Le Roi est nu
Il entre dans l'histoire en sortant par la petite porte
En guise d’oraison funeste
« Le changement c’est tout le temps », avec notre bon François deux, dit l’insignifiant. Il vient de tirer sa révérence, devant se charger lui-même de cette contorsion de déférence, faute de trouver ses sujets désireux de la lui octroyer. Son règne restera dans les esprits comme un fiasco monumental, une farce, une grandiose déliquescence et un terrible malentendu. Il espérait qu’on le porte aux nues, lui, le recours derrière le président anormal ; les cieux en ont décidé autrement, faisant choir sur lui toutes les précipitations possibles.
Son prédécesseur avait commandé des parapluies blindés pour se défendre, lui se contenta de les ouvrir pour se mettre parfois au sec. C’est d’ailleurs à ce régime qu’il invita les Français, désespérés d’entendre des discours sans flamme, de voir un président sans dignité ni aura. Il avait trouvé un habit bien trop grand pour lui ; incapable de prendre de la hauteur, il se contenta de piloter le pays de son pédalo, au ras des vagues qui ne cessèrent de se fracasser contre son frêle esquif.
La déchéance de « présidentialité », tel aura été l’héritage de nos deux derniers monarques. L’un par ses grimaces, ses frasques et ses agitations, l’autre par ses postures, ses impuissances et son inertie chronique. Pourtant, le pays semble ne rien comprendre : lui qui va se donner probablement au troisième François de son histoire républicaine : François le pieux. Celui-ci sera le bien nommé : voilà au moins une certitude : nous allons goûter au supplice du pal !
Mais revenons à ce président qui s’est cassé les dents sur les réalités d’un monde qui n’était pas celui des Bisounours. Il rejoint ainsi ceux qu’il a moqués, humiliés, trahis. Son ennemi n’a jamais été la finance mais le petit peuple des humbles, des miséreux, des gens de rien. Le gars de Tulle n’a jamais fait dans la dentelle ; il se fit bourgeois de Calais pour donner les clefs du pays aux financiers et aux puissances d’argent.
La jeunesse attend toujours le grand souffle promis. Elle lui a tourné le dos, préférant hélas, se retrouver derrière des idées plus radicales. On ne désespère pas impunément la génération montante ; notre brave Flambi a réussi ce prodige de priver d’avenir ceux qui l’avaient devant eux. Son départ n’est que justice : il a failli, bien aidé en cela par un parti petit-bourgeois, un groupuscule réservé aux ambitieux, aux carriéristes, aux gens disposés à brader leurs convictions pour quelques places au soleil.
Ils se sont joyeusement fourvoyés. Le roi n’était pas Soleil mais bien plutôt averses et tempêtes. La vie de château, certes, mais dans l’isolement d’un palais coupé du pays réel, oublieux des valeurs de son camp, accaparant les derniers privilèges à distribuer. Tant qu’à choisir, autant faire revenir au pouvoir la vieille noblesse d’ancien régime : les barons de droite sont plus à l’aise dans ce rôle que les farfadets d’une gauche caviar. De toute manière, le résultat sera le même : on rase gratis pour les couches laborieuses, les retraités et les petites gens. Les moutons n’auront bientôt plus de laine sur le dos, les bergers n’ont jamais été aussi voraces et les loups rôdent encore dans le pays !
Alors François l’insignifiant réussit sa dernière pirouette, à défaut d’avoir commencé son règne. Il sort sur la pointe des pieds, va retrouver subrepticement sa chère Julie. Comment le lui reprocher ? Il a voulu imiter son collègue Nicolas le faquin. Mêmes scènes conjugales, mêmes comédies du pouvoir, le talent en moins et l’empathie du bon peuple définitivement usée par le premier. Il entre dans l’Histoire par la porte de sortie : quel merveilleux titre de gloire ; quel succès qui va durablement mettre à genou une gauche de gouvernement coupable d’hypocrisie et de prévarication !
La suite risque d’être une belle galéjade. Les primaires d’une gauche délatéralisée vont opposer, dans l’indifférence quasi générale, les prétendants à la prochaine déculottée. C’est formidable que tous ces joyeux menteurs ne disposent pas du moindre sens de l’honneur. Le mieux après un quinquennat aussi calamiteux serait de laisser la place, de dissoudre le parti socialiste : la machine à trahir. Mais les vanités demeurent ; le bilan n’est rien comparé à l’orgueil de ces pantins. Le roi fut nul, il n’aura pas son avenue … à moins que ce soit une impasse !
Dégagement sien.