mercredi 21 septembre 2022 - par C’est Nabum

Panier

 

Un petit pas de côté.

 

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Le langage sportif est souvent ésotérique ce qui pousse le béotien à se prendre les pieds dans le discours de l'incontournable commentateur qui use à plaisir du lexique spécifique ; pensant certainement qu'il ne s'adresse qu’à des initiés. Il y a matière à y perdre son latin.

Tout au début parait simple, quoique la logique semble ne pas faire partie de la pratique. Vous prenez un panier dans lequel vous glissez un filet ; ce qui pour l'habitué des marchés fait double usage. C'est ainsi que vous faites votre premier pas tandis que l'absurde s'offre un nouveau rebond en réclamant une planche. Celle-ci sans doute pour couper le temps en quatre.

L'affaire se complexifie quand vous mettez la main, non au panier (à votre grande honte, vous aimez à le faire), mais à ce cerceau qui a pris de la hauteur. Cette fois, à n'en pas douter, il convient de monter sur ses grands chevaux pour réaliser le prodige d'y glisser un gros ballon orange.

Et soudain le monde bascule, modifie son centre de gravité. Mettre la main dans ce fameux panier porte un nom qui ne vient pas de chez nous. C'est même, pour les amateurs, le geste le plus spectaculaire qui attise l'hystérie des commentateurs et d'un public qui s'identifie à ces géants qui survolent le parquet.

Car, vous l'aurez compris, ce drôle de sport, contrairement à ce que ce parquet laisse supposer, ne se déroule pas en chambre, les pieds glissant sur des patins. Il convient d'être bien chaussé avec des escarpins montants qui se sont affublés du nom anglo-saxon de ce panier qui focalise toutes les attentions.

Pour corser l'affaire, si nous pouvons comprendre que deux équipes se disputent deux paniers différents, chacun disposant de sa raquette, de sa planche, de son cerceau et de son filet, il y a également une discipline qui coupe la poire en deux, en se satisfaisant de la moitié de ce complexe dispositif. De cinq pour faire leurs courses, les agités du rebond, se font trois pour un seul cabas qu'ils doivent disputer à leur adversaire.

Cette fois, je n'y comprends plus rien. La seule certitude c'est que les légumes qui participent à ce spectacle sont tous montés en graine. Des asperges qui poussent en toute saison et que l'on prépare en les sautant à longueur de temps. Pire encore une restriction semble leur être imposée qui limite le nombre de marchés auxquels peuvent s'adonner nos joyeux drilles.

Un panier donc qui s'impose des restrictions. Je devine que ce sport risque fort de devenir la discipline reine pour la crise qui se profile à l'horizon. Pour se serrer la ceinture, rien de mieux que de s'emparer du cerceau pour retrouver le fameux hula-hoop de votre enfance. La taille restreinte de l'aire de jeu et son absence de pelouse que bientôt on ne pourra plus arroser sont autant de facteurs qui laissent espérer un règne sans partage pour cette discipline.

Je constate alors avec effroi que le temps m'est compté, qu'un chronomètre limite le temps qui m'est imparti pour tenter ce tir qui prend des valeurs différentes selon les cas. 1 – 2 – 3 nous marquerons des points dans ce panier qui s'est toujours dérobé à moi. Voilà bien un geste qui démontre à l'évidence qu'il n'y a pas d'abonné à l'adresse indiquée.

Je décroche mon panier, je glisse ce texte idiot à la corbeille d'un jet victorieux qui me surprend encore. Il est vrai qu'elle se situe au ras du plancher des vaches, point n'est besoin de lever les yeux au ciel. J'ai tenu la distance pour remplir ma feuille de ce match quotidien que je livre à la vacuité.

À contre-filet.



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