lundi 16 juillet 2018 - par Laurent Simon

Et à la fin, c’est la zone euro qui gagne ! (2)

Depuis le traité de Maastricht (92), quatre fois sur 6 Coupes du monde, six fois sur 6 Coupes de l'euro [4]... la zone euro gagne une proportion impressionnante (10 sur 12) de compétitions.

Et à chaque fois que ces coupes ont été gagnées par un pays 'européen' (le critère étant la participation à la coupe de l'euro UEFA), ce pays était dans la zone euro !

Coupes du monde

1998 France, 2006 Italie, 2014 Allemagne 

(2 exceptions hors Europe : Brésil en 1994 et 2002)

Coupes de l'euro

Allemagne, France, Grèce, 

Espagne, Espagne, Portugal

 

En termes de probabilités, c'est tout simplement impressionnant.

Selon la population

La première façon d'aller un peu plus loin est de comparer par rapport aux populations respectives de chaque pays, et donc de la zone euro par rapport à la zone non euro. Zone euro : 337 Millions, sur Coupe Euro 750 M =>44.9% seulement. (Voir Eurozone et Euro 1996 )

Car avec la Russie, la Turquie, la Pologne, la Tchéquie, le Danemark, la Suède, le RU, la Suisse et la Biélorussie par exemple, la population des pays participant à la Coupe de l’Euro est bien plus nombreuse que celle de la seule UE (512.6 millions).

La probabilité pour la zone euro de remporter 6 coupes de l'euro est donc de 0,449 puissance 6 = 0,8% seulement !!! Il y aurait 0.8% seulement de chances à des pays de la zone euro de l’emporter 6 fois sur 6, si la population était un critère pertinent.

Et si l’on exclut la Russie et la Biélorussie, qui ne sont pas dans une forme économique fantastique, ce qui ne favorise pas d’attirer de nombreux excellents joueurs, cela fait encore 594 millions, et 56,7%, et donc 3,3% seulement de chances à des pays de la zone euro de l’emporter 6 fois sur 6.

C’est à dire 30 fois moins de chance que les 100% constatés !

Selon la 'valeur' économique des équipes

 La population n'est pas un critère suffisamment pertinent ?

Prenons alors un critère plus spécifique, aligné sur la 'valeur' supposée des joueurs constituant chaque équipe nationale, du point de vue des sommes déboursées par les clubs pour s'attirer leurs joueurs  [5].

Cette façon de faire évite plusieurs critiques, notamment :

  • celle relative au niveau de vie des différents pays : si un joueur a une cote élevée, alors qu'il provient d'un pays à faible PIB par tête, c'est probablement qu'il est employé par un club étranger, et les pays à faible niveau de vie ne sont donc pas pénalisés par ce critère
  • et même celle relative au niveau des joueurs, supposé directement lié à leur cote sur le marché. [6], et à leur moyenne qui peut différer selon les pays.

Ainsi, en tenant compte de la 'valeur' totale des équipes, en zone euro et hors zone euro, on s'affranchit de biais importants. Et les chiffres sont encore et toujours très parlants :

Zone euro : 6134 ; Hors zone euro : 2717 ; Total = 8854 millions d'euros.

Ratio (zone euro / total) = 69,3%, à la puissance 6 (6 coupes de l'euro) : 11% seulement.

Et pour les 4 Coupes du monde + les 6 Coupes euro, à la puissance 10 : 2.5% !!!

Il ne devrait donc y avoir qu'une chance sur 40 pour que cette conjonction de victoires se réalise !

Cela ne peut pas résulter du hasard.

La 3e partie de cet article "Et à la fin, c’est la zone euro qui gagne ! (3) Une équipe de foot peut-elle être séparée de son contexte socio-économico-politique ?" concernera les interprétations possibles.

 

PS. Cet article est écrit avant la finale, pour éviter toute contestation liée au statut de la Croatie versus l'euro : les gouvernemet successifs ont pris position pour passer à l'euro, et les sondages montrent aussi la volonté de la population en ce sens ; Mais ce pays n'est pas (encore) dans l'euro.



25 réactions


  • baldis30 16 juillet 2018 10:48

    Ah oui ...... l’eurocrassie .... en somme la crasse de l’Europe ...

     Et rose comme les roses ( éventuellement socialistes) elle a vécu l’espace d’un (mal) traité

     pardon Ronsard ....l’occasion était trop belle ....


  • Fergus Fergus 16 juillet 2018 10:50

    Bonjour, Laurent

    Euh... « Coupe de l’euro », cela n’existe pas !

    Le nom de cette compétition est « Championnat d’Europe des Nations », le terme « Euro » étant un diminutif marketing, à comparer avec « Mondial » pour « Coupe du Monde de football ».


