lundi 6 février 2012 - par boddah

Voyages en Asie pas cher, la fin d’une époque ?

Air-Asia annonce la fermeture de ses lignes entre Bangkok et l’Europe, la conjoncture économique mondiale empêche les « riches » les plus pauvres de voyager. L’Asie du Sud-Est, ce paradis de routards et d’amoureux d’authentique change rapidement et risque de perdre sa clientèle principale : le « backpacker ».

De ma station d’observation de Kampot, je peux voir les touristes évoluer. Le routard sans le sou, à la recherche du bon coin pour faire la fête et rencontrer des amis est toujours en majorité. Mais les rues de cette jolie petite ville sont de plus en plus fréquentées par des voyageurs plus âgés et plus argentés. Je ne me plaint pas de la situation mais je m’interroge sur les raisons. Le Cambodge mérite bien plus d’attention que ne lui en accordaient les routards jusqu’à maintenant. Kampot et ses commerces s’adaptent à ce changement, Bodhi-Villa reste la guesthouse de référence pour faire la fête, mais des hôtels moins bon marché ont ouvert leur porte à une clientèle plus soucieuse du confort de leur chambre que de la qualité du bar. Les restaurants adaptent leurs menus, suppriment les hamburgers et proposent plus de raffinement. (mes conseils : Bodhi-VillaLa Java BleueThe Columns et The Vine Retreat près de Kep)

backpackerLes prix dérisoires et les autorités très « cool » attirent encore une foule de voyageurs sensibles à ces arguments. Je ne connais pas d’autres pays où je peux donner mon passeport à un taxi qui fait la route jusqu’à Phnom-Penh, le dépose chez Luky-Motor et me le rapporte deux jours plus tard avec un nouveau visa business valable 1 an ! Le tout pour 5$ en plus du tarif du visa pour l’année. L’alcool est à un prix dérisoire, tout comme les cigarettes (2.80$ pour une cartouche de cigarette), les drogues et le sexe ; ce qui pousse à la consommation et attire une faune pas toujours respectueuse des coutumes cambodgiennes.

Pourtant le changement de « clientèle » est bien visible dans toute l’Asie. La crise n’excuse pas tout, mais il est vrai que le voyageur à petit budget se fait rare, comme les vacances se font rares chez tout ceux qui souffrent de la crise. Les vols « discount » offrait jusqu’à aujourd’hui à cette classe grandissante des « pauvres-riches » de venir en Asie recharger ses batteries et vider son stress. Mais l’annonce d’Air-Asia marque peut-être la fin de cette époque.

Des taxes d’aéroports plus chères, une clientèle qui ne voyage plus pour cause de crise et des prix du pétrole qui ne baissent pas. Voila les principales raisons de ces compagnies « discount » pour fermer leurs lignes. Seuls les vols rentables sont assurés : Australie, Japon, Chine,…)

Air-Asia m’a contacté pour m’annoncer que les billets achetés 6 mois plus tôt pour me permettre, avec ma femme et mon fils de 3 ans de visiter nos familles en Europe, sont annulés et que nous seront remboursés. Pour un aller simple pour 3 de Bangkok à Paris nous avions payé 600€, dorénavant si nous voulons rendre visite aux grand-parents de mon fils, il nous faudra débourser au moins 1800€.

backpacker sur la plageN’étant pas le seul dans cette situation, et les compagnies « discount » ne prévoyant pas de ré-ouvrir des lignes entre l’Europe et l’Asie ; j’ai bien peur que cette partie du monde ne devienne inaccessible à bon nombre de voyageurs. Les plages de Thaïlande se vident, tout comme le « tubbing » au Laos. Un manque à gagner en milliard pour un pays comme la Thaïlande qui vit grâce à cet argents dépensés en club ou sur les plages les nuits de pleine lune. La Thaïlande ne manquera pas de faire remarquer ce douloureux problème aux responsables occidentaux lors d’un prochain sommet.

