mercredi 4 juillet 2007 - par jonel juste

Quand l’Argentine et le Brésil s’affrontent par équipes interposées

Déjà vous vous demandez comment est-ce possible ? Comment ces deux formations peuvent s’affronter par équipes interposées ? Dans d’autres domaines, c’est peut-être possible, mais quand il s’agit de sport, de foot en particulier, les affrontements se font directement, sur le terrain. Et que le meilleur gagne.

Vous avez sûrement raison de penser ainsi. Et vous avez tort aussi si vous ignorez (et je ne vous blâme pas) les réalités d’Haïti où tout possible et impossible en même temps. Bon, vous vous en foutez un peu, mais je persiste.

 

 

 

Vous savez peut-être que nous sommes en pleine période de Copa America, l’équivalent Amsud de la Coupe d’Europe. Ce tournoi sud-américain réunit les meilleures équipes de foot de cette partie du continent américain et reçoit de temps à autre des invités comme c’est le cas dans cette 23e édition des Etats-Unis et du Mexique. Une fois, ce fut même le Japon. J’espère que vous me suivez toujours.

 

 

Le grand intérêt de ce tournoi, en dehors du fait qu’il s’organise au Venezuela et que le très populiste Hugo Chavez et consorts (ils ont mis Maradona dans la confidence) en profitent pour fustiger encore une fois l’impérialisme et traiter George W. Bush de tous les noms d’oiseau, est la participation du Brésil et de l’Argentine, les deux géants sud-américains de ce sport qui passionne une grande partie de la planète, y compris Haïti.

 

En fait, la présence de ces deux équipes est l’unique intérêt de tout grand championnat international. Que ce soit la Coupe du monde, le championnat intercontinental, bref toute compétition où ces deux formations figurent est un événement en soi. Ce n’est pas le cas peut-être dans d’autres pays, mais en Haïti, quand ces deux formations s’affrontent c’est tout un pays qui retient son souffle. Le monde autour peut bien s’effondrer qu’on ne s’en apercevrait que longtemps après. Surtout si le Brésil a gagné. Les Haïtiens sont un peuple passionné et le Brésil est une grande nation de foot dans laquelle ils se reconnaissent mieux que dans n’importe quelle autre. Cela vient en grande partie du fait que Haïti a une équipe nationale très faible qui vient justement de se faire éjecter de la Gold Cup remportée par les Etats-Unis. Nous nous approprions le Brésil par procuration et sommes capables des pires excès lorsqu’il faut soutenir « notre » équipe.

 

L’une des plus grandes manifestation de fanatisme des Haïtiens pour cette équipe fut en 2004 où les champions du monde étaient venus jouer un match de gala en Haïti (voir l’article Nous avons vu les dieux brésiliens : nous pouvons mourir en paix sur moun.com et sur mon blog myspace.com/jgli02). Leur fanatisme est tel que les Haïtiens ne supportent pas de voir perdre cette équipe du Brésil (surtout pas devant l’Argentine, le frère ennemi) et toute défaite est un drame national.

 

En face des Haïtiano-Brésiliens, il y a les Haïtiano-Argentins. Ces derniers ne sont pas tout aussi fanatisés (l’Argentine n’a pas remporté de Coupe du monde depuis longtemps), mais prêtent à leur équipe favorite toutes les vertus et lui trouvent même des raisons de perdre.

 

Certains « Argentins » le sont tout simplement pour contrecarrer les fans du Brésil qu’ils jugent sauvages, ignorants, trop passionnés, etc.

 

Fans du Brésil et d’Argentine en arrivent parfois à se battre. C’est un tel phénomène de société qu’un sociolinguiste haïtien (André Vilaire Chery) y a accordé tout un chapitre dans son livre Haïti Thomas ou l’autre face du Bon Dieu bon. Cependant, ils se retrouvent dans la défaite lorsque leurs deux équipes se font sortir tour à tour d’une compétition comme ce fut le cas en 2006 dans la Coupe du monde allemande. La Coupe du monde est finie, avait titré un hebdomadaire de Port-au-Prince, il ne reste que la Coupe d’Europe, a continué le magazine faisant référence aux équipes européennes qualifiées pour la suite de ce championnat mondial remporté par l’Italie et marqué par le fameux coup de boule de Zidane.

 

 

Pas la peine de mentionner que la plupart des Haïtiens étaient contre la France qui avait éliminé le Brésil en quart de finale.

 

 

Pour en revenir à la Copa America, dont on s’est très éloigné, et à l’affrontement par équipes interposées du Brésil et de l’Argentine, disons tout simplement que le Brésil venait de perdre, mercredi dernier, son premier match face au Mexique. Les Auriverde, comme on les appelle, avaient perdu sur le score de 2 buts à 0. Déception, amertume du côté des Haïtianno-brésiliens.

 

L’Argentine devait rencontrer le lendemain, jeudi, la formation américaine, fraîchement championne de la Gold Cup, un championnat réunissant les pays de la Caraïbes et les pays d’Amérique du Nord. Déjà, les fans du Brésil, meurtris dans leur orgueil, nourrissaient secrètement l’espoir et priaient tous les saints que l’Argentine perde aussi son match aussi pour ne pas subir les sarcasmes des fans de l’Argentine, cette équipe encore nostalgique d’un Maradona et qui se cherche encore un messie.

 

 

Or l’Argentine a battu jeudi les Etats-Unis par 4 buts à 1... Le drame.

 

Dans une logique qui n’a rien à voir avec la logique elle-même, le raisonnement est celui-ci : si l’Argentine a battu les Etats-Unis, qui est l’équipe qui a battu le Mexique en finale de la Gold Cup, et que le Mexique a battu le Brésil 4-1 à la Copa America, donc l’Argentine aurait pu battre le Brésil par un score encore plus élevé.

 

 

Disons mieux, l’Argentine "a battu" le Brésil... par équipes interposées. Elémentaire, mon cher Watson.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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