mercredi 28 octobre 2009 - par Babar

Crise de 1929 : avons-nous retenu la leçon ?

Dans son documentaire sobrement intitulé 1929, William Karel, à une exception près, n’interroge aucun témoin. Dans son précédent film - Mais qui a tué Maggie ? - il avait pu interviewer quasiment au complet le gouvernement anglais dirigé par Margaret Thatcher.

Mais 80 ans après 1929, impossible de retrouver des témoins vivants. Seule exception notable, donc, la présence de l’historien Howard Zinn qui, âgé de 7 ans en 1929, se situe ici à l’intersection de l’histoire et de la mémoire.
 
1929, documentaire en deux parties diffusées sur Arte le mercredi 28 octobre à 20h45(1ère partie - La crise et à 21h35 2e partie - La Grande dépression). Ce film est également disponible en dvd et comporte en complément un entretien entre les économistes Joseph Stiglitz et Daniel Cohen.

80 ans après le krach qui a fait trembler les Etats-Unis et précipite le monde dans la guerre, la seule solution pour William Karel était de faire parler les archives de l’époque - des documents rares, souvent inédits en France - en les intercalant habilement avec les mises en perspective d’économistes (Joseph Stiglitz, Bernard Gazier, Daniel Cohen, Jeff Madrick, Richard Salsman) ou d’historiens réputés (Howard Zinn, déjà cité, ainsi que de Steve Fraser, Elaine Abeslon, Alfred Grosser, Harold James, Maury Klein, Amity Shlaes).
 
William Karel, comme il l’explique dans l’interview qui suit, ne voulait pas laisser aux seuls économistes le soin d’expliquer pourquoi le jeudi 24 octobre 1929, la bourse de Wall Street s’effondre.

Cet intrication entre archives et les expertises de chercheurs donne tout son sel à ce documentaire passionnant. Comment, en l’espace de quelques jours l’économie apparemment prospère des Etats-Unis s’écroule-t-elle, entraînant l’Allemagne dans sa chute et, partant, l’ensemble du monde.
 
Tel est le sujet de ce film en deux parties qui cherche à comprendre les causes de ce krach historique et en décrit les conséquences.

Ironie du sort, au moment où William Karel travaille sur son film, un autre désastre financier, la crise des subprimes, s’abat sur le monde. Des millions d’Américains se retrouvent à la rues faute de pouvoir payer leur crédit, des usines ferment partout dans le monde. Le spectre de 1929 plane et ce documentaire qui entendait expliquer sous l’angle économique, sociologique et historique une catastrophe ancienne devient un film d’actualité lui-même.
 
Comment en est-on arrivé-là ? La question se pose avec la même acuité pour 1929 que pour 2008. A cette différence que 1929 fut un événement fondateur. En 2008, financiers et économistes savaient que la crise allait tomber. Quand ? On l’ignorait. Pour le reste c’était couru.

Le film de William Karel s’attarde sur les années 20. En France c’est la « belle époque » (pas pour tout le monde). Aux Etats-Unis, c’est la prospérité, les roaring twenties, les rugissantes années 20. Seul bémol la prohibition et le gangstérisme prospèrent, mais pas seulement. On assiste à la naissance d’une classe moyenne. Chaque famille possède sa Ford T. On consomme, on s’enrichit et l’on pense que cela va durer des siècles. En cinq ans les cours de la bourses sont multipliés par quatre. En 1929, deux milliards de dollars sont investis sur le marché. La bourse est un eldorado. Le patron de la General Motors déclare que pour 15 dollars investis il garantit un gain de 80 000 dollars. La presse économique le salue comme un visionnaire. Les banquiers de Wall street sont des « prestidigitateurs ». On devrait dire des illusionnistes. Des escamoteurs.
 
En juin 1929 les premiers signes apparaissent. Depuis longtemps certains économistes prédisaient la catastrophe, l’éclatement de cette bulle. On ne les écoute pas... En septembre, Wall street vacille, le 24 octobre, elle chute, en novembre elle s’effondre. Ce qui signifie une perte de 30 milliards, soit dix fois le budget fédéral américain. Face à ce cyclone qui balaye l’Amérique et commence à faire ressentir ses effets sur l’économie « réelle » le président Hoover...ne fait rien, sinon de rapatrier l’argent prêté à l’Allemagne pour sa reconstruction, histoire de restaurer la confiance des financiers. Conséquence, l’Allemagne, est asphyxié. Hitler monte dans les sondages. Il sera élu chancelier, un mois avant Roosevelt. Le bilan de ce dernier est en demie-teinte. Roosevelt instaure le new deal, fait promulguer une série de lois sociales inédites aux Etats-Unis. Mais le new deal sauvera-t-il les Etats-Unis de la crise. Rien n’est moins sûr. Ce qui est certain c’est que la menace qui vient d’Europe est une aubaine pour les Etats-Unis qui en faisant tourner les usines d’armement à plein se refont une santé économique inespérée...

