jeudi 10 novembre 2011 - par chronique d’un inconnu

Mexico 1968 : Quand la politique se mêle au sport

Les Jeux Olympiques de Mexico, organisés en 1968, sont les premiers à exporter l’olympisme dans un pays du sud. Au cour d’une année qui ne reste pas anodine dans les consciences révolutionnaires, ces JO vont être le théâtre de luttes bien éloignées de celles qui rythment habituellement les stades. 

1968. La révolte envahit le monde. Du Printemps de Prague aux pavés du Quartier Latin, de l’assassinat de Luther King aux émeutes berlinoises, un souffle révolté survole la Guerre Froide. Quand en 1963, le CIO décide d’attribuer l’organisation des Jeux Olympiques d’été de 1968 à Mexico, nul ne se doute alors du contexte dans lequel va se dérouler l’évènement. L’année fatidique est marquée, à travers le monde, par la volonté de tous de sortir des carcans de l’après-guerre. À dix jours du début des épreuves, l’éventualité qu’une crise sociale mette en péril le bon déroulement des JO sème la panique au sein du gouvernement de Gustavo Diaz Ordaz.

Le 2 octobre 1968, alors que les révoltés mexicains occupent toujours le quartier de Tlatelolco à Mexico, les autorités décident d’agir. Voulant assurer la sécurité des Jeux, le gouvernement va mettre son peuple en péril. C’est dans ce contexte que l’armée mexicaine charge les opposants. Tirant sur la foule, les soldats font une centaine de morts, sans que les chiffres exacts ne puissent être avancés. Nullement choqué par les évènements, le CIO déclare « Les jeux de la XIXe Olympiade, cet amical rassemblement de la jeunesse du monde, dans une compétition fraternelle, se poursuivront comme prévu…s’il y a des manifestations sur les sites olympiques, les compétitions seront annulées ». C’est le premier épisode des Jeux de Mexico 1968.

Le second, resté dans les consciences, va profondément marquer la compétition. Le 16 octobre 1968, deux semaines après la tuerie de Tlatelolco, Tommy Smith et John Carlos, respectivement premier et troisième du 200 mètres, vont redonner une teinte politique à l’enjeu sportif. Les deux américains, sympathisants des Black Panthers, vont célébrer leur médaille en baissant la tête et en pointant, lors de l’hymne américain, leur poing ganté de noir vers le ciel, sur le podium. Smith déclare par la suite :

« Après ma victoire, l’Amérique blanche dira que je suis Américain, mais si je n’avais pas été bon, elle m’aurait traité de sale noir ». Désireux de condamner la ségrégation raciale qui sévit alors aux États-Unis, les deux athlètes ne vont pas moins essuyer les foudres du CIO.

Étrangement inactif et impassible suite au massacre perpétré deux semaines auparavant, le Comité Olympique va pourtant sanctionner durement cet acte politique. Smith et Carlos sont exclus de leur fédération et interdit à vie de Jeux Olympiques. Il est étonnant de voir à quel point le sport reflète, à toutes les époques, la situation politique et sociale à un moment donné. Les multiples révoltes qui condamnaient le conservatisme et désiraient un profond changement, se sont répercutées au cours de l’épreuve. Comme souvent ailleurs, la décision prise par l’instance dirigeante, ici le CIO, ne fit que légitimer le combat des révoltés.

Article à retrouver sur http://rubriquesport.wordpress.com/



1 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 10 novembre 2011 10:27

    En1968, tout le monde se souvient du printemps de Prague, mais que c’est-il passé
    au Mexique, la même année, à part les jeux olympiques ? En Pologne après
    l’assassinat d’un prêtre par la police communiste, combien de manifestations,
    d’émissions TV ou radio, mais à la même époque dans l’indifférence générale des
    prêtres étaient également assassinés dans leur église en Amérique Centrale pour
    avoir demandé plus de justice sociale.....

    http://2ccr.unblog.fr/2010/12/08/manipulation-internationale/


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