mardi 15 octobre 2013 - par C’est Nabum

Le plus grand plaisir de l’automne

Nuisances sonores à la pelle ...

La grande mutation …

Adieu l'été, ses beaux jours, ses températures clémentes et ses journées à rallonge. L'automne vient étendre son manteau gris sur un décor qui va aller en se rétrécissant. Notre moral va suivre la même pente ; nous allons dépérir progressivement, nous faire des cheveux et rechercher sans espoir les trop rares rayons de soleil.

Pourtant rien de tout cela ne serait catastrophique si cette saison n'était accompagnée de la chute des feuilles. De partout, nous allons être noyés sous des monceaux de feuilles jaunies, brunâtres. Les cadavres vont joncher les rues et les trottoirs, les places et les pelouses. Cyclistes, motards, piétons risqueront la chute à la moindre pluie. La feuille est fort sournoise quand elle est à terre !

Tout cela ne serait que léger désagrément de saison, malencontreuse conséquence du cycle naturel, dîme à l'indispensable fonction chlorophyllienne. Chacun devrait pouvoir se faire une raison, accepter la décrépitude du moment sachant qu'après une longue période de dénuement, tout reviendra dans l'ordre au printemps suivant. Mais hélas, notre société, dans sa modernité absurde, nous impose désormais une épreuve plus redoutable encore, un plongeon dans l'horreur et la science fiction.

Dans quelques jours, si le vent se mêle d'accélérer l'inévitable, d'étranges et assommants petits bonshommes vont envahir nos rues et nos jardins, nos allées et nos boulevards. Ils vont s'insinuer partout, se faisant un malin plaisir de surgir au plus mauvais moment. Monstres mutants, ils portent une étrange bosse dans le dos, sont affublés d'un casque et d'une trompe articulée à l'extrémité d'un long tuyau en accordéon.

Ce sont les chevaliers de la feuille à terre. Ils repoussent toujours plus loin le petit dépôt végétal en un vacarme insupportable. Ils soufflent et ne jouent pas, avançant telle une horde sauvage. Ils envahissent nos villes, ils s'insinuent partout. Si par bonheur, nous les voyons pas, nous ne pouvons échapper à leur concert pétaradant.

Ils font des tas qui n'en finissent pas de se disperser, de refluer au premier souffle de vent. Vent contre machine infernale, la bataille est inégale. Le pauvre mutant s'agite, revient sur ses pas, reforme son joli monticule mais tout se disperse encore et il doit recommencer dans un ronronnement détestable, un bruit qui finit par vous faire regretter les tondeuses à gazon.

La souffleuse est la dernière marque de la modernité absurde. Elle vrille les oreilles de son pauvre serviteur, le transforme en bombe humaine, l'isole du reste de l'humanité. Il n'est plus que bruit et geste dérisoire. Parfois un camion surgit pour avaler ce qu'il a réussi à regrouper malgré les éléments, les passants, les automobiles, tous ces usagers qui viennent entraver cette tâche pathétique.

Jadis un homme encore parmi les hommes, armé d'un grand balai de bouleau, accompagné d' une petite remorque, faisait bien mieux que ces automates robotisés. Il agissait en silence,sans se couper de ses frères les hommes ; il pouvait tenir conversation ou indiquer son chemin à un passant égaré. Aujourd'hui, ses successeurs sont des êtres inaccessibles, des cosmonautes de nos grandes rues de solitude.

J'enrage de voir l'absurdité de ce dispositif. Je devine le coût d'un équipement qui n'a d'autre intention que de nous casser les oreilles. Je suppose qu'il y en a encore une fois un vaste marché public arrangé au bénéfice d'un ami ou d'un obligé. Je n'évoque pas le calvaire de ces hommes si mal payés, si déconsidérés et qui avancent dans le hurlement de leurs moteurs dorsaux.

C'est bien là le pire avatar de l'automne, cette nouvelle marque d'une civilisation de la gabegie et des solutions insupportables. Dans quelques décennies , la souffleuse sera perçue comme la marque de la vacuité de ce monde en décrépitude. Il est grand temps que nous passions un bon coup de balai parmi ceux qui décident de tels dispositifs essentiellement bruyants. Ce monde est fou ; vite un grand souffle nouveau !

