ivan (---.---.129.140) 26 juin 2006 13:55

Drôle de manière pour l’auteur de traiter de la question du nucléaire iranien ! Il ne faut pourtant pas avoir énormément d’imagination pour mettre côte à côte les déclarations du leader iranien sur la technologie nucléaire et celles sur la nécessité de rayer Israel de la carte du Proche Orient... Ne pas faire mention de ces dernières relève clairement d’une volonté de présenter la réalité sous un certain jour plus favorable, en semant des doutes et hésitations qui n’ont en fait que très peu lieu d’être concernant l’utilisation potentielle du nucléaire par l’Iran.

Je m’interroge également sur l’existence d’un « droit » de l’Iran dont il est question dans ce texte ? La définition d’un droit en droit international publique répond à des conditions précises dont l’auteur semble n’avoir que faire... L’article 4 du Traité de Non Prolifération auquel l’Iran est partie prévoit que : « Aucune disposition du présent Traité ne sera interprétée comme portant atteinte au droit inaliénable de toutes les Parties au Traité de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques »...

Les déclarations du président iranien, autorité officielle, sèment le doute sur ces fins pacifiques ce qui permet de mettre en doute l’existence même du droit dont il est question.

ces quelques mots de fin « J’espère qu’elle saura convaincre l’opinion publique internationale de sa bonne foi quant à son refus de se doter d’ADM. En même temps, et c’est le souhait de tous les opprimés du globe, j’aimerais beaucoup que l’Iran résiste jusqu’au bout à la « règle du plus fort » pour montrer aux peuples qu’on peut être fort en restant dans leurs droits »

==> Nous y revoîlà, la vieille rangaine marxiste des opprimés ne faisant valoir que des droits alors que les pseudo oppresseurs ne seraient en mesure de faire valoir que la force. Les « opprimés » n’ont pas le monopole concernant l’application de droits et il serait bon qu’ils se mettent également à les respecter (autant en matière de nucléaire que de financement et support d’activités terroristes, visant des civiles, et contraires au droit international, avec le Hezbollah).

Quand cessera-t-on d’appliquer ce calque déformant à toutes les situations de politique internationale divisant la communauté internationale en opprimés et oppresseurs ? En quoi l’Iran fait-elle d’ailleurs partie de ces pays opprimés (ses ressources pétrolières semblent plutôt lui donner beaucoup de marge de manoeuvre ?) En quoi sa vocation à être le porte-parole des opprimés est-elle justifiée (autrement que par la simple volonté "marketing du leader iranien ?)

Quant à la fièreté perverse de montrer aux « oppresseurs » (entendez les pays occidentaux) combien les « opprimés » unis (entendez les pays musulmans) peuvent résister à « la règle du plus fort » (entendez la simple volonté d’éviter une course aux armments dans la région, avec l’Arabie Saoudite entre autre, mais également le promotion de la démocratie, la lutte contre les obscurantismes de toute sorte), il me semble qu’elle avait déjà été évoquée, avec le même esprit revanchard, un jour de septembre...

Tout cela va-t-il dans le sens de relations pacifiées et équilibrées avec l’Occident ? cet esprit de revanche joue-t-il seulement en faveur des peuples « opprimés » selon l’expression de l’auteur ?

Pour moi, il joue plus en faveur des dictateurs de toute la région en question, prompts à trouver dans cet esprit de revanche un moyen commode de détourner encore la population d’enjeux internes : manque de liberté, régimes autoritaires et corrompus, partage des richesses et de la manne pétrolière plus que défavorable à ces « opprimés » dont il est question.

On ne peut que déplorer que ces dictateurs parviennent à faire miroiter des arguments de revanche pour manipuler les populations opprimées (on se demande encore par qui elles le sont le plus d’ailleurs : l’Occident ou leurs leaders...). En revanche, qu’ils parviennent à emporter la conviction non pas seulement d’un paysan du fin fond de l’Iran, mais d’un normalien démontre la puissance du procédé, à moins que ce ne soit le manque de lucidité de l’auteur...


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