vendredi 19 octobre 2018 - par Axel_Borg

Les sept vies de la Ligue des Champions (1956-2018)

En 1966, au stade du Heysel à Bruxelles, le Real Madrid remporte face au Partizan Belgrade sa sixième Coupe d’Europe des Clubs Champions, dix ans après son premier triomphe face au Stade de Reims au Parc des Princes, le 13 juin 1956. L’UEFA offre ainsi au club madrilène le trophée européen, et par la suite jusqu’en 2008, chaque club gagnant trois C1 consécutivement ou gagnant sa cinquième Coupe aux Grandes Oreilles pourra conserver le trophée …

Dans Une Brève Histoire de l’avenir (2008), l’essayiste Jacques Attali, ancien sherpa de François Mitterrand à l’Elysée, explique comment neuf villes ont été l’épicentre de la vie économique mondiale au fur et à mesure des siècles et de l’Histoire …

  • Bruges et le gouvernail d’étambot
  • Venise et la caravelle
  • Anvers et l’imprimerie
  • Gênes et la comptabilité
  • Amsterdam et la flûte (bateau) qui permit l’essor du commerce maritime des Pays-Bas
  • Londres et la machine à vapeur
  • Boston et le moteur à explosion
  • New York City et le moteur électrique
  • Los Angeles (Silicon Valley) et le microprocesseur

On aurait pu rajouter Florence, la cité des Médicis ayant été la capitale de la Renaissance italienne, la Toscane diffusant sa langue au reste de l’Italie au travers des siècles jusqu’au Risorgimento de 1861. Plusieurs villes ont connu de terribles drames dans l’Histoire : le grand incendie de Rome en l’an 64, déclenché par l’empereur Néron. L'incendie éclata dans la nuit du 18 juillet 64 dans la zone du Circus Maximus et sévit pendant six jours et sept nuits en se propageant pratiquement dans toute la ville.

Le grand incendie de Londres en 1666, menant à la création de la compagnie d’assurance de la Lloyd’s et à la reconstruction de la City, notamment via la Basilique Saint-Paul, par Christopher Wren. Ce violent incendie avait ravagé le centre de la ville de Londres du dimanche 2 septembre au mercredi 5 septembre 1666. Les flammes ravagent la Cité à l’intérieur du mur romain et menacent le quartier aristocratique de Westminster, le palais de Whitehall, résidence du roi Charles II, et la plupart des quartiers pauvres de banlieue, sans toutefois les atteindre. Il consume 13 200 maisons, 87 églises paroissiales, la Cathédrale Saint-Paul, et la majorité des bâtiments publics de la Cité. Les pertes humaines enregistrées sont très faibles, mais ne représentent peut-être qu'une fraction des victimes. L’incendie se déclare peu après minuit le 2 septembre dans une boulangerie de Pudding Lane et se propage rapidement vers l’ouest. L’indécision du lord-maire Thomas Bloodworth retarde la création de coupe-feu par démolition qui était, à l’époque, la principale technique de lutte contre les incendies. Des démolitions de grande envergure sont ordonnées dans la nuit, mais il est déjà trop tard, car le vent a eu le temps d’attiser les flammes. Le lundi, le sinistre se propage vers le nord et le cœur de la Cité. Cette journée voit l’apparition de rumeurs accusant les Français et les Hollandais d’avoir allumé l’incendie, donnant lieu à des lynchages. Il s’étend à la plus grande partie de la Cité dans la journée du mardi, détruisant la cathédrale Saint-Paul et traversant la Fleet pour menacer la cour de Charles II à Whitehall. Il est circonscrit grâce à deux facteurs : la tombée des forts vents d’est et l’utilisation par la garnison de la tour de Londres de sa poudre à canon pour créer des coupe-feu efficaces empêchant les flammes de se propager vers l’est.

Le terrible séisme détruisant Lisbonne en 1755 vient ensuite dans l'Histoire des grands drames causés par le destin. Cette catastrophe eut lieu le 1er novembre 1755 à 9 h 40 du matin. Selon les sources, on dénombre entre 50 000 et 70 000 victimes parmi 275 000 habitants. La secousse fut suivie par un tsunami et des incendies, qui détruisirent la capitale du Portugal dans sa quasi-totalité. Ce séisme n'ayant pas été enregistré grâce à des sismographes, sa magnitude et son épicentre ont été calculés de manière indirecte, en fonction du contexte géologique et de la répartition des destructions. Les sismologues estiment sa magnitude entre 8,5 et 9. Son épicentre exact reste discuté, mais se situait dans l'océan Atlantique, probablement à environ 200 km au sud-ouest du cap Saint-Vincent. D'après les études paléosismologiques, le temps de récurrence d'un tel séisme est de l'ordre de 1500 à 2000 ans. La catastrophe intensifia les tensions politiques au Portugal et perturba profondément les ambitions coloniales du pays au XVIIIe siècle.

La grande crue de 1910 à Paris vient ensuite à l'esprit. La crue de la Seine de 1910, souvent qualifiée de crue centennale, est le plus important débordement connu de la Seine après celui de 1658. Il a touché la plus grande partie de sa vallée et, bien qu'il n'ait pas été très meurtrier, a causé d'importants dommages à l'économie régionale, en particulier à Paris. La Seine a atteint son niveau maximal, 8,62 mètres sur l'échelle hydrométrique du pont d'Austerlitz à Paris le 28 janvier. Elle a affecté de nombreux quartiers de la capitale et de nombreuses villes riveraines du fleuve pendant plusieurs semaines avant et après cette date. La montée des eaux s'est faite en une dizaine de jours, et la décrue en 35 jours environ. Les affluents et les confluents de la Seine connaissent le même sort à des degrés différents, du fait de l'interdépendance des différents systèmes hydrologiques. Certaines villes de banlieue subissent des dégâts importants. Lors de cette grande crue de 1910, les députés, pour réamorcer la reprise du travail, se rendent à l'Assemblée nationale en barque. Le zouave du pont de l'Alma, sur lequel les Parisiens ont l’habitude de mesurer la hauteur des crues de la Seine, a de l’eau jusqu’aux épaules.

Enfin, les terribles inondations de l’Arno en 1966 à Florence, conduisant à la fermeture du célèbre Ponte Vecchio faisant la fierté de la cité toscane. Dans la nuit du 3 au 4 novembre 1966, le fleuve Arno casse ses levées et le niveau de l'eau monte dangereusement. Les premiers dommages se manifestent directement sur le célèbre Ponte Vecchio et les boutiques qui y sont installées. Après avoir inondé les quais, le fleuve déborde dans toute la ville qui comporte de nombreuses cuvettes topographiques et atteint rapidement le premier étage des maisons. Les rues de Florence sont devenues un immense marécage de boue, mélange de débris et de mazout échappé des caves (approvisionnées pour l'hiver). La boue et l'eau entrent partout, que ce soit dans les églises, les musées ou la bibliothèque centrale, provoquant des dommages considérables sur le riche patrimoine artistique de la ville. L'inondation fait 34 morts (17 à Florence même et 17 dans le reste de la Province). Le fleuve n'abandonne les rues de Florence que 2 jours plus tard, laissant la ville dans une situation catastrophique : il manque des vivres, du pain, l'énergie électrique et de l'eau potable. La crue dépasse les 4,92 m dans la ville atteignant un maximum de 6,70 m. Les secours affluent de toute l'Italie ainsi que des volontaires (beaucoup d'étudiants) du monde entier. On les appellera les Mud Angels et une stèle sera érigée pour rappeler leur action. Aux États-Unis, le sénateur Ted Kennedy annoncera à la télévision la création du C.R.I.A. (Committee for the Rescue of Italian Art) sous son patronage et celui de Jacqueline Kennedy. On compte 50 000 familles sans abri, 15 000 voitures détruites jonchent les rues, 6 000 boutiques sont ravagées. Le pont dell'Anchetta, inauguré en 1949, est détruit.L'eau est entrée dans le Baptistère, au Palazzo Vecchio, dans la Cathédrale en provoquant partout de grands dommages à de très nombreuses œuvres d'art, dont les 8 000 toiles qui sont entreposées dans les sous-sols des Offices et dans ses ateliers de restauration.

Il en fut de même pour les grandes cités du football européen, marquées au fer rouge par des drames humains ou financiers : Turin et l’accident de Superga décimant le Grande Torino en mai 1949 au retour d’un match amical à Lisbonne contre le Benfica (jubilé du capitaine), Manchester et le drame aérien de Munich en 1958, Liverpool et le drame bruxellois du Heysel en mai 1985, Marseille et l’affaire OM / VA en 1993 privant le club phocéen de Coupe Intercontinentale 1993 contre Sao Paulo, lui faisant perdre le titre de champion de France 1993 sur tapis vert et le condamnant en 1994 au purgatoire de la D2, Turin encore et le scandale du Calciopoli en 2006 pour la Juventus reléguée à l’antichambre de la Série B pour la saison 2006-2007 …

Comme chez Jacques Attali, on peut lister une chronologie de villes majeures en Europe pour le football des nations puis de clubs

