jeudi 24 décembre 2020 - par C’est Nabum

Le bal con du réveillon

La liesse à bride abattue.

Triste période que celle qui se profile à l’horizon. Adieu les agapes et les embrassades, la dinde aux marrons et les bulles de champagne. La coupe est pleine de privations tandis que le comité scientifique préconise comme unique distraction pour la nativité le fameux Noël au Bal Con. Comme le comité de défense a donné son aval, vous pouvez d’ores et déjà vous préparer à ce merveilleux moment de liesse à bride abattue.

Il vous convient de suivre scrupuleusement les recommandations des experts en festivités neurasthéniques qui ont ainsi obtenu du gouvernement la mise en place de ce réveillon alternatif, compatible selon eux, avec la crise sanitaire qui nous fait tourner la tête. Considérant que les emmurés ne disposant que d’une heure d'exercice physique par jour, il eût été imprudent de suggérer un repas trop copieux. C’est donc vers la danse que se sont tournés nos directeurs de conscience sous la haute autorité du joyeux drille de Prades, né à Vic-Fezensac.

Ce sont d’abord aux personnes seules que nos responsables ont pensé en premier lieu. Pour cette fameuse nuit de la nativité, ils ont pensé à une charmante danse du ventre avec un petit accessoire pour agrémenter la soirée. Il leur sera demandé de se munir d’une plume d’oie, d’autruche ou bien de pigeon suivant leur possibilité (la plume de faisan, à la demande du premier ministre est à exclure totalement). La plume soigneusement enfoncée dans le séant, il leur faudra réaliser des arabesques endiablées pour écrire sur une vitre embuée, de la pointe de la plume : « Joyeux Noël ». Ils n’omettront pas de retirer ladite plume avant d’aller se coucher.

Pour les heureux contributeurs de la souscription nationale pour participer aux frais de la crise sanitaire, les généreux donateurs d’une somme de 135 euros, auront la permission de se réunir, le papier amende dans les mains, pour une formidable contredanse qui ne s’achèvera qu’avec l’intrusion de la police pour tapage nocturne. Ils devront se munir d’un disque bleu qu’ils poseront sur un électrophone. Ils auront ainsi la possibilité de recommencer l’année suivante si rien de nouveau ne se passe.

Les adeptes du complot, les opposants au masque, les propagateurs de fausses nouvelles, les individus se refusant à passer des tests de dépistage disposeront exceptionnellement d’une dérogation pour danser un slow langoureux, face à face, sur une corde raide posée sur un parquet préalablement ciré. Tout dérapage entraînant pour eux une mise en examen médical et l’injection d’une dose létale d’un vaccin en cours de validation.

Pour les couples officiels, qu’importe leur nature, la prudence veut que la danse se face dos à dos avec une distance suffisante pour éviter toute contamination. Les membres du comité suggèrent aux deux danseurs de se munir chacun d’un manche à balai qu’ils tiendront respectivement par le bout. Ils danseront ainsi sur la face B d’un succès de l’été, sans se toucher. Embrassades et gestes affectueux étant, faut-il le leur rappeler, strictement prohibés.

Enfin, si vous vous retrouvez ce soir-là le bec dans l’eau, il vous reste la fameuse danse des canards. Vous devez pour ça disposer de deux canards issus des élevages français, gras si vous en avez les moyens, pour une valse langoureuse, le cou de l’un dans l’aile de l’autre. Il vous sera demandé au préalable de vous alcooliser pour pleinement jouir de ce moment unique.

Les amateurs de danses collectives, du rondeau à l’an dro sont priés de renoncer à leur pratique à moins qu’ils ne songent à passer Pâques au tison dans l’enceinte du crématorium. Le gouvernement espère de tout cœur que ces suggestions sauront vous satisfaire et vous permettront de passer une soirée agréable en dépit de toutes les interdictions qui pleuvent sur vos têtes.

Vous pouvez encore renoncer aux festivités de la nativité. Il vous restera alors à vous pencher avec nostalgie sur le Petit Bal Perdu de Bourvil en prenant grand soin de ne pas le mettre trop fort. En cette période de suspicion généralisée, un voisin mal entendant pourrait comprendre Balle perdue et vous auriez la désagréable surprise de voir surgir de la cheminée le GIGN ce qui ne serait pas franchement un cadeau.

Ce Noël au bal con constituera, nous n’en doutons pas une seule seconde, un formidable souvenir qui saura faire passer la pilule. Joyeux Noël à tous et surtout, évitez la bûche, elle pourrait mettre le feu aux poudres et aux arbres morts qui ont les boules, vous vous feriez enguirlander.

Nativement vôtre.

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1 réactions


  • Sarah Damaris 27 décembre 2020 00:16

    Moi je vous Aime nabum...et je vous lis là encore avec la voix intérieure de Raymond Devos... ça doit être un de ceux qui vous inspire cette prose particulière émaillés de jeux de mots très croustillants comme dès savoureux amuse gueules et j’apprécie même si effectivement cette dernière chronique est plus semée de « gros mots » pour les gros maux qui nous échoient et ce sont ces mots qui doivent choquer vos fans. Ne vous inquiétez pas , noël étant une fête familiale, nous avons été plus que raisonnables et on a même ouvert par désœuvrement les cadeaux avant minuit ( les personnes s’estimant vulnérables ne souhaitant pas de trop grosses réunions , ils auront gagné par la dictature par la peur) ...Et même si ce soir lâ, nous avions de nos maîtres ( nos marraines castratrices) la permission de plus de minuit, nous nous sommes confinés dans nos plumages à minuit... la danse des canards nous la réservons pour le soir du 31 oû nous avons l’obligation de rester à festoyer entre 20h et 6 h du matin, sous peine de nous faire arrêter si nous errions hors de nos basses cours dans l’intervalle temporel interdit.... je danserai volontiers la danse des canards à la santé des connards et j’espére que nous serons nombreux à enfreindre les règles infantiles, dictatoriales et stupides ... Et en attendant, d’en faire impatiemment sous le gui, je vous fais un bec militant...


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