Géopolitique, France Inter
(CECI EST UNE PARODIE)
"Et maintenant, la chronique géopolitique de Bernard Guetta... Bonjour Bernard !"
"Bonjour Patrick. Voici que Chypre investit dans une relation de confiance avec la Russie en lui permettant des facilités pour sa flotte. Si Vis Paxem Para Belgum ! comme l'aurait si bien clamé le regretté Didier Porte. Décidement, de plus en plus de pays trouvent les Russes de plus sûrs alliés que les Américains !
Vous remarquerez que, victoire ou pas, bonnes ou mauvaises, inspirées par de nobles idéaux ou de vils intérêts économiques, les Russes ont terminé toutes leurs guerres, peu ou prou. Léa ne riez pas ou alors mettez votre jolie main devant !
Tandis que les Etats-uniens sont encore impliqués dans une bonne dizaine de conflits, qu'ils ont souvent eux-mêmes provoqués, cela va sans dire. C'est là que le bât blesse...
Je vous vois faire la moue, Patrick, et pourtant on juge une politique internationale à ses résultats, et les Etats-unis n'ont résolu aucun conflit depuis très longtemps, sauf à Cuba, je vous le concèdererais volontiers. Mais il subsiste des doutes, quand on connait leur ingérence perpétuelle dans ce pays et leur capacité de nuisance plus généralement en Amérique latine ; oui Léa, j'ai bien prononcé le mot nuisance, ne vous déplaise. Ça s'écrit comme rance. Ecrivez-le sur un calepin si vous voulez. Celà vous resservira pour vos anathèmes, à l'issue de cette chronique et de ma probable mise à pied de cette matinale, qui s'annonce historique.
Bref, on n'est guère étonné de cette pirouette cubaine, de cette salsa frénétique à laquelle Monsieur Obama donne le La depuis quelques mois. Mais ceci n'est rien, non rien, ou pas grand chose, je vous l'accorde par avance Patrick, en comparaison des dégâts causés par la politique étrangère états-unienne dans le pourtour européen, sur le limes de cette Europe forteresse, aux marges de notre civilisation judéochrétienne mâtinée d'hellénisme romain, oui, Patrick, ne froncez pas le sourcil, je viens de lire quelques pages de Michel Onfray hier soir, avant de plonger mon dentier, mais je ne suis pas sûr d'avoir tout compris et j'abrège volontairement une pensée fort complexe. Oui, Léa, complexe, un mot qui vous laisse perplexe, j'en mettrais ma main au feu.
Des Etats-Unis, en définitive, sous la poigne vacillante du président le plus incompétent depuis... depuis, je n'arrive pas à me souvenir et pourtant je suis né avant 1968, avant même mon frère discopathe, pour autant que je m'en rappelle, car il me fournit régulièrement en jolies pilules relaxantes qui ont le fâcheux inconvénient de troubler ma mémoire. Mais je m'égare là... Que lisais-je ? Heureusement que je note tout, donc... tadadaaa oui c'est ça : un Barack, je n'en fais pas pour autant une affaire personnelle, un Barack Obama donc, incapable de mettre la pression sur Israël pour aboutir au processus de paix, incapable de tenir les pays vassaux comme l'Afghanistan ou l'Irak, incapable de contrôler les milices en Lybie. etc...
Oui Léa, oui Patrick, des États-Unis incapables, impuissants, inconscients même, le mot n'est pas trop fort ... ou au contraire bien conscients qu'en pulvérisant des Etats forts, c'est autant d'opportunités pour installer leurs firmes pétrolières et vassaliser des gouvernements fantoches. Léa, s'il vous plaît, ne mâchonnez pas nerveusement votre capuchon de stylo Mont Blanc comme ça, c'est réellement inconvenant et puis nous sommes filmés, ne l'oubliez pas ..."
"Et la Russie dans tout ça ? A-t-elle une stratégie ?"
