easy easy 13 septembre 2011 16:11

Vous abordez un sujet fort complexe
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Le générationnisme existe mais si nous disons que 100 % des gens s’orientent avec, nous généralisons abusivement.

Les quelques uns qui, parfois, de manière opportune, invoquent des générations (sans doute incités en cela par la névrose statistique qui nous a tous beaucoup trop calculés) procèdent de réification. D’un groupe complexe aux contours mal définis composé de millions d’individus différents, chacun doté d’une psychologie propre, ils simplifient, ils réduisent pour en faire une « génération »
Tant que cette simplification versait dans le sourire à la baby boom, elle ne gênait personne.
Ce n’est que lorsque cette simplification par réification sert à porter des accusations, qu’elle fait mal et de manière alors aveugle.
(J’entends par réification ce biais d’abus de langage très simplificateur par lequel on disait « L’Allemagne fait la guerre à la France »)


Concernant la dette, les jeunes d’aujourd’hui en perçoivent de deux sortes. Celle qu’ont leurs parents et celles qu’a l’Etat.

La dette des parents (pour acquérir leur logement) est régulièrement bien perçue par les jeunes. Principes d’héritage faisant, ils vont plutôt à l’apprécier. Jamais les jeunes n’auront autant hérité de biens matériels de la part de leurs parents. Et ils ne risquent pas, contrairement à autrefois, de se retrouver avec des charges de dette sur le dos au décès de leurs parents emprunteurs.

C’est donc la seule dette des collectivités que les jeunes supportent mal.
Autrefois, les collectivités enpruntaient aussi mais elles ne s’épuisaient pas en services de dette. Alors que c’est le cas aujourd’hui et qu’on ne voit pas comment en sortir.
Bien que la cavalerie mise en place récemment reporte les dettes sur des générations encore plus lointaines, les jeunes de 30 ans aujourd’hui ont tout de même l’impression -au seul niveau de leurs impôts- de payer à la place des anciens.

Et comme ils sont forcément frustrés quelque part sur le plan matériel, ils ont l’impression de payer pour rien, de ne pas en avoir pour leur argent. Ils sont gâtés, transpirent peu, risquent peu leur santé au travail, mais ils sont frustrés de ne pas avoir, dès 25 ans, une décapotable à toit électrique.


S’ajoute à cela la problématique inédite de la surpopulation, des murs écologiques, qui fait que les jeunes se sentent profondément mal à leur place, exactement au contraire des jeunes du baby boom qui étaient tellement espérés, utiles, indispensables, attendus.

S’ajoute encore le fait que les parents seniors ont, c’est nouveau, envie de prolonger une vie de jeune, de vivre une vie de jeunes. Autrefois, passé 50 ans, on s’habillait en manière d’ancien, on se coiffait en manière d’ancien. Aujourd’hui, plus ils vieillissent, plus les parents essayent de se déguiser en jeunes.


Les vrais jeunes, bien que plus gâtés que jamais sur le plan matériel, se sentent donc à la fois peu désirés par le Monde et concurrencés par leurs parents sur le terrain du jeunisme. (le film Tanguy ne montre pas ce fait mais la moitié des parents divorcent et se remarient en même temps que leurs enfants, avec des enfants et certains retournent même en fac)


Mais il n’y a pas que les vieux qui jouent aux jeunes. Il y a aussi les très jeunes qui jouent aux jeunes adultes (string, téléphone, drogues, sexe...).

A l’époque de l’image + sport, c’est l’image du corps qui occupe une place prépondérante. Nous ne sculptons plus le marbre pour en extraire des Venus, nous sculptons directement les vrais corps.
En Occident, c’est donc sur le secteur 20 - 30 ans que toute la pyramide des âges veut stationner et ventouser. Il y a donc encombrement et bagarre.
Que ce soit pour l’emploi, pour les loisirs ou pour le look, toutes les générations se retrouvent à jouer sur ce même terrain, celui de la jeunesse gâtée.



NB Les déficits financiers des parents étant effacés lors des transmissions à leurs descendants, il faut bien que quelqu’un les paie et c’est donc la collectivité.


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