  • Florence et son calcio, sorte de soule médiévale toujours pratiquée de nos jours en Toscane sur la Piazza Santa Croce, et dont l’existence fait que les Italiens revendiquent parfois la paternité du football moderne aux dépens des Anglais …
  • Londres et sa Football Association de 1863, née d’une dissidence avec le rugby au milieu du XIXe siècle, dans les collèges huppés d’Eton, Westminster, Rugby et autres Winchester. La légende veut que le football soit né en 1848 à l’université de Cambridge, l’une des plus anciennes du monde occidental avec sa rivale d’Oxford : parmi les plus anciennes d’Europe respectivement fondées en 1096 environ pour Oxford et 1209 pour Cambridge, avec Bologne en Italie depuis 1088, Coimbra au Portugal depuis 1290, Heidelberg en Allemagne depuis 1386, Paris la Sorbonne depuis 1257 et Montpellier en France depuis 1289, Salamanque en Espagne depuis 1218 … Aux Etats-Unis, l’Ivy League est bien entendue plus récente bien que certaines universités soient antérieures à l’indépendance américaine de 1776 : Harvard (1636), Yale (1701), Princeton (1746), Columbia (1754), MIT (1861), Berkeley (1868), Stanford (1891), Rice (1891)
  • Vienne et son Wunderteam dont l’architecte était Hugo Meisl, avec en métronome le génial Matthias Sindelar, qui défia le régime nazi par une victoire 2-0 contre l’Allemagne après l’Anschluss au printemps 1938. Plus belle équipe nationale des années 30, l’Autriche fut pourtant surclassée par l’Italie dans les palmarès de cette décennie, la Nazionale s’offrant deux titres mondiaux (1934, 1938) et une médaille d’or aux Jeux Olympiques de Berlin (1936)
  • Turin et son Grande Torino disparu à Superga le 4 mai 1949, entraînant le grand Valentino Mazzola et ses coéquipiers dans la mort. Le club au maillot grenat ne s’en releva jamais, malgré un Scudetto gagné en 1976. Et l’Italie, elle, ne put défendre correctement son titre mondial de 1938 lors de la Coupe du Monde 1950 au Brésil …
  • Budapest et son Aranycsapat, le onze d’or hongrois mené de main de maître par Ferenc Puskas avant que le miracle de Berne ne fasse triompher la RFA sur l’armada magyar présumée invincible, le 4 juillet 1954. Deux ans plus tard, à l’automne 1956, les chars soviétiques entraient dans Budapest pour mater l’insurrection hongroise … Il y aura le printemps de Prague en 1968, bien avant la chute du Mur de Berlin en 1989. La Hongrie, elle, ne retrouvera jamais une équipe digne du onze d’or, même si Florian Albert (Ballon d’Or 1967) réveillera la nostalgie magyar en 1966 sur les pelouses de la Perfide Albion, un an après la victoire du Ferencvaros sur la Juventus Turin en Coupe des Villes de Foire (1965). Ironie du sort, l’Union Soviétique de Lev Yachine sera le fossoyeur des ambitions hongroises lors de cette World Cup anglaise de 1966 …
  • Madrid et son incomparable mythe né de cinq victoires européennes de suite sous l’égide du divin chauve Alfredo Di Stefano, alias la Saeta Rubia qui avait fait des malheurs à River Plate et Bogota dans la lignée de la Maquina de River, celles de José Manuel Moreno et Adolfo Pedernera, esthètes du cuir des années 40. Comme son contemporain Juan Manuel Fangio, le pilote de F1, Di Stefano revint en Europe, terre de ses ancêtres italiens qui avaient fui le Vieux Continent pour l’Argentine à la fin du XIXe siècle. Et comme Fangio sur les circuits d’Europe, Di Stefano domina les joueurs européens sur leurs propres pelouses, même ses coéquipiers Ferenc Puskas, Francisco Gento et Raymond Kopa devant s’incliner face au divin chauve qui tenait le grand Real Madrid sous sa férule, sans parler de ses adversaires, Nils Liedholm, Laszlo Kubala, Sandor Kocsis, Duncan Edwards, et autres Gunnar Nordahl.
  • Lisbonne et ses beaux habits de lumière, portés à merveille par la Panthère du Mozambique, Eusebio, qui comme son complice offensif Mario Coluna venait de loin, de l’empire colonial portugais, du côté de l’actuelle Maputo (Lourenço Marques). Plus que George Weah, Rabah Madjer, Samuel Eto’o, Abedi Ayew Pelé, Yaya Touré, Roger Milla, Thomas N’Kono, Michael Essien ou encore Didier Drogba, le meilleur joueur africain de tous les temps est en fait Eusebio, portugais par le passeport mais africain de cœur de par son adolescence vécues au Mozambique, au Sud-Est du continent noir.
  • Milan et son catenaccio, verrou défensif imprenable grâce à Giacinto Facchetti du côté de l’Internazionale, dissident de l’AC Milan fondé en 1908 et qui se vengera du premier titre européen des Rossoneri en 1963 par un doublé continental en 1964 – 1965, avant une riposte du Milan en 1969. L’opposition des deux géants de Lombardie aura même des impacts sur la Nazionale des années 60 et du début des années 70, les sélectionneurs de la Squadra Azzurra s’obstinant à opposer les deux manieurs de ballon qu’étaient Gianni Rivera (AC Milan) et Sandro Mazzola (Inter) au lieu de les associer !
  • Amsterdam et son football total sous l’égide d’un virtuose appelé Johan Cruyff avant que le plus doué des Godenzonen, le David Bowie du ballon rondne quitte le maillot de l’Ajax pour céder aux sirènes de Barcelone. La ville, souvent appelée Venise du Nord comme Bruges ou Stockholm, domina l’Europe du football durant trois années, au début des seventies. Si Katmandou était la capitale des hippies et New York celle de la finance, Amsterdam était bien, sans nul doute aucun, celle du football entre 1971 et 1973 … Johan Cruyff a tellement écrasé le football qu’un astéroïde porte son nom entre Mars et Jupiter (dieux romains de la Guerre et du Ciel) depuis le 23 septembre 2010, le 14 282.
  • Munich, symbole de l’Allemagne éternelle et impitoyable, sous la férule de Franz Beckenbauer qui rejoindra ensuite Pelé dans l’Eldorado de la NASL, au Cosmos New York, avant que le Bayern ne devienne le FC Hollywood dans les années 90. Rivale d’Hambourg et Berlin, capitale de l’Allemagne méridionale, Munich a donc profité du football et du sport (Jeux Olympiques d’été de 1972, le stade olympique et sa célèbre toile d’araignée faisant face au siège de BMW) pour exister outre Rhin, la ville restant associé au putsch de la brasserie raté d’Adolf Hitler (1923) et aussi aux accords du déshonneur (dixit feu Winston Churchill) signés par Neville Chamberlain et Edouard Daladier (1938) face à Hitler et Mussolini.
  • Liverpool et son Kop d’Anfield, pour qui le football n’était pas une question de vie ou de mort, mais bien plus important que cela (dixit feu Bill Shankly). La ville avait d’abord existé par les Beatles, qui ont conquis Hambourg, puis Londres, les Etats-Unis et enfin le monde entier … Liverpool, ville industrielle et portuaire, existera aussi par le football, Liverpool FC ayant pour rival local Everton, et un hymne universel : You’ll never walk alone.
  • Turin et les beaux dessous de la Vieille Dame, avec le petit-fils le plus doué de la Vecchia Signora ayant pour nom Michel Platini, sa grand-mère octagénaire née en 1897 (86 ans en 1983) contribuant à lui offrir le plus beau des cadeaux trois années de suite sous le sapin de Noël : le Ballon d’Or de France Football, même si Platoche snoba la remise du trophée en 1984 et 1985 (faite en catimini au musée Grévin avec Jacques Ferran).
  • Milan de nouveau et la renaissance du phénix italien après le Heysel, dans une université du football moderne signée du tandem Silvio Berlusconi / Arrigo Sacchi et un football 2.0 porté par Franco Baresi et Marco Van Basten, l’Associazone Calcio Milan renouant avec le concept initial de diavolo (diable) voulu en décembre 1899 par son fondateur anglais Herbert Kilpin sur le maillot rossonero  : Nous porterons du rouge et du noir : le rouge car nous serons des Diables, et le noir pour la peur que nous inspirerons chez l'adversaire.
  • Manchester et son théâtre des rêves avec en chef d’orchestre sir Alex Ferguson qui vengera le drame aérien de Munich (1958) avec deux titres européens s’ajoutant à celui de 1968 signé de Matt Busby et Bobby Charlton. Contrairement au Grande Torino décimé par Superga en 1949, Manchester United avait pu se reconstruire suite au drame de Munich.
  • Madrid et son deuxième âge d’or galactique au carrefour du nouveau millénaire, avec Raul, Fernando Redondo, Luis Figo et Zinédine Zidane comme ambassadeurs du président Florentino Perez, avatar de Santiago Bernabeu encore plus porté sur le nerf de la guerre que le présumé pantin du général Franco dans les années 50.
  • Barcelone, ses 100 000 cas « socios » et sa Dream Team 2.0 signée Guardiola, le fils spirituel de Cruyff, avec un OVNI nommé Lionel Messi soutenu par Xavi et Andres Iniesta, pour une cathédrale du beau jeu qui ne fait cependant pas l’unanimité.

Mais seules quelques villes, Madrid (Real), Amsterdam (Ajax), Munich (Bayern), Milan (AC Milan), Liverpool (Liverpool FC) et Barcelone (Barça) ont pu associer à jamais leur nom au trophée de la C1 … Explications !

  • Vie I (de la saison 1955-1956 à la saison 1965-1966) : Real Madrid, les 6 couronnes de la Meringue
    • Joueur Décisif du Club gardant le trophée  : Alfredo Di Stefano (buteur cinq années de suite entre 1956 et 1960), devant Ferenc Puskas et Francisco Gento (seul joueur de l’Histoire à avoir gagné 6 fois la C1)
    • Meilleur Joueur de la Période : Alfredo Di Stefano (Real Madrid) devant Ferenc Puskas (Real Madrid), Eusebio (Benfica Lisbonne), Luis Suarez (FC Barcelone puis Inter Milan) et Giacinto Facchetti (Inter Milan)
    • Entraîneur Décisif du Club gardant le trophée : José Villalonga (Real Madrid)
    • Meilleur Entraîneur de la Période : Bela Guttmann (Benfica Lisbonne) devant Helenio Herrera (FC Barcelone et Inter Milan), Nereo Rocco (AC Milan), José Villalonga (Real Madrid) et Miguel Munoz (Real Madrid)
    • Match Clé : Real Madrid – Stade de Reims 4-3 (finale de C1 1956), car cette finale a lancé le Real vers les sommets même si le feu d’artifice de 1960 à Hampden Park (7-3 contre Francfort) reste inoubliable (triplé de Di Stefano et quadruplé de Puskas)
    • Bilan de la Période par Clubs :
      • Real Madrid 6 titres européens (1956, 1957, 1958, 1959, 1960, 1966) et 2 finales (1962, 1964)
      • Benfica Lisbonne 2 titres européens (1961, 1962) et 2 finales (1963, 1965)
      • Inter Milan 2 titres européens (1964, 1965) et 1 demi-finale (1966)
      • AC Milan 1 titre européen (1963), 1 finale (1958) et 1 demi-finale (1956)
      • Stade de Reims 2 finales (1956, 1959)
      • FC Barcelone 1 finale (1961) et 1 demi-finale (1960)
      • Fiorentina 1 finale (1957)
      • Einthracht Francfort 1 finale (1960)
      • Partizan Belgrade 1 finale (1966)
      • Manchester United 3 demi-finales (1957, 1958 et 1966)
      • Hibernian 1 demi-finale (1956)
      • Etoile Rouge de Belgrade 1 demi-finale (1957)
      • Vasas Budapest 1 demi-finale (1958)
      • Atletico Madrid 1 demi-finale (1959)
      • Young Boys de Berne 1 demi-finale (1959)
      • Glasgow Rangers 1 demi-finale (1960)
      • Hambourg SV 1 demi-finale (1961)
      • Rapid Vienne 1 demi-finale (1961)
      • Tottenham Hotspur 1 demi-finale (1962)
      • Standard Liège 1 demi-finale (1962)
      • Dundee United 1 demi-finale (1962)
      • Feyenoord Rotterdam 1 demi-finale (1962)
      • Borussia Dortmund 1 demi-finale (1964)
      • FC Zurich 1 demi-finale (1964)
      • Liverpool 1 demi-finale (1965)
    • Equipe Type de la Période (*) : Yachine (Dinamo Moscou) – Facchetti (Internazionale), Jonquet (Stade de Reims), Santamaria (Real Madrid), C.Maldini (AC Milan) - Liedholm (AC Milan), Kubala (FC Barcelone), Kopa (Stade de Reims / Real Madrid) - Eusebio (Benfica), Di Stefano (Real Madrid), Puskas (Real Madrid)

Les années 50 sont celles de la reconstruction du Vieux Continent, avec l’aide du plan Marshall sous l’égide des Etats-Unis. Dans les années 50, les jeunes Européens étaient fascinés par l’Amérique et tout ce qui s’y rapportait … Elvis Presley et son rock n’roll embryonnaire, Coca-Cola, les jeans, le chewing-gum, les films d’Hollywood et leurs stars les plus charismatiques, telles John Wayne, Rita Hayworth, James Dean, Charlton Heston, Grace Kelly, Cary Grant, Gregory Peck, James Stewart, Marilyn Monroe, Peter Ustinov, Orson Welles ou encore Marlon Brando. Seul l’univers si particulier du sport a résisté à cette hégémonie venue d’outre Atlantique : football américain, basket-ball, hockey sur glace et baseball n’ont jamais passionné les foules en Europe, écrasés par le football, le cyclisme ou le tennis, sports omniprésents sur le Vieux Continent.