  • gueule de bois 16 juillet 2018 10:59
    Ces stats n’ont que peu d’intérêt.
    Ce qui serait intéressant c’est d’essayer de prouver que la Coupe du Monde est en fait la coupe du fric.
    Cette année pas le moindre doute, l’équipe de France était la plus ’chère’ du tournoi quand on additionne les valeurs des joueurs sélectionnés au mercato.
    Le travail intéressant serait de faire les mêmes recherches pour les sessions antérieures.


    • Laurent Simon 16 juillet 2018 11:43

      @gueule de bois «  faire les mêmes recherches pour les sessions antérieures », OUI, mais je n’ai pas les données. Il faudrait faire un article sur avant la démarche de « monnaie unique », avec le marché commun, et il est facile de voir que la Coupe du monde a été remportée, entre 1958 et 1990 incluse, 6 fois par un pays d’Am.Latine, 3 fois par un pays européen, càd 2 fois Allemagne et 1 fois Italie, deux pays du marché commun (3 fois sur 3), ce qui confirme ce que j’affirme.


  • Laurent Simon 16 juillet 2018 11:57

    Et entre 58 et 92 (Coupe d’Europe des Nations), 7 fois sur 9 pour le marché commun - UE (le Danemark y est depuis 1973). Ce qui fait, avec la Coupe du monde, encore 10 fois sur 12 , les exceptions (notables) étant l’URSS (1960) et la Tchécoslovaquie (1976). La proportion reste extrêmement impressionnante, mais il faudrait aussi disposer de la liste des pays participants d’alors. Le calcul avec la valeur des transferts ne fonctionnerait pas cependant avec les pays de l’Est, comment faire, puisque la population n’est pas le meilleur indicateur ? 


    • izarn izarn 16 juillet 2018 15:14

      @Laurent Simon
      C’est pas du tout impressionnant, c’est le fait que le foot est fondamentalement européen. (Rien à voir avec l’UE)
      Hors certains pays d’Amérique latine, finalement peu nombreux en qualité : Brésil et Argentine...
      Il n’y a pas de foot en Amérique du Nord, ni en Asie, ni en extreme-orient sauf le Japon et la Corée...
      Le niveau plus relevé en Europe ? Question de culture sportive plus ancienne et de fric...C’est tout !


    • Laurent Simon 16 juillet 2018 16:13

      @izarn sauf que justement, les autres pays européens ne gagnent pas ces compétitions. Savez vous lire ?


  • Eric F Eric F 16 juillet 2018 12:03

    Panem et circenses, faute de croissance la zone euro fournit du rêve par procuration.


    • Laurent Simon 16 juillet 2018 12:19

      @Eric F Du pain, et des jeux, ce n’est pas nouveau, et la croissance, ou éventuelle plus faible croissance (mais pas versus le RU depuis le Brexit !) me semble avoir peu de rapport avec ça. 


    • Eric F Eric F 17 juillet 2018 18:11

      @Laurent Simon
      disons qu’il faut des substituts et du défoulement, un peu comme ces carnavals pour lesquels les gens se privent de l’essentiel toute l’année, pour figurer un seul jour.


  • Aristide Aristide 16 juillet 2018 12:25

    Encore la confusion entre corrélation et causalité. 




    • Laurent Simon 16 juillet 2018 12:34

      @Aristide Très bien. Mais alors comment expliquez vous qu’il n’y ait aucun « peuple souverain » selon l’expression des nationalistes et ’pseudo souverainistes’ qui ait gagné ces coupes ? Le seul exemple serait le Danemark, en 1992 (qui est une année très spéciale, juste après la chute du Mur, et qui pourrait être mise de côté). Même dans ce cas, cela fait 6 sur 9 jusque 94, et 17 sur 20 depuis 1957, Traité de Rome. Ce qui est une énorme proportion, et seulement 1 sur 20 sur toute cette période. On ne peut pas dire que ces pays ’souverains’ soient particulièrement puissants !


    • Aristide Aristide 16 juillet 2018 12:44

      @Laurent Simon


      Je n’explique rien et surtout pas en confondant corrélation et causalité. 

      Il faudrait faire une vraie étude, déterminer des critères qui puissent expliquer le fait, par exemple le nombre de licenciés, l’importance des clubs, le nombre de joueurs louant à l’étranger, ... pour les critères proche du foot, ... et surement d’autres nombreux critères tels que la pratique sportive, le niveau de vie, la vie associative, ... enfin vous voyez, non ?

      Vous savez, pour expliquer la différence, il suffit de prendre l’exemple de la corrélation entre le nombre de moustiques et la proportion d’hommes qui portent des pantalons courts. Personne n’en déduit que les moustiques raccourcissent les pantalons ...

    • Laurent Simon 16 juillet 2018 12:56

      @Aristide différence entre corrélation et causalité, oui je connais ! Merci de cet excellent exemple, au passage, très pédagogique. En l’occurrence, vous l verrez dans l’article suivant (3), je donne des pistes, mais qui ne sont pas très liées à la pratique du sport, mais plutôt d’ordre économqiue sociétal, etc. ’ Mais je suis bien d’accord, il faudrait faire une étude sérieuse, que je ne peux faire faute de temps (et de données). Il n’empêche, ma remarque reste valable, pour les autres internautes. 0 ou 1 cas sur 20, cela fait très très peu de pays ’souverains’ vainqueurs !


