jeudi 7 février 2019 - par C’est Nabum

La déconfiture du Rugby français

« Confit » de génération.

Il est des petits détails qui vous font comprendre combien vous êtes désormais déconnecté d’un monde toujours en mouvement, qui avec un malin plaisir, court à sa perte pour le seul profit de quelques marchands. C’est ainsi que j’ai compris, non sans m’en trouver fort marri, que je n’avais plus rien à voir avec la génération montante. Il me semble nécessaire de vous éclairer sur cette lente descente aux enfers qui me valut d’entrer de plain-pied dans la grande cohorte de ceux qui sont désormais hors circuit.

Tout a commencé sous une douche alors que j’entraînais encore de jeunes gens, rugbymen de leur état, et résolument au parfum de la cosmétique onéreuse. Moi, le presque vieillard, je n’utilisais pour me libérer de la crasse récoltée durant l’entraînement qu’un modeste et unique savon de Marseille, remplissant toutes les fonctions. Mes jeunes amis, se présentaient quant à eux, sous la poire de douche avec une trousse de toilette. Shampoings, parfums, gels de lavage, crèmes hydratantes et autres produits, tous plus chimiques les uns que les autres, transformaient le lieu en une parfumerie douteuse.

Je n’étais pas au bout de mes irritations olfactives. Dans le vestiaire, après s’être bien séchés, mes joyeux lascars se répandaient par tout le corps du déodorant, tandis que leurs cheveux réclamaient des produits incertains, collants et brillants. L’envie d’éternuer me faisait toujours quitter précipitamment l’endroit tandis que la séance de maquillage masculin se prolongeait durablement.

Le buffet nous attendait. Pratique rituelle au rugby, là encore je découvrais que les valeurs avaient changé sans que je n’en susse rien. C’est ainsi qu’au milieu de la table trônaient des monceaux de couenne de jambon. Voilà donc un aliment qui sort du cadre, il y en a d’ailleurs beaucoup d’autres. C’est ainsi que lors de nos trajets, je découvris rapidement que nos joyeux consommateurs ne préparaient plus de panier repas avec force charcutaille et bonnes bouteilles. Ils se contentaient d’acheter des sandwichs en triangle lors de nos escales autoroutières, l’expression même de l’insipide, du mou et de mauvais goût. Pire encore, le vin était détrôné par des boissons incertaines, énergisantes et sur-vitaminées.

Je ne reconnaissais plus les valeurs du rugby. J’allais plus encore les perdre à tout jamais au retour des matchs. Le Ricard avait depuis longtemps tiré sa révérence lors de la réception d’après match. Le vin résistait vaillamment pour les dirigeants qui parfois ne crachaient pas sur quelques bulles tandis que nos jeunes amis se ruaient désormais sur la bière, véritable phénomène de société.

Le retour en car voyait alors surgir des sacs, des boissons à forte teneur en alcool. La vitesse de le griserie l’emportant désormais sur le plaisir de la dégustation. Je n’avais décidément plus ma place dans ce milieu d’autant plus que ce sport se prenait de plus en plus pour une épreuve de force, brisant des hommes qui passaient leur temps à soulever de la fonte plutôt qu’à perfectionner l’art de l’esquive et de la passe.

Il me fallait déguerpir de l’endroit. Je n’avais plus un seul terrain d’entente avec eux. Je n’osais pas discuter spectacle ou bien littérature. Rien de ce qui constituait mon univers ne leur était connu. Nous évoluions dans des mondes distincts, hermétiques les uns aux autres. Même ma manière de parler échappait désormais à leur compréhension. Il était temps pour moi de prendre ma retraite sportive !

J’étais devenu une vielle baderne, un gars bon à mettre au clou - même si cette expression devenue obsolète échappait à leur compréhension. Pire que tout, le portable avait détrôné les discussions interminables durant lesquelles chacun refaisait le match. Même s’ils s’encanaillaient et bien plus encore que nous pouvions le faire jadis, les joueurs ne quittaient jamais leurs chères copines, leurs épouses ou bien leurs compagnes de l’heure. Même dans le vestiaire, à quelques minutes du coup d’envoi, certains préféraient leur écrire discrètement plutôt que d’écouter le discours du vieux con. Oui, vraiment il était temps de raccrocher les crampons, ce que je fis sans regrets. Cet univers m’étant devenu totalement étranger.

Ovalement leur.

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9 réactions


  • juluch juluch 7 février 2019 11:53

    les choses évoluent....c’est sur !!

    par contre, je suis contre tout se qui est alcoolisé pour les jeunes dans le sport ou meme ailleurs....pas besoin d’imiter les adultes quand c’est trot tôt, on prends de mauvaises habitudes dont il est difficile de se passer par la suite.

    par contre je plus-soie sur les sandwich triangles rarement bon, fabriquez vous meme vos encas !

    j’utilise toujours la savonnette....pour info.... smiley


    a bientot nabum !!


  • 77777 7 février 2019 17:35

    Avec un président ex ministre de Sarko comment voulez vous qu’ils s’en sortent…….

    Oui après un match on amenait son petit en cas sandwich eau fruit après la troisiéme mi temps…...c’était un peu plus folklo


  • SPQR audacieux complotiste chasseur de complot SPQR Sono Pazzi Questi Romani 8 février 2019 11:48

    Sans être méchant mais le rugby français actuel ne sera jamais champion du monde (même durablement)....

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    J’ai connu la « Révolution » que dis je, la refonte complète du Hand-ball français qui je le souligne, c’est faite dans le sillage du hand-ball moderne apporté par les entraineurs Yougoslave de l’époque .

    Tout a été mis à plat, ils ont vidé les placards, fais les poussières et le hand-ball français est reparti à neuf, au plus bas de l’échelle. Cela a été douloureux, un brin violent mais les résultats ont été au RDV.

    Sélectionner les meilleurs et vraiment les meilleurs dans la tête et le corps, développer une réelle sélection de jeune et surtout éviter le hand-ball de clocher.

    La formation des entraîneurs et des éducateurs a été remise à plat. Malgré des conneries monumentales

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    L’argent et le top 14 est un piège à con pour l’équipe nationale.

    C’est incroyable dans ce rugby le nombre de temps mort et leur longueur.....

    Les gens qui paient un ticket pour voir des joueurs marcher en rond et en longueur sur le terrain en attendant la reprise du jeu, c’est proprement scandaleux ....  

    Le jeu, le jeu le jeu....Ils sont là pour ça ...

     smiley

     


  • UnLorrain 8 février 2019 22:53

    « depuis que nous prenons de la créatine nous faisons le poids face a des équipes comme les hall black » Ces paroles datent,disons 20 ans,émission stade2,un international honnête faisait cette euuh...déclaration. Il faut savoir que la créatine ne peut que être efficace ajoutée a d’autres « choses » dopantes,ce qui forme un « cocktail ». Connaisseur,je sais lire aisément a son aspect physique un consommateur/usager des dit cocktails,en termes plus simples,je devine le tricheur.


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