1929 est une analyse historique et un document d’actualité aussi passionnant et riche l’une que l’autre. 
William Karel, invité des Rdv de l’Agora, répond aux questions d’Olivier Bailly

Olivier Bailly : Avez-vous tourné ce film dans l’idée de « commémorer » les 80 ans de la crise de 1929 ou à cause de la crise de l’an passé ?
William Karel : Pas du tout. Je faisais un film il y a un an et demi sur l’Empire state building. Comme j’avais besoin d’archives, j’en avais demandé une dizaine de minutes aux agences américaines pour utiliser les quelques minutes dont j’avais besoin. J’en ai reçu sept heures sur la crise de 29 avec des images magnifiques comme celle des marathons de danse que l’on peut voir dans le documentaire.
 
J’ai pris la minute dont j’avais besoin, je suis allé voir Arte en leur disant que dans un an il y aurait le 80ème anniversaire de la crise et que l’on pourrait faire un film. Ça s’est fait comme ça, complètement par hasard. Ce n’était pas une commande, mais juste l’envie de vouloir montrer ces archives parce que c’était pratiquement du cinéma, ces actualités parlées. C’était sonore, filmé en 35 mm, sur pieds. Ça copiait déjà le cinéma.

OB : Le film comporte de nombreuses images que nous n’avions jamais vues

WK : Une fois que j’ai reçu ces archives je suis allé à New York voir des fonds et j’ai trouvé des archives que je ne connaissais absolument pas. L’attentat contre Roosevelt, je n’en avais jamais entendu parler, de même que les images des nazis dans New York, ou encore celles où Roosevelt décide de tirer sur des grévistes à l’US Steel. A chaque fois ça a été une surprise. Et je ne voulais pas raconter toute l’histoire de la crise de 29, mais essayer de raconter des petits bouts d’histoire, parler de Joseph Kennedy, de Henry Ford, de l’antisémitisme, de la façon dont Douglas MacArthur et Eisenhower ont tiré sur la foule de la bonus army, les vétérans de la première guerre mondiale et leur famille, lors de la marche du Congrès.
 
On s’était mis d’accord avec Arte pour ne pas parler de la crise d’aujourd’hui, mais effectivement si on ne parle que de 1929 dans le film, chaque mot ramène à aujourd’hui.

OB : Le patron de
General Motors écrit dans un article paru un an avant la crise de 29 que « tout le monde a le droit d’être riche ». Cela fait écho avec la crise d’aujourd’hui
WK : Exactement. Dans Le Monde, récemment, deux articles sont parus à la une, avec ces titres : « Wall street enregistre des profits historiques et va verser des bonus record » et « En France les banques affichent une insolente prospérité ». C’est-à-dire que rien n’a changé. Au début du film, j’ai voulu mettre la phrase de Clémenceau : « L’histoire ne se répète pas, elle bégaye ». J’ai oublié de la mettre, mais effectivement ça nous ramenait à chaque fois à aujourd’hui.

OB : L’histoire bégaye, mais il y a aussi de grandes différences entre 1929 et 2008
WK : C’est vrai. Sur l’ampleur, par exemple. En 1929 l’action de Goldman Sachs qui valait 140 dollars en valait un trois jours après le jeudi noir. 5000 banques ont fermé en trois jours. En 2008 il n’y a jamais eu 25% de chômeurs et, même si l’automobile est en crise, Ford qui passe de 130 000 à 30 000 ouvriers, on n’a jamais vu ça. Donc les crises se ressemblent, mais pas dans leur ampleur.

OB : Et puis l’Allemagne qui sortait de la première guerre mondiale était encore en reconstruction
WK : C’était pour moi le point le plus important. Cela m’intéressait de raconter deux histoires en parallèle. Celle de Roosevelt et celle d’Hitler qui font leur campagne électorale en même temps, qui accèdent au pouvoir avec près d’un mois d’écart. Il y a des similitudes. Mais suite au jeudi noir le retrait des fonds américains des banques allemandes a été une catastrophe et une erreur monumentale. A la veille de la crise, Hitler faisait 2%, 17% un mois après et sera élu en janvier 33.
 
