mercredi 11 juin 2008 - par

« Se mettre à l’abri des collusions »

Internet. Carlo Revelli, créateur d’Agoravox, explique pourquoi ce site de journalisme participatif va devenir une fondation, basée en Belgique :

Recueilli par Frédérique Roussel

Agoravox, site de journalisme participatif, vient de fêter ses 3 ans. Littéralement « la voix de la place publique » a inauguré en France un modèle imité sur le sud-coréen Ohmynews lancé en 2000 qui fait des citoyens des producteurs d’informations. Créé au sein de Cybion, société spécialisée dans la veille sur internet, le site Agoravox devient aujourd’hui une fondation. Le modèle semble séduire de plus en plus pour l’indépendance financière qu’il procure, mais les lois françaises le rendent difficilement applicable à un média. Entretien avec Carlo Revelli, le créateur d’Agoravox, qui se rend la semaine prochaine à Bruxelles pour signer les statuts. Agoravox aura à l’avenir son siège dans la capitale belge.

Pourquoi avoir choisi le modèle de la fondation ?

Dans la sphère de l’internet - logiciel libre, open source ou collaboratif -, c’est un modèle assez courant, surtout dans les pays anglo-saxons. Regardez la fondation Mozilla, Wikimédia qui gère Wikipédia, Linux, Ubuntu, la Fondation pour le logiciel libre de Richard Stallman ou encore l’Electronic Frontier Foundation. Toutes proportions gardées, nous réfléchissons depuis longtemps à l’évolution d’Agoravox dans cette direction. Participatif, le site rassemble plusieurs milliers de contributeurs ; ils le font, donc cela leur appartient. Il fallait une cohérence avec notre modèle de journalisme participatif. De plus, nous souhaitons protéger son indépendance et le mettre à l’abri des collusions. A ce sujet, je ne peux pas m’empêcher d’avoir en tête la célèbre déclaration d’indépendance du cyberespace que John Perry Barlow, le cofondateur d’Electronic Frontier Foundation, eu le courage de lire à Davos devant tous les chefs d’Etat de la planète, en 1996. Ce texte garde toute son actualité…

Avez-vous eu des propositions de rachat ?

Des investisseurs de l’univers des médias et de la finance nous ont approchés. Agoravox a même été valorisé, au moment de la présidentielle et du pic d’engouement pour le Web 2.0, entre 10 et 15 millions d’euros… Je n’ai pas créé ce site dans l’optique de faire du profit. Nous sommes arrivés à un moment où il faut inventer de nouveaux modèles médiatiques qui concilient éthique et quête de neutralité informationnelle.

Pourquoi en Belgique ?

Au départ, nous souhaitions créer notre fondation en France, mais les contraintes légales sont trop exigeantes. Une fondation d’utilité publique nécessite un apport minimum d’un million d’euros, d’attendre au moins un an pour l’obtention du statut et surtout d’accepter que le ministère de l’Intérieur siège au conseil d’administration. Il était hors de question de lier Agoravox à un ministère ou à une fonction politique. En Belgique, les conditions sont plus flexibles et mieux à même de garantir pleinement l’indépendance de la structure, sans mise financière de départ. Et l’avis est rendu au bout de trois mois. (...)

Lire la suite de l’interview sur le site de Libération




Réagir