mardi 13 juin 2006 - par jean charles espy

Les chiffres fous du Mondial

Le Mondial, ce n’est pas (hélas !) que du sport, certains vont même jusqu’à dire qu’il n’est aujourd’hui que le prétexte à un fabuleux casino économique avec ses gagnants... et ses perdants. Faisons le point sur les milliards du Mondial .

Préalable : la lecture de cet article risque de provoquer, chez tous ceux qui dénoncent les abus de la société de consommation, un sentiment de colère et d’écoeurement dont je rejette toute responsabilité.

Premier constat, les chaînes françaises TF1 et M6 devraient diffuser à perte l’événement. TF1 a acquis les droits pour les 21 meilleurs matchs dont les parties de l’équipe de France, pour 100 millions d’euros. Selon des analystes financiers de la Société Générale, la chaîne a provisionné une perte estimée entre 23 et 43 millions d’euros sans oublier les 18 millions perdus lors du Mondial 2002.

Même constat pour M6, qui a acheté les droits de 31 matchs pour 27 millions d’euros. La chaîne estime ses pertes à 10 à 15 millions d’euros. Reste à savoir comment ces sociétés privées, cotées en Bourse, donc redevables de résultats aux actionnaires, peuvent investir avec une quasi-garantie de perte ?

La réponse est simple, c’est une question d’image. « Les grands événements sportifs sont indispensables au statut d’une grande chaîne », déclare Etienne Mougeotte. Même discours chez M6 : « Le sport n’est pas rentable mais contribue à asseoir une image », répond en chœur Nicolas de Tavernost. En somme Suez ou Carrefour investissent en publicités, TF1, Canal+ ou M6 achètent des droits de diffusion ; à chacun sa manière de soutenir sa marque. Tant que ce n’est pas le contribuable qui paie !

Et bienheureux sommes-nous d’avoir accès à 64 rencontres en clair, chance que n’ont pas nos amis marocains privés de Mondial pour des raisons d’achat des droits par des chaînes cryptées. Deuxième constat, l’explosion, lors de ce Mondial, du mobile comme nouveau média de contenu d’images. Un opérateur téléphonique, SFR, devient le partenaire exclusif des commentaires de l’équipe de France. Deux moments forts ont marqué cet accord. Tout d’abord, l’interview en primeur de Zidane lors de l’annonce de sa retraite, ensuite, autre exclusivité, de Raymond Domenech cette fois, réservant les explications de ses choix tactiques aux quelque 500 000 abonnés 3G de SFR.

Les téléspectateurs s’étaient étonnés, lors de la présentation sur TF1 des 23 heureux élus, du silence de l’entraîneur (un grand moment). Un véritable scandale, comment le sélectionneur de l’équipe de France peut-il agir de la sorte ? Eh oui, tout se monnaie au royaume du marketing sauvage. Mais est-ce Domenech le coupable, ou la FFF qui a signé les accords ? En tout cas, c’est bien Domenech qui a touché les 50 000 € pour l’interview !

Troisième constat, la victoire de Berlin qui lutte pour s’imposer comme la véritable métropole allemande face aux deux villes rivales Munich et Hambourg. L’histoire retiendra que les quartiers généraux de la FIFA, les médias avec leurs 15 000 journalistes, mais surtout la finale, suivie par 35 milliards de télespectateurs, aura lieu à Berlin. Un véritable symbole aux retombées économiques prévisibles, et surtout une victoire de Franck Beckenbauer face aux lobbies financiers outre-Rhin. Une Allemagne qui a su gérer le Mondial en véritable business unit. Face aux 6 milliards investis, les recettes sont estimées à 8 milliards. Même constat pour la FIFA qui va battre ses records de bénéfices, attendus au minimum à 110 millions d’euros. Faut dire que le ticket d’entrée des 15 sponsors officiels à 50 millions d’euros et des 12 sponsors nationaux à 20 millions d’euros n’a jamais été aussi élevé ! Adidas, l’un de ces sponsors officiels, n’aura pas à se plaindre de cet investissement. L’équipementier a déjà revu à la hausse son chiffre d’affaires sur les ventes d’articles de football pour 2006, de 1 milliard à 1,2 milliard d’euros. A lui seul, le « teamgeist », le ballon du Mondial, a explosé ses objectifs de vente de 10 à 15 millions d‘unités vendues, sans compter les chaussures et les maillots !

