armand armand 21 janvier 2012 14:57

Aldous,

Franchement, j’en suis revenu d’une vision positive d’Erdogan, notamment à travers plusieurs séjours en Turquie, parfois sur invitation d’universités prestigieuses. Ce n’est pas pour autant que j’y vois une alternative plausible à court terme. Mais le gugusse en question est bien trop proche d’un Ahmedinejad - même origine, même anti-intellectualisme, même populisme. D’alleurs, l’AKP reproduit progressivement toutes les dérives clientélistes des précédents partis au pouvoir, et remplace la menace du coup d’Etat, endémique en Turquie, par la menace d’une arrestation arbitraire. La société turque est trop évoluée, dans les villes en tout cas, trop éduquée, pour supporter longtemps cette hégémonie, à moins que celle-ci ne s’appuie sur la terreur.
Sa relative bienveillance envers les minorités (toute relative, d’ailleurs) lui vient bien davantage d’un néo-ottomanisme, que d’une réelle sympathie pour les victimes. Et d’ailleurs il est loin d’être suivi par ses troupes de chocs, dont certains exemples se sont exprimés ici avec la nuance qu’on leur connaît !
De plus, la politique étrangère que vous avez l’air d’approuver fait de la Turquie le fer de lance du conservatisme sunnite wahhabi, financé par l’Arabie séoudite et le Qatar, dont nous autres occidentaux, USA et France en tête, sommes devenus les supplétifs stipendiés.Sans parler du poids d’une « orthopraxie » imposée à la population, où les signes extérieurs de religion, naguère interdits, sont désormais exigés dans toutes les administrations dépendant de l’Etat.
J’augure mal, en outre, des humilations successives infligées à l’Armée - pour rappeler la phrase de Lartéguy, gare au réveil des Prétoriens ! Cette prudence élémentaire valait pour la Rome antique, pour la France de 1960, pour la Turquie actuelle.


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