mercredi 28 octobre 2020 - par Nicolas Cavaliere

Pantouflardémie

 

La France comme on l’aime.

Je me prépare laborieusement à écrire, ou plutôt à taper sur ce clavier. Le calendrier affiche ce soir la date du 27 octobre et demain, on nous annoncera peut-être un nouveau confinement total, ou un confinement seulement les soirs et les week-ends. Comme tout le monde, je préfère la première option.

Je suis bien chez moi à regarder la télévision, m’enfiler des films, écouter parfois un peu de musique. Le travail est une plaie, les robots et l’électricité font tout, la bouffe, le ménage, la vaisselle, nettoyer le linge, assembler les voitures, chauffer la maison, élever les enfants. Quel ennui à chaque fois de devoir faire quelque chose ! Alors rester chez moi un peu plus je ne dis pas non. Je vais pas renoncer à mon confort pour quelques restaurants qui ferment ou quelques intérimaires sans avenir !

Oui, confinement total, c’est du bon.

La seconde option du confinement exclusivement le week-end ou le soir, c’est moins bien. Va falloir continuer à s’entasser dans le métro avant d’aller taffer. Et puis, il faut aller dehors, s’exposer aux tentations, toutes ces vitrines de boutiques qui viennent me rappeler que mon salaire ne suffit pas à satisfaire mon goût du luxe.

Je ne me sentirais pas assez solidaire avec tous ces vieux qu’on envoie en réanimation non plus si on n’était confinés que le week-end. Il faut que ce soit entier, que ce soit total. Il faut mettre la gomme, et pour sauver les vieux, rien de mieux que de rester chez moi tranquille à attendre que ça passe. Un jour, je serai vieux moi aussi. Alors j’espère que tout le monde restera chez lui à attendre que je sois soigné (sauf les soignants bien entendu).

Je commence déjà à être fatigué de m’exprimer, j’ai l’impression d’avoir tout dit. Je ne pense pas avoir besoin d’un paragraphe de plus. Si le traitement de texte pouvait écrire tout seul, je serais le plus heureux du monde (et je pourrais enfin rentrer chez Reuters). Si les malades pouvaient guérir tout seuls, ce serait super aussi. Mais je vais être généreux, et je vais attendre.

Enfin ! tout ça n’est pas encore décidé. Tant on sera déçu.

Demain, je vais retourner au boulot avec mon masque, parce qu’il faut bien mettre le nez dehors. Ils ont remis la clim en mode hiver en plus. On va enfin arrêter de se les geler. Le froid, c’est pas bon, ça rend malade. On chope plein de virus, on finit à l’hôpital, on meurt. Pas bon du tout.

Ah, demain soir ! comme j’attends demain soir ! Quel suspense ! Si Macron annonce pas le confinement total, je me dirai pas grave. C’est qu’une question de temps. Je suis sûr que dans quelques semaines, on y reviendra. Les hôpitaux sont déjà pleins, il y a trop de malades. Mais je ne suis pas inquiet. Un bon confinement, et tout ira bien ! Les soignants seront soulagés, les malades iront mieux, et c’est sûr, un jour on sera de nouveau dehors.

J’espère juste qu’ils auront fini le nouveau Burger King dans la zone. J’ai trop envie d’un Whopper.



14 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 28 octobre 2020 15:03

    Un confinement les soirs et les week-ends, ça montre le côté consciencieux de ceux qui rangent bien leurs outils pour les retrouver en bon état quand ils en ont besoin

    sinon, les outils, ils se relâchent !

    ils sont même capables de croire qu’ils sont des cibles de flash-balls !

    après, faut en racheter des neufs ou les faire venir de l’étranger et, e, fait, ça fait pas des économies !


    • Nicolas Cavaliere Luigi Cavaliere 28 octobre 2020 16:34

      @Séraphin Lampion

      Non, il faut un confinement total et illimité, nous sommes immortels, nous ne nous contenterons pas de moins. Seuls les outils et les malades connaissent l’obsolescence programmée.


  • Adèle Coupechoux 28 octobre 2020 16:54

    Faudrait pas que les beaux jours reviennent...


  • Francis, agnotologue Francis 28 octobre 2020 18:04

    ’’les robots et l’électricité font tout,’’

     

     Dommage qu’ils ne paient pas les impôts.


  • Abou Antoun Abou Antoun 28 octobre 2020 18:31

    Bonjour Luigi,

    Je ne voudrais pas vous contraindre, enfin, si vous trouvez le temps de lire au milieu de vos nombreuses occupations :

    Le droit à la paresse.


    • Nicolas Cavaliere Luigi Cavaliere 28 octobre 2020 19:52

      @Abou Antoun

      Oh oui, ça me ramène loin. Je l’ai lu il y a des années. Avec le recul, je ne suis pas d’accord. La paresse n’est pas un droit, c’est un devoir. Sans la paresse (celle des autres), je devrais encore me lever pour changer de chaîne ou monter à l’étage.


    • Abou Antoun Abou Antoun 28 octobre 2020 21:52

      @Luigi Cavaliere
      La paresse est à la fois signe et génératrice d’intelligence.
      Ex : la roue, mais il y en a bien d’autres.
      Les bosseurs, occupés qu’ils sont à trimer, n’ont pas le temps de créer, d’inventer.


    • Nicolas Cavaliere Luigi Cavaliere 28 octobre 2020 22:15

      @Abou Antoun

      La paresse est l’objectif final d’un créateur. On peut aussi avoir l’intelligence de rester occupés pour ne pas s’ennuyer. Ce n’est pas bête de trimer, et c’est plus fatiguant que de ne pas trimer ; ce n’est donc pas sans mérite non plus.


  • I.A. 28 octobre 2020 19:07

    Cette terrible question se pose à nouveau : que faisaient les soignants dans les hôpitaux, avant l’ère Covid, hmm ? Des parties de belotte, des mots-croisés, des réussites ?

    Ces grosses faignasses ne pouvaient que faire semblant de taffer et d’être débordés, sinon comment auraient-ils tout soudain trouvé le temps et la place de faire du tout-Covid, hmm ?

    Ou bien... ?

    Non, ils nauraient quand même pas, encore une fois, annulé les rendez-vous, les examens, les hospitalisations, les chirurgies, les chimiothérapies, les surveillances, les visites, les explorations complémentaires, les soins... de quasiment tous les autres patients ?!

    Dites-moi que je me trompe, et qu’avant, ils n’avaient pas de malades à soigner !....


  • I.A. 28 octobre 2020 21:26

    Bon, je dois dire que votre réponse est excellente. (Nous avons toute la compilation des « Inconnus »).

    Mais bon, soyons sérieux, un peu, que diable : est-ce que ce ne serait quand même pas un tout petit vrai, des fois ?

    Ben...


    • Nicolas Cavaliere Luigi Cavaliere 28 octobre 2020 22:11

      @I.A.

      Je n’ai jamais travaillé dans un hôpital, je ne saurai vous énoncer des caricatures, je me contenterai donc de vous rappeler les caricatures du passé, elles font toujours passer de bons moments, aux dépens de ceux dont on se moque.


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