lundi 26 juillet 2010 - par boddah

Journal de route : En quittant le Teraï …

Je quitte ce village ému, après y avoir passé deux semaines très mouvementées. Je connais la route jusqu’à Hétauda, ça devrai être rapide malgré le très mauvais revêtement. Un accident survenu juste avant mon départ entre un bus et un camion m’oblige à faire un détour dans la forêt : Pour éviter le bus gardé par des soldats, j’accompagne le trafic sous les arbres. Après le carrefour de Patlaya, la route défoncée par les camions file en ligne droite jusqu’aux pieds des collines. Les ornières sont tellement profondes que les camions doivent aussi être vigilants. Quand à moi, je pilote dans le creux de la vague…

 Je prend conscience que je quitte le Teraï quand je croise quelques villageois montagnards, une page se tourne. Je grimpe avec les camions la « highway » qui mène à Hétauda, elle suit une rivière à sec et quelques passages sont fait dans la pierraille. A Hétauda je fais le plein, il est 10h, j’ai bien roulé.

Maintenant, j’attaque la vrai montagne. Heureusement la route est tellement difficile que les camions et les bus se font très rares ; tous gagnent du temps en se rallongeantt par Narayangath et Mugling. J’ai passé ma dernière dernière nuit à 50m d’altitude, la prochaine se fera à 2400 ! Les virages féroces se succèdent, la route, plus étroite qu’un poids-lourd grimpe parfois à 20%. Elle est ponctuée de passages pierreux ou sablonneux ; je préfère les premiers, dans le sable, la glissade est vite arrivée. En évitant les quelques véhicules, je reste concentré sur ma conduite. J’ai à peine te temps d’admirer le Teraï disparaître entre deux falaises abruptes. La Brume me cache à présent la grande plaine du Gange, je suis sur les premiers contreforts qui ferme le grand « continent » indien. Les terrasses se font plus petites, à flan de coteaux, les villages se perchent sur les crêtes…

Il me faut deux heures trente pour effectuer 60km, mais je suis content de moi. Mes progrès en pilotages sont aussi flagrants que ceux en népali. Mon plus haut col se fait à 2700m, ma tête me fait un peu mal, heureusement que maintenant je descend vers Damane, Mais ce n’est pas plus aisé. De cette étape de ce soir je devrai à voir une large vue dégagée sur l’Himalaya, pour l’instant la brumes et les nuages couvrent l’horizon.

Je m’arrête devant un petit restaurant où je trouve quelqu’un pour me loger. Une petite femme d’age moyen me précède jusqu’à ma chambre, elle est sherpa. Nous arrivons devant une petite maison en bois sur trois étages : au rez de chaussée il n’y a qu’une pièce où sèche du foin, au premiers, trois petites chambres accessibles par un balcon, le dernier est un grenier. Une chambre est vide, la deuxième est occupé par son fils, et la dernière est pour moi.

damaneJe déguste tranquillement mes biscuits et mon fanta, il fait froid. Je reste habillé pour faire une sieste sous une grosse couverture. Lorsque le fils revient du collège, nous discutons un peu, lui travaille son anglais qu’il ne peut pratiquer à la maison. Il se propose d’être mon guide pour visiter les alentours, je refuse arguant que je suis fatigué. Même si c’est vrai, j’ai surtout envie d’être seul. A la tombée de la nuit, je sors rejoindre le restaurant-salle commune pour diner. Le garçon veut m’emprunter la moto, cette fois j’accepte : il me serai impoli de lui refuser deux choses en moins d’une heure, peut-être en profite t’il. Je mangerai inquiet pour ma moto…

Dans mon lodge il n’y a pas d’électricité mais il y en a ici ; normalement. En attendant c’est éclairé par des chandelles que je m’apprête à dévorer mon « DBT ». La grande pièce est pleine de femmes et d’enfants, une jeune serveuse m’apporte mon repas tandis qu’une autre dépose un seau de braises à mes pieds. Sous la nappe, la température est très rapidement agréable. Silencieux je suis dévisagé par quelques paires de petits yeux, le dhal bath est simple. Le tarkari est chiche mais additionné de pommes de terres, je dévore le tout affamé. Lorsque que l’électricité reviens pour une heure, la télévision et les ampoules éclairent ce lieux d’une lumière nouvelle, les yeux se fixent sur les nouvelles où l’on nous montrent les « exactions » des maoïstes contre la jeune armée régulière.

Lorsque je sors, la nuit est totale, sans lune ni étoiles je longe la route pour retrouver mon lodge à tâtons. A peine dans ma chambre, le jeune reviens avec ma moto, il me remet les clefs et me remercie chaleureusement. Il n’y avait pas de quoi s’en faire. Emmitouflé sous ma couverture, je ne tarde pas à dormir…

source : LGV

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