mardi 7 juillet 2009 - par Monolecte

Je ne veux pas mourir aux côtés d’un lecteur du Figaro

Dans un voyage, le trajet compte au moins tout autant que la destination.

Le saut de l'angeC’est la vessie à la limite du point de rupture que j’arrive enfin à rallier le petit aéroport de Pau. Ce doit être la dixième fois, au moins, que je me dis que je dois arrêter de boire du thé au petit déjeuner les jours de transhumance. Parce qu’immanquablement, au bout de 90 minutes, je suis au bord de l’implosion et généralement hors de portée d’un quelconque lieu d’aisance, même d’une propreté douteuse ou d’une commodité relative. Là, je viens de me traîner dix kilomètres derrière un camion benne vaguement accouplé à un tracteur, travaillant le côté zen de ma vessie et redoutant de me manger l’heure limite d’embarquement. Comme de bien entendu, je me trouve une place à l’autre extrémité du P2, ce qui m’ajoute encore 5 très longues minutes d’une marche pénible que j’espère pas trop visiblement chaloupée. À peine le temps de soulager mes tensions internes et de squatter le fabuleux sèche-mains express de Dyson, implanté uniquement du côté masculin de la force, je me rue vers le guichet d’enregistrement des bagages.
  • Vous n’avez pas reçu de SMS ?
  • Heu... pffff, non, je ne sais pas... lequel ?
  • Celui qui disait que votre avion a été annulé.
  • Arf, c’était donc ça !
Une heure plus tôt, mon smartphone flambant neuf avait émis un couinement étrange que j’avais assimilé au message d’alerte de Google agenda qui devait m’annoncer que je commençais à être sérieusement juste pour attraper mon vol. J’étais donc partie fissa sans même regarder le message et après avoir tenté de vider complètement cette fichue vessie une dernière fois... en vain. Air France venait de m’accorder deux heures de temps libre en plus, deux heures à tuer dans le petit aéroport au milieu de nulle part, ainsi qu’un retard irrattrapable qui flingue définitivement mon premier RDV de la journée. Comme je n’ai pas le numéro de portable de mon correspondant sur moi, je tente une connexion wifi pour twitter mon retard. J’accroche la borne de l’aéroport... puis, plus rien.
  • Le wifi est maintenant sécurisé. Il faut lancer la connexion, puis la page d’accueil de votre navigateur est redirigée vers un formulaire où vous rentrez les identifiants que voici.
Le gars de l’accueil a le phénotype agréable à l’œil du jeune Gascon à barbichette de mousquetaire, affable et compétent, mais Opéra Mini n’aime pas les redirections et me voilà bootée hors du cyberparadis des naufragés du trafic aérien. Qu’à cela ne tienne, je réussis à convaincre un autre passager en souffrance de me laisser l’accès quelques minutes à son portable Windows, le temps de prévenir tout le monde et de râler abondamment.
Saleté de wifi !

J’ai réussi à attraper le seul exemplaire de l’Huma proposé en libre service, au milieu d’une double pile de Figaro. Confortablement calée près de mon hublot, je feuillette le canard en me disant que je devrais le lire plus souvent quand le voisin que les arcanes du service informatique de réservation m’a réservé s’installe à mes côtés. C’est typiquement le genre de personne que je préfère ne pas avoir à côtoyer dans la vie, avec ses Weston et son uniforme standardisé de Jeune Pop fier d’être sorti du cul de sa mère plutôt que de celui d’une prolo. Une brève et intense bataille de coudes suit le déploiement ostensible de son exemplaire du Figaro, mais en jeune homme de bonne famille qui a reçu un vernis de bonne éducation, il finit rapidement par renoncer à l’étroit accoudoir commun.
Pendant que la poussée des réacteurs nous colle au dossier et nous expédie vers le ciel radieux de ce dernier jour de juin, je me surprends à penser que j’aimerais autant que notre Airbus ne se crashe pas comme celui de ce matin, tant je n’ai pas envie d’imaginer que la dernière personne que je verrais de ce monde serait cette face de fion.
C’est parce que chaque minute de notre vie peut être la dernière qu’il ne faut pas s’encombrer de fâcheux et prendre de soin de n’être jamais qu’en très bonne compagnie.