C’est pourquoi je n’ai raconté que des petits bouts d’histoire. C’est un film d’histoire et pas d’économie. Même les économistes qui interviennent dans le film on leur demande d’être historiens. On peut se poser la question : qui est le plus qualifié pour parler de 1929 : les historiens ou les économistes ? Probablement les deux.

OB : Dans le film on voit bien que vous teniez à ce débat entre économistes et historiens. C’était une manière de ne pas laisser l’autorité aux seuls économistes ?
WK : Oui. Je voulais absolument comprendre comment l’effondrement de la bourse avait pu provoquer l’apocalypse, c’est-à-dire ce qui a suivi. En fin de compte, après avoir vu douze témoins qui enseignent la crise de 1929 à l’université de Boston ou de New York, dans le film, l’un d’entre eux, le professeur James, disait que personne ne sait en fin de compte ce qui est arrivé. Lui-même dit que quand il reçoit ses petits-enfants et que l’un d’eux lui demande ce qui s’est passé en 1929 il raconte qu’il est mort de honte parce qu’il est incapable de l’expliquer.
 
C’est vrai qu’il y a dix, vingt théories, mais finalement personne ne sait comment un simple effondrement de la bourse a pu se transformer en une grande dépression qui a duré sept ans.

OB : On s’aperçoit que les politiques n’ont pas prise sur la situation

WK : Le président Hoover, non. Il n’a pas été à la hauteur de la situation, c’est certain. Roosevelt aussi. Je sais que c’est un peu gênant d’égratigner cette image de héros, mais je voulais être un peu critique envers lui, sur le fait que le New deal n’a pas été une réussite et que sans le boum de l’industrie militaire et la guerre l’Amérique restait en crise pour des décennies. Tout ce qu’il a fait est magnifique : il a autorisé les syndicats, il a inventé la sécurité sociale, il a amélioré la condition des Noirs, a supprimé le travail des enfants, etc., mais d’un autre côté il y a des points sombres. Avant 1936, avant qu’il ne soit réélu, il refuse de signer le décret interdisant le lynchage pour garder le poids des états du sud, il a fait tirer sur des grévistes, il a menti sur son état de santé...

OB : Peut-on établir un parallèle entre Roosevelt et Obama ?
WK : C’est certain. Relisez les textes dans lesquels Roosevelt décide de mettre en place les premières mesures sociales, les indemnités de chômage et la sécurité sociale. En 1933 et jusqu’en 1935 déjà le Sénat rejette toutes ses lois. On sent la haine de la droite et des milieux financiers. Ça saute aux yeux tout le temps.

OB : Si Roosevelt avait été à la place de Hoover, dès le départ, est-ce que la situation aurait été différente ?
WK : Non parce que personne n’a vu l’effondrement de la bourse. C’est étonnant l’aveuglement général. Il y a des exceptions. En France Paul Reynaud, le ministre français des finances de l’époque est alors en visite à New York et envoie des messages alarmants partout en disant « tout va s’effondrer » et Paul Claudel qui est alors ambassadeur de France à Washington écrit que ça ne peut pas durer cette folie de l’achat à crédit, que cela va s’effondrer. Ce sont les deux seuls. Les autres n’ont rien vu.

OB : Selon vous l’avis des économistes est-il un avis pertinent ?
WK : J’ai voulu savoir ce que tout le monde se demande : est-ce que la crise de 1929 peut se reproduire et est-ce que les leçons ont été tirées. Et effectivement personne n’a tiré les leçons de la crise. Le système qui a entraîné la crise est toujours debout, c’est toujours le même. Quant à la crise actuelle elle a bon dos, elle ne touche que les plus pauvres, ceux qui ont perdu leur emploi. Les banques ont reçu des milliards et des milliards aussi bien ici qu’aux Etats-Unis.
 
J’entendais récemment un économiste à la télévision qui disait que de toute façon la prospérité ne pouvait pas durer éternellement. Il parlait de la dernière crise. Mais la prospérité existait pour qui ? Pour tous ceux qui gagnent le Smic ou qui essayent de ne pas perdre leur emploi c’est un système injuste.

OB : Parmi vos intervenants Howard Zinn a été témoin de la crise, il avait sept ans en 1929, et il est également historien, ce qui lui permet d’avoir sur cette période un regard incomparable
WK : Nous nous sommes vus deux ou trois heures. Il m’a raconté un peu sa vie. A près de 90 ans il a fait la campagne d’Obama. Il a traversé tout le siècle. Il s’est battu contre la guerre du Viet Nam, il a accompagné Martin Luther King, Lyndon Johnson lui a demandé de venir s’installer à la Maison Blanche pour lui écrire ses discours...
 
