easy easy 14 décembre 2011 15:46

Je n’apprécie pas que dans la rubrique des sources, on écarte la reponsabilité des parents et des profs au motif expéditif qu’ils seraient restés comme ceux de 1850. La télé, seule nouveauté, ressortant alors seule responsable.

Mais convenons d’un fait indiscutable, la télé a été produite selon l’audimat. Disons que 8 émissions sur 10 devaient coller ou satisfaire à l’audimat.
Sans jamais perdre de vue que c’est le peuple qui fait l’audience et que sa responsabilité est donc première dans le choix des idées médiatisées, le fait que la tété ait été si amplement soumise au plus petit commun multiple, aura consolidé un mainstream formé de quantités d’esprits plus que de qualités d’esprits.

S’il n’y avait pas Yves Saint Laurent, s’il n’y avait pas eu le Louvre comme ultimes repères de qualité, nous serions en ce moment tous nivelés à la qualité Lidl.

Et qu’est-ce qui a poussé la télé à mainstreamer dans le plus facile ? C’est la publicité. C’est donc le consumérisme dont le concept est né de la Révolution églitariste et que l’industrialisation bascoûtiste a permis.

Lorsque Alexandra David Neels, Darwin, C L Strauss, Jean Malaurie, Livingstone et T E Lawrence voyageaient, ils le faisaient selon un concept de « voie de la difficulté ». Ce concept les obligeait constamment, in petto, à des efforts intellectuels. Idem quand Schweitzer, Yersin, Dunant opéraient dans le champ utopiste de l’aide à autrui. Même Andrew Carnegie, industriel, se cassait la tête pour faire de sa bonne fortune un bien commun. Au fond, tous ces individus avaient une éthique commune consistant à finir pauvres d’argent, rincés, vidés, épuisés d’avoir oeuvré en utopistes d’humanisme.
Tout le contraire des Bernard Tapie, Madoff et autres Kim Schmitz


En dépit d’exemples merveilleux (qui nous ont été tout de même rappelés ici et là à travers des documentaires, livres, films et noms de rues), en dépit des prix Nobel, Albert Londres et Pulitzer, nous nous sommes mutuellement encouragés non à faire comme eux mais à faire tout l’inverse en collant plutôt au festival de Cannes.

Entre le travail acharné des Edison, Curie et autres Yersin, nous avons clairement préféré la voie facile -à condition d’être médiatiquement remarqué- des strass et projecteurs où une certaine esthétique physique allait devenir capitale (Susan Boyle faisant alors exception). Plutôt glamour que laborieux. Plutôt Delon et Bardot que Pasteur et Amélia Earhart.

Je veux dire qu’il serait injuste ou plutôt irresponsable de prétendre que l’esprit protestant (très porteur du labeur dans l’ombre) nous a été caché. Tous ces exemples de besogneux restent accessibles, nous en entendons parler, ils ne sont pas tabous et rien ne nous interdit de les imiter. Mais nous sommes devenus convaincus que nous méritions tous au moins un quatre étoiles au bout d’un vol, au moins une semaine de ski par an et au moins un scanner à la moindre indigestion.


Si la télé a très fortement participé à nous bercer de ces illusions d’hédonisme facile, si elle nous a convaincus que nous avions le droit de tout réclamer à partir du Bac, il faut quand même dire que les facilités d’endettement, la direction assistée, la télécommande et les abaissement des coûts de production ont permis de concrétiser ces illusions.
Télé ou pas, il aurait suffit que le crédit à la consommation soit interdit pour que tout eût viré autrement.
C’est surtout le crédit qui nous a donné la conviction d’avoir des droits de tout avoir tout de suite, soit par la banque, soit par l’Etat, soit par les parents. La jeunesse d’aujourd’hui, si elle n’obtient pas ce qu’elle fantasme, fait donc procès à ces trois Pères Noël.


[ Il y a de plus en plus de films sur le thème de Noël où il ressort que tout se règle si ceux qui ont de l’argent offrent leur cagnotte. Ce Père-Noëlisme correspond bien plus à l’esprit catholique royaliste (où le salut de chacun tient surtout de ses rapports avec le roi ou le pape) qu’à l’esprit janséniste (Où le salut de chacun dépend surtout de son rapport avec Dieu) ]



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