Asp Explorer (---.---.82.42) 6 juin 2006 23:16

Puisque le titre de cet article est une question, je pense qu’on peut apporter une réponse : non. Si l’on considère la chose selon l’angle purement économique (et en oubliant la mythologie du Grand Quotidien Citoyen de Référence, et autres bla-blas vides de sens), on s’en convainc rapidement. Il suffit de se poser la seule question qui vaille : quelle plus-value ai-je donc en achetant un quotidien, plutôt qu’en me contentant de l’information gratuite à ma disposition ?

La réponse varie d’un pays à l’autre. Dans les pays normaux, on a effectivement une plus-value en prenant l’information payante. Le travail d’éclairage, de réflection, de synthèse du journaliste a une certaine valeur. Il permet de mettre les informations en perspective, de se faire une opinion, bref, d’être un citoyen. Mais en France, il n’en est rien, pour une multitude de raisons tenant à la sociologie de la population journalistique, à sa connivence avec les pouvoirs en place et à sa soumission aveugle audit pouvoir (si vous avez réussi à science-po, vous faites l’ENA, sinon, vous faites journaliste). Ailleurs, on devient journaliste, c’est un accomplissement, une vocation, un métier dont on se fait une haute idée. En France, on finit journaliste quand on a échoué au jeu de l’élitisme républicain. Comment s’étonner, dans ces conditions, de la médiocrité de cette corporation ?

En outre, dans notre beau pays, la liberté d’expression n’est défendue par personne, voire, est toujours vaguement suspecte, d’où une législation qui dans les fait, interdit à quiconque d’émettre une opinion différente de ce qu’il est autorisé (par qui ?) de dire. En France, il faut le dire, la loi réprime la liberté d’expression, il suffit de voir pour le croire le risible rush d’internautes français sur le site de la Tribune de Genève à chaque élection pour avoir les résultats avant les 20h fatidiques, et accéder aux mêmes infos que les états-majors politiques ont sous les yeux depuis des heures.

Il résulte de tout ceci que l’information officielle est révérente, uniforme et sans intérêt pratique pour le lecteur. Il suffit de s’en convaincre de se retourner sur l’exemple consternant que nous a donné notre presse lors du référendum, et au propos duquel je ne reviendrai pas, nous l’avons tous en mémoire. Les Français ont compris depuis longtemps que s’ils veulent être informés décemment, ils ne pouvaient pas compter sur leur presse, et qu’ils devaient aller à la pêche aux infos eux-mêmes, en privilégiant les sources étrangères. Du coup, à quoi bon payer ? Pourtant, ce n’est pas le goût de la lecture qui nous manque, comme en témoignent les chiffres de vente de l’industrie du livre, les tirages de la presse magazine ou les abonnements de la presse régionale. Mais c’est vrai, du point de vue du lecteur, la presse quotidienne nationale coûte cher et ne sert pas à grand chose.


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