Christian Labrune Christian Labrune 29 juin 2012 14:33

à l’auteur,
Vous avez raison de défendre Onfray. Je n’ai pas encore lu le texte incriminé, mais j’aurais plutôt tendance à faire confiance au bonhomme, même s’il m’agace un peu quelquefois. Son premier mérite c’est d’être capable, s’étant trompé, de se critiquer lui-même comme s’il était un autre, et sans ménagement. On l’a vu errer un peu dans ses engagements politiques, quelquefois, où on aurait aimé bien évidemment une clairvoyance plus immédiate. On peut s’étonner aussi qu’il lui ait fallu lire tout Freud avant de se rendre compte qu’une théorie dont il paraissait encore vouloir se réclamer dans son Traité d’athéologie ne tenait vraiment pas debout. Mais le vrai philosophe, c’est quand même celui qui est capable, comme disait Sartre avant d’être gâteux, de « parler contre soi-même ». Un art dont paraissent bien incapables tant de nos philosophes actuels penchés avec leurs oeillères sur le nombril de théories absconses et fumeuses.

Onfray n’a jamais mais mis en question le droit imprescriptible des Juifs à disposer d’un état ; au contraire, et dans le climat actuel où un antisionisme plus grave encore que l’antisémitisme est devenu la chose du monde la mieux partagée, cela devrait le mettre à l’abri, vis-à-vis de ceux qui disposent d’un cerveau en état de rendre encore des services, de ces sortes d’accusations ridicules.

Cela dit, j’ai lu récemment un article qui allait dans le sens de ces sortes de griefs, et reposant à peu près sur le schéma logique suivant : c’est la Torah qui légitime la présence des Juifs sur la terre d’Israël ; quiconque critique la révélation biblique (et on citait ce texte d’Onfray) contribuerait donc à délégitimer ipso facto Israël. Tout athée, dans cette perspective, serait donc un ennemi d’Israël ! Mais je suis athée et je ne me suis jamais posé la question en des termes aussi simplistes. Le « peuple juif » dans son ensemble pourrait bien se convertir, si j’ose dire, à l’athéisme, cela ne changerait rien au droit qu’il a d’exister. C’est certes un peuple bien singulier, et il n’y en a pas deux comme celui-là, mais c’est une raison supplémentaire pour souhaiter qu’il ne puisse disparaître. 


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