Après la conférence de Messine en 1955 et la crise de Suez en 1956, la Communauté Economique Européenne est créée le 25 mars 1957 suite au traité de Rome entre six Etats fondateurs, la RFA, la France, l’Italie, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique. Bruxelles accueille d’ailleurs l’Exposition Universelle en 1958, symbole de paix après la Seconde Guerre Mondiale qui a mis fin à l’horreur nazie. En 1958, l’Atomium sera le cadre de la finale européenne jouée au stade du Heysel entre le Real Madrid et l’AC Milan, mais aussi celui du départ du Tour de France cycliste gagné par le Luxembourgeois Charly Gaul. La Grande Boucle avait pu redémarrer dès 1947 grâce à Jacques Goddet, la Formule 1 créé son championnat du monde en 1950 avec une kyrielle de Grands Prix en Europe. La bande dessinée européenne vit son acmé avec Tintin (l’Affaire Tournesol, Coke en Stock), Alix (le Sphinx d’Or, la Tiare d’Oribal, la Griffe Noire), Spirou (Il y a un sorcier à Champignac, Spirou et les Héritiers, les Voleurs du Marsupilami, la Corne de Rhinocéros, le Dictateur et le Champignon, la Mauvaise Tête, les Pirates du Silence), Lefranc (la Grande Menace, l’Ouragan de Feu, le Mystère Borg), Astérix (Astérix le Gaulois) ou encore Blake et Mortimer (la Marque Jaune, S.O.S. Météores), tandis que le rock n’roll prendra son essor à la fin des années 60, avec les Beatles à Liverpool. Le football, lui, n’a que la Coupe du Monde comme compétition de grande ampleur, organisée tous les quatre ans comme les Jeux Olympiques.

En milieu de semaine, des matches amicaux entre clubs de différentes nations meublent les mercredis soirs avant que le week-end ne redonne sa place aux championnats domestiques.

La Coupe d’Europe des Clubs Champions n’a rejoint la bannière UEFA que pour sa deuxième édition, en 1956-1957. La première, en 1955-1956 est organisée par le quotidien français L’Equipe, sur une idée de Gabriel Hanot et Jacques Ferran. Les deux journalistes de Jacques Goddet ont rebondi sur les déclarations arrogantes du club anglais de Wolverhampton, qui en 1954 s’était auto-proclamé meilleur club du monde après une tournée européenne triomphale contre le Spartak Moscou et le Kispest Honved.

En effet, après les victoires des Wolves, le Daily Mail proclame le club « champion du monde des clubs ». Gabriel Hanot réplique dans L'Équipe en lançant un appel à la fondation d'une Coupe d'Europe le 15 décembre 1954 : Attendons pour proclamer l'invincibilité de Wolverhampton qu'il soit allé à Moscou et à Budapest. Et puis, il y a d'autres clubs de valeur internationale : Milan et le Real Madrid, pour ne citer que ceux-là. Une série d'articles du quotidien sportif parisien explique des semaines durant les avantages d'une telle épreuve, et les premières réactions sont plutôt positives.

Dès le 16 décembre 1954, Jacques de Ryswick signe un article présentant le projet de Coupe d'Europe interclubs. Devant les réactions positives de l'Europe entière, L'Équipe rédige le 25 janvier 1955 un avant-projet de règlement signé par Jacques Ferran. Le 3 février 1955, L'Équipe publie la liste des clubs invités à disputer la première édition de l'épreuve. Durant le mois de février, les clubs confirment leur participation. Le 26 février 1955, la FIFA contacte L'Équipe pour lui confirmer que ses statuts n'empêchent pas l'organisation d'une telle compétition : L'organisation d'un pareil tournoi n'est pas subordonnée à l'autorisation préalable de la FIFA, dont les statuts (article 38) ne visent que les compétitions entre équipes représentatives nationales. L'UEFA vient à peine d'émerger des limbes, et ses statuts sont quasi vierges. Le 1er mars, le comité exécutif de l'UEFA se déclare inapte à assurer correctement l'organisation d'une telle épreuve et laisse à chaque fédération le libre choix d'accepter ou pas de prendre part à cette épreuve.

Les 2 et 3 avril 1955 à Paris, l’hôtel Ambassador, au 16 boulevard Haussmann, abrite une vingtaine de gentlemen occupés à rédiger le règlement de cette compétition inter-clubs qui enterrera définitivement la Mitropa Cup et la Coupe Latine. La première était née en 1927 du fait du rapprochement des clubs autrichiens, yougoslaves, tchécoslovaques et hongrois. L’idée était d’Hugo Meisl, futur architecte du grand Wunderteam autrichien des années 30. L’Autriche, isolée sur l’échiquier européen du football depuis 1920, subissait le sort des vaincus du traité de Versailles. Les nations britanniques avaient quitté la FIFA en 1920 face au veto de l’instance suprême d’exclure l’Autriche et l’Allemagne, perdants de la Première Guerre Mondiale. Aux yeux des Anglais, Ecossais, Gallois et Nord-Irlandais, la FIFA venait de franchir le Rubicon en refusant d’avaliser cet apartheid sportif. En 1929, l’Italie rejoignit la Mitropa Cup (contraction de Mittel Europa), suite au rapprochement diplomatique avec l’Autriche et la Hongrie voulu par le Duce Benito Mussolini et son Ministre des Affaires Etrangères Dino Grandi. La Mitropa Cup durera jusqu’en 1992, et un seul joueur gagnera cette compétition ainsi que la Coupe des Champions : Franco Baresi, vainqueur de la Mitropa Cup en 1982 avec le Milan AC dont il sera l’alpha et l’omega pendant près de vingt ans.

La seconde, la Coupe Latine, était née en 1949 entre clubs portugais, français, espagnols et italiens. Trois clubs furent doubles vainqueurs entre 1949 et 1957 : le Real Madrid (1955 et 1957), le Milan AC (1951 et 1956) et surtout le FC Barcelone (1949 et 1952).

Invité par le journal L’Equipe pour la Coupe d’Europe des Clubs Champions 1956, le club espagnol du FC Barcelone décline stupidement l’invitation du quotidien sportif français, et laisse la place vacante au champion d’Espagne 1954 et 1955, le Real Madrid de Don Santiago Bernabeu et de son fidèle adjoint Raimundo Saporta (qui fera aussi des miracles avec la section basket du club castillan). Le génie de Bernabeu, que beaucoup accusent a posteriori de proximité avec le régime de Franco, fut de créer un puzzle magistral avec des joueurs d’exception. La première pierre de l’édifice est posée en 1953 avec le recrutement de l’Argentin Alfredo Di Stefano, qui avait tant impressionnée le président madrilène lors d’une victoire des Millionnarios de Bogota face au Real Madrid. Convoité par le rival du Barça, Di Stefano avait failli être associé au meilleur joueur évoluant alors dans la péninsule ibérique, Laszlo Kubala. Avec un tandem Kubala / Di Stefano, Barcelone aurait été invincible en Espagne, voire même en Europe, durant plusieurs années. C’est grâce à Di Stefano, bien secondé par des joueurs comme Francisco Gento, Hector Rial ou encore José Santamaria, que le Real Madrid renverse la vapeur durant la première finale de C1, le 13 juin 1956 au Parc des Princes, face au Stade de Reims d’un joueur surnommé Napoléon par toute l’Europe : Raymond Kopa, alias Kopaszewski, choisit de traverser les Pyrénées en 1956 plutôt que les Alpes. Le futur Ballon d’Or 1958 rejoint le Real Madrid d’Alfredo Di Stefano plutôt que le Milan AC de Nils Liedholm et Juan Alberto Schiaffino. Pour faciliter la venue de Kopa, Santiago Bernabeu avait fait en sorte que Di Stefano prenne dès 1955 la nationalité espagnole. Un an après sa victoire contre le Stade de Reims en Coupe Latine 1955 (2-0 au Parc des Princes), le Real Madrid récidive en Coupe d’Europe en 1956 (4-3 au Parc des Princes). En 1958, Bernabeu réussit son troisième coup de maître : relancer la carrière de Ferenc Puskas, virtuose gaucher magyar orphelin de club et privé de football par la situation politique de la Hongrie, soumise au joug de l’Union Soviétique à l’automne 1956, avec des chars en plein Budapest … Le Major Galopant sera, plus encore que Kopa ou Gento, un complément idéal au génial Di Stefano, as du ballon rond aux fulgurances moins spectaculaires que Pelé ou Diego Maradona, mais au profit incroyablement complet, tel un général capable de couvrir l’ensemble du champ de bataille. 

Les compatriotes de Puskas, tels Kubala, Czibor ou Kocsis, sont eux pensionnaires du FC Barcelone, qui a commis l’erreur de décliner l’invitation de L’Equipe en 1955-1956. Champion d’Angleterre en 1955, Chelsea est également absent de cette première édition par la faute de Lancaster Gate. La nombriliste Football Association, qui avait déjà snobé la Coupe du Monde entre 1930 et 1938, interdit en effet au club londonien de participer à ce tournoi européen ! Du haut de leur tour d’ivoire, les dirigeants anglais commettent la même erreur que ceux du Barça … Malgré les pressions de la FIFA et de l’UEFA, le forfait de Chelsea est rendu officiel le 26 juillet 1955, un mois avant le premier match de C1 de l’Histoire, le 4 septembre 1955 entre le Sporting CP et le Partizan Belgrade. Les Blues devront attendre que la poule aux œufs d’or donne accès aux clubs classés 2e, 3e ou 4e, à la fin des années 90, pour se lancer dans la quête du Graal de la C1 qu’ils décrocheront en 2012, sous l’ère Roman Abramovitch.

