelque chose

Qui fait toute votre noblesse

Mais ça y est, je vous remet

N’êtes vous pas Louis Capet ?

Je vous croyais à Varennes

Mais où sont la reine, et le petit boulanger ?

 

DEPARDIEU (fâché qu’on ne l’est pas reconnu, il s’apprête à faire son Cyrano ! )

 

Ecoute un peu, et écarquille les yeux :

« Regarde moi, mon cher

Et dites moi quelles espérances

Pourrait me valoir ces flatulences ! »

 

 Il pête sans vergogne…..

 

LE VENDEUR DE FRITES :

Ca y est, je vous remet !

Quand je raconterais aux copains que j’ai vu Le Gérard

Il n’en reviendront pas

Mais sans vouloir médire

Votre ramage ne vaut guère mieux que votre plumage

Qu’êtes vous venu faire ici

J’espère pour vous que vous avez un bon fromage !

 

DEPARDIEU :

C’est la colère qui me guide et qui m’a fait fuir

De ce pays derrière que je ne saurais qu’honnir !

Ah, mais, ces cuistres de socialos me font chier !

Tant pis pour eux, ces gens ne me méritent guère

C’en est fini de l’Obélix

De toute façon j’en avais plein le cul

De donner de la tête dans les barriques à vin

Et d’empiler les casques de romains !

 

Ah, ah ! Je me sens en génie, donnez moi le la !

Si vous voulez je vais vous faire Tintin 

Et surtout le capitaine Haddock

Mille tonnerres de Brest

Qu’on me donne une bouteille et une casquette de marin

Je m’en vais à ces australopithèques

Leur composer par lettre une bordée d’injures

Qui paraîtra dans toutes les gazettes du matin

 

LE VENDEUR DE FRITES :

« Tenez je n’ai qu’un bic, un bout de papier gras

Et un torchon pour essuyer vos doigts

Et pour les frites, je vous les sert comment

Voulez vous de la mayonnaise, ou du ketchup

Pour tremper votre plume et votre courroux ?

 

DEPARDIEU :

« Il me faut quelque chose de plus fort

La moutarde qui me monte au nez

Comme venin, m’ ira très bien ! »

 

Il écrit :

« Ah, que n’ai je trop souffert de cette infamie

Me voici parti comme Hugo l’avait fait avant moi

Pour après tant de mérites et de taxes

Echapper aux percepteurs et aux cuistres

 

Ah ! Les misérables

Mais on ne me laisse pas le choix !

Tant pis, c’est dit, je me ferais Belge

C’est un rôle de composition comme un autre

Qui m’ira comme un gant, pourvu qu’on relâche un peu les coutures

Autour du ventre et des épaules

Pour un homme de talent et d’envergure comme je le suis

Cela me sera bien plus facile

Que de jouer Cyrano, Danton, Raspoutine, l’Obélix

En encore ce pauvre type

Obligé d’aller chercher sur sa moto ses feuilles de paye

Aux quatre coins de la France

Pour toucher sa retraite.

Ah, je ris ! Comment fera t’il

Quand je serais parti, pour remplir son écuelle !

 

Ah ! mais c’est trop

 (il crache par terre)

Ce mot de France m’écorche maintenant les lèvres

Bien plus que le sel de ces frites si bonnes en mon palais

Je ne vous parle pas de celui que je laisse derrière moi

A Paris, pour quelques millions d’euros !

C’est simple je ne veux plus en entendre parler

Et vais remettre sur l’heure mon permis de pèche

Mon passeport, et ma carte du Fouquet’s

 

Quoique, à la réflexion, finalement

Je garde celle ci !

Qui peut encore servir !

Au cas où le bon roi Sarko serait de retour

Avec la caravance publicitaire du tour !

Car on ne sait jamais comment une pièce finit

Avant les derniers couplets

Avant les derniers verres !



8 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 18 décembre 2012 15:45

    Alors que le pays est frappé par la crise, le chômage, l’austérité et la misère, ces saltimbanques mineurs aident à ramasser des impôts et en appellent à la générosité du peuple travailleur, quant aux « Depardieusarts » ils font preuve de médiocrité en allant s’installer en Belgique ou en Suisse ; ils ont profité du système et maintenant ils crachent dans la soupe … Ils illustrent pleinement la déliquescence de ces parvenus !

    voir : LE PETIT MONDE DU SCHOW BIZZ


  • Loatse Loatse 18 décembre 2012 19:46

    Quel talent ! Bravo smiley


    • bakerstreet bakerstreet 20 décembre 2012 00:32

      Merci Loatse du compliment.
      Faut que je fasse gaffe à ce que mes chevilles n’enflent pas.
      S’agirait pas que je mette à ressembler à Depardieu.
      Voilà que Poutine et le président Tchèchène ont proposé semble t’il
      Un passeport à notre Obélix.
      Entre le village Gaulois, et le village global
      Il y a quelque chose de pourri !

      A quoi bon avoir joué Rostand, pour être si vain ?

      Bon, bien sûr, si le plein de super est moins cher à l’est
      Pourquoi se priver, et ne pas filer en scooter, à bride abattue ?
      Mais Don Quichotte, sur sa monture,
      avait tout de même une autre allure !


    • BOBW BOBW 20 décembre 2012 18:42

      D’ici à ce que « fous de romains », la mafia et les petits copains de Bunga-Bunga ne l’invitent pas à Rome pour être béni par Sa Sainteté ! smiley


  • Traroth Traroth 19 décembre 2012 11:13

    Les gens qui soutiennent Depardieu ne voient vraiment pas plus loin que le bout de leur nez. Les impôts que Depardieu ne paiera pas parce qu’il est parti à l’étranger comme l’égoïste et l’ingrat qu’il est, c’est vous qui allez les payer ! Nous tous, ceux qui ne pouvons pas fuir ! Et vous, vous l’approuvez bruyamment. Un peu de vaseline, pour que ça passe mieux ?


  • velosolex velosolex 19 décembre 2012 14:15

    La profession se tait..Tétanisée.
    La paranoiä de Depardieu ne fait trop d’heureux, tant elle révèle ce qui d’habitude se cache sur les comptes. Voilà un type qui voudrait faire croire qu’il est une victime, alors qu’il a la bouche pleine de confiture ( et le cul bordé de nouilles, sauf votre respect...)

    Plus que ce que l’état lui prend, on est estomaqué surtout par ce qu’il reste à l’artiste....

    Et le voilà qui voudrait nous faire le coup du sublime, le « j’accuse » de Zola, le départ à Londres de De Gaulle, ou encore Hugo partant à Jersey.


  • Laurenzola Laurenzola 19 décembre 2012 14:37

    Tout ceci m’inspire une réplique du 1er Tartuffe français à Obelix le nouveau belge et son menhir d’or :

    « Cachez ce fric que je ne saurais avoir »


    • bakerstreet bakerstreet 20 décembre 2012 00:40

      Cela serait trop d’honneur de comparer Depardieu à Gargantua !
      Rabelais est d’un niveau haut dessus.

      Cette farce me ramène en mémoire plutôt Alfred Jarry, ce jeune pataphysicien et farceur, qui inventa le héros du vingtième siècle : Le père Ubu, dictateur imbécile, prétentieux, vain, vantard, bête et méchant.
      Il écrira « Il (Le Père Ubu) n’a aucune tare ni au foie, ni au cœur, ni aux reins, pas même dans les urines  ! Il est épuisé, simplement et sa chaudière ne va pas éclater mais s’éteindre.
       Il va s’arrêter tout doucement, comme un moteur fourbu. »


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