Chevaleresquement leur.



13 réactions


  • L'enfoiré L’enfoiré 15 octobre 2013 12:14

    Salut Nabum,

     Un bonjour en passant.
     Ce que vous racontez, c’est évidemment la solution de facilité, pour répondre au besoin d’aller vite, d’augmentez l’efficacité.
     Vous avez raison, cela ne sert à rien.
     Alors, la question est pourquoi faut-il ramasser les feuilles ?
     La réponse qui me vient à l’esprit : pour ne pas boucher les égouts.
     Perso, l’automne est ma saison préférée.

    • C'est Nabum C’est Nabum 15 octobre 2013 12:31

       L’enfoiré


      Ne croyez vous pas que c’est parce que les donneurs d’ordre qui sont des Politiques ne craignent rien moins que de subirt un grand coup de balai ! 

      Pourtant, il serait salutaire ...

    • Fergus Fergus 15 octobre 2013 16:26

      Salut, L’enfoiré.

      Une autre raison de ramasser les feuilles : elles cachent parfois des déjections canines qui provoquent des accidents. Or, la société ayant tendance à se judiciariser, les victimes d’accidents corporels sont de plus en plus nombreuses à porter plainte contre les municipalités. Un genre de désagrément que les maires cherchent à éviter par tous les moyens. D’où la généralisation des équipements de ce type.

      Bonne journée.


    • Fergus Fergus 15 octobre 2013 16:29

      @ L’enfoiré.

      Personnellement, j’aime toutes les saisons. Mais j’ai quand même une préférence pour le printemps et l’explosion des fleurs, particulièrement en montagne, ainsi que pour l’automne et les fabuleuses couleurs de ses forêts caduques de chênes, de hêtres et de châtaigniers.


    • L'enfoiré L’enfoiré 15 octobre 2013 19:25

      Bonsoir Fergus


      «  elles cachent parfois des déjections canines qui provoquent des accidents. »
      Tout à fait. Même sans déjections canines, les feuilles marinées dans l’eau de pluie deviennent glissantes. Je l’ai expérimenté pas plus tard que ce matin.
      Mais l’enfoiré est élastique, rebondit et n’est pas tombé... smiley

  • Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 15 octobre 2013 16:40

    La première fois que j’ai vu cette souffleuse, il y a bien 20 ans, j’ai cru à un génial aspirateur, génial car il devait compiler aussi, puisque non raccordé à quoique ce soit.
    Ça c’était du nouveau, l’aspirateur compacteur !
    Et puis j’ai regardé mieux et n’en pas crû mes yeux. D’abord j’ai pensé que quelque chose m’échappait quant à une possible raison non comprise... mais le tour est vite fait.
    On économise le balai. Point barre. Et on paye de l’essence, les réparations, le boucan, sans parler de la machine... combien de balais pour un de ces joujous qui, à coup sûr, doivent en plus remplacer les biceps par des lumbagos ? misère...
    Quant à la transposition au coup de balai chez les politiques, pas à la souffleuse, par pitié, ils partiraient dans tous les sens... En fait là aussi l’aspirateur-compacteur serait une bonne idée. Reste à l’inventer.


  • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 19 novembre 2013 08:13

    Bonjour Nabum. D’abord merci pour la magnifique photo même si c’est coutumier chez vous, que nos yeux blasés ne sauraient plus voir. Ensuite, si je comprends bien, le balayeur de mon lieu de naissance qui médite sur son manche quand il ne rêvasse pas sur le rythme aussi lent que mécanique de son balai, coûte moins cher à l’éleccicon (électeur-citoyen-contribuable) parce qu’il n’est pas doté de la machine infernale. Je rectifie après l’avoir vu regarder sa montre : il émerge de temps à autre pour attendre l’heure de partir chez lui....


  • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 19 novembre 2013 08:36

    C’est la faute à Dexia, à tous ces maires incapables de gérer une commune comme on doit tenir son ménage. Ce seront 55 milliards d’ardoise qu’on ne va pas tarder à devoir grâce aux politico-oligarcho-ôfonctionnaires !


  • L'enfoiré L’enfoiré 17 décembre 2016 09:25

    Bonjour Nabum,


     J’avais prévenu.

    Bon weekend

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