Compressions métropolitaines

Mon pote Jean, qui me fait l’amitié de m’héberger lors de mon passage sur la capitale, m’appelle sur le coup de 19 heures pour m’informer qu’il est enfin rentré du boulot. Paris étouffe sous une cloche de chaleur épaisse quand je m’engouffre dans une station de la ligne 13. Les minutes s’égrainent, poisseuses, pendant que le quai ne cesse de se remplir et la rame d’oublier d’arriver. Quand le train daigne enfin venir nous cueillir, il est déjà plein jusqu’à la gueule et il est évident qu’on ne peut y glisser une feuille de Riz-Lacroix de plus. Et pourtant, portée par la foule compacte et décidée, j’entre dans le wagon bondé, m’enfonçant dans l’agglomérat de chairs soudées jusqu’à me retrouver bloquée par la triple barre de préhension située au beau milieu de la rame. Derrière moi, la poussée augmente et les corps continuent de s’agglutiner dans une Marabunta sauvage que même les lois les plus élémentaires de la physique ne peuvent endiguer. La fermeture des portes finit de vider mes poumons alors que la foule compacte se comporte comme un seul et unique matériau, lourd et incroyablement dense, amortissant chaque courbe et chaque à-coup du wagon. Nous baignons littéralement dans notre jus, nos sens saturés de toutes parts. Les odeurs fades et un peu grasses de toute cette humanité souffrante et surchauffée glissent mollement dans nos poumons comprimés pendant que chacun s’emploie vertueusement à fixer son regard sur une parcelle de matière inerte. La barre d’acier scie ma poitrine pendant que la colonne vertébrale d’une personne manifestement plus grande que moi tente de s’incruster dans mon dos. Scotché à ma fesse gauche par la chaleur et la pression, un gros type a l’air d’avoir oublié une Maglite dans sa poche et roule de gros yeux égarés. Un vieux chinois frêle comme une brindille concentre toute son énergie sur les trois doigts qu’il a pu accrocher à la barre de sécurité et tente manifestement de ne pas m’achever de sa pression dérisoire avec un petit sourire résigné. Toute cette promiscuité moite et compacte est une agression d’une violence incroyable, même pour les primates sociaux que nous sommes, et pourtant, personne ne se plaint ni ne fait mine de s’énerver. Chacun porte sa croix dans le silence et le stoïcisme pendant que je nous imagine, tous noyés dans le flot de notre propre sueur qui aurait rempli le wagon. J’aimerais autant éviter de caner, là, comme ça, fondue dans la masse, mon corps maintenu debout par la pression humaine dans un éternel présent compressif et liquide.
Le supplice se prolonge d’une station à l’autre, les portes s’ouvrant parfois sur cet impensable puzzle en 3D :
  • Mais c’est pas vrai ! J’te jure ! On peut pas rentrer là-dedans ! Non, mais vraiment pas !
On ne peut guère en sortir non plus, d’ailleurs. On ne peut qu’attendre, patiemment, la correspondance qui aspirera un peu de cette foule dehors et nous permettra, enfin, de toucher terre. Unis par l’inconfort qui dure et nous broie les côtes, les compagnons d’infortune parviennent à échanger quelques regards complices et compatissants. Je trouve assez d’air pour tenter une question.
  • C’est tout le temps comme ça ou c’est juste pour nous punir parce qu’il fait très chaud ?
Le Chinois sourit franchement.
  • Non, je prends cette ligne tous les jours et je n’ai jamais vu ça.
Une femme reprend la conversation au bond.
  • Le problème, c’est que la RATP est passée en horaires de vacances alors que ça ne commence réellement que dans deux jours. Du coup, ça ne marche plus du tout. Il y a toujours autant de monde, mais deux fois moins de rames et les touristes arrivent en plus.
  • Ha ouais ! Pas de chance, là ! Avec la canicule en plus, ça fait quand même beaucoup.
  • Manière, c’est toujours pareil sur la ligne 13.
  • Ha, je ne sais pas, je ne suis pas d’ici.
  • Ben vous pourrez le raconter en rentrant : la ligne 13 ne marche jamais comme il faut. Vous pourrez même dire que vous avez survécu à la ligne 13 !
En fait, c’est pratiquement le problème de toutes les lignes. Le réseau a l’air totalement saturé, particulièrement quand on traverse les quartiers populaires et peuplés. Mais voilà, les forçats du métro ont trouvé là un point commun qui transcende toutes leurs différences et pendant que le wagon retrouve une taille normale au fur et à mesure des stations, les conversations se nouent, les visages se détendent et les corps s’affaissent quelque peu, dans une liberté spatiale chèrement reconquise.

