L’avènement des citoyens reporters
Par Véronique Durant.
En partant du postulat que tout citoyen peut devenir un reporter capable de dénicher des informations exclusives et inédites, la société de veille stratégique Cybion a lancé AgoraVox, une nouvelle plate-forme d’expression. Chefs d’entreprises, chômeurs, altermondialistes, étudiants, et même journalistes sont désormais les acteurs de ce nouveau média citoyen et alternatif. Carlo Revelli, créateur du projet et PDG de Cybion, nous en présente les grandes lignes.
Pourriez-vous nous présenter brièvement AgoraVox ?
AgoraVox
constitue l’une des premières initiatives européennes de
« journalisme citoyen » à grande échelle complètement gratuit. Il
s’inspire des expériences concluantes menées notamment en Corée du Sud
et aux Etats-Unis. AgoraVox est une plate-forme mise à la disposition
des citoyens pour diffuser une information inédite récupérée par
exemple, par un téléphone portable ou un appareil photo et transmise
via Internet.
Comment expliquez-vous l’émergence de ce que vous appelez des « citoyens-reporters » ?
Notre
constat est simple : avec la démocratisation et la maîtrise effective
des NTIC, tout citoyen peut devenir potentiellement un "capteur
informationnel", capable d’identifier et de proposer en temps réel des
informations à forte valeur ajoutée. C’est ce que nous avons pu,
d’ailleurs, observer avec le tsunami en Asie du sud-est. Ainsi, le
formidable potentiel que représentent des millions de personnes
agissant en réseau de manière conjointe, permettra de passer d’une
version « officielle » de l’information à sa version « réelle ».
De quelle manière participer, concrètement, à AgoraVox ? N’importe quel internaute peut-il rédiger des informations ?
La
personne doit tout d’abord s’inscrire, en se présentant, car les
contributeurs anonymes ne seront pas diffusés. Une fois inscrit, il
soumet au comité rédactionnel son article, sa photo ou bien sa vidéo,
pour validation. Effectivement, n’importe quel internaute peut
transmettre une information dès lors que celle-ci peut être vérifiée et
répond à la politique éditoriale (nous refusons les propos
diffamatoires, xénophobes,...)
N’y a-t-il pas un risque de supplanter le rôle des journalistes et des médias ?
L’originalité
d’AgoraVox est de remonter de l’information. On passe donc du
« top-down » au « bottom-up » informationnel. Les journalistes pourront
ainsi récupérer des informations inédites car aucun journal, aucune
agence ne peut avoir un journaliste à chaque coin de rue ! Cependant,
il faut noter que de plus en plus de journalistes contribuent d’ores et
déjà à AgoraVox en apportant des informations inédites.
L’équipe d’AgoraVox effectue-t-elle un contrôle des informations publiées, en amont ou en aval ?
Le
comité de rédaction se charge de vérifier la conformité des propos
tenus avec la politique éditoriale d’AgoraVox et mène éventuellement
des enquêtes complémentaires en cas de doute, si c’est jugé nécessaire
(voir http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=60#comite).
De par son métier et son expérience, la société Cybion a acquis un
savoir-faire qui est indispensable pour valider les informations
soumises.