Mais dès la saison suivante, l’Angleterre est représentée par son champion national, Manchester United, entraînée par Matt Busby et qui dispose d’une génération de jeunes au talent exceptionnel, menés par Duncan Edwards.

Que serait-il advenu du mythique quintuplé européen du Real Madrid si les Busby Babes n’avaient pas péri (exception faite de Bobby Charlton et Harry Gregg) le 6 février 1958 à Munich, au retour d’un quart de finale contre l’Etoile Rouge de Belgrade ? On ne le saura jamais, mais Duncan Edwards (qui aurait dû être capitaine de la Perfide Albion pour la World Cup anglaise de 1966, ce fut finalement le grand Bobby Moore) et les siens avaient toutes les cartes en main pour porter l’estocade, à court ou moyen terme, au Real Madrid de Don Santiago Bernabeu, articulé autour du premier uomo squadra de l’Histoire : Alfredo Di Stefano, héritier de la Maquina de River Plate, l’homme qui était donc épaulé en Castille par des stars du calibre de Ferenc Puskas, Didi, Raymond Kopa, Hector Rial ou encore José Santamaria. Orpheline de ces diables rouges dont les fourches caudines avaient été coupées par le destin, comme le Grande Torino à Superga en mai 1949, la Coupe d’Europe des Clubs Champions de ces années là fut soumise à une férule des clubs latins, avec comme grand absent au palmarès le Barça de Kubala, battu avec ses ex-coéquipiers magyars Czibor et Kocsis dans le stade maudit de Berne, le Wankdorf, là où l’Aranycsapat hongroise avait vu son hégémonie se briser contre la RFA un certain 4 juillet 1954 …

  • Vie II (de la saison 1966-1967 à la saison 1972-1973) : Ajax Amsterdam, le tourbillon révolutionnaire
    • Joueur Décisif du Club gardant le trophée  : Johan Cruyff, alpha et omega de cet Ajax implacable
    • Meilleur Joueur de la Période : Johan Cruyff (Ajax Amsterdam) devant Eusebio (Benfica Lisbonne), Bobby Charlton (Manchester United), Gianni Rivera (AC Milan) et George Best (Manchester United)
    • Entraîneur Décisif du Club gardant le trophée : Rinus Michels (Ajax Amsterdam)
    • Meilleur Entraîneur de la Période : Rinus Michels (Ajax Amsterdam) devant Jock Stein (Celtic Glasgow), Matt Busby (Manchester United), Nereo Rocco (AC Milan) et Ernst Happel (Feyenoord Rotterdam)
    • Match Clé : Ajax Amsterdam – Bayern Munich 4-0 (quart de finale aller de la C1 1973) même si le match d’appui de 1969 en quart de finale gagné par l’Ajax 3-0 à Colombes contre Benfica faisait office de passation de pouvoir entre Eusebio et Cruyff.
    • Bilan de la Période par Clubs :
      • Ajax Amsterdam 3 titres européens (1971, 1972, 1973) et 1 finale (1969)
      • Celtic Glasgow 1 titre européen (1967) et 1 finale (1970)
      • Manchester United 1 titre européen (1968) et 1 demi-finale (1969)
      • AC Milan 1 titre européen (1969)
      • Feyenoord Rotterdam 1 titre européen (1970)
      • Inter Milan 2 finales (1967, 1972)
      • Benfica Lisbonne 1 finale (1968) et 1 demi-finale (1972)
      • Juventus Turin 1 finale (1973) et 1 demi-finale (1968)
      • Panathinaïkos Athènes 1 finale (1971)
      • Real Madrid 2 demi-finales (1968, 1973)
    • Equipe Type de la Période : Zoff (Juventus Turin) – Facchetti (Internazionale), Vasovic (Ajax), Krol (Ajax), Burgnich (Internazionale) – Neeskens (Ajax), Rivera (AC Milan), Charlton (Manchester United) - Eusebio (Benfica), Cruyff (Ajax), Best (Manchester United)

Petit résumé de la C1 des années 70. Trois triomphateurs absolus : Ajax Amsterdam, Bayern Munich et Liverpool. Trois outsiders à faire peur : Dynamo Kiev, Saint-Étienne et Borussia Mönchengladbach. Ce sont donc les Godenzonen de Rinus Michels, héritiers du football total pensé par Jack Reynolds, théorisé par Willy Meisl dans Soccer Revolution (1956) et dont l’ADN fut remis au goût du jour à l’Ajax par Vic Buckingham, qui dominent la période 1966-1973. Le climax est atteint au stade olympique d’Amsterdam le 7 mars 1973, en quart de finale aller de la C1, juge de paix en forme de finale avant la lettre face à un redoutable challenger venu de Bavière. Deux crocodiles dans un marigot, c’est un de trop, et le spécimen de Munich va rapidement boire la tasse à Amsterdam ce jour là. Broyé 4-0 en seconde mi-temps par le bulldozer marqué du sceau du héros grec de la guerre de Troie, le Bayern Munich de Beckenbauer attend son heure, tel un David encore trop tendre face à ce Goliath hollandais. Sepp Maier jette son équipement de rage dans un des canaux de la Venise du Nord. Pour Amsterdam, c’est sans le savoir une victoire à la Pyrrhus à retardement tant l’orchestre batave a tutoyé la perfection, s’attirant les superlatifs de l’ensemble du Vieux Continent. En finale, Cruyff et les siens écoeurent la Juventus à Belgrade, laissant la Coupe aux Grandes Oreilles dormir dans le bac à linge sale sous l’œil des joueurs stupéfaits de la Vecchia Signora. Echec et mat, puis rideau. C’est le chant du cygne du grand Ajax en cette année 1973, comme pour le grand Pink Floyd condamné dans l’enchaînement sublime du conclave musical de Pompéi et du zénith artistique atteint avec Dark Side of the Moon ... Money, get away ! Get a good job with more pay and you're okay. Sa Majesté Johan Cruyff, nourri au nectar et à l’ambroisie par les fées du destin, mais aussi joueur vénal et Ballon d’Or 1971 file ensuite écrire un autre chapitre de sa légende en Catalogne sous les couleurs du Barça, avec pour adversaire (politique) le général Franco plus que les défenseurs espagnols ! En août 1973, les joueurs de l’Ajax avaient commis un crime de lèse-majesté en votant pour Piet Keizer comme nouveau capitaine. La boîte de Pandore est ouverte, les démons s’en libèrent et l’Ajax n’aura même pas le temps de vivre le traditionnel phénomène d’usure du pouvoir. Vexé par le vestiaire, Money Wolf partit donc à Barcelone, marchant sur les traces (ibériques) de son idole de jeunesse, Alfredo Di Stefano, qui lui avait porté le Real Madrid dans la légende. Le David Bowie du football laissait l’Ajax orpheline, et des générations de (télé)spectateurs avec une madeleine de Proust. Reste ce commentaire de Jacques Ferran à propos de ce football total clinique suite au doublé chirurgical de Cruyff en 1972 à Rotterdam, sur la pelouse du voisin honni de Feyenoord, face au catenaccio d’un Inter Milan vieillissant dont le verrou n’avait plus de rien de commun avec Fort Knox ou quelconques citadelles et autres forteresses imprenables marquées du sceau génial de Vauban : Le football a des passades, mais ça, c’est la nouvelle réalité. Sur la pelouse de Rotterdam, un OVNI nommé Johan Cruyff, floqué d’un numéro 14 de remplaçant mais pourtant titulaire indiscutable du grand Ajax, invente à lui seul ce football 2.0 qu’il incarne par sa vitesse, sa technique, son sens tactique et son charisme … En état de grâce permanent, Cruyff sera le premier triple Ballon d’Or de l’Histoire, mieux que Di Stefano qui avait été privé du triplé par la faute du règlement (non éligible en 1958 car tenant du titre !)

  • Vie III (de la saison 1973-1974 à la saison 1975-1976) : Bayern Munich, l’ogre de Bavière fait des réserves avant la période FC Hollywood
    • Joueur Décisif du Club gardant le trophée  : Franz Beckenbauer, le Kaiser du Bayern
    • Meilleur Joueur de la Période : Franz Beckenbauer (Bayern Munich) devant Johan Cruyff (FC Barcelone), Gerd Müller (Bayern Munich), Oleg Blokhine (Dynamo Kiev) et Sepp Maier (Bayern Munich)
    • Entraîneur Décisif du Club gardant le trophée : Udo Lattek (Bayern Munich)
    • Meilleur Entraîneur de la Période : Valeri Lobanovski (Dynamo Kiev) devant Robert Herbin (Saint-Etienne), Udo Lattek (Bayern Munich) et Dettmar Cramer (Bayern Munich)
    • Match Clé : Bayern Munich – Atletico Madrid 4-0 (finale rejouée de la C1 1974)
    • Bilan de la Période par Clubs :
      • Bayern Munich 3 titres européens (1974, 1975, 1976)
      • Saint-Etienne 1 finale (1976) et 1 demi-finale (1975)
      • Atletico Madrid 1 finale (1974)
      • Celtic Glasgow 1 demi-finale (1974)
      • Ujpest Honved 1 demi-finale (1974)
      • FC Barcelone 1 demi-finale (1975)
      • PSV Eindhoven 1 demi-finale (1976)
      • Real Madrid 1 demi-finale (1976)
    • Equipe Type de la Période : Maier (Bayern Munich) – Beckenbauer (Bayern Munich), Piazza (Saint-Etienne) – Bremner (Leeds), Breitner (Bayern Munich), Larqué (Saint-Etienne), Neeskens (FC Barcelone) - Blokhine (Dynamo Kiev), Cruyff (FC Barcelone), G. Müller (Bayern Munich)