La traversée de Paris

  • Tu vois, ça tient parfaitement. Il suffit que je mette ton bagage-cabine entre mes jambes et ton sac à dos dans le coffre et c’est bon.
Jean m’a dégotté un casque intégral qui a tendance à brinqueballer sur mon occiput, mais c’est déjà nettement mieux que rien. Je suis excitée comme une gamine de 14 ans devant son premier 103 SP. Plutôt que de me laisser m’enquiller 45 minutes de métro dès potron-minet pour me rendre au rendez-vous suivant, mon vieil ami m’a proposé de m’embarquer sur son scooter de cadre dynamique.
Tout le monde déblatère abondamment sur la révolution du Vélib, mais le grand vainqueur du bitume parisien est sans conteste le scooter. Pratique, rapide, économique et quelque peu ludique aux entournures, le scooter est devenu le véhicule de prédilection du Parisien affairé. Il suffit de les voir ondoyer aux feux rouges pour décrocher la pole position en petit troupeau dense et vrombissant pour prendre la juste mesure du phénomène. La plupart sont dotés de petits moteurs 50 ou 80 cm³ dument débridés, ce qui ouvre des possibilités intéressantes pour des démarrages en trombes ou des manœuvres serrées dans la circulation dense intramuros.

Nous sommes un parmi tous les autres deux roues lancés dans la fraîcheur matinale, tellement bienvenue après une nuit sans sommeil passée à se retourner inlassablement dans des draps trop lourds et trop chauds. La lumière douce et dorée du petit matin a comme nettoyé les trottoirs des miasmes de la canicule de la veille et nous louvoyons entre les bus, les quelques voitures qui nous disputent la chaussée et les bus pesants qui traînent leur cargaison humaine de petites mains laborieuses vers leur habituel lieu d’exploitation. Mon regard tutoie celui des chauffeurs des camions de livraison, encore nombreux à cette heure matinale, sauf quand la vitesse de la course m’oblige à plisser les paupières pendant qu’un large sourire découvre ma dentition et l’expose à l’impact d’une multitude d’insectes voltigeurs happés par nos turbulences. Je m’efforce d’accompagner le dos de Jean quand il anticipe une courbe et tente de fixer mon inertie au maximum quand il doit slalomer entre les obstacles. Parce que c’est un ami, parce qu’il sait quel plaisir est le mien dans cette course matinale, Jean m’a choisi un itinéraire touristique, façon tournée des grands ducs. Passage au ras de la Tour Eiffel, un reverse-Lady-Di dans le tunnel de l’Alma - Tu y crois ?, me crie-t-il dans le casque, il y en a encore qui s’arrêtent au milieu pour photographier le pilier ! - et la vaillante petite machine monte à l’assaut de la Concorde dont les pavés tambourinent à mon fondement pas encore bien remis de mes exploits de roller. À la Madeleine, on dépasse un camion Fauchon qui répand ses précieuses victuailles sur le trottoir et je me met à rêver de braquage gastronomique. On traverse Haussman comme une flèche laissant derrière nous les grands magasins à la façade encore assoupie pendant que dans leurs entrailles, des milliers de gagne-petits triment déjà dans l’ombre pour que tout soit prêt pour la ruée des acheteurs, bien plus tard, dans la matinée. Saint-Lazare se vide doucement de son fluide humain et dans un dernier gémissement de freins, Jean me dépose, bien trop tôt à mon goût, devant la terrasse du Wepler.
J’y prends place comme on s’installe au théâtre, sauf que le Wepler déploie ses fauteuils face à la place de Clichy, nous offrant pour le prix d’un café le spectacle permanent de la rue, du ballet des autres scooters et des piétons qui s’empressent vers des destinations mystérieuses et connues d’eux seuls.