J’ai décidé de prendre une caméra et d’aller passer deux semaines avec lui parce qu’il faut garder cette mémoire vivante. Ça sera un film sur sa vie. Je ne sais pas qui ça va intéresser mais au moins je passerai une douzaine de jours avec lui. Il a eu une vie fabuleuse. Il a tout vu, traversé tout le siècle jusqu’à Obama, ce qui est étonnant.

OB : Vous évoquez également dans votre film les photographes Walker Evans et Dorothea Lange qui nous ont laissé de magnifiques photos de la dépression
WK : La seule façon d’obtenir des fonds de la part du Congrès et du Sénat c’était de rendre la situation de plus en plus dramatique, donc les photos ont été dramatisées et ces photographes ont été salariés par le gouvernement.

OB : A la fin de votre film Joseph Stiglitz dit « ça ne changera pas »...
WK : Dans le dvd du film il y a un bonus où Stiglitz raconte comment il claque la porte de la Banque mondiale alors qu’il a un poste en or parce qu’on lui a dit qu’on ne pouvait rien faire...
  
 
 
Crédit photo : Dorothea Lange/theoriedesimages


36 réactions


  • jako jako 28 octobre 2009 08:56

    Remarquable, très interessant, merci


  • cathy30 cathy30 28 octobre 2009 10:19

    Bonjour M. Bailly
    article vraiment interessant. Ce que nous avons tiré de la crise de 29 ? Seulement de venir au secours des banques. Mais comme tout est reparti de plus belle, sans en prendre aucune leçon, et bien la prochaine sera encore bien plus grave, et tant pis pour l’humanité, tant que les affaires continues.


  • manusan 28 octobre 2009 10:21

    Ils serait judicieux de retenir les leçons d’une autre crise, celle de 1870-1880, qui fait suite à la première mondialisation. Le remède qui a marché à l’époque était le protectionnisme, c’est pourquoi la méthode fut tenté pour la crise de 29 avec les effets que l’on connait, cependant il faut noter que si en 29 la finance s’était mondialisé, l’industrie elle, beaucoup moins (par rapport à 1870) en particulier le textile.

    La crise actuelle est finalement peut-être plus 1870 que 1929.

    Un article sur cette crise de 1870 et la première mondialisation qui l’accompagne serait fort instructif.


  • mac 28 octobre 2009 11:49

    « En 2008 il n’y a jamais eu 25% de chômeurs et, même si l’automobile est en crise, Ford qui passe de 130 000 à 30 000 ouvriers, on n’a jamais vu ça. Donc les crises se ressemblent, mais pas dans leur ampleur. »

     Déjà au niveau de la présentation des statistiques, on a fait beaucoup de « progrès » depuis 1929 et selon le mode de calcul, les 10% de chômeurs annoncés au USA peuvent dépasser les 20%.
    J’ai tout de même l’impression en lisant cet article que WK estime un peu que le gros de la crise de 2008 est derrière nous, ce qui est vraiment loin d’être certain.

    Quant à l’ampleur de cette crise, il est bien trop tôt pour dire si elle est moins importante que celle de 1929. Elle pourrait même largement la dépasser si, comme certains économistes le pensent, elle amène à l’effondrement du dollar avec les conséquences géopolitiques que cela pourrait avoir...


  • Internaute Internaute 28 octobre 2009 11:52

    Il y a beaucoup de raccourcis dans cette présentation. On laisse croire par exemple que la montée du nazisme en Allemagne serait la conséquence de 1929. Que la crise ait joué un rôle, c’est évident, mais pas le rôle fondateur que l’auteur veut lui donner avec en filigranne ce sonseil « Suivez servilement vos économistes et vos dirigeants car sinon c’est la guerre mondiale ». Hitler est avant tout le fils du Traité de Versailles qui a suivi la défaite allemande de 1914.

    Quand vous écrivez « Ce qui est certain c’est que la menace qui vient d’Europe est une aubaine pour les Etats-Unis qui en faisant tourner les usines d’armement à plein se refont une santé économique inespérée... » pouvez-vous l’étayer par des chiffres de production industrielle de l’époque ou est-ce une simple conviction ? C’est lors de la première guerre mondiale que les US ont produit en nombre des armements qu’ils vendaient aux deux camps. A la deuxième il faut attendre Pearl-Harbour pour que la machine se remette en route. En 1929, dix ans avant le conflit, je doute qu’ils produisaient beaucoup de bateaux, de chars et d’avions. Qu’en auraient-ils fait ? les stocker ?