Franz Beckenbauer au Cosmos New York avec Pelé, Giorgio Chinaglia et Johan Neeskens, Gerd Müller aux Fort Lauderdale Strikers, les deux clés de voûte (avec Sepp Maier) du triplé munichois de la période 1974-1975-1976 rejoignent en 1977 et 1978 un Eldorado d’outre Atlantique nommé NASL (North American Soccer League). L’Europe s’est réveillée en octobre 1973 avec une affreuse gueule de bois, un choc pétrolier inévitable suite à la fin du système de Bretton Woods (1971) mais que les historiens collent à la guerre du Kippour comme ce fameux sparadrap au nez du capitaine Haddock. Implacables à défauts d’être intouchables, les maillots rouges du Bayern Munich forcent le destin trois années de rang avec des circonstances favorables : primo, égalisation de Schwarzenbeck à la 119e minute de la finale en 1974 face aux Colchoneros de l’Atletico Madrid, avant de l’emporter 4-0 en match d’appui au Heysel, à Bruxelles, là où Beckenbauer, Maier et Muller avaient éparpillé l’Union Soviétique 3-0 en finale du Championnat d’Europe des Nations 1972. Secundo, arbitrage (honteusement) favorable en 1975 au Parc des Princes contre le grand Leeds, épouvantail qui restera finalement du poil à gratter pour Munich. Dans les vestiaires parisiens, les joueurs de Leeds jettent de rage leurs médailles d’argent de vice-champions d’Europe. Le club anglais sera suspendu trois ans de toute compétition européenne. Tertio, les fameux poteaux carrés en forme d’alliés involontaires au Hampden Park de Glasgow en 1976 face à l’AS Saint-Etienne, dont le maillot était aussi vert que le chewing-gum de l’usine normande, dans lequel tombe ce cher Louis de Funès dans Rabbi Jacob. Cette France de losers célèbre sur les Champs-Elysées les nouveaux Poulidors de la C1, comme si elle avait deviné que l’original, Raymond le champion cycliste du Limousin privé à jamais du maillot jaune, allait prendre sa retraite dans cet été caniculaire de 1976, où Poupou termine 3e de la Grande Boucle derrière le Belge Lucien Van Impe et le Néerlandais Joop Zoetemelk. Sur le Tour de France, l’Allemagne devra attendre 1997 pour soulever le vase de Sèvres, avec Jan Ullrich, futur Poulidor de la fin des années 90 et du début des années 2000, dans cette omerta des années Armstrong en forme de chape de plomb. En seulement trois ans donc après le camouflet d’Amsterdam du 7 mars 1973, le grand Bayern Munich atteint la quadrature du cercle et s’offre à jamais le trophée de la C1 dans son armoire. Le Pantagruel allemand du Bayern, après tant de réussite insolente, va échouer à trois reprises en finale avant le XXIe siècle : en 1982 contre Aston Villa malgré leur buteur fétiche Karl-Heinz Rummenigge (alors double Ballon d’Or), en 1987 contre le FC Porto avec la fameuse talonnade de Rabah Madjer (qui avait marqué contre la RFA à Gijon lors de l’exploit algérien en Coupe du Monde 1982) et en 1999 contre Manchester United avec ce retournement de situation digne d’un film du maître du suspense, Alfred Hitchcock.

  • Vie IV (de la saison 1976-1977 à la saison 1993-1994) : AC Milan, le phénix de Lombardie né sur les cendres du Heysel
    • Joueur Décisif du Club gardant le trophée  : Franco Baresi, libero de génie de cet AC Milan revenu du purgatoire de la Série B après le scandale du Totonero
    • Meilleur Joueur de la Période : Michel Platini (Juventus Turin) devant Marco Van Basten (AC Milan), Kevin Keegan (Liverpool et Hambourg SV), Franco Baresi (AC Milan) et Romario (PSV Eindhoven et FC Barcelone)
    • Entraîneur Décisif du Club gardant le trophée : Udo Lattek (Bayern Munich)
    • Meilleur Entraîneur de la Période : Arrigo Sacchi (AC Milan) devant Johan Cruyff (FC Barcelone), Giovanni Trapattoni (Juventus Turin), Brian Clough (Nottingham Forest), Bill Shankly (Liverpool), Fabio Capello (AC Milan), Bob Paisley (Liverpool), Ernst Happel (Hambourg SV), Raymond Goethals (Olympique de Marseille), Artur Jorge (FC Porto) et Guus Hiddink (PSV Eindhoven)
    • Match Clé : Etoile Rouge Belgrade – AC Milan 1-1 après prolongation, 2-4 tirs aux buts (huitième de finale retour de la C1 1989, match rejoué alors que l’Etoile Rouge menait 1-0 dans le brouillard …) même si le Juventus Turin – Liverpool (1-0) marqué au fer rouge par le drame du Heysel a tout changé pour le Calcio et pour l’AC Milan …
    • Bilan de la Période par Clubs :
      • Liverpool 4 titres européens (1977, 1978, 1981, 1984) et 1 finale (1985)
      • AC Milan 3 titres européens (1989, 1990, 1994) et 1 finale (1993)
      • Nottingham Forest 2 titres européens (1979, 1980)
      • FC Barcelone 1 titre européen (1992) et 2 finales (1986, 1994)
      • Juventus Turin 1 titre européen (1985), 1 finale (1983) et 1 demi-finale (1978)
      • Olympique de Marseille 1 titre européen (1993), 1 finale (1991) et 1 demi-finale (1990)
      • Steaua Bucarest 1 titre européen (1986), 1 finale (1989) et 1 demi-finale (1988)
      • Hambourg SV 1 titre européen (1983) et 1 finale (1980)
      • FC Porto 1 titre européen (1987) et 2 demi-finales (1993, 1994) (**)
      • Etoile Rouge Belgrade 1 titre européen (1991) et 1 demi-finale (1992) (***)
      • Bayern Munich 2 finales (1982, 1987) et 3 demi-finales (1981, 1990, 1991)
      • Benfica Lisbonne 2 finales (1988, 1990)
      • Real Madrid 1 finale (1981) et 4 demi-finales (1980, 1987, 1988, 1989)
      • Borussia Mönchengladbach 1 finale (1977) et 1 demi-finale (1978)
      • FC Bruges 1 finale (1978)
      • Malmö FF 1 finale (1979)
      • AS Rome 1 finale (1984)
      • Sampdoria Gênes 1 finale (1992)
      • Anderlecht 2 demi-finales (1982, 1986)
      • Dynamo Kiev 2 demi-finales (1977, 1987)
      • Ajax Amsterdam 1 demi-finale (1979)
      • Inter Milan 1 demi-finale (1981)
      • CSKA Sofia 1 demi-finale (1982)
      • Real Sociedad 1 demi-finale (1983)
      • Widzew Lodz 1 demi-finale (1983)
      • Dundee United 1 demi-finale (1984)
      • Dinamo Bucarest 1 demi-finale (1984)
      • Girondins de Bordeaux 1 demi-finale (1985)
      • IFK Göteborg 1 demi-finale (1986)
      • Galatasaray Istanbul 1 demi-finale (1989)
      • Spartak Moscou 1 demi-finale (1991)
      • AS Monaco 1 demi-finale (1994)
    • Equipe Type de la Période : Grobbelaar (Liverpool) – P. Maldini (AC Milan), Koeman (PSV Eindhoven / FC Barcelone), Baresi (AC Milan) – Rijkaard (AC Milan), M. Laudrup (FC Barcelone), Platini (Juventus Turin), Savicevic (Etoile Rouge de Belgrade / AC Milan) – Keegan (Liverpool / Hambourg SV), Van Basten (AC Milan), Dalglish (Liverpool)

Paradoxe pour la quatrième métempsycose de la C1, ce n’est pas le club le plus titré de la période 1976-1994 qui se voit attribuer le trophée par l’UEFA, mais son dauphin. Liverpool malgré ses 4 couronnes européennes en 18 ans voit l’AC Milan récupérer la Coupe aux Grandes Oreilles de la part de l’instance suprême de Nyon. Car les Rossoneri, contrairement aux Scousers, n’ont pas commencé leur razzia en 1977 mais en 1963 ... Le drame du Heysel, le 29 mai 1985 avec 39 tifosi de la Juventus morts par la faute de hooligans incontrôlables à Bruxelles, rendit utopique les desseins de gloire du club de la Mersey. Après les Beatles en 1970, Liverpool allait perdre ses grands Reds à la fin des années 80. En autarcie sur les pelouses anglaises entre 1985 et 1990, les clubs anglais allaient laisser leurs homologues italiens reprendre du poil de la bête. La réouverture des frontières du Calcio, votée par Giulio Andreotti en 1966 après la déroute des Italiens d’Edmondo Fabbri face à la Corée du Nord (0-1) à Middlesbrough, fut effective en 1980. Les stars allaient affluer par dizaines : Michel Platini et Zbigniew Boniek puis plus tard Ian Rush, Sacha Zavarov, Rui Barros et Thomas Hässler dans le Piémont (Juventus), Zico à Udine (Udinese), Socrates en Toscane (Fiorentina), Dunga plus en aval de l’Arno (Pise), Falcao puis Rudi Völler dans la Ville Eternelle (AS Rome), Michael Laudrup également au pied des sept collines (Lazio Rome), Graeme Souness sur la Riviera ligure (Sampdoria Gênes), Preben Elkjaer-Larsen et Hans-Peter Briegel en amants footballistiques de Shakespeare au pays de Roméo et Juliette (Hellas Vérone), Karl-Heinz Rummenigge puis Lothar Mätthaus, Andreas Brehme et enfin Jürgen Klinsmann en Lombardie (Inter Milan), le trio hollandais lointain héritier du trio suédois Gre-No-Li des années 50, avec Ruud Gullit, Frank Rijkaard et Marco Van Basten également dans la capitale économique de cette insolente Italie du Nord (AC Milan), partie septentrionale de la péninsule qui sera combattue par le plus grand de tous, Diego Maradona idole de toute la Campanie (Naples). Arrivé en 1984 en provenance de Barcelone et rejoint par le Brésilien Careca au pied du Vésuve à partir de 1987, El Pibe del Oro offre au Mezzogiorno le Scudetto mais également la Coppa Italia en 1987, un an avant le fameux hara-kiri du printemps 1988, les liens entre Maradona et la Camorra napolitaine étant déjà viscéraux. L’AC Milan de Sacchi n’en demandait pas tant pour conquérir son onzième titre de champion d’Italie, le premier depuis 1979 et le Scudetto de la Stella qui avait assuré la transition entre Gianni Rivera et Franco Baresi, le plus grand défenseur de métier de tous les temps (Franz Beckenbauer ayant débuté dans l’entrejeu, respect à feu Bobby Moore également). Au printemps 1989, quelques mois après avoir frôlé la correctionnelle sous le brouillard de Belgrade, l’AC Milan fait exploser en demi-finale le Real Madrid de la Quinta del Buitre, la capitale de la Castille digérant encore la movida des années Almodovar. 5-0 à San Siro, les Rossoneri ont repris le rôle de diables imaginés en décembre 1899 par le fondateur du Milan Football and Cricket Club, l’Anglais Herbert Kilpin, le Phileas Fogg du football milanais. Au Nou Camp, les deux figures de proue offensives, Ruud Gullit et Marco Van Basten, enfoncent le clou en finale, 4-0 contre le Steaua Bucarest du Maradona des Carpates trop esseulé, alias Gheorghe Hagi. Après un échec au Real Madrid et un purgatoire de deux saisons à Brescia, le virtuose n°10 roumain rejoindra en 1994 le Nou Camp, recruté par le FC Barcelone de Johan Cruyff, dont la Dream Team venait d’être torpillée 4-0 à Athènes quelques mois plus tôt par un Milan orchestré par Fabio Capello malgré les absences de Marco Van Basten, Alessandro Costacurta et Franco Baresi. Mais Paolo Maldini à son apogée, Dejan Savicevic en feu et Marcel Desailly bien décidé à soulever sa deuxième C1 un an après le miracle phocéen. En ce 18 mai 1994 au stade olympique d’Athènes, Maldini et consorts réglaient leurs comptes avec Cruyff, qui avait été trop arrogant avec Milan un an plus tôt en décembre 1992 : Milan joue bien. Mais si Barcelone n’avait pas été éliminé de la Coupe d’Europe, qui parlerait de Milan ?