Retour au bercail

J’ai finalement bien fait d’anticiper autant sur l’heure d’embarquement. Orly Ouest respire au rythme de la houle des passagers en transit, danse de particules élémentaires, dont un amas chasse l’autre. J’ai erré longuement entre les boutiques hors de prix où les pères pressés achètent à la va-vite un cadeau standardisé dans l’espoir un peu vain de se faire pardonner par leurs enfants une trop longue absence. Les familles sont nombreuses et les cris des gosses emplissent les halls monstrueux. Finalement, à H - 1h30, je tente le dépôt de bagage dans le hall A. Il y a deux files d’attente même pas impressionnantes pour ceux déjà dotés d’une carte d’embarquement, je ne prends pas la peine de choisir consciemment l’une d’elles, je connais déjà l’histoire par cœur. Si, un jour, vous devez aller faire la queue quelque part, allez-y avec moi. Il suffit de me laisser choisir ma file d’attente et de prendre l’autre. Systématiquement. Il y en a que ça pourrait énerver. Ça m’énerve encore parfois. Mais, à quoi bon s’écorcher une bonne humeur somme toute assez naturelle pour de petits détails sans importance ?
Pendant que la queue d’à côté avance de son train de sénateur, la mienne reste scotchée sur place avec une belle obstination. Je pourrais changer de file, l’air de rien, mais je sais déjà que ça ne marche pas. Une jolie blonde, bloquée à mes basques, tente le coup et me remonte assez rapidement avant que je ne la perde de vue. Devant moi, une mère de famille rechigne à laisser sa fille de 13 ans embarquer seule pour le grand Sud-Ouest. Nous coinçons parce qu’il n’y a pas assez de personnel pour garnir la zone de dépose. Ni aucune autre zone d’ailleurs. La seule inflation humaine visible se concentre sur la sécurité. C’est qu’à force de virer des gens pour améliorer la rentabilité, il arrive qu’il n’y ait plus assez de bras pour suffire à la tâche.

La cheftaine de la sécurité est désagréable au possible. Après 45 minutes de perdues à la dépose, elle fait mine de nous cornaquer comme un mauvais troupeau réticent vers la zone de fouille. Personne ne bronche. Parce que la sécurité est maintenant toute puissante là où le service commercial a été réduit comme peau de chagrin. Dans la nouvelle file qui s’étire jusqu’au portique, je retrouve la blonde de tout à l’heure, comme quoi, finalement, elle n’a pas gagné grand chose à me doubler. Juste après la fouille méthodique de mon sac, abreuvée de récits chuchotés des confiscations diverses et variées que subissent maintenant habituellement les globe trotters, j’ai à peine le temps de m’enfiler une Ben & Jerry’s salvatrice qu’il est déjà l’heure d’embarquer. Il n’y a plus que des Figaro de disponible, je sors l’insurrection qui vient de mon sac.

Je me demande avec quel autre lecteur du Figaro vais-je bien pouvoir achever mon épopée quand le chef de cabine installe un petit garçon à mes côtés. Il a la bonne bouille des gamins nourris aux corn flakes et se la joue vieux voyageur aguerri. Pierrick a 10 ans, chausse la même pointure que moi, mais se trouve trop petit quand même. Il a déjà fait plusieurs fois le tour du monde avec une pochette autour du cou et a le sourire qui se crispe à peine quand on traverse une zone de turbulences. C’est un compagnon de voyage absolument délicieux et heureusement pour nous, il est bien trop jeune pour mourir.


38 réactions


  • Lapa Lapa 7 juillet 2009 10:28

    en tout cas vous vous prenez pas pour de la merde !
    drôle mais on remarquera l’ego surdéveloppé de l’auteure et ses discriminations au faciès. (vous devriez bosse pour la police !)