  • Internaute Internaute 28 octobre 2009 11:57

    La bulle de 1929 vient d’une modification de la réglementation qui autorise les achats à terme. Tout le monde se met à spéculer à la marge et brusquement il n’y a plus que des vendeurs. Le public est ruiné par les appels de marge.

    Le parallèle à faire avec la crise d’aujourd’hui est la déréglementation qui permit l’apparition des produits dérivés et surtout le mélange des genres entre les banques d’affaire et les banques commerciales.


  • sheeldon 28 octobre 2009 12:41

    bonjour

    bon article merci .

    cordialement


  • plancherDesVaches 28 octobre 2009 12:42

    « C’est vrai qu’il y a dix, vingt théories, mais finalement personne ne sait comment un simple effondrement de la bourse a pu se transformer en une grande dépression qui a duré sept ans. »
    Personne ne sait comment... ???
    Le fait qu’il y ait plusieurs théories est dû à la sensibilité politique des différents économistes.
    Et la trés grande différence d’avec 1929 est que maintenant, grace au net, tout le monde comprend ce qui se passe.
    Et... les mêmes causes produiront les mêmes effets.

    Bonne crise à tous.


  • zelectron zelectron 28 octobre 2009 13:15

    Crise de 1929 : avons-nous retenu la leçon ? NON, NON, NON et NON !

    En fait, c’est surtout une question d’appât du gain (cupidité maladive) et la vrai question est : est-ce que ça se soigne, Docteur Sigmund ?


    • Gorg Gorg 28 octobre 2009 13:37

       En fait, si vous le permettez, j’ajouterais appât du gain facile, sans travailler et sans se fatiguer, autrement dit travailler moins pour gagner plus.... Le libéralisme .... parasitisme.


  • sisyphe sisyphe 28 octobre 2009 13:38

    Merci beaucoup pour cet excellent article ; émission sur Arte à ne pas louper...

    Retenir la leçon ? C’est absolument impossible puisque le système capitaliste, contrairement à ce que ses défenseurs prétendent, est, par définition, un système fermé, incapable de s’adapter ou de se modifier.

    Sur le parallèle avec la crise de 2008, il est absolument évident, puisque le système capitaliste est, structurellement, un système gagnant-perdant.

    Pour que certains puissent gagner (beaucoup), il est nécessaire que beaucoup perdent.

    Et, non seulement, les règles n’en ont pas changé, mais, avec sa globalisation (plus aucun autre système capable de lui faire obstacle), elles se sont, évidemment, aggravées, sous l’effet de sa « libéralisation », c’est à dire de la déréglementation totale du système d’échanges, transformé en un système purement spéculatif.

    La plus grave transformation a été, évidemment, la décision de retirer le pouvoir de création monétaire aux états, et de le confier à des banques et organismes privés, sans plus que cet argent ne soit autre que soi-disant virtuel.
    Du coup, on a assisté à la création ex-nihilo de sommes colossales d’argent fictif, investies dans des opérations de pure spéculation, déconnectées totalement de l’économie réelle, qui ne pouvaient qu’amener à l’explosion de cette gigantesque bulle, et à la crise que payent, aujourd’hui, comme en 1929, comme toujours, les éternels perdants ; le quasi-totalité de la population mondiale.

    Et comme, au lieu d’en tirer les leçons, pourtant absolument claires pour tout le monde, les politiques, qui n’ont plus aucun autre pouvoir, pieds et poings liés qu’ils sont, par leurs dettes, leur dépendance totale des banques et organismes privés, que de remettre au pot, ont créé les conditions pour que le même processus se perpétue, préparant la prochaine crise, très probablement plus grave, plus irrémédiable.

    La SEULE solution, les économistes et analystes lucides ne cessent de le répéter, est une radicale REFORME MONÉTAIRE, retirant le pouvoir de création de l’argent aux banques et organismes privés, et le reconfiant aux états, ou à des organismes centraux, le redistribuant aux états, et aux états seulement (selon leur population ,leurs budgets, les nécessités d’investissement, les services sociaux, les salaires, les grands travaux, etc...)

    Dissociation des banques de dépot et des banques d’affaires, interdiction d’engager, dans des opérations de spéculation, un autre argent que celui REELLEMENT disponible.
    Pour les banques d’affaires, disposition de leur seul capital propre ou bien celui emprunté aux états, avec intérêts ; fermeture en cas de dette non remboursée.

