docdory docdory 25 juin 2012 14:29

@ Le Grand Ecart

Le problème des droits d’inscription à l’université est complexe.
On peut constater deux situations extrêmes :
1°) Celle des Etats-Unis, pays dans lequel les droits d’inscriptions sont absolument exorbitants, surtout dans les meilleures universités, ce qui fait que les étudiants doivent contracter des emprunts énormes qu’ils mettront des années, voire des dizaines d’années à rembourser. Ce système présente des inconvénients majeurs :
- il exclut quasiment les pauvres de l’accès aux universités , en tout cas aux meilleures d’entre elles ( les bourses étant distribuées au compte-goutte ).
-ce ne sont pas forcément les plus talentueux qui entrent à l’université, mais les enfants de ceux qui peuvent payer un maximum
- accessoirement des étudiants y sont scolarisés uniquement en raison de leurs aptitudes sportives, et non de leurs aptitudes intellectuelles ( le sport universitaire ayant une grande importance aux USA )
L’avantage de ce système c’est que les universités sont d’un très haut niveau, ( du moins pour les meilleures d’entre elles ) , les campus sont magnifiques, les bibliothèques sont dignes de ce nom, le matériel est de premier ordre etc ...
2°) Le deuxième extrême est celui de la France. Les droits d’inscription à l’université sont très modiques, voire quasi-gratuits pour les boursiers, il n’y a aucune sélection à l’entrée à l’université. Les effets indésirables de ce système sont nombreux :
- L’essentiel des frais de fonctionnement de l’université sont payés par les impôts, directs ou indirects. Ce qui aboutit au fait que les pauvres paient , par leurs impôts et leur TVA, les études des enfants de la classe moyenne supérieure ( il y a très peu de fils d’ouvrier ou de chômeurs actuellement à l’université en France ),
- Le niveau des universités françaises est très bas si l’on s’en réfère aux classements internationaux
- les locaux sont souvent dans un état vétuste ou indigne, les bibliothèques sont indigentes, le matériel scientifique et informatique peut être obsolète,
- plus de la moitié des étudiants n’arrivent pas à passer en deuxième année,
- de nombreuses filières n’ont aucun débouché ou presque sur le marché du travail et ont des effectifs pléthoriques et non régulés. Pour certaines d’entre elles , le contenu pédagogique est des plus sujets à caution. L’exemple-type est celui de la « sociologie ». La plupart des étudiants en « sociologie » sont des gens qui se rendent compte qu’ils n’ont pas le niveau intellectuel requis pour des études scientifiques, qui refusent, parce qu’on les en a dissuadé pendant toute la scolarité, d’apprendre un métier manuel ( plombier, électricien etc, dont le manque est pourtant criant en France ), et qui, de plus, ne sont pas des littéraires.
Personne n’a pris la peine d’évaluer les besoins de la France en nouveaux sociologues chaque année, moyennant quoi il y a au moins une dizaine de facultés de « sociologie » dans notre pays. Ces facultés forment, idéologiquement plutôt que scientifiquement, ( comme l’a démontré Sokal dans son livre « impostures intellectuelles », le contenu scientifique des études de sociologie est des plus sujets à caution ! ) des étudiants qui s’inscrivent en sociologie histoire de « faire des études », études qui ne débouchent sur rien ( la plupart des entreprises n’ayant nul besoin de « sociologues », ces étudiants finissent par passer des « concours administratifs » dans lesquels leurs compétences idéologico-sociologiques impressionneront le jury desdits concours.
Il en est de même pour des filières telles que psychologie, dont les débouchés sont presque aussi faibles que pour la sociologie, ou d’autres filières telles que lettres, histoire dont le débouché quasi exclusif est l’enseignement, et, là encore, il est formé bien plus d’étudiants que ceux nécessités par le renouvellement des enseignants.
-les universités françaises sont concurrencées par des systèmes parallèles bien plus sélectifs qui offrent des débouchés très supérieurs ( grandes écoles, IUT ) . Paradoxalement, il est bien plus difficile de s’inscrire dans un IUT qu’en fac de sciences ou de médecine pharmacie...

On voit donc que les frais d’inscriptions à l’université doivent éviter deux erreurs :
- la sélection par l’argent, qui certes garantit des études de haut niveau dans les meilleures conditions, mais qui en exclut les couches peu aisées de la société
- l’absence de sélection et l’égalitarisme confondu avec l’égalité, caractéristique du système français, et qui aboutit à un gaspillage de l’argent public et à un taux d’échecs inadmissible, ainsi qu’à la surproduction de chômeurs intellectuels ou chômeurs surdiplômés.
L’augmentation inexorable de la dette publique va nécessiter de réévaluer les droits d’inscription. C’est ici que l’égalité s’oppose à l’égalitarisme. 
Soit on augmente massivement les droits d’inscription pour tous, mais à ce moment là, on tombe dans la sélection par l’argent, soit on ne les augmente pas, et le système finit par s’écrouler faute de moyens financiers.
La solution la plus judicieuse est d’établir des droits en fonction du revenu parental, ou mieux, du quotient familial (en se basant sur l’avis d’imposition ) . Il serait parfaitement acceptable que des parents très aisés ayant un revenu mensuel de 5000 euros dépensent chaque année l’équivalent d’un mois de leur revenu pour inscrire leurs rejetons à la fac, là où ça ne coûterait rien aux parents chômeurs.
Faute d’avoir adopté cette genre de solution de bon sens, le Québec est confronté à un conflit estudiantin qui n’est pas prêt de s’achever...
Par ailleurs, pour réduire les effectifs pléthoriques de l’enseignement supérieur,et donc les coûts inutiles, il faut en finir avec le bac comme sésame universel à l’entrée en faculté. Chaque faculté devrait pouvoir choisir les notes minimum qu’elle exige dans tel ou telle matière pour accepter l’inscription d’étudiants.
Enfin, le numerus clausus en fac de médecine, devrait être le cas général de toutes les filières universitaires. 
Former, comme c’est le cas en psychologie, sociologie ou histoire, trois ou quatre fois plus d’étudiants que ceux qui seront nécessités par le marché du travail est un gaspillage financier et humain complètement insensé ...




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