Constat inverse pour Emirates, qui reste une marque non identifiée malgré sa visibilité. Quatrième constat, avec 25 millions d’euros apportés par ses partenaires, l’Equipe de France reste une valeur sûre en matière de partenariat. 2002 est déjà oublié ? Certainement pas, mais la volonté de remplacer le mot sponsor par partenaire implique un investissement actif à moyen terme de l’équipe nationale, les exemple SFR et RTL en témoignent. Autre nouveauté limitant le risque d’échec, l’utilisation de l’image des Bleus en relais d’opérations vers les jeunes, les 475 000 licenciés âgés de 12 à 18 ans et plus globalement le foot amateur, comme le font Coca Cola, Carrefour et le Crédit Agricole. De la distribution (Carrefour et Casino) aux produits bruns (une hausse de 18% des ventes de téléviseurs vs 2005) aux produits alimentaires, en passant par l’édition, la presse, le textile, tous les secteurs sont concernés.

Le Mondial est vraiment devenu un véritable phénomène économique, aucun doute là-dessus. Et le foot dans tout ça ? Espérons que derrière tout cet étalage d’argent et de marques, le spectacle reste roi, pour le plaisir de millions de petits et grands enfants du monde entier.



11 réactions


  • Fyter (---.---.228.180) 13 juin 2006 10:37

    « suivie par 35 milliards de télespectateurs » , je ne savais pas qu’on était au temps sur Terre, de plus à regarder le football ? A en faite, on compte les spectateurs des autres galaxies ...


  • (---.---.73.58) 13 juin 2006 10:46

    L’auteur voulait évidemment parler d’audience cumulée.


  • Euvanol (---.---.67.247) 13 juin 2006 14:43

    Je ne suis pas persuadé que l’affaire soit si rentable que ça. Ou du moins, pas pour tout le monde. Songez par exemple à l’absentéisme qui va sans doute coûter cher aux entreprises. Ou aux frais engagés par les municipalités pour la création/rénovation de leurs infrastructures. Certaine entreprises vont s’en mettre plein les poches, mais je doute que la société dans son ensemble en bénéficie (d’un point de vue financier, s’entend).


  • jebthebear (---.---.3.72) 13 juin 2006 14:58

    Sans vouloir etre méchant, il sert a quoi cet article ?? (rapport a la « politique éditoriale » d’AVox). On ne nous apprend rien ! Besoin de combler un manque d’article ?

    Jeb


  • neurone (---.---.200.73) 13 juin 2006 16:53

    Hummmm ... les chiffres ne sont pas verifiable. Personne ne connais actuelement le prix de la minute de pub lors de la finale, et ce pour une raison : si l equipe de France y est, le prix serra plus chere que si c est le togo. article peut interessant a mon gout.


  • éric (---.---.46.67) 13 juin 2006 17:21

    Ne regardons pas, la pub tombera dans le vide. Il y tellement d’autres choses à faire... Mais il est vrai que le peuple veut du pain et des jeux.


  • (---.---.94.240) 13 juin 2006 18:14

    allez les bleus................


  • ka (---.---.30.12) 13 juin 2006 20:50

    En parlant de chiffres, France / Suisse 0 - 0. Pas de buts mais des occasions très proches de la concrétisation. Et surtout pas mal de cartons jaunes pas moins de 3 pour la France (Zidane, Sagnol et Abidal) et 5 pour les suisses.


  • Sylvio (---.---.202.91) 13 juin 2006 22:56

    chuuuut, le foot c’est sacré ;o)


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