mardi 26 février 2019 - par C’est Nabum

La dernière Sirène

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Du Capitaine « Joli Cœur ! »

Il était une fois un drôle de capitaine, surnommé dans tout le pays ligérien « Joli Cœur ! » Ce surnom lui allait à merveille tant il était larron dès qu’un jupon pointait le bout de sa dentelle. Il n’avait d’ailleurs d’autre ambition que de le retrousser après avoir joué du violon et du compliment aux donzelles qu’il appelait toutes « Ma sirène » s’épargnant ainsi le risque d’avoir la langue qui fourche.

Dans les tavernes, les tenanciers redoutaient de le voir surgir, sachant qu’ils risquaient alors de perdre une servante pour le reste de la soirée. « Joli Cœur » avait une manière bien à lui de troubler l’esprit des demoiselles, de leur promettre monts et merveilles, de leur faire miroiter des aventures extraordinaires, des voyages fabuleux. Enjôleur, beau parleur, bien fait de sa personne, un sourire à se laisser prendre, il n’en fallait pas plus pour qu’à chaque escale, une fille tombât dans ses rets.

Bon marin, l’homme aurait sans doute dû naviguer sur l’Océan. Mais son appétit pour la gente féminine l’avait conduit à poser son sac de marine en bord de Loire, les ports y sont si nombreux qu’il avait là matière à assouvir pleinement son vice, chaque jour et parfois plusieurs fois par jour. Seuls ses hommes d’équipage, trouvaient son assuétude détestable, quand le capitaine jouait le « Joli Cœur » eux avaient toute la besogne à assumer.

Un autre désagrément résidait encore dans la nécessité de garder toujours le bateau armé, prêt à appareiller au moindre problème. Il n’était pas rare en effet de voir surgir le Capitaine en pan de chemise, poursuivi par un mari ou un père dépité. Le chaud lapin sautait à bord et un homme d’équipage larguait les amarres pour le tirer de ce mauvais pas.

C’est ainsi qu’il était aisé de reconnaître son bateau. Contrairement à la règle, c’était le seul dans le port qui conservait le nez dans le sens du courant. Posture imprudente en terme de sécurité, mais ô combien nécessaire quand il y avait péril en la demeure. Bien vite, dans tous les ports, il y eut assez d’hommes en colère pour mettre à mal l’activité économique du bonhomme. Il devait choisir ses courses là où il n’avait pas encore eu maille à partir avec un cocu colérique.

Il fut même contraint à se tourner alors vers les professionnelles de la chose. Il avait cette chance que depuis fort longtemps, des bordeaux, petites maisons signalées par une lanterne, proposaient un petit service pour les mariniers en peine d’affection. « Joli Cœur » dut se résoudre à puiser dans sa bourse pour satisfaire son appétit légendaire. Sa réputation ternie, le séducteur avait sans doute perdu de sa faconde pour devoir mettre la main à la poche avant de la glisser au panier !

Hélas pour lui, même chez les professionnelles, ses manières déplurent bien vite. Les dames se passèrent le mot, l’homme était un rustre, un malappris qui faisait preuve d’une brutalité sans pareille. Sa pratique était non seulement détestable mais plus encore, il avait une hygiène douteuse, une haleine fétide et des exigences qu’il convient de taire ici. De « Joli Cœur » son sobriquet devint assez vite « Cornecul », manière de se rappeler les cocus qui le poursuivaient jadis tout autant que sa propension ridicule à se prendre encore pour un bellâtre.

Les hommes d’équipage ne restaient plus très longtemps à son service. Il était moqué et désormais fort ennuyé pour trouver des mariniers tout autant que courses à réaliser. Mais pire que tout encore, quand son Chaland croisait la route d’un autre bateau, il y avait désormais toujours un facétieux pour déclencher la corne de brume ou même une sirène. On riait sous cape et quand la chose se passait dans un port, tout le monde savait que « Cornecul » était dans les parages.

Le malheureux fut contraint de changer de rivière. Sur la Loire sa réputation le précédait, il convenait s’il voulait poursuivre dans la carrière de changer de territoire. « Cornecul » traversa l’Atlantique pour aller naviguer du côté de la Nouvelle Orléans. On n'en entendit plus jamais parler en pays ligérien jusqu’au jour où un certain François Truffaut sorte un film au titre évocateur pour ceux qui se souvenaient de cette histoire : « La sirène du Mississippi ! ».

Est-ce pour ça que d’autres ligériens allèrent jouer les Jolis Cœurs de ce côté-là du monde ? Nous n’en saurons jamais rien. La réputation des mariniers était faite de par la faute de celui-là, réputation injuste s’il en est, tant ces gaillards savent se montrer aimables avec les dames. C’est du moins ce qu’ils jurent tous, la main sur le cœur, je veux bien les croire, « Cornecul » n’est plus de ce monde !

Grivoisement sien.

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5 réactions


  • Sergio Sergio 26 février 2019 13:56

    Bonjour Nabum,

    Je vais un de ces jours, arriver dans votre contrée, et là :

            Le retour de Cornecul, le magnifique, mais en vélo !

    https://www.youtube.com/watch?v=Z5_WohElixA


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 27 février 2019 09:19

    Hitler était copropophile. Son fantasme préféré : une femme déféquant dans sa bouche. Avis d’une femme sur le don-juanisme et la domination des des femmes qui explique le monde actuel. Le disparition de l’image paternelle (propre au catholicisme qui valorise la femme et efface le père de l’histoire, reléguant le rôle de celui-ci à un dieu imaginaire) constitue la base de tous les totalitarisme. L’absence de père génère la dépression qui fait le lit de toutes les formes d’abus, de domination, de sadisme. La religion catholique est dépressive et essentiellement d’essence maternelle : empathique, larmoyante, souffreteuse, sans dignité ni virilité (à ne pas confondre avec machisme qui n’est que le contre-pouvoir d’une société sans référent paternel).


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 27 février 2019 09:23

    Ah oui, les trois se sont suicidées......


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