    • Monolecte Monolecte 7 juillet 2009 10:32

      C’était quand même du second degré, tout ça, mais bon... smiley
      Je notais chez moi que pour cause de distribution massive de journaux gratuits, tout avion est REMPLI de lecteurs du Figaro !
      Maintenant, je vous ai épargné la tête du gars quand il a compris qu’il voyagerait à côté d’une lectrice de l’Huma !!!! smiley


    • Lapa Lapa 7 juillet 2009 11:47

      le monde est donc aussi cloisonné que cela ?
      c’est triste...

      dans ce genre de trajet j’espère être toujours a côté d’une jolie demoiselle et c’est souvent le vieux barbu à lunette qui se retrouve mon voisin... ouais le monde est injuste ^^


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 7 juillet 2009 15:40

      Mam Bwana, vous m’avez donné le mal du pays... Ah Paris, le métro.. ! . Les odeurs du monde entier qu’on ne retrouvent pas dans la bôite de sardines ordinaire et qui évoluent au gré des frôlements non consentis. Liberté, liberté du mois d’août qui viendra, quand on sera enfin seul.. 


      Sautant du coq à l’âne, imaginez la gueule de Lapa quand on discriminera à l’orthographe.... Mieux, imaginez la gueule des gens d’AGV quand ils vont comprendre pour la pub ... Bien fait pour eux ... Je leur en veux d’avoir foutu en bas de page mon article de ce matin sur « regler la crise », qui sera un jour un texte d’école smiley

      Et si vous pensez qu’il est triste de mourir à côté d’un lecteur du Figaro, souvenez vous que ce jour est le premier du reste de votre vie et qu’il est plus difficile de vivre avec la femme qu’on aime que de mourir pour elle. Je ne sais pas pourquoi, depuis que j’ai vu votre lien vers le Jeune Pop, il ne me vient que des poncifs à l’esprit...

       Pierre JC Allard

  • Sandro Ferretti SANDRO 7 juillet 2009 10:40

    Ah ben , ma petite dame, le cerveau humain est bizarement fichu. En lisant votre prose, le passage sur la promiscuité métropolitaine a allumé une veilleuse dans le sud de ma mémoire. Elle me parle de Pierre Desproges, et de ce passage (que je cite de mémoire, qu’il me pardonne).

    « A cause de ces pingres de Roux et Combaluzier, me voilà serré à cet inconnu pour un voyage de 4 étages étonnament lent. Lui, le corps et le visage tourné vers les boutons de commande, moi derrière, tentant de ne pas respirer trop fort et masquant le silence de quelques raclements de gorge. Et là, tout à coup, l’impensable, l’indicible me vint à l’esprit : malgré le tombé impeccable de nos costumes sombres, le silence de bon aloi de quarantenaires revenus de tout, je réalisais, avec vue sur cette nuque rougeaude qui sentait le tabac, que nous nous trouvions dans la position parfaite de la sodomie verticale.
    Cette pansée ne me quitta pas le long de ces 4 étages de malheur, avant que le gong de la porte ne nous libère ».

    Voilà, c’était un Monsieur qui ne lisait pas le Figaro mais écrivait dans l’Aurore, et qui le faisait bien. Il ne se demandait pas comment il allait mourir, puisqu’il est tout à fait mourru, comme dirait votre petit garçon , et même que nous on ne s’en remet pas , vu qu’il fait rien qu’à nous manquer, et qu’il n’a pas été remplacé, ce billet en atteste.

    PS : Personnellement, j’aimerais pas crever un dimanche, mais c’est chacun ses goûts.


  • italiasempre 7 juillet 2009 11:41

    Remarquable !

    Sanglots de bobo + délit de sale gueule...quel exploit !


    • Monolecte Monolecte 7 juillet 2009 13:45

      Au pire, on peut m’accuser de sanglots de prolo... pas assez argentée pour prétendre à une quelconque bobotisation.
      Sinon, je n’ai pas du bien retranscrire mon propre amusement et ma dérision, à savoir que tout cela n’est pas bien sérieux.


  • A. Nonyme Trash Titi 7 juillet 2009 12:06

    Savoureux ! Si s’amuser à dévisager ses semblables et à témoigner de ses états d’âme passagers, au fil du temps, fait grincer les dents des fâcheux et bien... tant pis pour ces grincheux !