    A défaut de cette fondamentale réforme, les mêmes causes produiront les mêmes effets, de plus en plus graves, pour toujours les mêmes perdants (l’ensemble des citoyens de la planète), et, dans cette perspective, on ne voit guère d’autre issue, effectivement, qu’une guerre  ; la seule question étant quelle forme elle prendra...


    • Internaute Internaute 28 octobre 2009 14:02

      En écrivant « Sur le parallèle avec la crise de 2008, il est absolument évident, puisque le système capitaliste est, structurellement, un système gagnant-perdant. Pour que certains puissent gagner (beaucoup), il est nécessaire que beaucoup perdent. » vous ne voyez que le capitalisme financier qui est effectivement la onzième plaie d’Egypte.

      Le capitalisme entreprenant est une bonne chose. Ceux qui ont créé l’industrie automobile américaine (Ford, General Motors) on réussi à catalyser les forces vives des classes populaires pour construire quelque chose qui a eu des retombées positives sur des millions de gens. Tous les ouvriers de Detroit ont rêvé d’avoir la chance d’être employé chez Ford ou GM. On les désigne maintenant comme une classe de privilégiés.


    • plancherDesVaches 1er novembre 2009 20:28

      Je risque de vous décevoir, internaute, mais...

      Les nombreux qui ont créé des industries de construction automobiles à l’époque ont simplement constaté que le pétrole était une énergie qui pouvait se transporter à bord d’un véhicule.
      Et, EN MEME TEMPS, que la mécanisation de l’industrie aidant, il était parfaitement possible de produire en réduisant fortement les coûts.

      Lavilliers chante « être nait quelque part », je devrais déposer le brevet pour la chanson « être nait au bon moment »... lol


    • Rosemarie Fanfan1204 1er novembre 2009 20:45

      Très vrai, très bien expliqué, et vous méritez bien votre pseudo. Malheureusement.


    • Pierre29 Pierre29 4 novembre 2009 16:07

      Votre commentaire est selon moi d’une redoutable clairvoyance.
      C’est simple et clair. Et j’ai l’impression que nous le savons tous même si nous n’avons pas les mots que vous avez pour le dire.
      Emmenons cette connaissance dans nos choix du quotidien autant que dans les urnes.
      Puisse votre clairvoyance être partagée par suffisamment pour éviter le pire.


    • freelol freelol 11 novembre 2009 09:14

      Je rajouterais que le contrôle de la monnaie ne suffit pas même si c’est fondamental ; et qu’il faut intégrer les aspects environnementaux et humains dans l’économie afin d’obtenir le cout réel des biens et services. Il faut de surcroit que la société, les collectivités, les politiques encadrent strictement l’activité des entreprises en matière environnementale, sanitaire ou sociale. Enfin les grands choix énergétiques, stratégiques ou politiques ne devraient pas être laissés à quelques décideurs parisiens ou bruxellois.


  • ZEN ZEN 28 octobre 2009 13:40

    @ Sisyphe
    Pas mieux !


    • Francis, agnotologue JL 28 octobre 2009 13:48

      Attali, lucide, reçu ce matin par Thomas Baumgartner sur France Culture disait, à propos de la Somalie : « c’est le marché sans l’Etat ». Et il ajoutait aussitôt : « la globalisation c’est la somalisation du monde ».

      On ne saurait mieux dire.



      ps. Je ne sais pas, vous, mais chez moi, les italiques ça marche une fois sur deux. Alors je mets du gras, ça marche tj.


    • plancherDesVaches 28 octobre 2009 14:01

      Pour appuyer vos propos :
      http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2835&var_recherche=ordolib%E9ralisme

      « L’euthanasie de la classe moyenne, voulue par les néolibéraux, pourra ainsi se poursuivre, avec pour objectif : la Tiers-Mondialisation de la planète. »


  • ZEN ZEN 28 octobre 2009 13:53

    Pour une fois qu’Attali ne dit pas de conneries...


  • Atlantis Atlantis 28 octobre 2009 17:21

    « L’histoire ne se répète pas, elle bégaye ».

    Ceux qui souhaitent répéter le passé devraient en premier lieu s’assurer le contrôle de l’histoire enseignée.  * Code Bene Gesserit - La Maison des Mères (1979), Frank Herbert (trad. Guy Abadia), éd. Robert Laffont, coll. Presses Pocket, 1986 (ISBN 2-221-04912-8), p. 7

    (et c’est valable dans tous les domaines, pas uniquement l’économie ...)

    petit rappel au passage de ce qui se passe lorsque l’état vit de la dette


    • plancherDesVaches 28 octobre 2009 20:55

      Dans la série des « dictons » :
      « il est parfois plus dangereux de connaître le passé que de prédire l’avenir » : Mazarin, cardinal qui a dirigé la France. Et c’est fait la Reine.
      Ils savaient diriger le truc, à l’époque. Et chez les Romains, c’était le même principe.

