mercredi 11 décembre 2019 - par C’est Nabum

Quand l’idole devient icône

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Avec la complicité de l’évêché.

Il y a deux ans, celui qui fut l’idole des jeunes quittait cette vallée de larmes, laissant derrière lui des arriérés fiscaux, une veuve éplorée et des milliers d’admirateurs en deuil. Même notre bon président y alla de son couplet, histoire de glaner quelques points de popularité, n’hésitant pas à évoquer Victor Hugo pour célébrer la mémoire de ce phare de la culture. La mort a ceci de merveilleux qu’elle efface toutes les ardoises.

C’est donc fort d’une virginité toute nouvelle que le chanteur affronta le bon Saint Pierre. Le responsable des clefs n’ayant rien d’un rockeur, la négociation fut ardue et il n’est pas certain que le postulant fut admis au Paradis. Mais qu’importe, son éternité était déjà en marche sur cette Terre si prompte à vénérer les dieux factices.

Deux ans plus tard, son chemin de sainteté est en marche sans coup férir. Le bon évêque d’Orléans, soucieux sans doute de remplir une cathédrale qui habituellement sonne le creux, ouvrit les portes de son édifice sacré, oint par la main de Dieu, faut-il le rappeler aux mécréants, pour honorer un Saint homme à la vie aussi irréprochable que sa discographie est pléthorique.

Pour respecter la grande tradition biblique, à cette magnifique occasion, les marchands du temple avaient élu domicile sur le parvis de la maison du seigneur afin de vendre tous les produits dérivés pour le culte du bienheureux : affiches, disques, CD, photographies, médailles, médaillons, bibelots et boucles de ceinturon. Le tout venant de la dévotion confite.

Les cloches sonnèrent à la volée sans parvenir à se faire entendre. Pour avoir le bourdon et un gros mal de tête, une centaine de motocyclettes bruyantes beuglaient à leur manière l’hommage à cet ange de la route avec des gros cubes d’une marque américaine bien connue sous le regard bienveillant d’une police municipale peu sensible aux décibels et à l'oxyde de carbone.

À l’intérieur de l’édifice sacré, 500 admirateurs se pressaient pour participer à la messe célébrant l'icône d’une société qui perd tous ses repères. Une homélie, deux lectures de la bible, une eucharistie le tout sonorisé à grand volume pour que retentissent dans la nef les chansons de Johnny. Pour ne pas choquer les oreilles du très haut, deux chansons écrites par Sainte Thérèse sont venues servir de prétexte à cette mascarade.

Un écran géant placé derrière l’autel prit le relais de la messe pour redonner vie au défunt La dévotion était à son comble, l’émotion était telle que les gorges se nouaient et que les chanteurs manquaient terriblement de justesse. La vedette du jour, du haut de son purgatoire, devait parfois se frotter les yeux tout en se bouchant les oreilles.

Tout ce cirque pour un drôle de paroissien qui ne fut en rien natif ou résident dans la ville. La cathédrale doit-elle ouvrir ses portes pour une telle adoration païenne ? Le clergé local se déshonore à faire d’une idole une icône devant laquelle il convient de s’incliner et même de prier. La doctrine catholique en prend un sacré coup.

Je sais que je risque le bûcher ou tout au moins une volée de bois vert de la part des admirateurs inconditionnels du chanteur. Je ne leur reproche nullement leur désir d’honorer chaque année la mémoire de celui qu’ils ont tant aimé, c’est leur droit. Ce qui relève à mes yeux du blasphème, de l’action impie par excellence, c’est, monseigneur l’évêque, de le faire dans votre cathédrale.

Que la honte retombe sur ces ecclésiastiques qui ont bradé leur âme en participant à cette messe noire, ce rite absolument païen. Je vous plains de tout mon cœur. Fort heureusement pour vous, le ridicule ne tue pas !

Idolâtrement vôtre

 



9 réactions


  • juluch juluch 11 décembre 2019 10:06

    Bien dis !


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 11 décembre 2019 10:57
    En organisant ce blasphème, cette action impie par excellence, l’évêque d’Orléans, représentant ici d’un faux christianisme devenu très à la mode, ajoute effectivement une honteuse contribution à la construction de cette société qui perd tous ses repères.

    • C'est Nabum C’est Nabum 11 décembre 2019 18:22

      @Pierre Régnier

      Après vérification l’évêque n’y est pour rien c’est le recteur le coupable

      Manque total de repères


  • Yann Esteveny 11 décembre 2019 18:08

    Message à avatar Nabum,

    Merci pour votre bon texte.

    Que les fanatiques de l’idole des jeunes et ex-jeunes n’aperçoivent même pas l’ombre d’un problème est une chose, mais que des catholiques participent ce 7 décembre 2019 à Orléans à cette messe blasphématoire interroge sur leur niveau de possession.

    Il aurait beaucoup mieux valu mourir de ridicule qu’entraîner les âmes vers l’Enfer. Même les athés commencent à comprendre que tout cela va très mal finir.


    • C'est Nabum C’est Nabum 11 décembre 2019 18:23

      @Yann Esteveny

      Je suis athée et même mécréant mais de voir les valeurs chrétiennes bafouées de la sorte me désespère


    • Yann Esteveny 12 décembre 2019 11:35

      « L’Église a trois sortes d’ennemis : les juifs, qui n’ont jamais été de son corps ; les hérétiques, qui s’en sont retirés ; et les mauvais chrétiens, qui la déchirent au dedans. »

      Blaise Pascal


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