cotcodec (---.---.194.246) 6 août 2006 22:04

Article mauvais, bourré d’approximations si ce n’est d’erreurs, ainsi que nombre des commentaires de l’auteur qui le suivent. Le tout visiblement afin de faire du sensationnalisme et de ratisser large et de transformer les banques en croquemitaines. Je suis quand même surpris de lire de tels contresens sur Avox. Cela jette le discrédit sur l’ensemble du site.

Je ne saurais que conseiller à l’auteur de prendre des cours d’économie et de finance plutôt que d’agiter superficiellement des concepts.

En vrac :

1) le crédit et la création monétaire sont surtout limités par les ratios prudentiels (ratio cooke ou de Bâle) et dépendent donc primairement des capitaux propres des banques. le ratio par rapport aux dépôts n’est pas un sujet dans les banques. le métier d’une banque, c’est d’abord le risque de crédit, beaucoup moins la liquidité car lorsque la banque est bien gérée, elle trouvera toujours la liquidité en l’empruntant et que la limite des capitaux propres est beaucoup plus contraignante.

2) les dépôts des clients ne sont pas structurellement des ressources gratuites pour les banques. rien n’interdit aux clients d’acheter de placer leur argent plutôt que de le laisser sans rémunération sur leur compte, sur les différents livrets mis à disposition, chez certaines banques qui rémunèrent les dépôts à vue (ING...), vore pourquoi pas en achetant une obligation de l’état français ou des actions. personne n’est obligé de laisser l’argent sur le compte.

3) au demeurant, le total des ressources ’gratuites’ déposées sur les comptes à vue est relativement faible par rapport aux bilans des banques et au montant de leurs engagements.

4) une banque ne peut pas prêter à 0%. en effet, vous omettez de dire qu’elle doit payer, dans l’ordre :
- le coût qu’elle-même paye pour emprunter (elle se refinance sur le marché interbancaire, ou en émettant des obligations, ou auprès de la banque centrale, tous ces emprunts ayant des taux dépendant du taux directeur de la BCE)
- le coût du risque qu’elle prend sur l’emprunteur (le risque de ne pas être remboursé existe et coûte de l’argent, malgré le mécanisme de caution et d’hypothèque, même s’il a été diminué depuis les années 90, et tous les crédits ne sont pas assortis de garantie)
- les coûts de fonctionnement interne (salaires, loyers, etc.)
- enfin, les actionnaires, les banques étant des entreprises actionnariales comme les autres

4bis) dans tous les cas, votre hypothèse de prêts à 0% est une lubie à cause de l’inflation. quiconque prêtant à 0% commence par perdre autant que le montant de l’inflation, puisqu’on lui rend de l’argent dont le pouvoir d’achat est diminué. les cas d’absence d’inflation sont rarissimes et tout à fait ponctuel, la règle générale en économie est que l’inflation se situe en général et en période stable à un niveau proche du développement économique.

4ter) c’est d’ailleurs à cause de l’inflation que votre exemple sur l’euro placé à 4% pendant 2000 ans et qui rapporte à la fois autant qu’une boule d’or 8000 fois grosse comme la terre est totalement inepte. en effet, qui vous dit quel a été l’évolution du prix de l’or sur cette période ?

5) le crédit n’est pas réservé aux banques. plusieurs intervenants ont déjà dit que les particuliers peuvent se faire crédit entre eux, même avec création monétaire puisque par exemple vous pouvez vendre quelque chose à quelqu’un en en réclamant le paiement plus tard. ce sont surtout les entreprises qui pratiquent le crédit à grande échelle, entre elles, cela s’appelle les délais de paiement. personne ne vous empêche de mettre en place un système de prêts réciproques entre vous et vos amis. ce qui est interdit, c’est de faire des transactions non déclarées, mais là c’est l’état et pas les banques qui va vous créer des problèmes si vous omettez d’acquitter les taxes (tvan impôt sur les bénéfices...) et si vous exercez à titre professionnel sans autorisation ou sans tenir de comptabilité par exemple. par ailleurs, je doute de l’efficacité de votre système pour distribuer des prêts immobiliers ou financer des entreprises, ou des grands projets, compte tenu des montants à rassembler.

6) en cas de faillite d’une entreprise emprunteuse, les banques ne sont pas les premières servies. les créanciers priviliégiés sont toujours d’abord l’état et les organismes sociaux, puis les salariés. lorsque leurs créances ne sont pas garanties, ce qui est le cas le plus fréquent, les banques concourrent au même rang que les fournisseurs. en outre, la responsabilité des banques peut être recherchée si elles ont prêté de manière imprudente (soutien abusif, etc.).

etc., etc.

Je ne nie pas qu’il y a des problèmes dans le système financier. Le principal est certainement lié au statut ACTUEL de la banque centrale US, la Federal Reserve Bank, qui a le pouvoir central de création monétaire (au contraire des banques secondaires qui ne l’ont que par délégation et de manière très encadrée). Contrairement aux banques secondaires, la banque centrale se refinance de manière beaucoup plus permissive, et si elle est entièrement aux mains d’intérêts privés, on peut s’interroger sur le fait que sa gestion soit dans le meilleur intérêt de la collectivité. ce problème a été dénoncé maintes fois par des présidents US (comme un intervenant l’a mentionné), voir à ce sujet l’excellent documentaire ’the money makers’ dans Google Video (4 heures au total). Il n’existe pas en Europe la BCE ne dépendant pas d’intérêts privés.

un autre problème est aussi sans doute celui du prix des services financiers et bancaires. on le mesure dans de très nombreux pays et les résultats solides des banques en sont l’illustration. en la matière, le meilleur antidote serait certainement l’éducation des clients, qui leur permettrait de mieux faire jouer la concurrence. mais en la matière, les banques n’ont certainement pas l’apanage de la situation, il n’y a qu’à voir à quel prix et sur quelle durée les emprunteurs s’endettent pour de l’immobilier aujourd’hui, ou le prix de tant et tant de produits.


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