mardi 7 septembre 2010 - par
L’équipe de France en route vers l’anonymat
L’équipe de France a perdu son quatrième match consécutif hier soir face à la Biélorussie...du jamais vu depuis 1937.
Le match semblait commencer sous de bons augure : le stade était rempli de supporters qui agitaient des drapeaux français, la marseillaise a été reprise par tout le public et tous les joueurs avaient fait l’effort d’apprendre les paroles pour pouvoir la chanter ; certains y allaient de bon coeur et laissaient échapper des fausses notes ou chantaient à côté, bref il y avait indéniablement l’envie de bien faire, le désir de se racheter après avoir été si mauvais.
Néanmoins, la vue dans le même plan de Nicolas Sarkozy et de Fernand Duchaussoy, président par intérim de la FFF, nous ramène quelque peu à la réalité...tout un symbole, celui de la perte de grandeur et d’influence de la France dans le monde. Pour le premier, nous n’avons pas besoin d’étayer les faits tant ils sont connus de tous et seulement niés par les plus fanatiques, soit 0.01 % de la population. Quant au second, il a enfin atteint son but : devenir président de la FFF. On peut quand même noter qu’il ne connaît rien au football professionnel (il vient du football amateur) et qu’il a quand même voté pour le maintien de Domenech en 2008 alors qu’il était clair que ce dernier ne faisait plus l’affaire. Tel un Eric Woerth, il a récemment défendu cette décision en se déchargeant sur Gérard Houiller, directeur technique national de la FFF et ancien sélectionneur de l’équipe de France (1992-1993) qui aurait convaincu le conseil d’administration de garder Domenech pour des raisons qui pouvaient paraître obscures à l’époque mais qui ne le sont plus. D’après Jean-Michel Larqué notamment, il espérait un faux pas de Domenech afin de pouvoir arriver en sauveur et prendre sa place et enfin faire oublier le cruel échec de la qualification pour le mondial 1994.
Bon bref, oublions ce présage de mauvais augure et intéressons-nous au match : un match très ennuyeux à la qualité technique médiocre. Les Biélorusses ont été fidèles à eux-même et même meilleurs que ce que l’on pouvait attendre d’eux : ils n’ont pas totalement laissé la balle à l’adversaire, quitte à faire la passe à dix à 30 m de leur propres cages et ont su jouer les coups qui se présentaient à fond. Leur victoire n’est pas totalement imméritée : ils ont été très peu inquiétés par une équipe de France qui pèche toujours par son animation offensive des plus chaotiques (ils ne savent pas quoi faire du ballon dans les trente derniers mètres). Nos joueurs ont la fâcheuse tendance de jouer à dix touches de balles ce qui rend leur football très prévisible (et donc diminue nos chances de marquer) tandis que les Espagnols font au maximum trois touches de balle en phase offensive. Très peu d’occasions franches à part peut-être la frappe de Loïc Rémy qui a réussi à montrer de bonnes choses jusqu’à sa blessure et un lob de Valbuena qui n’est pas loin d’avoir été le meilleur joueur (ce qui montre le niveau de l’équipe de France). Sinon, Malouda est certes brillant à Chelsea mais est très moyen en équipe de France : il n’arrive pas à peser sur le jeu et n’a rien d’un leader naturel. Ménez est un joueur surcôté ayant tendance à jouer seul. Hoarau n’a pas le niveau international, Diaby a été décevant, les seules fois que je l’ai vu c’était pour faire des fautes. M’vila a su faire quelques bonnes interventions et parfois remettre l’équipe de France vers l’avant. La défense centrale est le gros point noir de l’équipe de France : incapable de rester imperméable même face à la Biélorussie ! Mexès et Rami ne semblent pas complémentaires et n’ont pas su empêcher le but biélorusse. Sagna est constant dans sa médiocrité : il ne se replie pas suffisamment et sa qualité de centre n’est pas fameuse mais sinon en vitesse de pointe c’est pas trop mal, mais bon le football ce n’est pas de l’athlétisme. Gaël Clichy fait partie de ces joueurs qui sont équipe de France parce qu’il joue à Arsenal chez tonton Wenger ! La réforme de l’équipe de France passe aussi par la réorganisation des filières d’approvisionnement. Il est vrai qu’à l’époque de Petit, Vieira, Henry, Pirès, cette filière était difficilement contournable mais maintenant, il faudrait ouvrir les yeux et regarder ailleurs !
Il faut dorénavant ouvrir les yeux : il se peut que l’équipe de France ne tutoie plus les sommets du football mondial pour un bon bout de temps, à cause d’une politique de formation de joueurs trop stéréotypée principalement basée sur le physique et pas suffisamment sur la compréhension du football en tant que système d’interactions, sur le projet de jeu. Le potentiel de joueurs de l’équipe de France n’a jamais été aussi bas durant ces quarante dernières années et j’ai du mal à croire que l’équipe de France puisse se qualifier pour l’euro 2012 ou du moins la tâche sera dure pour Laurent Blanc qui, malgré ses qualités, ne me semble pas capable de relever rapidement l’équipe de France. Mardi prochain, la France affrontera la Bosnie pour un match où elle ne sera pas favorite et qui sera décisif : si elle perd elle pourra dire adieu à une qualification directe et devra se battre pour obtenir un match de barrage avec un handicap d’au moins 4 points sur le deuxième. Si elle gagne, et j’ai du mal à le croire, c’est peut-être le début d’une belle aventure, comme en 1995 quand la France au pied du mur avait battu à l’extérieur la Roumanie de Hagi, 1-3.
Nous voilà plongés dans la médiocrité footbalistique qui sied si bien à la France de Sarkozy, qui quoiqu’on dise, est devenu le chat noir officiel de l’équipe de France.
P.S. Bilan sous Sarkozy : 19 victoires, 12 matchs nuls, 13 défaites.