Le lob inoubliable de Dejan Savicevic aux dépens d’Andoni Zubizarreta sur la pelouse grecque symbolise l’antidote parfait au jeu court si cher à Johan Cruyff. Rien ne pouvait arrêter ce dragster venu de Lombardie, dragster nourri à la nitroglycérine : ni la démesure de la cathédrale du Camp Nou en 1989, ni les prières d’Eusebio sur la tombe de l’entraîneur hongrois Bela Guttmann à Vienne en mai 1990 (1-0 pour Milan contre le Benfica Lisbonne), ni le statut favori d’un Barça qui restait sur 13 victoires et 2 nuls en Liga sans oublier un fabuleux 3-0 contre le FC Porto au printemps 1994 … Mais l’effet underdog propulsa les Rossoneri sur un nouvel Everest, avec Fabio Capello pour sherpa. Ce fut la cinquième Ligue des Champions du club mené de main de maître par Silvio Berlusconi. Ce dernier était arrivé en 1986 à Milanello en hélicoptère au son de la Chevauchée des Walkyries de Richard Wagner, clin d’œil à Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Ce fut en effet l’apocalypse pour le reste de l’Europe, une sorte d’Armageddon, tant le grand Milan domina la C1 entre 1989 et 1994, pérennisant les exploits avec donc deux scores au napalm en finale (4-0 contre le Steaua en 1989 et contre le Barça en 1989) … Dès le début, le caïman avait annoncé la couleur, donnant pour objectif à des joueurs et tifosi ébahis de redevenir à court terme le meilleur club d’Italie, puis d’Europe : Nous sommes désormais condamnés à vaincre. Mais c’est une belle condamnation.

A Tokyo le 17 décembre 1989, Alberigo Evani trompe René Higuita, gardien colombien du Nacional Medellin, au bout d’une âpre prolongation et alors qu’il ne reste qu’une poignée de secondes à jouer. Vingt ans après le premier trophée de 1969 acquis face à l’Estudiantes, revoilà l’AC Milan vainqueur de la Coupe Intercontinentale. Tandis que les joueurs rossoneri entament une joyeuse sarabande sur la pelouse du stade National de Tokyo, Silvio Berlusconi déclare : Demain, le club fête son 90e anniversaire et voilà le plus beau des cadeaux ! Mon rêve, c’est maintenant d’accompagner le Milan jusqu’à son centenaire et faire en sorte que le monde entier se souvienne de lui comme du plus grand club de tous les temps.

Dans cette ultime phrase du Cavaliere, seule la première promesse sera tenue, Berlusconi régnant 31 ans sur le club lombard jusqu’à sa revente en avril 2017 à des investisseurs chinois. La seconde, elle, reste subjective mais le renouveau du Real Madrid après la fin de cycle du Milan de Baresi (5 Ligues des Champions pour le club espagnol en 1998, 2000, 2002, 2014 et 2016) a largement remis en selle le géant de Castille pour ce titre, déjà attribué à la FIFA aux Merengue pour le seul XXe siècle.

De 1987 à 1996 soit 10 saisons, l’Associazone Calcio Milan a gagné tel un goinfre, une sorte de Pantagruel affamé, avec 17 trophées et 7 distinctions : 5 Scudetti (1988, 1992, 1993, 1994, 1996), 4 Supercoupes d’Italie (1988, 1992, 1993, 1994), 3 Ligues des Champions (1989, 1990, 1994), 3 Supercoupes d’Europe (1989, 1990, 1994), 2 Coupes Intercontinentales (1989, 1990), 5 Ballons d’Or (Gullit 1987, Van Basten 1988, 1989, 1992, Weah 1995) et 2 FIFA World Players (Van Basten 1992, Weah 1995). De 1997 à 2017, le Gargantua de Lombardie s’est mis au régime forcé avec seulement 12 trophées et 3 distinctions en 21 saisons : 3 Scudetti (1999, 2004, 2011), 1 Coupe d’Italie (2003), 3 Supercoupes d’Italie (2004, 2011, 2016), 2 Ligue des Champions (2003, 2007), 2 Supercoupes d’Europe (2003, 2007), 1 Coupe du Monde des Clubs (2007), 2 Ballons d’Or (Shevchenko 2004, Kakà 2007) et 1 trophée FIFA World Player (Kakà 2007).

Et alors qu’il avait distancé l’Inter en 2004 (17 fois lauréat du Scudetto contre 13 au voisin nerazzurro), le club rossonero a vu son voisin, fondé par des dissidents du Diavolo en mars 1908, revenir à 17-17 en 2009, puis à 18-17 en 2010. L’AC Milan revient à 18-18 dès 2011, avant que la Juventus n’emporte tout sur son passage à partir de 2012 ... Pour la première fois depuis 1993, où il avait égalisé à 13 titres de champion d’Italie, l’AC Milan se retrouvait mené par l’Internazionale au nombre de couronnes domestiques !

Août 1995. Alors que San Siro est plus que jamais la Scala du football italien comme européen, Silvio Berlusconi présente George Weah et Roberto Baggio aux journalistes. Il n’a jamais pu avoir Diego Maradona, El Pibe del Oro, alors il se venge en prenant les meilleurs des autres : Savicevic, Papin, Brian Laudrup, Boban, et donc Weah puis Baggio, deux atouts en moins pour le PSG et la Juventus Turin. Devant 150 journalistes, l’homme le puissant de la Botte fait la roue du paon, et met plein la vue : Messieurs, je vous ai concocté une équipe à voir, à goûter et à aimer ! A la question Combien de chances ce Milan d’être champion d’Italie ?, la réponse fuse comme une évidence : Onze sur dix ! Berlusconi aura raison mais ce quinzième Scudetto sera celui du chant du cygne, Zinédine Zidane et les Girondins de Bordeaux rappelant en mars 1996 à Franco Baresi et consorts que leur âge d’or était bel et bien passé …Le départ de Fabio Capello (1996) au Real Madrid, l’élimination piteuse contre Rosenborg à l’automne 1996 puis la retraite de Franco Baresi (1997) acteront définitivement de cette usure du pouvoir milanaise.

  • Vie V (de la saison 1994-1995 à la saison 2004-2005) : Liverpool, le miracle du Bosphore propulse la Mersey au pinacle de l’Europe
    • Joueur Décisif du Club gardant le trophée  : Steven Gerrard, catalyseur du miracle d’Istanbul pour le Liverpool FC, lui dont le cousin Jon-Paul était mort à l’âge de 10 ans en avril 1989 à Hillsborough (96 victimes), terrible réplique du Heysel pour le club de la Mersey
    • Meilleur Joueur de la Période : Raul (Real Madrid) devant Zinédine Zidane (Juventus Turin et Real Madrid), Andreï Shevchenko (Dynamo Kiev et AC Milan), Stefan Effenberg (Bayern Munich) et Peter Schmeichel (Manchester United)
    • Entraîneur Décisif du Club gardant le trophée : Rafael Benitez (Liverpool)
    • Meilleur Entraîneur de la Période : Vicente Del Bosque (Real Madrid) devant Sir Alex Ferguson (Manchester United), Marcello Lippi (Juventus Turin), Ottmar Hitzfeld (Borussia Dortmund et Bayern Munich), Louis Van Gaal (Ajax Amsterdam et FC Barcelone), José Mourinho (FC Porto et Chelsea), Didier Deschamps (Monaco), Rafael Benitez (Valence et Liverpool) et Fabio Capello (AC Milan, AS Rome et Juventus Turin)
    • Match Clé : Liverpool – AC Milan 3-3 après prolongation (finale de la C1 2005)
    • Bilan de la Période par Clubs :
      • Real Madrid 3 titres européens (1998, 2000, 2002) et 2 demi-finales (2001, 2003)
      • Juventus Turin 1 titre européen (1996), 3 finales (1997, 1998, 2003) et 1 demi-finale (1999)
      • AC Milan 1 titre européen (2003), 2 finales (1995, 2005)
      • Bayern Munich 1 titre européen (2001), 1 finale (1999), 2 demi-finales (1995, 2000)
      • Ajax Amsterdam 1 titre européen (1995), 1 finale (1996) et 1 demi-finale (1997)
      • Manchester United 1 titre européen (1999) et 2 demi-finales (1997, 2002)
      • Borussia Dortmund 1 titre européen (1997) et 1 demi-finale (1998)
      • FC Porto 1 titre européen (2004)
      • Liverpool 1 titre européen (2005)
      • FC Valence 2 finales (2000, 2001)
      • AS Monaco 1 finale (2004) et 1 demi-finale (1998)
      • Leverkusen 1 finale (2002)
      • FC Barcelone 2 demi-finales (2000, 2002)
      • Chelsea 2 demi-finales (2004, 2005)
      • Paris SG 1 demi-finale (1979)
      • Panathinaïkos Athènes 1 demi-finale (1996)
      • Dynamo Kiev 1 demi-finale (1999)
      • Leeds 1 demi-finale (2001)
      • Inter Milan 1 demi-finale (2003)
      • Deportivo La Corogne 1 demi-finale (2004)
      • PSV Eindhoven 1 demi-finale (2005)
    • Equipe Type de la Période : Schmeichel (Manchester United) – Thuram (Parme / Juventus Turin), Hierro (Real Madrid), Stam (Manchester United), Roberto Carlos (Real Madrid) – Keane (Manchester United), Redondo (Real Madrid), Effenberg (Bayern Munich), Zidane (Juventus Turin / Real Madrid) – Raul (Real Madrid), Shevchenko (Dynamo Kiev / AC Milan) 

