lagabe 23 octobre 2011 11:26

La facture de l’internationale des prêteurs

 

A dette publique française sélève à 84,5 % du « produit intérieur brut » et la dette ja­ponaise à 236 % de son propre PIB. Le Japon s’offre un record mondial : sa dette dépasse les 8 000 milliards d’euros. Pourtant, les agences de notation ne traitent pas Tokyo comme Athènes, ni même Paris, et les taux n’y flambent pas. Pourquoi ? Tout simplement parce que plus de 90 % de cet endet­tement faramineux est détenu par les épargnants japonais. Ce n’est pas le cas de la France ; qui, chaque année, doit em­prunter à l’étranger la moitié des capitaux dont elle a besoin pour financer ses déficits et ne peut que se soumettre aux dures lois de ces agences. Avant les années 80, les ci­toyens comme les entreprises de l’hexagone pouvaient sous­crire aux bons du Trésor en se rendant à la perception ou à la poste de leur quartier avec leurs petites économies. Pour faire moderne, et au nom de la libé­ralisation des marchés, Pierre Bérégovoy, alors ministre de l’Economie, décida que tout in­vestissement en bons du Tré­sor devrait passer par une banque ou par un intermédiaire financer. La France, désor­mais, disposera d’une dette cotée sur les marchés interna­tionaux. Paris allait concur­rencer la City et découvrir les charmes des ventes à découvert. Exit le petit épargnant et l’entreprise économes ! Banques et assurances ap­plaudirent à cette décision qui leur permettait de bénéficier d’une nouvelle clientèle et, au passage, d’encaisser des com­missions. Bercy créa un éta­blissement spécifique, France Trésor, pour placer au mieux la dette française à l’étranger, et les agences de notation com­mencèrent à la coter. Devenu ministre de l’Economie, Domi­nique Strauss-Kahn accentua ensuite, par diverses mesures techniques, cette internationa­lisation. La France jouait enfin dans la cour des grands !

Trente ans plus tard, alors que la dette publique française a plus que doublé, les résultats sont là. Les taux auxquels la France emprunte dépendent des agences de notation, et il a suffi qu’elles envisagent, comme la semaine passée, une dégra­dation de sa note pour que, en quarante-huit heures, les ac­tions de ses banques plongent.

Conclusion tirée par un ban­quier parisien : « Finalement, il aurait mieux valu que la France continue à emprunter au paysan corrézien ou ’à la veuve de Carpentras plutôt qu’à un spéculateur de Wall Street ou à un banquier de Hong­kong.  »

Ce n’est pas le ministre ja­ponais des Finances qui pourrait le contredire


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