      Bref, depuis 2000 ans, l’humain n’a pas évolué.


  • eratosthène 28 octobre 2009 23:46

    Comme l’a précise William Karel lui même, la crise de 1929 intervient dans le contexte de l’après première guerre mondiale. Le gold exchange standard est un système monétaire international branlant et l’Allemagne croulant sous les dettes de guerre n’arrivait pas à rembourser.
    L’origine de la crise de 1929 est boursière, elle nait d’une chute dramatique des cours qui entraîne une faillite bancaire pour la raison que 90% des actions étaient achetées à crédit.
    La crise de 2008 a une origine hypothécaire, ce qui la différencie considérablement de la crise de 1929 et la rapproche plutôt de la crise de 1873, comme l’explique l’historien Scott Reynolds Nelson .
    La différence entre Roosevelt et Obama, c’est que le premier a réellement agi pour plus de justice sociale et a su réunifier l’Amérique alors que l’autre est un Bush soft qui mutualise les pertes au détriment du contribuable.


  • JahRaph JahRaph 29 octobre 2009 11:33

    Excellente émission sur Arte......

    Un jour, les Rockfellers, Rotschild et autres subiront le même sort que les Louis XIV et consorts.....

    Ce jour là approche à grand pas......

    Plus ils protèges leurs privilèges indécents (inhumains même), plus leur chute sera brutale.


  • JahRaph JahRaph 29 octobre 2009 12:36

    Pourquoi supprimer des commentaires ???

    C’est dommage !!!!


  • moebius 1er novembre 2009 21:29

     Qui est cette femme sur la photo, que sont devenu ses enfants ?


    • Annie 1er novembre 2009 21:41

      Je ne suis pas sure que l’on sache qui était cette femme, mais ce qui est connu est qu’elle vivait sous une tente pendant la période du « dust bowl » (tempêtes de poussière aux Etats Unis qui ont détruit toutes les récoltes pendant la Grande Dépression) et qu’elle avait huit enfants. Le photographe a décidé de n’en retenir que deux pour la photo de peur qu’une famille aussi nombreuse éveille moins de compassion.


  • moebius 1er novembre 2009 21:35


    .. Ne vous en faites pas nous n’allons pas mourrir de faim, les riches s’engraissent et quand ils seront suffisamment gros on les bouffera. 
     Pleure pas ! toi et tes gosses, notre élevage de riches est productif, 


  • BA 1er novembre 2009 23:01

    Dimanche 1er novembre  :

    Aux Etats-Unis, la banque la plus importante pour les prêts aux Petites et Moyennes Entreprises s’appelle CIT. Aujourd’hui, CIT a fait faillite.

    Lisez cet article  :

    Le groupe financier américain CIT, acteur incontournable du financement des PME américaines, a annoncé dimanche qu’il se mettait sous la protection de la loi sur les faillites (Chapter 11).

    « Le Conseil d’administration a approuvé la proposition de déposer volontairement un dossier au tribunal des faillites du district sud de New York », indique le groupe dans un communiqué.

    Les actifs de CIT étant évalués à 71 milliards de dollars, il s’agit de la cinquième plus grosse faillite de l’histoire des Etats-Unis, après celles de Lehman Brothers (2008), Washington Mutual (2008), WolrdCom (2002) et General Motors (2008).

    http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=ad79115bafffae68da1c79e83fd7295a

    Voici les dernières nouvelles de l’économie réelle (je dis bien  : l’économie réelle, pas l’économie des menteurs et des joueurs de pipeau)  :

    1- Le revenu disponible réel des ménages américains a baissé en septembre pour le quatrième mois d’affilée.

    2- Les dépenses de consommation des Américains ont diminué de 0,5 % en septembre.