A Istanbul le mercredi 25 mai 2005 pour une finale aux allures de cinquantième rugissant, Liverpool vit son apothéose tandis que l’AC Milan tombe en une mi-temps du Capitole à la Roche Tarpéienne, comme paralysé par un étrange péché d’orgueil. Comme si le club lombard payait sa dette au destin, pour avoir osé devancer les Reds dans la hiérarchie des clubs ayant pu conserver le trophée de la Coupe d’Europe des Clubs Champions. Jamais le You’ll never walk alone n’a été aussi convaincant que ce soir là à la frontière entre l’Europe et l’Asie, sur les rives de l’ancienne Byzance et Constantinople. Après la victoire liverpuldienne, le capitaine Steven Gerrard expliquera que Rafael Benitez et lui avaient demandé un ultime sacrifice à leur équipe, menée 0-3 à la mi-temps par l’AC Milan de Carlo Ancelotti, par respect pour leur formidable public de Scousers venu les encourager en Turquie. L’objectif n’était plus tant de gagner cette finale du côté des Reds, mais de marquer un but pour sauver l’honneur : sauf qu’une fois l’engrenage lancé, Liverpool va tout renverser sur son passage, tel un ouragan venu du triangle des Bermudes. Grâce à un Steven Gerrard transcendé et à un Jerzy Dudek qui pousse le mimétisme avec Bruce Grobbelaar à un niveau impressionnant (écoeurant les tireurs milanais comme le natif du Zimbabwe avait fait déjouer ceux de la Louve à Rome en 1984), Liverpool retrouve des standards digne de son âge d’or, pourtant révolu depuis la fin des années 80 … L’épée de Damoclès était passé prêt pour des Reds menés 3-0 à la pause. Plébiscité meilleur défenseur du monde depuis presque une décennie, Paolo Maldini avait ouvert le score d’une volée somptueuse, galvanisant ses troupes tel un gladiateur antique, avant qu’Hernan Crespo n’aggrave le score à deux reprises dans un match d’anthologie, joute céleste qui allait offrir des montagnes russes d’adrénaline aux spectateurs du stade Ataturk comme aux centaines de millions d’aficionados suspendus à leur tube cathodique. Tirant la quintessence du fighting spirit d’outre Manche, Gerrard et les siens refusent la défaite, mot qui ne fait pas partie de leur vocabulaire ce soir là en Turquie. Par trois fois, Liverpool réduit le score, avant que son gardien polonais ne sonne le glas des espoirs de l’AC Milan. Les Rossoneri n’ont pas joué en épicier, mais ils n’ont pas su porter l’estocade, à savoir un quatrième but que beaucoup jugeaient inutile après trois banderilles presque mortelles. Stratosphériques, voire même stellaires, en deuxième mi-temps, les Reds sonnent eux l’hallali, dressant sans pitié la guillotine sur leurs rivaux lombards qui pensaient cannibaliser l’Europe comme au carrefour des années 80 et 90. Ce fut donc un renversement encore plus spectaculaire que le money time du 26 mai 1999 où Manchester United crucifia le Bayern Munich, 2-1 à Barcelone alors que mené 0-1 à la 90e minute, Sir Alex Ferguson répétait déjà son discours de défaite dans le couloir menant aux vestiaires du Nou Camp ! Le péché mignon des hommes de Carlo Ancelotti était en fait de ne pas savoir garder un résultat, on l’avait vu au printemps 2004 en quart de finale de l‘édition précédente. Champions d’Europe 2003 et vainqueurs 4-1 du Deportivo la Corogne à San Siro, les coéquipiers de Kakà et Shevchenko avaient sombré corps et âmes en Galice, s’inclinant 4-0 face au feu d’artifice du Depor. La jurisprudence du Riazor n’avait pas inspiré Steven Gerrard, seulement guidé par le respect des fans venus jusqu’aux confins de l’Europe, sur cette ville jadis appelée Constantinople, mais surtout Byzance ... Car ce fut Byzance ce soir là pour les Reds, avec une cinquième C1 et un nouveau contrat avec le brasseur danois Carlsberg, qui s’apprêtait à lâcher le club anglais.

  • Vie VI (de la saison 2005-2006 à la saison 2014-2015) : FC Barcelone, la quinte flush de la Dream Team
    • Joueur Décisif du Club gardant le trophée  : Lionel Messi, sorte de croisement parfait entre le sens du but de Pelé, la vitesse de Cruyff et la technique de Maradona …
    • Meilleur Joueur de la Période : Lionel Messi (FC Barcelone) devant Cristiano Ronaldo (Manchester United et Real Madrid), Xavi (FC Barcelone), Andres Iniesta (FC Barcelone) et Andrea Pirlo (AC Milan et Juventus Turin)
    • Entraîneur Décisif du Club gardant le trophée : Pep Guardiola (FC Barcelone)
    • Meilleur Entraîneur de la Période : Sir Alex Ferguson (Manchester United) devant José Mourinho (Chelsea, Inter Milan, Real Madrid et Chelsea), Pep Guardiola (FC Barcelone et Bayern Munich), Carlo Ancelotti (AC Milan, Chelsea, Paris SG et Real Madrid), Diego Simeone (Atletico Madrid), Luis Enrique (FC Barcelone), Frank Rijkaard (FC Barcelone), Louis Van Gaal (Bayern Munich) et Arsène Wenger (Arsenal)
    • Match Clé : Chelsea – FC Barcelone 1-1 (demi-finale retour de la C1 2009), l’écho du It’s a fucking disgrace hurlé par Didier Drogba résonne encore dans Stamford Bridge. Si Chelski était passé ce jour là, il n’y aurait pas eu de Dream Team version Guardiola …
    • Bilan de la Période par Clubs :
      • FC Barcelone 4 titres européens (2006, 2009, 2011, 2015) et 4 demi-finales (2008, 2010, 2012, 2013)
      • Bayern Munich 1 titre européen (2013), 2 finales (2010, 2012), 2 demi-finales (2014, 2015)
      • Manchester United 1 titre européen (2008), 2 finales (2009, 2011) et 1 demi-finale (2007)
      • Chelsea 1 titre européen (2012), 1 finale (2008), 3 demi-finales (2007, 2009, 2014)
      • Real Madrid 1 titre européen (2014) et 4 demi-finales (2011, 2012, 2013, 2015)
      • AC Milan 1 titre européen (2007) et 1 demi-finale (2006)
      • Inter Milan 1 titre européen (2010)
      • Arsenal 1 finale (2006) et 1 demi-finale (2009)
      • Liverpool 1 finale (2007) et 1 demi-finale (2008)
      • Borussia Dortmund 1 finale (2013)
      • Juventus Turin 1 finale (2015)
      • Borussia Dortmund 1 finale (2013)
      • Atletico Madrid 1 finale (2014)
      • FC Barcelone 2 demi-finales (2000, 2002)
      • Villarreal 1 demi-finale (2006)
      • Olympique Lyonnais 1 demi-finale (2010)
      • Schalke 04 1 demi-finale (2011)
    • Equipe Type de la Période : Buffon (Juventus Turin) – Alves (FC Barcelone), Vidic (Manchester United), Puyol (FC Barcelone), Lahm (Bayern Munich) – Xavi (FC Barcelone), Pirlo (AC Milan / Juventus Turin), Iniesta (FC Barcelone) – Messi (FC Barcelone), Eto’o (FC Barcelone / Internazionale), Cristiano Ronaldo (Manchester United / Real Madrid) 

1992 fut une année décisive pour Barcelone : Jeux Olympiques d’été offerts en 1986 par le Ponce Pilate du CIO, alias le marquis de Samaranch (pourtant ministre des Sports du Caudillo en 1967), mais aussi et surtout un dépucelage en C1 grâce au mythe Johan Cruyff, et à un missile du défenseur le plus prolifique de l’Histoire : Ronald Koeman. A Wembley, où Cruyff avait gagné sa première C1 comme joueur en 1971 face au Pana de Ferenc Puskas, le FC Barcelone battit ainsi la Sampdoria de Gênes, cinq siècles après que le Génois Christophe Colomb eut pris le départ d’Andalousie vers les Indes, en fait vers cette Amérique encore inconnue, cet Eldorado qui va offrir pléthore de stars mondiales aux Dream Teams successives du Barça. C’est sur le continent américain que le Barça allait trouver les chevilles ouvrières et autres pierres angulaires des succès à venir, héritiers de Michael Laudrup et Hristo Stoïtchkov : le Brésilien Ronaldinho et son ex-compatriote Deco (naturalisé portugais cependant en 2003) pour la deuxième couronne, celle de 2006 sous l’égide de Frank Rijkaard, disciple de Cruyff à l’Ajax jusqu’à leur violente rupture de 1987, qui conduira le joueur d’origine surinamienne à Milan en passant par deux courtes piges à Lisbonne (Sporting CP) et Saragosse. Ensuite, l’Argentin Lionel Messi prend à son compte le rôle d’alchimiste, le Camerounais Samuel Eto’o passant en 2009 le flambeau sur la pelouse de Rome contre Manchester United, proie que le Barça domine de nouveau en 2011, cette fois à Wembley, telle une réminiscence de 1992. Alimenté en caviar par Xavi ou Iniesta, héritiers de leur coach Pep Guardiola et comme lui anciens pensionnaires de la Masia, Lionel Messi est ensuite rejoint en Catalogne par deux autres Sud-Américains marchant sur les traces de Maradona, Romario, Ronaldo, Rivaldo ou encore Ronaldinho et Deco : le Brésilien Neymar en 2013, l’Uruguayen Luis Suarez en 2014, pour un nouveau triplé aux airs de requiem pour la concurrence, après celui de 2009. C’est la Juventus de Gigi Buffon qui sert cette fois de victime expiatoire, à Berlin, là où Zidane avait osé une panenka en finale de la Coupe du Monde 2006. Messi, lui, ne marque pas en ce 6 juin 2015 mais ne prend pas de carton rouge ce jour là, soulevant la cinquième C1 du club en moins d’un quart de siècle. Cruyff, Guardiola, Messi, la boucle est bouclée, les douloureux échecs de 1961 (génération Kubala) et 1986 (génération Schuster) sont désormais relégués aux oubliettes de l’Histoire, que Barcelone écrit avec un grand H, brisant le totem de ces 36 années passées dans l’ombre du Real Madrid, porté au pinacle par un certain Alfredo Di Stefano, que le club catalan n’avait pu racheter à River Plate en 1953 … En 2015, contrairement à ses glorieux prédécesseurs dans le gotha de la C1 (Real Madrid, Ajax Amsterdam, Bayern Munich, AC Milan et Liverpool), le Barça ne peut conserver de réplique du trophée européen le plus convoité et le plus prestigieux. Mais le club catalan se voit attribuer un badge réservé aux multiples vainqueurs (quintuples vainqueurs, ou lauréats trois années de rang tels le Bayern et l’Ajax jadis).