"Oui, Patrick, vous pointez le doigt juste là où aucune de mes précédentes chroniques ne m'a aventuré. Mea Culpa. Errare Humanum Est. Slurp ! Hmmm, ce café est diaboliquement excellent ! Où en étais-je ? Ah voilà, La Russie développe une stratégie propre, au sens propre comme au sens figuré ! Je vois que vous pouffez Léa, derrière votre demi-page de notes, et pourtant il s'agit d'une affaire très sérieuse que la géopolitique ! Patrick ne me démentira pas, ni mon vieil ami Nicolas, au demeurant et ce soir à 18 heures 20 sur cette même antenne. Les Russes, donc, en seulement quelques années, ont créé les BRICS avec l'Inde, leur ancien partenaire, mais aussi avec des pays auparavant plutôt américanophiles ou Américanocompatibles, comme on voudra, tels l'Afrique du Sud et le Brésil ou la Chine, ancienne puissance rivale sur le fleuve Amour. Ne rougissez pas Léa, je ne parle pas spécialement de vos conquêtes d'un grand soir. Les Russes, toujours eux, ont empêché la chute de la Syrie, et du Liban à sa suite, votre pays Léa... Oui, vous l'aviez presque oublié à force de servir le minestrone aux anti-Assads, à un tel point que moi-même j'en resta choqué à maintes reprises ! Donc nous parlons bien évidemment de ce Proche Orient qui, sans la perspicacité et la fermeté du duo Poutine-Lavrov, aurait sombré dans un chaos comparable à celui en cours en Lybie. Ajoutons que nos amis russes... Léa vous suffoquez à l'écoute de ces mots, prenez un peu l'air à la fenêtre. Mais ne fumez pas s'il vous plaît ; j'ai horreur de ça, pour ne rien vous cacher. Nos partenaires russes, donc, si vous préférez ce vocable, ont, sans un coup de feu, je le répète pour nos auditeurs inattentifs, sans tirer une balle, une flèche, une boulette en papier, empêché une guerre civile en Crimée et protégé les minorités russophones d'Ukraine, menacée d'anéantissement par les milices nazis, oui nazis, le mot est fort mais je l'assume, quoiqu'il m'en coûte en sortant de ce studio, nazis donc, fer de lance d'une armée ukrainienne peu motivée, en leur fournissant matériel et logistique. Vous ne m'écoutez plus Patrick, sinon vous seriez déjà tombé de votre chaise. Mais enfin, que cherchez-vous donc là, Patrick ? Ceci peut-être ?"
"Hem, oui, merci ! Et les pays d'Europe dans tout ça ? Ont-ils une stratégie ?"
"Je vous vois venir, Patrick, alors que Léa est allée lâchement se réfugier aux toilettes et ne pourra malheureusement pas entendre la fin de ma chronique. Oui, pour répondre à votre question, car c'est bien votre question, une question que, cela va sans dire, doivent se poser aussi nombre d'auditeurs qui n'ont pas encore zappé sur une chaîne conccurente, les pays européens, aux première loges de ces conflits, ont désormais une idée claire de la situation globale. Chypre, castrée par les oligarches brusselois, la Hongrie, menacée d'une révolution de couleur par certaines organisations, comme la fondation Soros ; oui vous connaissez Patrick, qui ne connaît pas ce personnage ? Né sous l'étoile de l'espéranto et aujourd'hui véritable zombie de l'ère Monsanto. Pardonnez-moi cette rime riche. Et d'autres pays encore, à n'en pas douter dans les mois qui viennent, vont se tourner vers cette grande puissance pragmatique qu'est la Russie, au détriment de l'hyperpuissance aux pieds d'argile, les Etats-Unis pour ne pas les nommer, qui voit son train de vie s'effronder, annoncant la chute imminente de son hochet, ou marteau, au choix : j'ai nommé le Dollar. Vous suez à grosses gouttes, Patrick, vous voulez mon mouchoir ? Jamais servile, heu servi, pardon..."
"Merci Bernard, je dois vous dire que le standard téléphonique vient de sauter, que la présidence de France Inter, celle de Radio France, Matignon et le Ministère des Affaires Étrangères nous bombardent de textos.
Bernard, peut-être pour la dernière fois avec nous, et maintenant à vous Léa,... Léa ???"