    • geko 7 juillet 2009 12:15

      Le grand Jacques ne disait-il pas que « L’humour est la forme la plus saine de la lucidité. »


    • Monolecte Monolecte 7 juillet 2009 13:46

      Merci d’avoir saisi l’humour du truc !


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 7 juillet 2009 15:51

      Et si on disait que la lucidité est la forme la plus cruelle de l’humour ?  J’aime bien les gens qu’on croise chez Monolecte. Dommage qu’il n’y en ait pas assez pour remplir tout le site...

       
      PJCA

  • alberto alberto 7 juillet 2009 12:18

    Salut Monolecte,

    Oui, que ce soit dans un avion ou dans le métro, l’enfer c’est les autres surtout quand ils sont nombreux...Et plus ils sont nombreux, plus c’est infernal ! Mais patience, on dit que la fécondité est en chute libre et que la démographie suivra : attendons ! On sera peut être moins nombreux avant qu’on ne meure, car de toute façon après...Bon, je m’égare...
    Ce qui m’a quand même fait marrer, c’est ton histoire de feuille de papier fin. Enfin pour te dire qu’en matière de bonnes feuilles, moi, j’aime bien aussi celles-là !
    Bien à toi.
    PS j’ai bien aimé ton article.


    • Monolecte Monolecte 7 juillet 2009 13:48

      En fait, l’enfer est à géométrie variable : Si on excepte monsieur « barreau de chaise » qui était, somme toute, victime d’une réponse physiologique incontrôlée (ce dont je ne saurais lui en vouloir), j’ai trouvé tous les passager de cette rame de métro d’une dignité et d’une abnégation exemplaires.


    • Monolecte Monolecte 7 juillet 2009 13:49

      Rhooo, le provocateur ! smiley
      Mais ça ne prend pas avec moi, môsieur !


    • Dzan 7 juillet 2009 20:48

      Ouais moi aussi Modes et travaux , dedans il y a des patrons et je peux me torcher avec !!!


    • Monolecte Monolecte 7 juillet 2009 21:02

      Excellent, le coup de Mode et Travaux !


    • Monolecte Monolecte 7 juillet 2009 13:53

      Il faudra un jour que je raconte ce réveillon passé dans la région toulousaine dans une soirée d’enfants de la bourgeoisie locale. En gros, je m’étais préparée à une longue et éprouvante séance de pince-fesses et je m’étais entraînée à bien me tenir en société.
      Je n’ai plus jamais vu de ma vie pareille assemblée de gorets !
      Peut-être était-ce là l’exception qui confirme la règle, mais il me semblait qu’aucun des membres de cette caste très fermée n’avait l’air étonné par le comportement de soudards qui était de règle dans cette assemblée.

      Depuis, je regarde la notabilité d’un tout autre œil !


  • Gazi BORAT 7 juillet 2009 14:07

    Compagnons de voyage :

    Juillet 2008 - Nice-Lille (en avion)

    On m’installe une très jeune fille (dix ans) comme voisine de siège.

    Le genre « petite fille modèle, daans la catégorie bavarde.

    Elle sort de son sac un album, rempli de photographie en couleurs, qu’elle commence à me commenter :

     »C’est mon album de « Spice Girls..
     »Elle, c’est la plus jolie, elle est toujours bien habillée..« 
     »Elle, elle met toujours du rose..« 

    J’acquiesce poliment, mon regard posé distraitement de temps en temps sur les pages.. Je pense que je vais bailler et bientôt faire semblant de dormir.

    La petite tourne une page, un gros titre apparait :

     »Comment elles ont perdu leur virginté

    « Au secours ! je me met à penser.. La gamine regarde les images et me lance un :

     »Elle, c’est une intello.. Elle met des lunettes..."

    Ouf ! Je baille...

    gAZi bORAt


  • joelim joelim 7 juillet 2009 16:47

    Merci pour ce récit, qui évite le lieu commun de différencier les sensations externes et internes dans le but politiquement correct de censurer ces dernières... Sinon, à quand la visioconf pour soigner la réunionnite ? Le médicament est presque au point.