D’un point de vue plus général, je ne m’étonne pas vraiment de cette évolution. Je pensais que le processus allait prendre plus de temps. Les réserves pétrolières et la conscience écologique grandissante de nos sociétés poussent les compagnies aériennes à augmenter toujours plus leurs prix. A terme, seuls quelques privilégiés pourront prendre l’avion comme aux débuts des vols transatlantiques. La société démocratique ne prévoit jamais et réagit toujours au dernier moment, la prise de conscience écologique doit être suivit par des changements profonds de nos modes de vie.

source : LGV



14 réactions


  • Ronald Thatcher rienafoutiste 6 février 2012 15:33

    est-ce un bien ou un mal ?

    ça évitera peut-être aux populations autoctones de voir chez eux défiler des semi-clochards occidentaux, des camés et autres pervers sexuel, des crève-la-dalle à 5 dollars par jour, mi-zombies squattant les plages inondées de techno, devenant délinquants pour pouvoir se payer le billet retour et toucher leur RSA... cette faune est conchie de tous, et il faut beaucoup de persévérance pour donner une autre image de la jeunesse occidentale à un pêcheur de l’Orissa. Le voyage est un luxe et doit le rester, tout le monde ne peut pas se tenir correctement en réunion, et il est des pays ou le savoir-vivre veut encore dire beaucoup de chose sur une « civilisation ».


    • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 6 février 2012 15:38

      Outre le fait que l’Espagne, le Portugal et la Grèce ont fort besoin de plus de touristes pour relancer leurs économies.


    • Ronald Thatcher rienafoutiste 6 février 2012 16:37

      mais c’est beaucoup plus chère, l’un des avantages de l’Asie, c’est que c’est très bon marché, le marchandage étant de rigueur, le touriste cité plus haut, se permettra le ridicule de palabrer une heure pour rogner l’équivalent de 20 cent sur une course en tuktuk.


    • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 6 février 2012 21:59

      Ceci étant dit, il n’y a pas si longtemps, on proposait des semaines à Jerba en all in pour 300 euros.

      M’est avis que d’aucuns partiront moins loin et moins longtemps.


    • lsga lsga 7 février 2012 14:29

      en plus, si on veut voyager en Asie, suffit d’aller à Barbes ou dans le 13ème.

      Là, on a des voyageurs dans le sens premier du terme ; pas des petits bourgeois qui veulent faire la fête.


    • travelworld travelworld 10 juillet 2012 16:13

      Les pires ce sont les russes !!! Les Thaïs les détestent, en plus la mafia russe est déjà sur place hélas !!


  • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 6 février 2012 15:37

    C’est le moment de proposer de construire un train à grande vitesse qui se greffe sur le transsibérien !

    Pour recréer l’ambiance de l’Orient Express.

    On partirait pour 5 ou 6 jours de voyage avec des wagons couchette et on verrait du pays avant d’arriver à destination.

    Il paraït même qu’il existe des projets de trains à hypergrande vitesse pour traverser l’Atlantique, alors, pourquoi pas le détroit de Berhing aussi ?


  • Marc Blanchard Marc Blanchard 6 février 2012 19:12

    Les tendances s’inversent mais par le bas.


    Les classes moyennes occidentales voient leur pouvoir d’achat tiré vers le bas, les pays d’Asie avec une inflation qui fait tout augmenter sans que les gens ne gagnent plus.
    En tout cas c’est ce que je constate au Vietnam.

  • wawa wawa 7 février 2012 07:16

    article factuel très interessant la fin du tourisme de masse est inéluctable cause raréfaction du petrole mais je ne pensait pas qu’elle arrive si tot. en tout cas les compagnie aérienne s’y préparent peut être déjà en réduisant leur périmetre.

    a confirmer avec d’autre compagnie pour voir si c’est une tendance lourde


  • zgrouik zgrouik 7 février 2012 11:16

    Ce n’est qu’un cycle. Une autre mid-class, avec d’autres touristes, brésiliens, indiens, ... viendra à la place des occidentaux barboter sur les plages d’Asie du sud-est.


  • lsga lsga 7 février 2012 13:01

    Bref : un excellent nouvelle pour la planète et les gamines prostituées du Cambodge. 


  • travelworld travelworld 10 juillet 2012 16:20

    Concernant la Thaïlande, c’est aussi un pays industriel et 1er producteur de riz au monde, une baisse du tourisme européen est évidement un problème mais moins crucial que les français ne le pense généralement, les russes (vols directs Novossibirk Phuket) !!! et les chinois ont pris le relais de toute façon.


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