Sedra (---.---.151.62) 7 août 2006 11:16

@Cotcodec

1) Exact. Le ratio Cooke (crédits / fonds propres > 8%) permet tout de même aux banques d’accorder des emprunts 12 fois plus qu’elles ne possèdent de fonds propres, ce qu’elles font puisque BNP avait un ratio Cooke de 8% en 2005. Donc à un taux de 4%, cela leur octroie un rendement en marge brute de 4% x 12 = 48 % sur leurs fonds propres, ce qui n’est pas négligeable.

2) les dépôts des clients ne sont pas structurellement des ressources gratuites pour les banques. rien n’interdit aux clients d’acheter de placer leur argent plutôt que de le laisser sans rémunération sur leur compte, sur les différents livrets mis à disposition, chez certaines banques qui rémunèrent les dépôts à vue (ING...), vore pourquoi pas en achetant une obligation de l’état français ou des actions. personne n’est obligé de laisser l’argent sur le compte. Dans le cas des dépôts à vue rémunérés, nous savons pertinement que cela leur rapporte plus (chèques payants) et si une obligation d’état est acheté par un particulier, c’est l’état et non la banque qui rémunère. Les banques ne rémunèrent pas les comptes de leurs clients avec les marges qu’elles obtiennent des prêts accordés, sauf dans le cas de la titrisation.

3) au demeurant, le total des ressources ’gratuites’ déposées sur les comptes à vue est relativement faible par rapport aux bilans des banques et au montant de leurs engagements. Exact, mais cela importe peu ici.

4) une banque ne peut pas prêter à 0%. en effet, vous omettez de dire qu’elle doit payer, dans l’ordre : le coût qu’elle-même paye pour emprunter (elle se refinance sur le marché interbancaire, ou en émettant des obligations, ou auprès de la banque centrale, tous ces emprunts ayant des taux dépendant du taux directeur de la BCE) le coût du risque qu’elle prend sur l’emprunteur (le risque de ne pas être remboursé existe et coûte de l’argent, malgré le mécanisme de caution et d’hypothèque, même s’il a été diminué depuis les années 90, et tous les crédits ne sont pas assortis de garantie) les coûts de fonctionnement interne (salaires, loyers, etc.) enfin, les actionnaires, les banques étant des entreprises actionnariales comme les autres Le refinancement des banques auprès des banques centrales est de 1 € pour 6 € prêté. Donc 12 x (1/6) = 2, multiplié par le taux de refinancement, soit 3% = 6 Donc 48% - 6% = 42% de marge brute en prenant en compte le refinancement.

4bis) dans tous les cas, votre hypothèse de prêts à 0% est une lubie à cause de l’inflation. quiconque prêtant à 0% commence par perdre autant que le montant de l’inflation, puisqu’on lui rend de l’argent dont le pouvoir d’achat est diminué. les cas d’absence d’inflation sont rarissimes et tout à fait ponctuel, la règle générale en économie est que l’inflation se situe en général et en période stable à un niveau proche du développement économique. La banque a la nécessité économique de couvrir ses fonds propres de l’inflation, pas les crédits accordés. D’ailleurs, la banque centrale exige des banques une garantie en fonds propres, qu’elle rémunère.

4ter) c’est d’ailleurs à cause de l’inflation que votre exemple sur l’euro placé à 4% pendant 2000 ans et qui rapporte à la fois autant qu’une boule d’or 8000 fois grosse comme la terre est totalement inepte. en effet, qui vous dit quel a été l’évolution du prix de l’or sur cette période ?

5) le crédit n’est pas réservé aux banques. plusieurs intervenants ont déjà dit que les particuliers peuvent se faire crédit entre eux, même avec création monétaire puisque par exemple vous pouvez vendre quelque chose à quelqu’un en en réclamant le paiement plus tard. ce sont surtout les entreprises qui pratiquent le crédit à grande échelle, entre elles, cela s’appelle les délais de paiement. personne ne vous empêche de mettre en place un système de prêts réciproques entre vous et vos amis. ce qui est interdit, c’est de faire des transactions non déclarées, mais là c’est l’état et pas les banques qui va vous créer des problèmes si vous omettez d’acquitter les taxes (tvan impôt sur les bénéfices...) et si vous exercez à titre professionnel sans autorisation ou sans tenir de comptabilité par exemple. par ailleurs, je doute de l’efficacité de votre système pour distribuer des prêts immobiliers ou financer des entreprises, ou des grands projets, compte tenu des montants à rassembler. Les conditions ne sont pas les même, un particulier n’a pas le droit de s’engager en créant la monnaie ex-nihilo.

6) en cas de faillite d’une entreprise emprunteuse, les banques ne sont pas les premières servies. les créanciers priviliégiés sont toujours d’abord l’état et les organismes sociaux, puis les salariés. lorsque leurs créances ne sont pas garanties, ce qui est le cas le plus fréquent, les banques concourrent au même rang que les fournisseurs. en outre, la responsabilité des banques peut être recherchée si elles ont prêté de manière imprudente (soutien abusif, etc.). Exact, mais elles sont tout de même mieux servis que les autres fournisseurs.


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