  • snoopy86 7 juillet 2009 18:37

    Que Dieu me preserve de voyager un jour en votre compagnie !!!!


    • ZEN ZEN 7 juillet 2009 19:21

      Snoopy a avoué , il lit le Figaro !
      Je le pensais abonné à Lutte Ouvrière...

      J’ai abandonné Le Monde (faut-il mettre une majuscule ?) pour cause de sarko-conformisme


    • snoopy86 7 juillet 2009 19:29

      Je lis le figaro
      Je ne porte que des Church ou des Sebago ( pas de Weston ...)
      Mais je n’ai pas de smartphone


    • le-Joker le-joker 7 juillet 2009 20:24

      Snoopy ty voyages pas en classe casse-burnes toi ?

      C’est fou on sent le gâchis dans cette plume, moi ça me fait peine.
      Du verbe et les émotions de travers.


    • Monolecte Monolecte 7 juillet 2009 20:28

      Je repense en passant au grand-père, socialiste par tradition familiale, qui achète le Figaro, à cause du supplément Madame... ts, ts, ts...


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 7 juillet 2009 19:08

    " À la Madeleine, on dépasse un camion Fauchon qui répand ses précieuses victuailles sur le trottoir et je me met à rêver de braquage gastronomique. « 

    T’as vu, t’es à Paris depuis la veille et à la seule vue de cette marque dont l’on ne parle que dans les lignes du Figaro, tu basculerais illico dans le même réflexe que celui à qui la » racaille « doit sa réputation... ? Il est à souhaiter que les lecteurs du Fig te lisent afin qu’ils comprennent mieux ce que représente le goût insondable de la tentation ! Heureusement pour toi et pour eux, il n’y a pas de » s " à Fauchon...


    • Monolecte Monolecte 7 juillet 2009 20:31

      Bon, bien que prolo, il se trouve que j’ai déjà eu l’occasion de manger de l’épicerie fine et faut dire ce qui est, avec du fric, on a toujours du produit de première qualité, goûteux, sain et tout, pas comme la merde que veut parfois nous faire passer pour du caviar d’aubergine. Goûtez une seule fois du véritable vinaigre balsamique et comparez avec la merde allongée au caramel qu’on nous vend comme tel et vous comprendrez ce que je veux dire.


  • Yohan Yohan 7 juillet 2009 19:56

    Franchement Monolecte, vous devez faire parti d’une espèce rare. Prendre l’avion avec l’Huma c’est pas courant ou alors, c’est seulement pour se faire remarquer. 
    En plus, vous nous faites un petit délit de sale gueule à l’envers. Le petit Pop en weston me semble plutôt à sa place dans un avion, et personnellement, je préfère encore ce genre là à la caillera du RER.

    Ensuite, vous n’auriez pas du jeter l’Huma avant de vous engouffrer dans le métro, car cette prose aurait pu vous faire gagner à la loterie « Sud RATP » un bon pour une place assise sur la banquette, histoire de vous épargner le bal des testicules élémentaires (pour vous paraphraser).

    Ensuite encore : heureusement que vous n’avez pas pris le métro avant l’avion, car vous auriez pu rater le deuxième, tant il est vrai qu’à Sud Rapt, les gars dégainent vite et fort.

    Enfin, pour finir, attendez d’avoir quelques années de plus pour solliciter un reclassement en classe « bourgeoise qui s’ignore »....


    • Monolecte Monolecte 7 juillet 2009 20:33

      Non, vous avez mal suivi, très cher, je n’ai pas pris l’avion avec l’Huma, je me suis servi sur le présentoir qu’il y a en fin de passerelle, juste avant la porte de l’avion. Donc, le présentoir dégueule de Figaro et au milieu, peut-être abandonné par une main subversive, un Huma !


    • Yohan Yohan 7 juillet 2009 21:59

      Faute avouée, à moitié pardonnée smiley


  • Gül 7 juillet 2009 21:07

    Et bien moi je le trouve très bien cet article. Au fil des mots, on sent les odeurs (merci Monolecte !!!), on ressent l’étouffement (merci encore !!!), bref...le reste va de soi tellement c’est bien narré.