    • Aristide Aristide 16 juillet 2018 13:03

      @Laurent Simon


      Mais je suis bien d’accord, il faudrait faire une étude sérieuse,


      Et ben voilà, revenu à des méthodes plus scientifiques pour eviter d’écrire des bétises telles que « A la fin, c’est la zone Euro qui gagne »

      Il n’empêche, ma remarque reste valable

      Vous avez fait des stats avec la couleur des drapeaux, la durée du mandat des députés, le nombre de kilomètres d’autoroute enfin ... je suis sur que vous trouverez d’autres corrélations assez étonnantes.

    • Laurent Simon 16 juillet 2018 13:25

      @Aristide « A la fin, c’est la zone Euro qui gagne », ce n’est pas une bêtise. Il n’y a pas besoin de causalité pour écrire cela, c’est un fait ! Puis-je manifester ma surprise de votre manque de rigueur...


    • baldis30 16 juillet 2018 18:44

      @Laurent Simon
      « juste après la chute du Mur »

       mais qui est ce c... de gardien de but qui a mal placé son Mur et a laissé de l’espace sans savoir se placer ... ! Alors il y a des joueurs qui ont poussé le mur et le mur il est tombé et l’arbitre n’a rien vu...


    • Aristide Aristide 16 juillet 2018 19:22

      @Laurent Simon


      Pas un fait, deux faits : gagner la coupe et etre de la zone euro. En écrivant, « A la fin , c’est la zone euro qui gagne » vous établissez un lien de causalité puisque vous avancez que le fait d’être de la zone euro implique le gain de la coupe par un pays qui lui appartient.

      Mais bon, je ne vais pas continuer sur ce sujet tellement vous croyez à votre « découverte ».

       

    • Laurent Simon 16 juillet 2018 19:28

      @Aristide Désolé, mais le titre évoque une corrélation. C’est vous qui dites qu’il y a causalité. Dans l’article (3)j’évoque 3 hypothèses, présentées comme telles, avant votre post.


  • zygzornifle zygzornifle 17 juillet 2018 10:37

    La zone Euro gagne et c’est le citoyen qui trinque .....


  • wawa wawa 17 juillet 2018 13:47

    utiliser comme statistique le pourcentage de victoire a l’euro de foot ,qui regroupent une majorite de pays utilisant l’euro, ce ne serait pas un biais statistique ?


    cet article est n’importe quoi !!!!!!

    • Laurent Simon 17 juillet 2018 15:06

      @wawa Pourquoi ? Le rôle de l’Angleterre est clé en foot en tout cas, du fait de l’importance des clubs de foot anglais, qui sont riches, probablement au moins autant que les clubs allemands, italiens et espagnols en moyenne, et beaucoup plus que les français, ce qui explique en partie pourquoi les clubs français ont tant de mal à gagner la Ligue des champions. Ce qui en retour peut expliquer la ferveur française à gagner les Coupe du monde et de l’UEFA. Mais encore une fois, le fait d’utiliser la ’somme des valeurs’ des joueurs comme indicateur pour chaque pays évite de nombreux biais


  • Laurent Simon 18 juillet 2018 16:11

    Entre 58 et 1990 compris, l’Allemagne a gagné 5 fois sur 11 (et l’Urss et la Tchécoslovaquie 1 fois chacun). entre 1994 et 2018, elle a gagné seulement 2 fois sur 11 (je ne parle que des victoires ’européennes’ bien sûr), mais c’est la zone euro qui a pris le relais, et cette fois à 100% (pas d’exception).


    Il se trouve aussi que la domination était sud-américaine sur la coupe du monde (5 sur 9) entre 58 et 1990, alors qu’il n’y a eu que 2 victoires (du Brésil) entre 1994 et 2018. Mais là ce sont probablement d’autres phénomènes qui sont à l’oeuvre : expatriation des joueurs sud américains vers les clubs européens, plus argentés, et il semble plus difficile de constituer une équipe nationale puissante pour la Coupe du monde..

  • Laurent Simon 7 août 2018 20:45

    Voir aussi L’euro (2016) de toutes les surprises ! (1) et (2), articles antérieurs, en 2016, qui rappellent le contexte de la compétition de 2016, et ses nombreuses surprises (victoire de l’Allemagne face à l’Italie, de la France contre l’Allemagne..., ., 


  • Laurent Simon 7 août 2018 20:46

    Et aussi « La faute à l’euro ... depuis 40 ans !? » au niveau économique.Et aussi dans le domaine des infrastructures sportives "JO, Euro, Coupe du Monde... : comment éviter les dettes insoutenables ?


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