  • Vie VII (depuis la saison 2015-2016) : Manchester United, Inter Milan et autres Juventus Turin et aà la conquête du badge des quintuples vainqueurs
    • Meilleur Joueur de la Période : Cristiano Ronaldo (Real Madrid) devant Lionel Messi (FC Barcelone) Gianluigi Buffon (Juventus Turin), Neymar (FC Barcelone), Robert Lewandowski (Bayern Munich), Leonardo Bonucci (Juventus Turin), Luis Suarez (FC Barcelone), Paulo Dybala (Juventus Turin) et Gonzalo Higuain (Juventus Turin)
    • Meilleur Entraîneur de la Période : José Mourinho (Chelsea et Manchester United), Pep Guardiola (Bayern Munich et Manchester City), Carlo Ancelotti (Bayern Munich), Diego Simeone (Atletico Madrid), Luis Enrique (FC Barcelone), Claudio Ranieri (Leicester City), Arsène Wenger (Arsenal) et Zinédine Zidane (Real Madrid)
    • Match Clé : Real Madrid – Wolfsburg 3-0 (quart de finale retour de la C1 2016), l’esprit de Juanito permet une remontada au Real Madrid, grâce à un triplé de son Ballon d’Or Cristiano Ronaldo, qui va tutoyer la perfection ce soir là et s’attirer, une fois encore, tous les superlatifs …
    • Bilan de la Période par Clubs :
      • Real Madrid 3 titres européens (2016, 2017, 2018)
      • Atletico Madrid 1 finale (2016) et 1 demi-finale (2017)
      • Juventus Turin 1 finale (2017)
      • Liverpool 1 finale (2018)
      • Bayern Munich 2 demi-finales (2016, 2018)
      • Manchester City 1 demi-finale (2016)
      • Monaco 1 demi-finale (2017)
      • AS Rome 1 demi-finale (2018)
    • Equipe Type de la Période : Neuer (Bayern Munich) – Alaba (Bayern Munich), Bonucci (Juventus Turin), Sergio Ramos (Real Madrid), Lahm (Bayern Munich) – Busquets (FC Barcelone), Modric (Real Madrid), De Bruyne (Manchester City) – Messi (FC Barcelone), Neymar (FC Barcelone / Paris SG), Cristiano Ronaldo (Real Madrid)

C’est un secret de polichinelle, mais Bosman a tué la concurrence en Europe. L’Ajax Amsterdam a bien fait de l’emporter en 1995 avec sa classe biberon menée par les vétérans Danny Blind et Frank Rijkaard. Car le grand club hollandais, avec quatre titres de champion d’Europe, n’est pas prêt de soulever à nouveau la Coupe aux Grandes Oreilles. Sans l’argent, nerf de la guerre footballistique actuelle, l’Ajax n’a en effet aucune chance. Le triomphe du FC Porto en 2004 tenait du miracle lors d’une saison où les trois favoris avaient capitulé : l’AC Milan (tenant du titre) face à la Corogne lors d’un désastreux 0-4 en quart de finale retour au Riazor (4-1 au match aller pour les Rossoneri à San Siro), les Invincibles d’Arsenal contre leurs voisins de Chelsea et le Real Madrid galactique contre Monaco (3-1 pour Giuly, Morientes et consorts à Louis II après une victoire 4-2 du Real à Santiago Bernabeu). Grâce à la maestria de Deco et au génie tactique de José Mourinho, meneur d’hommes hors pair, les Dragons ont pu renouveler la prouesse de 1987. Mais le club portugais ne venait pas de nulle part, lui qui avait gagné la Coupe UEFA en 2003.

Les trois favoris pour s’adjuger le prochain badge de quintuple vainqueur (il semble désormais utopique de gagner trois années de rang puisque personne n’a conservé le titre européen depuis l’AC Milan de Sacchi entre 1989 et 1990), puisque Chelsea (une couronne en 2012), Arsenal, le PSG et Manchester City partent de trop loin, sont Manchester United, l’Inter Milan et la Juventus Turin … Triple champion d’Europe (1968, 1999, 2008), Manchester United doit oublier l’héritage colossal de Sir Alex Ferguson (1986-2013) et repartir de l’avant avec José Mourinho, qui aura la lourde tâche de faire mieux que David Moyes et Louis Van Gaal, ses deux prédécesseurs à Old Trafford.

Egalement triple lauréat de l’épreuve sous les présidences Moratti (1964 et 1965 avec le père Angelo puis 2010 avec le fils Massimo), l’Internazionale doit d’abord reconquérir la suprématie dans la Botte. Le club milanais subit actuellement l’insolente domination de son rival historique, la Juventus Turin …

Renforcée à l’été 2018 par Cristiano Ronaldo, la Juventus veut quitter le cénacle des doubles champions d’Europe. La Vecchia Signora, double championne d’Europe (1985, 1996) a en ligne de mire ce troisième titre pour rejoindre Manchester United et l’Inter Milan, avant de fondre sur l’Ajax dans un deuxième temps, puis enfin sur le triumvirat des quintuples champions d’Europe (Liverpool, Bayern Munich, FC Barcelone). L’ambition de la Juventus est de devenir le Bayern du Sud, avec une stabilité économique et sportive permettant de limiter les saisons blanches et d’ouvrir un très long cercle vertueux, comme celui que le club allemand a débuté depuis la reprise en main par Franz Beckenbauer, Uli Hoeness et Karl-Heinz Rummenigge durant la saison 1993-1994. Turin est obsédée par ce troisième titre, Buffon et le vestiaire bianconero ayant scellé un pacte après la défaite de 2015 en finale contre le Barça. Au stade olympique de Berlin, Gigi Buffon et tous les cadres (hors Tevez, Pirlo et Vidal, déjà identifiés comme partants à l’été 2015) s’étaient promis de rester tous ensemble jusqu’en 2017, où ils furent vaincus à Cardiff par le Real Madrid de CR7, de nouveau leur bourreau au printemps 2018 (en quart de finale). On sait ce qu’il advint de ce pacte d’honneur pour Paul Pogba à l’été 2016, la Pioche partant à Manchester United, club qu’il avait quitté de façon anonyme en 2012.

Pour que le club piémontais devance les Red Devils et les Nerazzurri, il lui faudra s’améliorer en finale. Car avec sept défaites en neuf finales (en 1973, 1983, 1997, 1998, 2003, 2015 et 2017), les Bianconeri détiennent le triste record du plus grand nombre de finales perdues en C1, devant les cinq revers du Bayern Munich (1982, 1987, 1999, 2010 et 2012) et les cinq défaites du Benfica Lisbonne (1963, 1965, 1968, 1988 et 1990).

Comme l’Ajax orphelin de Cruyff après 1973, le Benfica tombe de Charybde en Scylla depuis le départ de son joueur emblématique (Eusebio) mais plus encore dans le contexte d’un football européen soumis au joug de l’argent roi et de l’arrêt Bosman, par la faute duquel ces grands clubs du passé sont condamnés à un plafond de verre, nommé quarts de finale de la C1 …

Le club lisboète, maudit par Bela Guttmann après son deuxième titre continental acquis en 1962, n’a jamais pu retrouver le zénith en Europe. Sans la malédiction lancée par son coach hongrois, Benfica aurait pu s’adjuger le prestigieux trophée dès 1968, au pire en 1988 ou 1990.

Liverpool eut l’occasion en 1985, mais le Heysel sonna la fin de l’ère anglo-saxonne sur la C1. En 1993 enfin, l’AC Milan fut battu par sa bête noire, l’Olympique de Marseille. La tête de Basile Boli au stade olympique de Munich sonna le tocsin du rêve lombard d’une cinquième couronne européenne. Deux ans auparavant, Waddle et Papin avaient éliminé les Rossoneri en quart de finale de l’édition 1991, avant que les Yougoslaves de l’Etoile Rouge Belgrade ne gagnent la finale de Bari aux tirs aux buts, laissant Basile Boli inonder les tubes cathodiques de France et de Navarre avec des larmes de crocodile. Battu avec l’OM contre son ancien club, Dragan « Pixie » Stojkovic allait ensuite laisser ce rôle amer à Jean-Pierre Papin pour 1993, vaincu avec l’AC Milan contre les onze gladiateurs menés au combat par Bernard Tapie et Raymond Goethals.

Parmi eux, Eric Di Meco avait vécu l’épopée des Minots qui avaient sauvé le club marseillais de la catastrophe au printemps 1981. En seulement douze ans (1991-1993), l’Olympique de Marseille s’était retrouvée sur le toit de l’Europe. D’autres ont connu des ascensions bien plus vertigineuses : Nottingham Forest promu en 1977 et champion d’Angleterre en 1978 (Monaco fera de même en France) avant de succéder à Liverpool en 1979 au palmarès européen, l’AC Milan remontant en 1984 en Série A après le scandale du Totonero avant de gagner sa troisième C1 en 1989, grâce au travail de Silvio Berlusconi et Arrigo Sacchi.

Mais ce n’est plus possible dans le football européen actuel post Bosman et post Ligue des Champions XXL, mastodonte dominé par l’argent roi sous la bénédiction de l’UEFA, le fair-play financier instauré par Michel Platini étant d’un effet très limité …

(*) Pour des clubs ayant brillé en C1, ce qui explique bien entendu l’absence de géants du jeu comme Pelé (Santos, Cosmos New York), Gordon Banks (Leicester, Stoke City), Robbie Rensenbrink (Anderlecht), Zico (Flamengo, Udinese), Socrates (Corinthians Sao Paulo, Fiorentina), Gary Lineker (Tottenham Hotspur, FC Barcelone), Diego Maradona (FC Barcelone, Naples), Roberto Baggio (Fiorentina, Juventus Turin, AC Milan) ou encore Bobby Moore (West Ham)

(**) En 1993, seul le premier de la phase de poules était qualifié pour la finale de la C1, le FC Porto termina deuxième du groupe B derrière l’AC Milan donc virtuel demi-finaliste

(***) En 1992, seul le premier de la phase de poules était qualifié pour la finale de la C1, l’Etoile Rouge Belgrade termina deuxième du groupe B derrière la Sampdoria Gênes, donc virtuel demi-finaliste



1 réactions


  • Axel_Borg Axel_Borg 19 octobre 2018 13:41

    Qui sera le prochain club à gagner la Ligue des Champions ? Dans l’état actuel du foot européen, bien difficile à dire.

    Real Madrid et Bayern Munich semblent tous deux en crise, Manchester United boit la tasse en Premier League, le PSG a trop de faiblesses (pas de sentinelle, poste de gardien pas tranche, état d’esprit pas au niveau ...), et le Barça reste Messi-dépendant avec une defense trop faible, Naples, Dortmund, Tottenham, Inter et AS Rome bien trop justes niveau effectif.

    Le titre européen se jouera selon moi entre 4 équipes : Juventus Turin si complete, Manchester City et Liverpool au top en Premier League, voire Atletico Madrid qui mise tout sur cette C1 2019 dont la grande finale aura lieu dans son stade du Wanda Metropolitano.


Réagir