    Je regarde mon petit coin de verdure, une bonne lampée d’air frais et...

    Au fait, ce n’est pas toi, il y a peu, qui avait laissé une phrase disant à peu de chose près, que malgré toutes tes râleries contre le trou du cul du monde où tu vis :

    « Quand j’aperçois la chaîne des Pyrénnées, j’oublie tout »

     ????


    • Monolecte Monolecte 8 juillet 2009 09:50

      Non, c’était un extrait du livre « Du rififi dans la garbure », édité près de chez moi. Cela dit, cette phrase est totalement vraie pour moi aussi. J’en parlais à un ami récemment, je rêve d’avoir une petite moto pour sillonner et photographier à moindres frais les vertes collines de la Gascogne.


  • miwari miwari 7 juillet 2009 21:26

    Je me répète je le sais, mais je passe a chaque fois un agréable moment quand je lis vos articles, du coup je fais le grand saut, j’ajoute votre blog a mes favoris.


  • kotodeuxmikoto kotodeuxmikoto 7 juillet 2009 22:16

    ouais
    à orly, on a droit au figaro ou le monde et à des bornes playstation 3(très chouette la ps3.)
    le problème c’est que les bornes ont un bon écran mais de mauvais réglages,par contre, pour le figaro ,je ne sais pas ,chez peur d’y rencontrer zemmour !


  • Colandon Colandon 8 juillet 2009 09:57

    L’article n’es pas signé ? Ceci étant, mieux vaut mourir devant :

    http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/

    que devant Nazigaro.

    Germain de Colandon


  • Christoff_M Christoff_M 10 juillet 2009 02:57

    le bourgeois du xxième siècle prend l’Airbus mais lit l’huma !!

    cela me fait penser aux gens qui achetaient le monde dans un camping étoilé des landes ou je bossais jadis...

    tout ce que vous nous racontez est charmant mais nous prouve que à part le journal vous faites partie de la meme catégorie que votre voisin que vous semblez mépriser !!
    Visiblement depuis le régime Umps, Sarkozy, Kouchner, Aubry, la frontière devient floue entre une certaine gauche caviar PS et l’UMP de Sarkozy...

    l’habit ne fait pas le moine, le journal non plus, je peux prendre tous les journaux et je n’ai pas honte de mes lectures, je ne prends pas libé ou l’huma pour faire bien... à la limite je prendrais les échos...

    nous faire croire que ces journaux ont encore une valeur, l’Humanité n’existe plus depuis qu’il a refuser de publier Marchais, et Libé encore moins depuis la sortie de July, quelle différence entre Le Figaro et un Libé tenu par Rotschild, et un Humanité sans ame, ces journaux n’étant plus que des possessions de financiers sans grandes plumes !!

    ce détail sur le choix du journal et vos envies de hold up de grand traiteur donnent une image terriblement carricaturale de vous !! ne critiquez pas trop votre voisin à l’avenir sans le connaitre... terrible société ou les clichés extérieurs comptent plus que les pensées et les etres humains.... moi à votre place je lui aurais parlé au bonhomme, simplement pour pouvoir me faire une idée, et pas rester dans un mépris tres conventionnel et bourgeois !!


    • Monolecte Monolecte 10 juillet 2009 08:46

      En parlant de leçon es cliché, il ne vous est sûrement pas venu à l’esprit que je ne prenais pas cet avion pour mon bon plaisir, mais pour aller travailler. Pas plus que vous n’avez l’air d’imaginer que je puisse ne pas avoir les moyens de me payer quelque voyage que ce soit en train ou en avion. J’étais dans cet avion parce qu’il fallait la même somme et 5 fois plus de temps pour faire le même trajet et que mon déplacement était défrayé.

      Je ne méprise pas mon voisin. J’ai juste d’autres préférences quant à ce que j’appelle une bonne compagnie. Et j’apprécie d’autant plus l’épicerie fine qu’elle est très loin de faire mon quotidien.

      Sociologiquement parlant, je suis 100% prolo, avec juste un petit verni d’éducation républicaine par-dessus !


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