    3- «  USA  : malgré la reprise, l’économie reste encore très dépendante de l’Etat. Les chiffres publiés vendredi 30 octobre par le Secrétariat au Commerce montrent que le revenu disponible réel des ménages a baissé en septembre pour le quatrième mois d’affilée, et que les Américains préfèrent épargner plutôt que dépenser, accréditant le pronostic des analystes selon lequel la consommation, qui a apporté 2,36 points de croissance au troisième trimestre, risque de replonger sur la fin de l’année.  » (Source  : france-info.com )

    4- «  Les autorités américaines ont fermé vendredi 30 octobre neuf banques, un record pour une seule journée depuis le début de la crise financière. Cette opération porte à 115 le nombre de banques mises en faillite depuis le 1er janvier 2009, soit le plus haut niveau annuel depuis 1992. Les analystes s’attendent à ce que d’autres surviennent encore d’ici la fin de l’année.  »

    http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE59U00G20091031

    Message transmis aux fanatiques de la méthode Coué.

    Message transmis aux naïfs qui croient que «  La récession est finie  ».

    Message transmis à madame la marquise Christine Lagarde.

    Message transmis à Obama qui disait samedi 31 octobre  : «  Aujourd’hui, je suis ravi de pouvoir vous offrir des meilleures nouvelles qui, tout en n’étant pas une cause de réjouissance, font penser que nous allons dans la bonne direction.  »

    Message transmis aux journalistes, aux éditorialistes, aux commentateurs qui refusent de voir la réalité telle qu’elle est.


  • FLORILEGE1975 FLORILEGE1975 7 novembre 2009 22:59

    Excellent article et émission sur ARTE à recommander.Merci @ l’auteur.

    Vous pouvez regarder cette vidéo de l’INA sur cette crise et ses liens avec le racisme et la xénophobie.


    http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/CAA7901522601/la-crise-de-1929.fr.html


    Sommes nous capables de tirer l’enseignement de la leçon ?


    Les banquiers centraux interviennent massivement au secours des marchés financiers pour l’unique et seule raison qu’il est bien plus coûteux d’affronter une dépression qu’une crise financière. Ce serait donc la seule leçon apprise de la crise de 1929.

     Le vrai problème, une fois encore, est l’implosion financière.

    Seule certitude : pour sortir de la crise, il faudra penser autrement.

     La dépendance à la richesse, autrement dit cupidité, qui est une sorte d’emprise, enclenche un processus : le goût de la richesse et du pouvoir, l’exploitation , l’esclavage,etc.

    Il faudra aussi sortir de l’interdépendance des Etats-Unis dominant avec l’Europe et tous les pays du monde ? Car actuellement, si les Etats-Unis croulent, nous croulons avec !

    L’hyperlibéralisme nous conduit dans le mur

    Parler de l’effondrement du système capitaliste et penser que la crise de 1929 est devant nous peuvent sembler exagéré ! Mais la résolution de la crise devra forcément passer par une redistribution des cartes, un New deal mondial qui pourrait se traduire par quelques guerres ou révolutions.

    La crise est certaine, elle devrait être longue, il n’est pas sûr qu’on aille aux extrémités de la grande dépression, des fascismes et de la deuxième guerre mondiale mais ce n’est pas exclu pour autant

    Non seulement il y aura de la casse ( il yen a déjà ! ) mais on risque plus des gouvernements autoritaires et démagogiques que des révolutions sociales progressistes et raisonnables !

    Peut-on espérer, qu’ici ou là, la crise soit l’occasion d’un progrès de l’émancipation humaine qui finira par s’étendre et submerger les nouvelles tyrannies, mais il y faudra du temps !

    Et que cette fois ci, on tire les vrais leçons ??? Nous, le peuple !


  • Leviathan Leviathan 12 novembre 2009 13:02

    Les américains de 1929 étaient tout autant fascistes que les nazis.
    Voir également « Le mythe de la bonne guerre » de Jacques R. Pauwels :

    http://www.dailymotion.com/video/x10hfx_le-mythe-de-la-bonne-guerre_politics


  • Nasrallah Belkhayate Nasrallah Belkhayate 8 janvier 2010 20:11

    Et les mots pour le dire arrivent ....
    Quel plaisir de pouvoir reconnaitre le génie et le saluer comme il se doit ...
    Merci à tous pour cette démonstration de force des mots ....
    Je vous salue Marie pleine de grâce ...
    Que votre nom soit sanctifiée ....
    A la prochaine .


  • rastapopulo rastapopulo 8 janvier 2010 21:44


    je cite :
    « Blablabla Roosevlet bof blablabla Obama ouaaaaa » 

    Ne pas parler de :
     -la commission Pecora qui a traduit en justice JP Morgan (excusez du peu)
     -du Glass Steal Act, abrogé, seulement sous Clinton, 60 ans plus tard (excuzez du peu)
     -de l’indépendance de Roosevelt envers la clique de WallStreet (excusez du peu)
     
    c’est digne de la sousculture de la finance anglosaxonne.


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